L’ami du canapé

Je me suis réveillé encore une fois dans ce silence étrange. Pas celui de la nuit, mais celui qui reste après un rêve. Ce silence qui ressemble à une pièce vide où quelqu’un vient juste de partir.

Je ne sais pas ce qui m’a tiré du sommeil. Peut-être rien. Peut-être que je n’ai jamais vraiment dormi. Mes yeux se sont ouverts, mécaniquement, et tout était flou. Mais pas dans le sens visuel. Plutôt… émotionnel. Comme si je n’arrivais pas à situer si j’étais encore dans un rêve ou déjà revenu dans la réalité.

Et puis je l’ai senti.

Pas vu.

Pas entendu.

Juste... senti.

Il y avait quelqu’un dans mon appartement. Un ami. Quelqu’un de familier. Pas une menace, pas une ombre, pas un cauchemar. Juste une présence. Assise sur le canapé, ou allongée, paisible. Comme si ça avait toujours été prévu comme ça. Comme si cette personne avait eu le droit d’être là.

Je n’ai pas bougé. J’ai juste attendu que mon esprit fasse le tri. J’étais à moitié conscient, et pourtant tout semblait logique. Normal. Rassurant, même.

Et c’est ça qui m’a dérangé.

C’était trop naturel.

Comme si mon cerveau m’avait trahi. Comme s’il avait préféré m’offrir une illusion douce plutôt que de me rendre à la vérité. Une présence au lieu du vide. Une silhouette tranquille au lieu du silence. Un "ami" au lieu de moi-même.

Il m’a fallu peut-être dix minutes pour réaliser.

Pas d’objet déplacé.

Pas de respiration.

Pas de chaleur.

Rien.

Juste mon imagination.

Juste moi.

Encore moi.

Et le canapé vide.

Ce genre de réveil laisse une trace bizarre. Pas comme un cauchemar. Pas comme un oubli. Plutôt comme un mensonge qu’on a presque cru. Et cette question qui reste : pourquoi est-ce que c’est ça que mon esprit choisit de me montrer ? Pourquoi cette présence ? Pourquoi cette scène ?

Je crois que je préfère l’idée qu’il y ait quelqu’un. Même si c’est faux. Même si ce n’est qu’un fantôme que j’invente.

Parfois, je me dis que je suis plus seul que je ne le pense. Et que mon cerveau le sait.