Page 22- Le vin du Mensonge

Le grand jour est arrivé.

Le mariage de Shizuka Uzui et du héros Lyvann débute sous les acclamations.

La cathédrale est pleine à craquer.

Les vitraux brillent. Les prêtres chantent.

Le peuple est rassemblé dans les rues, les yeux levés vers les cloches.

Tout est lumière.

Tout est faux.

Shizuka avance lentement dans l’allée, main dans la main avec Lyvann.

Elle garde la tête haute… mais son regard vacille parfois.

Un frisson qu’elle n’explique pas.

Puis soudain, les cloches s’arrêtent net.

Un silence pesant tombe.

À l’entrée de la cathédrale, une silhouette noire.

Capuchon sombre. Faux maudite à la main. Aura suffocante.

Un murmure traverse la foule.

— …Le Loup Blanc…

Des gardes foncent. Des héros bondissent.

Le combat commence.

Le clone de Flavé ne dit rien. Il frappe. Avec une précision glaciale.

Sa magie du Néant distord la lumière elle-même.

Les murs tremblent. Le chaos éclate au cœur de la cérémonie.

Après un affrontement titanesque, les héros l’emportent.

Le clone tombe à genoux, puis se dissout dans une fumée noire.

Le silence revient. Lourd. Inexplicable.

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Un banquet suit. On trinque. On feint la légèreté.

Lyvann rit. Il lève son verre, debout sur une table.

— On a combattu le Loup Blanc.

— Le Fils du Néant.

— Le ressuscité des Régalias Sacrilèges.

— Celui que même les dieux craignent…

Il sourit.

— …Et il a péri de manière pathétique sous ma lance !

La foule explose de rires et d’applaudissements.

Les coupes s’entrechoquent. La fête reprend.

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Plus tard, dans leurs appartements, Lyvann et Shizuka sont enfin seuls.

Il sourit, fier, face au miroir.

Mais dans le reflet… il ne voit pas Shizuka.

Il ne voit pas lui.

Il voit Flavé.

Debout derrière lui, dans l’ombre.

Souriant.

Et dans sa main… la tête décapitée du frère de Lyvann.

Ses yeux sont vides. Sa bouche figée dans un rictus.

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Lyvann hurle, recule.

Shizuka accourt, inquiète. Mais dans le miroir… il n’y a plus rien.

Flavé a disparu.

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Quelque part, loin…

Flavé s’essuie les mains dans une rivière noire.

À ses côtés, un autre héros décapité.

Il murmure :

— Un clone pour le spectacle.

— Un silence pour la terreur.

— Maintenant… commençons.

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