Chapitre 2 – Le réveil du fantôme

🚨 Wou, wou, wou ! 🚨 L'ambulance filait à toute allure vers l'hôpital Sacré-Cœur du Cap-Haïtien. À son arrivée, l'établissement entra en alerte maximale.

Un médecin de garde s'écria : — Emmenez-le dans la chambre 202 !

Il saisit ensuite le mégaphone relié à l'hôpital : — Code bleu ! Code bleu ! Nous avons un code bleu en chambre 202 !

Apportez le défibrillateur, vite ! On va tenter de le réanimer !

L'appareil arriva en trombe. Le médecin en chef ordonna : — Premier essai… Échec. Passons au deuxième. On continue.Deuxième essai… Rien. Troisième… Toujours rien. Aucun signe de vie. Merde... Vous pouvez arrêter. Heure du décès : 9h30.

Un silence pesant s'installa.

Attendez ! hurla un interne. Il montre un signe de vie !Oh mon Dieu… Il est en vie !

Trois semaines plus tard

L'hôpital Sacré-Cœur baignait dans une lumière terne. L'air sentait la javel et la souffrance. Les murs, jaunis par le temps, résonnaient des pleurs et des râles de douleur.

Dans la chambre 202, un jeune homme ouvrit lentement les yeux. Ses paupières étaient lourdes. Son corps, un champ de douleur. Il tenta de se redresser, mais son torse protesta violemment.

Nnnngh…

Une infirmière, alertée par les capteurs, accourut.

Monsieur ! Ne bougez pas ! Vous êtes encore en convalescence !

Il tourna lentement les yeux vers elle.

… Où suis-je ?

Au Cap-Haïtien. Vous avez été retrouvé au bord de la mer, grièvement blessé. Vous étiez inconscient depuis presque un mois.

Un mois ?

Il passa une main tremblante sur son visage. Puis observa ses bras et ses jambes. Plâtrés. Bandés. Brisés. Il ferma les yeux. Une larme coula, sans qu'il sache pourquoi.

Comment vous appelez-vous ? demanda l'infirmière.

Il resta silencieux. Son regard se perdit dans le vide.

Je… je ne sais pas.

Amnésie partielle, avaient dit les médecins. Traumatisme crânien, fractures multiples, choc psychologique intense. Aucun papier, aucune empreinte dans les bases de données.

Un fantôme.

On l'avait appelé simplement Kazar, d'après une vieille gourmette rouillée accrochée à son poignet.

Sans autre indice sur son identité, Kazar fut transféré dans un centre de rééducation modeste, géré par une ONG locale. Les jours passèrent. Puis les semaines.

Kazar réapprit à marcher. À manger seul. À parler correctement. Son corps répondait mieux à ses ordres.

Le lendemain, Kazar partit. Sans prévenir, sans bruit.

Il marcha seul dans les rues du Cap-Haïtien. Puis, dans un couloir sombre, un bruit attira son attention. Trois gangsters costauds agressaient une jeune fille.

Y'a quelqu'un ? lança-t-il.

Passe ton chemin ! cracha l'un des agresseurs.

À l'aide ! cria la fille.

Ferme-la, pétasse ! hurla l'un des types.

Qu'est-ce que vous foutez ? Vous êtes vraiment dégueulasses ! Vous vous en prenez à une gamine ! intervint Kazar.

En fait, j'ai 16 ans, donc techniquement je suis une adolescente… mais c'est pas le sujet. Aidez-moi s'il vous plaît ! Comme vous le voyez, on m'agresse ! Appelez la police !

J'ai pas de téléphone. répondit Kazar.

Qui n'a pas de téléphone dans ce foutu pays ?! La corruption...

Le genre de mec amnésique.

Et le ciel m'envoie un amnésique pour m'aider ? Qu'est-ce que je t'ai fait, Dieu ?

Désolé de couper votre petite réunion de famille, grogna un des agresseurs. Mais on n'a pas toute la soirée. On va d'abord le tabasser, et ensuite on s'occupera de la gamine.

Et si je retournais tranquillement sur mon chemin ? tenta Kazar.

Voilà qu'il veut s'enfuir ! dit la fille.

Écoute, petite. Je viens à peine de me remettre de mes fractures. Je ne cherche pas les ennuis. Je m'en vais.

Tu ne vas nulle part, enfoiré ! Encerclez-le ! Je tiens la fille. On va le renvoyer à l'hosto. Exécution !

L'un des hommes attaqua Kazar d'un coup de pied à la tête. L'instinct prit le dessus. Kazar bloqua le coup avec son avant-bras, avança d'un pas rapide, et frappa le ventre de l'agresseur. Celui-ci vola dans un mur.

Le second s'élança dans les airs pour un coup de talon. Kazar fit un bond, l'attrapa par la cheville et le plaqua violemment au sol. Son pied droit encore dans sa main, il saisit la jambe de l'homme à deux mains… et la brisa.

Aaaah ! Nom d'un chien, ça fait mal ! hurla le gangster.

Ne t'approche pas, salaud ! dit celui qui tenait encore la fille. Je suis le bras droit du chef des Dragons Noirs, Jonas le Terrible ! Si tu me touches, t'es un homme mort ! Il viendra avec toute son armée !

Alors qu'ils viennent tous ensemble. Je botterai leurs culs un par un jusqu'à les dégommer. répondit Kazar, avançant lentement.

La fille mordit la main de l'agresseur, qui la lâcha. Elle courut se réfugier derrière Kazar.

Ce dernier continua d'avancer. Son regard planté dans celui de l'homme, qui reculait lentement, acculé contre un mur.

Kazar frappa l'intérieur de sa jambe. Le déséquilibra. Puis, profitant de l'ouverture, lui envoya un coup de pied en plein entrejambe.

Nnnngh ! Il m'a explosé les couilles, ce salaud !

Et maintenant, les nuls… dit Kazar. Toi, sans jambe. Et toi, l'homme sans bijoux : portez votre camarade et barrez-vous.

Les trois s'enfuirent en titubant.

En fait, moi c'est Jenna Florence. J'habite seule dans une maison de taille moyenne. Tu as appris où à te battre comme ça ?

Elle s'arrêta en voyant son regard.

Attends… qu'est-ce que t'as ?

Comment j'ai pu faire ça ? murmura Kazar. Tous ces mouvements… C'était trop naturel.

Merde… J'oubliais que t'étais amnésique. Pour savoir te battre comme ça… Tu devais être un ancien gangster. Peut-être même un bras droit d'un des dix grands clans.

Les gangster agresseurs arrivé dans dans leur repère

Dans l'ombre, Jonas le chef du gans des dragons noirs écoutait leurs rapports.

Quoi ? Un type roux, blessé, amnésique… vous a mis dans cet état ? dit-il en ricanant. Il va falloir que je lui rende la monnaie de sa pièce… et peut-être qu'il pourrait devenir mon nouveau second.