Chapitre 3 : La fin du gang des Dragons Noirs
— Je suis rentré de ma balade, dit Kazar en refermant doucement la porte derrière lui.
— Enfin, Kaz ! s'exclame Nala, les bras croisés. On avait un accord : tu devais rentrer à onze heures. Il est presque midi ! Tu as failli rater le déjeuner. Ce n'est pas très poli de trahir ses promesses.
— Ne t'en fais pas, Docteur Nala…
(Nala. Une femme d'une trentaine d'années, brune, belle, à la peau claire et douce comme de la soie. Forte et compatissante, elle a pris Kazar sous son aile, l'a soigné, rééduqué, guidé. Et sans jamais le dire, elle ressent pour lui une tendresse qu'elle peine à cacher.)
— … j'ai juste eu un petit contretemps. Je ferai attention à l'heure, promis. Et sinon… vous avez fait ce que je vous ai demandé ?
— Oui, Kaz, répond-elle avec douceur. J'ai appelé tous mes contacts dans les autres départements. Aucun avis de disparition ne te concerne. Pour l'instant, tu es un fantôme… qui passe inaperçu.
— Merci pour votre aide, en tout cas. Ça compte beaucoup pour moi.
— De rien, fiston.
Kazar hoche la tête, puis s'éloigne vers sa chambre, l'air pensif. Juste avant d'ouvrir la porte, il se retourne :
— Vous ne pouvez pas être ma mère... J'ai peut-être 25 ans, et vous, vous n'en avez que 36. C'est biologiquement possible… mais émotionnellement impensable.
Il entre calmement.
Nala reste figée un instant. Son visage s'empourpre. Gênée, elle détourne le regard et retourne à ses activités, troublée par la justesse brutale des mots du jeune homme.
Le lendemain – du côté des Dragons Noirs
Le soleil est déjà haut lorsque Jonas pose le pied sur la scène du massacre. Les murs portent encore les impacts de balles, et le sol, les traces du sang séché. Il observe les lieux avec calme.
— Alors… c'est ici qu'un seul homme vous a mis dans cet état ? demande-t-il d'un ton glacial.
(Jonas : vingt-cinq ans, grand, charismatique, peau claire, cheveux bruns courts, torse musclé où trône le tatouage d'un dragon noir enroulé autour d'un sabre. Un chef redouté, calculateur, ambitieux.)
— Oui, chef, répond Daniel, son bras droit, les yeux baissés.
— D'après ce que j'ai compris, il est encore en rééducation… Il a dit qu'il venait à peine de se remettre de ses blessures. Et comme il faisait sa balade matinale, ça veut dire que le centre où il est soigné n'est pas loin.
Il marque une pause, son regard perçant fixé sur l'horizon.
— Il n'y a qu'un seul centre de rééducation dans les parages : celui de Nala. On sait donc où il loge. En plus… vous surveillez toujours cette fille que vous aviez tenté de violer, non ? Elle passe ici vers dix heures. Et lui, il est apparu pile à ce moment-là. Ça veut dire qu'il suit une routine.
Il jette un coup d'œil à sa montre.
— Il devrait apparaître… maintenant.
— Chef ! s'écrie un des hommes. Regardez ! C'est lui ! On voit déjà sa sale gueule !
— T'es trop fort, chef, ajoute un autre. Avec ton intelligence, on va vite se faire une place parmi les dix grands clans ! Et peut-être même qu'on pourra s'asseoir à la table de Wendy, le chef des Serpents Rouges ! Le boss des Western Serpents !
Jonas se retourne vers lui, l'air glacial.
— Non, imbécile. Ce n'est pas on pourrait… c'est on sera.
L'affrontement
Kazar approche tranquillement, les mains dans les poches, le regard vague. Il ignore totalement l'embuscade qui l'attend dans l'ombre.
Il tourne dans une ruelle.
Six hommes surgissent des ombres et l'encerclent.
— C'est encore vous ? grogne-t-il en reconnaissant leurs visages.
— Cette fois, tu ne sortiras pas vivant, déclare Daniel.
Kazar ne répond pas. Il lève lentement la tête. Ses yeux bleu ciel brillent d'un éclat froid.
— J'en ai marre qu'on m'interrompe pendant mes balades…
Il bouge.
En une fraction de seconde, il assène un coup de coude au premier, brise la mâchoire du deuxième d'un revers, esquive une lame et enfonce un genou dans le torse du troisième. Un quatrième tente de l'attraper par-derrière, mais Kazar le projette violemment contre le mur. Malgré sa rage, il prend soin que personne ne meure. Les deux derniers prennent la fuite.
Kazar se redresse, haletant. Ses poings saignent. Ses yeux cherchent le vrai danger.
— Impressionnant, lance une voix dans l'ombre.
Jonas sort, torse nu, le tatouage noir luisant sous le soleil.
— Tu frappes fort pour un amnésique. Mais tu n'es pas le seul à avoir été élevé dans la violence.
Il fonce.
Le choc est brutal.
Les deux corps s'affrontent avec une précision animale. Jonas frappe avec force et technique. Kazar esquive, anticipe, riposte avec instinct. Ils roulent au sol, s'empoignent, se relèvent. Les coups pleuvent. Poings, genoux, coudes… chaque mouvement est une menace.
Jonas tente un coup de lame dissimulée.
Kazar saisit son poignet, le brise d'un geste sec, et frappe Jonas au visage avec une telle violence que ce dernier s'effondre, inconscient.
Essoufflé, Kazar se redresse. Il tourne les talons, essuie les sueurs sur sa joue. Les deux derniers survivants fuient déjà dans la ruelle opposée, sous le regard silencieux des habitants. Toute la ville l'a vu s'exercer.
Ce jour-là, le gang des Dragons Noirs tomba.
Fin du chapitre