Au commencement ils étaient huit. Le premier né était Mena, incarnation du Chaos et de la Fin. Son premier frère fut Vaehyr, la Vie elle-même, sous toute ses formes. Ensuite vinrent les inséparables jumeaux Siwurg et Nyurk, la lumière et l’obscurité. Puis vinrent les quatre derniers : Flynor, le Feu, Losym, l’Eau, Bjir, l’Air et Dyhurm, la Roche.
Ensemble, ils créèrent le monde : du Néant de Mena, Dyhurm créa le sol sur lequel nous marchons, Bjir créa l’air que nous respirons et Losym l’eau que nous buvons. Flynor créa le feu au cœur du monde, réchauffant et rendant possible le mouvement des sols. Siwurg et Nyurk créèrent un cycle de lumière et d’obscurité. Dans ce monde vide, Vaehyr apporta la vie : il créa les plantes et les animaux, aussi bien que les bactéries et il créa les mécanismes les régissant, instaurant un équilibre. Mais le pouvoir d’un « dieu » est limité à son champ d’expertise et la vie nouvellement créée était dénuée de toute pensée, seulement régie par l’instinct. Voulant quelque chose de plus divertissant, Vaehyr se tourna vers Mena, maître de l’inexistant. Mena incorpora en chacun des êtres créé par Vaehyr la réflexion et la logique en différentes proportion, donnant à l’homme des capacités plus grandes, puis il invita chacun de ses frères et sœurs à incorporer une caractéristique reflétant sa « personnalité » pour finaliser les esprits des créatures nouvellement créées. Flynor donna sa colère et son impulsivité, Losym sa patience, Dyhurm son entêtement, Bjir sa versatilité et sa capacité d’adaptation, Siwurg sa joie et Nyurk sa peur. Vaehyr, pour se réapproprier sa création, créa une nouvelle émotion censée influencer fortement les choix des hommes : l’amour. Pour rétablir l’équilibre, Mena créa une émotion tout aussi puissante et dangereuse : la haine.
Ainsi naquirent les premiers humains à arpenter notre monde.
Bientôt, les hommes s’organisèrent en groupe, formant des villages puis des villes. Ils décidèrent ensuite de remercier ceux qui leur avaient donné la vie et le monde dans lequel ils vivaient et créèrent un culte pour chacun de ceux qu’ils appelaient dieux. Rapidement, les humains se divisèrent par leur culte principal, chaque groupe formant une affinité avec un dieu plutôt que les autres, se rapprochant de lui en mettant en valeur la caractéristique hérité de lui. Huit villes principales naquirent de ces cultes devenus peuples et autour d’eux naquirent des nations. Le désert devint le territoire de Flynor et en son centre naquit Flynorlahan, la mer et ses îles devint le territoire de Losym et sur un archipel idéalement placé pour le commerce naquit Losymlahan, Dyhurmlahan vit le jour au milieu des montagnes tandis que Bjirlahan naissait sous la forme d’une citadelle volante. Les cultes de Siwurg et de Nyurk, fidèles à leur dieu, naquirent ensemble, au même endroit, dans les plaines, Nyurklahan creusée dans la terre sous Siwurglahan. Vaehyrlahan apparu dans une clairière au centre d’une dense forêt elle-même entourée de nombreux champs qui deviendraient plus tard le grenier à grain du monde. Enfin, Menalahan naquit à la limite entre la terre et le puit de Néant, telle une porte entre la vie et le Rien.
Très vite, Vaehyrlahan se démarqua par le nombre d’adeptes qu’y s’y pressaient et Vaehyr devint le dieu suprême. Menalahan, au contraire, détonnait par le faible nombre de croyants. Était-ce le Néant qui effrayait ? La haine et la mort créés par Mena pour préserver l’équilibre ? ou bien l’incapacité des hommes à appréhender la puissance de Mena ? Toujours est-il que Mena fut très vite craint plus que vénéré, les hommes demandant même aux sept autres dieux protection contre lui, craignant que Mena, fort de sa position d’aîné, ne décide d’engloutir dans le néant l’ensemble du monde, ses habitants et même les sept autres dieux.
Ainsi, les Sept décidèrent de régler son compte à Mena. N’étant pas en mesure de mettre un terme à son existence, les Sept créèrent une cage spéciale, capable d’enfermer sa conscience et de grandement restreindre ses pouvoir. Cette cage était, selon la légende, faite de l’inverse du Néant : c’était une cage de Vie. Vaehyr se chargea d’attirer Mena jusqu’à sa cage en usant de leur amitié.
Une fois Mena enfermé, les Sept chargèrent leurs adeptes de réduire à néant le culte de Mena, détruisant Menalahan et massacrant ses habitants. D’aucun disent que ces actes de destruction furent une grave erreur, arguant que le retour au néant n’est qu’un nouveau départ pour ceux qui y ont consacré leur vie. Mais faut-il faire confiance à ces énergumènes quand ils affirment aussi que Mena prépare patiemment son retour depuis sa cage de chair ?