L’hôtel surplombait le lac Léman, ses vitres reflétant les lueurs du soir. Éléa Morel marchait lentement dans le couloir silencieux, le cœur battant à tout rompre. Elle s’était efforcée de rester concentrée toute la journée : les réunions, les regards échangés, les silences trop longs. Mais à chaque fois qu’elle croisait Aidan Blackwell, son corps réagissait avant même qu’elle ait le temps de penser.
Ce soir-là, après le dîner officiel, Aidan avait proposé un dernier point à aborder, en privé. Elle l’avait suivi, tendue, fébrile, jusqu’à la suite qu’il occupait. Un espace élégant, calme, baigné d’une lumière tamisée.
Il referma doucement la porte derrière eux.
— Tu veux un verre ? demanda-t-il, déjà près du minibar.
— Juste de l’eau, murmura-t-elle.
Il lui tendit un verre, et leurs doigts se frôlèrent. Éléa sentit un frisson la traverser. Le silence s’installa. Mais ce n’était pas un silence vide. C’était un souffle suspendu, une tension qui ne demandait qu’à éclater.
— Tu es belle, Éléa. Ce soir plus encore que les autres, souffla Aidan, son regard accroché au sien.
Elle recula légèrement, comme pour se protéger.
— Tu m’as déjà dit ça…
— Mais tu n’as jamais laissé le temps à ces mots de te traverser.
Il s’approcha. Lentement. Elle ne recula pas. Quand il fut tout près, il posa une main sur sa taille, la rapprochant doucement de lui.
— Tu sais que tu me rends fou ?
Elle déglutit, son souffle court.
— Et toi… tu me retournes. Tu me fais peur.
Il effleura ses lèvres. Elle les entrouvrit sans réfléchir. Le baiser fut tendre, doux… puis plus profond. Il la souleva dans ses bras sans effort, la porta jusqu’au lit. Aidan s’agenouilla au bord du matelas, la regarda avec intensité.
— Dis-moi si tu ne veux pas. Maintenant.
— Je veux, murmura-t-elle. Mais…
Il fronça les sourcils.
— Mais quoi ?
Elle détourna le regard, troublée.
— Je n’ai jamais…
Il comprit aussitôt. Une surprise mêlée d’une émotion sourde passa dans ses yeux. Il posa une main contre sa joue.
— Tu es vierge…
Elle hocha la tête.
Il inspira profondément, caressa lentement ses cheveux.
— Je ne te toucherai que si tu me laisses te montrer ce que ça peut être… ce que ça doit être.
Un souffle tremblant s’échappa de ses lèvres.
— Montre-moi.
Alors, il se pencha vers elle, l’embrassa dans le cou, la clavicule, la poitrine. Ses mains étaient lentes, précises, douces. Il la déshabilla sans hâte, s’attardant sur chaque frisson, chaque soupir. Il voulait qu’elle se détende, qu’elle ait confiance.
Il la caressa entre les cuisses, lentement, jusqu’à ce que ses jambes se relâchent d’elles-mêmes, que sa hanche se cambre sous ses doigts.
Puis, quand elle ouvrit les yeux et le regarda avec désir, il se débarrassa de ses vêtements, et s’allongea contre elle.
— Regarde-moi, souffla-t-il.
Il guida doucement son bassin contre le sien, mais à la première pression, il sentit une résistance. Elle se crispa.
— Chut… respire avec moi, Éléa. Je ne vais pas te faire mal.
Il l’embrassa encore, plus tendrement, attendant qu’elle se détende. Quand il la sentit s’ouvrir peu à peu, il poussa lentement, entrant en elle avec infiniment de douceur.
Elle ferma les yeux, un gémissement lui échappa. Il la tenait fermement, mais avec une tendresse infinie.
— Tu es parfaite… tellement serrée…
À mesure qu’elle s’habituait à sa présence en elle, il accéléra, un peu plus à chaque mouvement. Elle agrippa ses épaules, l’appelant sans un mot. Il l’embrassait à chaque poussée, ses mains sur sa hanche, son souffle contre sa gorge.
Quand il sentit son corps se tendre sous lui, qu’elle poussait des soupirs de plaisir brisé, il lâcha toute retenue. Leurs mouvements se firent plus forts, plus rapides. Le bruit de leurs corps résonnait dans la pièce.
— Aidan…
— Viens avec moi, Éléa… maintenant.
Ils jouirent presque en même temps, elle la première, la tête renversée contre l’oreiller, lui tout contre elle, crispé, haletant, gémissant son nom.
Le silence qui suivit était sacré.
Aidan resta allongé à côté d’elle, son bras autour de sa taille, l’embrassant doucement sur l’épaule.
— Tu viens de tout changer, murmura-t-il.
— Je crois… que je t’ai toujours attendu, répondit-elle dans un souffle.
Et dans cette suite d’hôtel à Genève, les deux âmes que tout opposait s’étaient enfin rejointes, dans un feu doux et brûlant, entre désir, tendresse, et promesses inavouées.
Le matin se leva sur Genève avec une douceur inattendue. Les premières lueurs de l’aube glissaient à travers les lourds rideaux de la suite, caressant les draps froissés d’un doré presque timide. Aidan était réveillé depuis plusieurs minutes, allongé sur le côté, le regard fixé sur le visage endormi dÉléa Morel.
Elle semblait paisible, presque enfantine dans sa détente. Ses cheveux en bataille encadraient son visage comme une auréole sombre. Sa poitrine se soulevait avec régularité, ses lèvres étaient légèrement entrouvertes, et un bras dépassait du drap, tendu dans sa direction, comme si même en rêve, elle le cherchait.
Aidan n’avait pas dormi. Pas vraiment. Trop de choses se bousculaient dans sa tête. Il repensait à cette nuit, à ses gestes, à ses soupirs, à ce moment où il avait compris qu'elle était encore vierge. Ce détail avait tout changé. Il avait ressenti une vague de protection, un mélange de tendresse et de possessivité pure, brutale. Elle était sienne, et il le savait maintenant dans chaque fibre de son corps.
Elle remua doucement, et ses paupières battirent quelques instants avant de s’ouvrir. Lorsqu’elle croisa son regard, elle rougit violemment, puis baissa les yeux, gênée. Aidan sourit.
— Bonjour, souffla-t-il d'une voix basse.
Éléa déglutit difficilement avant de répondre :
— Bonjour.
Un silence s'installa. Ni malaisant, ni pesant. Mais épais de tout ce qui n'était pas encore dit.
— Tu vas bien ? demanda-t-il, d'un ton sincère.
Elle acquiesça lentement, réarrangeant le drap contre sa poitrine.
— Oui. Juste... je me sens différente.
Il se redressa légèrement, s’appuyant sur un coude.
— Tu es différente. Tu as changé quelque chose en moi aussi, Éléa.
Elle le regarda, surprise par l’aveu. Aidan Blackwell ne livrait pas ce genre de phrases à la légère.
— Je ne sais pas où tout ça nous mène, murmura-t-elle. Mais je veux que tu saches que ce n’était pas une erreur. Je ne regrette rien.
Il hocha la tête, visiblement soulagé. Il se pencha vers elle et déposa un baiser sur son front.
— Moi non plus. Je ne regrette rien.
Dans les heures qui suivirent, la réalité reprit doucement ses droits. Les appels, les mails, les obligations. Leur bulle intime commença à se fissurer. Éléa retourna dans sa chambre pour préparer sa valise. Ils devaient quitter l’hôtel en début d’après-midi.
Aidan était redevenu le PDG implacable. Costume sombre, ton sévère, portable greffé à la main. Mais chaque fois que leurs regards se croisaient, il y avait une étincelle, un langage muet entre eux que personne d’autre ne pouvait comprendre.
Dans l’avion du retour, ils ne furent pas seuls. Deux autres collaborateurs étaient présents. Éléa resta concentrée sur ses notes, mais elle sentait la présence d’Aidan comme un souffle chaud sur sa nuque. Il ne disait rien, ne la touchait pas, mais chaque fibre de son corps était tendue vers lui.
De retour à Paris, tout semblait être rentré dans l’ordre. Et pourtant, à l’intérieur d’Éléa, tout était différent. Elle allait au travail avec plus d’assurance, relevait les défis avec une énergie nouvelle. Sa vision des choses avait changé. Elle avait changé.
Mais ce lien entre elle et Aidan... il était là. Invisible mais omniprésent. Ils se croisaient sans se parler parfois. Se fixaient sans rien dire. Parfois un mail, un mot glissé entre deux documents, un regard appuyé en réunion.
Un soir, alors qu’elle quittait le siège, Aidan l’attendait près de sa voiture. Il portait une veste noire et un regard sombre.
— Monte.
Elle obéit sans un mot.
Ils roulèrent en silence pendant un moment. Puis, enfin, il brisa le silence.
— Je ne peux plus faire semblant. Pas avec toi.
Elle tourna la tête vers lui, les yeux brillants.
— Alors ne fais plus semblant.
Il s'arrêta sur une colline surplombant la Seine. Paris brillait au loin comme un joyau. Ils descendirent. Le vent était frais, mais il lui tendit sa veste.
— Je ne sais pas aimer. Pas comme il faut. Pas de façon normale.
Elle s’approcha de lui.
— Alors aime-moi à ta façon.
Il lui prit le visage entre les mains, la regardant comme si elle était la seule chose réelle dans ce monde.
— Tu es à moi, Éléa Morel.
— Et toi au mien, Aidan Blackwell.
Ils s’embrassèrent avec la violence douce de ceux qui ne veulent plus attendre. Ce baiser-là était une promesse.
Ils étaient peut-être deux mondes opposés. Mais ce soir-là, dans le silence de la nuit parisienne, leurs univers fusionnèrent pour ne faire plus qu’un.
Il la contempla un instant, ému, presque bouleversé, puis reprit doucement sa position, prenant soin d’honorer chaque courbe de son corps avec ses mains, ses lèvres, ses soupirs.
Quand il entra en elle, lentement, millimètre par millimètre, il s’arrêta à chaque souffle, chaque frisson qu’il percevait sur son visage.
— Regarde-moi… souffla-t-il, les yeux brûlants. Je veux te voir. Sentir que tu es là. Que tu me laisses entrer, totalement.
Elle hocha la tête, et leurs regards se mêlèrent, jusqu’à ce qu’elle laisse échapper un gémissement, d’abord de surprise, puis de plaisir mêlé à une émotion pure.
— C’est… intense… Aidan… souffla-t-elle, les ongles plantés doucement dans ses épaules.
Il bougea lentement, comme s’il dansait avec son âme, puis augmenta progressivement le rythme à mesure qu’elle se détendait, qu’elle s’abandonnait à lui.
— Mon Dieu, Éléa… Tu es… parfaite, si chaude, si vraie…
— Ne t’arrête pas… Je te veux… maintenant… tout entier.
Il la saisit plus fermement, l’embrassa avec une fièvre qu’il ne se connaissait pas, puis accéléra ses mouvements. Leurs corps se fondaient l’un dans l’autre, dans un ballet de gémissements, de soupirs rauques, de mains qui cherchaient, caressaient, exploraient.
— Dis-moi que tu es à moi… dit-il d’une voix grave, haletante, près de son oreille.
— Je suis à toi, Aidan… maintenant, toujours… soupira-t-elle, la voix brisée par le plaisir.
Et c’est ensemble qu’ils sombrèrent. Une onde de chaleur, de plaisir brûlant, de cris étouffés dans un baiser ravageur. Il la serra fort contre lui alors qu’ils atteignaient ensemble l’extase, leurs souffles mêlés, leurs cœurs battant à l’unisson.
Le silence qui suivit fut sacré.