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Chapitre 3 | le Sixième Docteur

Eden fut plongé dans son souvenir… celui de ce manoir abandonné, face à cet homme masqué qui s’avançait vers lui.

Sans même le vouloir, il ressentit une aura… maléfique, mais d’une beauté parfaite, pure, à tel point qu’il ne pouvait s’en détacher. L’homme s’approcha et dit d’un ton charmant :

— Bonsoir, monsieur Eden. Bravo pour cette victoire. Je viens de l’Ordre. Nous souhaiterions que vous, ainsi qu’Alya, nous rejoigniez. Votre force, votre courage, et ceux d’Alya, nous seront très utiles pour vaincre ces Calamités.

Eden, surpris et méfiant, pensa intérieurement :

"D’abord… comment connaît-il mon nom et celui d’Alya, alors qu’on a tout fait pour rester discrets pendant nos missions ?

Il tourna son regard vers Alya, effondrée au sol. Toujours en lui-même, il se dit :

"Il ne dit rien qui vaille. Je dois tout faire pour qu’on puisse s’échapper, même si cela implique… de tuer un humain.

Eden leva son arme en direction de l’homme et déclara :

— Je ne sais même pas qui tu es, ni ce que tu attends vraiment de nous… Car je sais que tu ne me dis pas tout.

L’homme fixa Eden. À travers son masque, on apercevait ses yeux d’un jaune vif. Il esquissa un sourire, puis dirigea lui aussi son arme vers Eden en disant :

— Je crains que nous n’ayons plus le temps de converser. Je vais répondre à tes questions en te disant seulement… Je suis de l’Ordre…

Le temps sembla se figer, sa voix se brouilla, puis il continua :

— Le numéro Zéro. Et mon nom est…

Un bug mit brutalement fin au souvenir, et la voix conclut :

— Sero.

À ce moment, la balle de Sero vint transpercer le torse d’Eden. Celui-ci s’effondra en hurlant, et se réveilla, les yeux écarquillés, haletant :

— …Sero !

Elsa, inquiète, se précipita à son chevet et dit d’un ton tremblant :

— Ça va ? Ça va, Eden ?

Mais il la repoussa d’un regard sombre et répondit :

— Où est Alya ? On doit partir. Merci pour tout.

Puis il sortit de la pièce sans se retourner.

Elsa, le fixant dans son dos, murmura d’un air soucieux et pensif :

"Encore… ce Sero. Il ne cessait d’en parler depuis le jour où nous nous sommes rencontrés…

Elle se remémora alors leur première rencontre et pensa à voix basse :

— Ce jour-là, nous avions été alertés d’un attroupement de Calamités… et d’une autre créature non identifiée qui ravageait les environs. Ce qui avait justifié notre intervention, c’est que cette créature inconnue était de rang Or, voire plus… Elle avait massacré toutes nos recrues envoyées en reconnaissance. 

Nous sommes donc partis, vêtus de nos tenues blanches marquées de l’emblème de l’Ordre des Docteurs. J’étais la troisième, Elsa, et Édouard, le cinquième, surnommé le “vieux pervers généreux ” à cause de son expression malicieuse… Édouard portait un sabre à la ceinture. À notre arrivée, tout n’était que ruines.

Nous avons aperçu un homme, et une Calamité à l’allure féminine, tous deux à terre. L’homme posait la main sur sa poitrine, comme pour soutenir une blessure… qui n’existait pas.

Face à ce massacre, je pris les devants et, prête à attaquer, je dis d’un ton sérieux :

— ÉMANATION DE POISON ET DE SOINS

— POISON … Purificateur !

Mais alors que je m’apprêtais à les achever, Édouard me stoppa en disant :

— Ils ne ressemblent pas à des ennemis… mais à des victimes. Nous devons les ramener. Qui sait, ils pourraient nous être utiles un jour.

À cause de son ancienneté, je ne pouvais aller à l’encontre de sa décision même si on n’avais le même Grade. Je me contentai de dire :

— Très bien. Mais tu en assumes l’entière responsabilité.

— Oui, ne t’inquiète pas, Ma petite Elsa.

Puis il s’approcha d’Alya, les mains impatientes… Elle le gifla aussitôt en grognant. Surpris, il dégaina légèrement son sabre en murmurant :

— Émanation de Fil… 

— Lacération.

Des fils vinrent enserrer les membres d’Alya, la dénudant légèrement. Je toussai dans ma barbe en murmurant :

— Vieux pervers…

Il finit par ligoter les deux inconscients, les chargea dans un véhicule et les ramena à notre base les autres docteur étant absents. Là-bas, Eden fut séparé d’Alya.

À son réveil, il se retrouva dans une pièce sombre, à genoux, ligoté, torse nu, sous une lumière crue qui l’aveuglait. Il distinguait à peine les silhouettes qui l’observaient.

Une femme prit la parole :

— Êtes-vous sûr, Maître ?

Un homme lui répondit, d’un ton charmeur :

— Oui. Les résultats sont infaillibles. C’est bel et bien lui.

— Qu’en pensez-vous, Elsa ? Édouard ?

Elsa, un peu troublée, murmura :

— Même torse nu, on distingue son corps maigre mais musclé… Je… je ne comprends pas pourquoi je ressens de l’attirance pour ce genre d’homme…

 l'homme dit 

— Elsa… Elsa… Elsa…

Et La voix de l’assistante la ramena à elle.

— Ah ! Oui… votre décision sera la mienne, Maître.

— Très bien, dit l’homme. Et toi, Édouard ?

— La même chose, Maître.

L’homme, assis, ouvrit enfin les yeux… rouge écarlate, comme ceux d’un chat. Eden le fixa, furieux.

— C’est quoi votre problème ? Où est Alya ? Toi qui me fixes comme si j’étais un vulgaire mendiant, tu dois être le chef, non ?

La femme à côté de l’homme hurla :

— Tu sais à qui tu t’adresses, sale chasseur de pacotille ?

— Laisse, dit l’homme en se levant. Je m’en occupe.

— T’occuper de quoi ? Tu crois que je vais me laisser faire ? cracha Eden.

Elsa, rougissante, murmura pour elle :

— Trop mignon…

L’homme s’approcha d’Eden, face à face, et dit enfin :

— Je suis Kalil. Plus connu sous le titre de “Maître”. Je descends des fondateurs de l’Ordre. Cette femme, c’est Kamy, ma garde personnelle. Sous ses airs ronchons, elle fait les meilleurs gâteaux à la fraise de la région…

— Monsieur… fit Kamy en souriant timidement.

— Quant aux deux autres, inutile de te les présenter, tu connais leurs noms.

Kalil plongea son regard rouge dans celui d’Eden et dit :

— Monsieur Eden… qui êtes-vous ?

Eden voulut répondre, mais Kalil l’interrompit :

— Stop. Ne dis rien. Pendant votre confortable sommeil, nos agents ont déjà scruté votre mémoire…

— Comment dit Eden ?!

— Oui… enfin, ce qu’il en restait. Car à cause des effets secondaires de vos armes que vous avez ramené ce jour-là, votre mémoire était fragmentée. On ne pouvait pas se permettre que vous nous mentiez pendant cet interrogatoire.

— Donc… si je comprends bien, un jour, dans une maison en flammes, tu t’es réveillé amnésique, aux côtés d’une femme calamité. Pris de peur, tu as ramassé le pistolet qui traînait, prêt à te défendre… et c’est à ce moment-là qu’elle a dit :

— Eden…

Et toi, rassuré de voir qu’elle ne t’attaquait pas, tu lui as demandé son nom.

— Alya…

Depuis ce jour, vous combattez ensemble, cherchant une solution pour la ramener à la raison et patati et patata. Voilà… c’est tout.

Eden, bouche bée, resta silencieux.

Kalil ajouta enfin :

— Aujourd’hui est ton jour de chance. Car nous luttons pour la même cause. Et… il semblerait que tu sois, en quelque sorte… le Sixième Docteur.

— Les autres ici présents sont Elsa, celle de l’Abandon… Édouard, celui de la Bonté… et toi, enfin… celui du Souvenir.