Affrontement nocturne

« C’est pas tres gentil … À cause de vous, je vais sentir le brûlé », s'écria Gertrude avant de soupirer, l'air résigné.

Le type chauve ne semble pas être un adversaire difficile… Par contre, ce garçon…

Elle observa rapidement ses deux opposants. Il a quelque chose d'étrange. Je ferais mieux de ne pas traîner. Je récupère Furah et je—

Avant même qu'elle ne finisse sa pensée, un frisson lui parcourut l'échine. Instinctivement, elle plongea vers le sol. 

FWOOSH !

Un arc de vent tranchant traversa le couloir déjà délabré dans un rugissement assourdissant, faisant vaciller les lumières fluorescentes. 

D'un seul regard, Gertrude comprit la source de l'attaque : l'homme aux cernes sombres. Le vent s'accumule lentement autour de lui… Un manipulateur d'air ? 

Sa riposte fut immédiate. Une vapeur étrange enveloppa son corps tandis qu'elle s'élançait, son poing droit balayant l'air en un crochet puissant visant les côtes de son adversaire. 

« Toi, tu es le plus dangereux ! » hurla-t-elle dans sa charge. 

Mais avant que son coup n'atteigne sa cible, l'homme chauve projeta une nouvelle vague de flammes dans sa direction. Gertrude claqua sa langue, esquiva en trois sauts arrière rapides et se repositionna, les yeux étincelants. 

« On dirait que tu nous as sous-estimés », ricana l'homme chauve, ses bras enveloppés de feu. 

« Ah ouais ? Tu crois ça ? » Gertrude plissa les yeux, un sourire narquois aux lèvres. « Moi qui voulais juste être gentille… » Elle écarta les mains, l'air faussement déçue. 

« Vous l'aurez cherché. »

Sur ces mots, elle avança, réduisant la distance jusqu'à n'être qu'à un pas d'eux, comme s'ils ne représentaient aucune menace. Bien que plus petite, elle leva la tête pour les défier du regard et murmura : 

« C'est maintenant que les choses sérieuses commencent. »

« Toi— ! » L'homme chauve, irrité, n'eut pas le temps de finir sa phrase. 

BOOM !

Un coup de poing fulgurant s'enfonça dans son abdomen. Il sentit ses entrailles se tordre avant d'être propulsé à l'autre bout du couloir, écrasant un mur au passage. 

Son acolyte, l'homme aux cernes, n'eut même pas le temps de réagir. Gertrude pivota et lui envoya un direct au menton. Il bloqua in extremis avec ses avant-bras, mais l'impact le fit reculer de plusieurs pas. 

Sans perdre une seconde, il contre-attaqua, projetant une rafale de lames de vent en éventail pour la repousser. 

Mais Gertrude ne lui laissa aucune chance. 

Ignorant les lames qui lacéraient l'air autour d'elle, elle chargea, libérant soudain une onde d’éther pur. BZZZT ! Les lames de vent se dispersèrent comme du verre brisé. 

Quatre coups en une seconde. 

CRACK—THUD !

L'homme aux cernes vola en arrière, son corps s'écrasant contre le sol dans un fracas de béton brisé. *Elle est rapide… et cette force…pensa-t-il avant que la douleur ne le submerge. 

Gertrude regarda son poing, perplexe. Il est plus faible que je ne le pensais… Pourtant, je n'ai même pas senti son attaque arriver.

« Bon… Il ne reste plus que toi. »

Son regard se porta vers Vlad, toujours impassible malgré la défaite de ses hommes. Derrière lui, Furah gisait au sol, inconsciente, le corps parcouru de faibles convulsions. 

Elle n'a pas supporté la libération de mon ether… je doit faire plus attention

Les humains normaux supportent mal l'éther. Dans le pire des cas, cela peut leur causer un arrêt cardiaque.

Vlad passa une main dans ses cheveux rouges, l'air amusé. « Quelle bande d'incapables… Et dire qu'ils étaient censés assurer ma protection. »

Gertrude croisa les bras. « Tu ne sembles pas très inquiet pour quelqu'un qui vient de perdre ses hommes de main. »

« Tu crois vraiment que j'ai besoin de ces idiots pour me protéger ? » 

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« Tu as l'air bien confiant », répliqua Gertrude, les yeux étroits.

Vlad avança de quelques pas, décontracté. « Tu cherches à cacher tes pouvoirs… Tu te contentes de te battre à mains nues. » Il déboutonna lentement sa veste, un sourire en coin. « Tu penses peut-être qu'on pourrait identifier ton vrai nom si tu les utilisais… Tu dois être célèbre, non ? Dans ce cas, je me suis trompé. »

Il est malin, celui-là, pensa Gertrude.

« À ton expression, je vois que j'ai visé juste », poursuivit Vlad, le ton soudain sérieux. « Je me demande pour qui tu travailles… » Il marqua une pause. En tout cas, soyons honnêtes : je n'ai aucune chance contre elle. Tout ce que je peux faire, c'est gagner du temps en espérant que les renfort arrive

En apparence, Vlad paraissait sûr de lui, mais il savait pertinemment qu'il ne tiendrait pas face à Gertrude dans un combat direct – surtout si elle dévoilait ses véritables capacités. Si je peux juste la retenir assez longtemps…

« Cette fille t'a appelée Gertrude, mais ce n'est pas ton vrai nom, n'est-ce pas ? » demanda-t-il, le visage intrigué. « Pourquoi la protéges-tu ? »

Gertrude éclata d'un petit rire, reprenant sa posture de combat. « Je vois que tu essaies de gagner du temps. »

Merde, elle m'a grillé.

« Par contre, il y a une chose que je ne comprends pas… Pourquoi les Légionnaires ont-ils envoyé des types aussi faibles pour capturer Furah ? Votre organisation compte pourtant des combattants bien plus redoutables. »

« Tu es bien informée », s'exclama Vlad, tout en se baissant légèrement pour saisir deux dagues dissimulées dans son dos. D'un mouvement vif, il bondit vers elle.

« Renforce, mes lames – Salamandre ! »murmura-t-il. 

Les dagues s'embrasèrent instantanément dans un crépitement métallique, leurs lames rougeoyantes crachant des étincelles. Vlad enchaîna une série d'attaques éclairs, visant les points vitaux de Gertrude avec une précision mortelle. 

Mais elle esquiva chaque coup avec une facilité déconcertante. 

Une dague fendit l'air vers sa gorge – Gertrude pivota, la lame frôlant sa peau. La seconde faillit transpercer son poumon, mais elle se décala d'un pas, hors de danger. 

Alors qu'elle réfléchissait à une contre-attaque, un mouvement en bas de l'immeuble attira son attention. *Ils ont fini par remarquer…

Je n'ai plus le choix.

D'un geste brusque, Gertrude mit un genou à terre et plaqua sa main droite sur le sol brûlant du couloir. 

« Écroule-toi. »

Le bâtiment trembla violemment, comme si le sol allait se dérober. Des fissures se propagèrent le long des murs, et des pics de pierre jaillirent du plancher, barrant la route à Vlad. 

« Tu veux faire s'effondrer tout l'immeuble ?! » hurla-t-il, paniqué, en détruisant frénétiquement les stalagmites qui tentaient de l'empaler. 

Gertrude ignora ses protestations. D'un mouvement surhumain, elle se rua vers Furah, toujours inconsciente. 

« Attends— ! » haleta Vlad, toujours coincé. 

« Désolée, mais je n'ai plus le temps de jouer. » 

Elle souleva Furah comme une mariée de conte de fées, tandis que le bâtiment craquait de toutes parts. Sans hésiter, Gertrude se précipita vers la fenêtre au fond du couloir et sauta dans la nuit, juste avant que l'immeuble ne s'écroule dans un fracas assourdissant. 

...… 

Plus tard, dans la nuit…

Alertés par un grondement sourd, les habitants du quartier s'étaient rassemblés, incrédules, devant les décombres fumants. Comment un immeuble abandonné avait-il pu s'effondrer ainsi, sans tremblement de terre ni incendie ? 

Pourtant, miracle inexplicable : les secouristes avaient retrouvé tous les résidents sains et saufs, profondément endormis, comme si rien ne s'était passé. 

Les gens du quartier finirent par attribuer l'événement à une intervention divine… Et bien plus tard, une église fut érigée sur les ruines.

Mais ça, c'est une autre histoire. 

……………..

Dans une pièce entièrement blanche et dépouillée, semblable à une cellule d'isolement, trônait une étrange chaise rétractable. Ce siège évoquait ceux utilisés dans les hôpitaux psychiatriques ou les salles d'interrogatoire, mais avec une différence notable : ses dimensions imposantes et sa construction renforcée semblaient conçues pour contenir une personne aux capacités exceptionnelles. L'espace, dépourvu de fenêtres, n'était éclairé que par quatre ampoules placées dans chaque angle.

Sur ce siège, Amani était solidement attachée, endormie, ses cheveux noirs en bataille. Des sangles immobilisaient ses poignets, ses chevilles et même son cou, rendant tout mouvement impossible.

Alors qu'elle reprenait lentement conscience, l'inconfort de sa position la fit émerger brutalement de sa torpeur, comme si elle s'échappait d'un cauchemar.

*Où suis-je ? Pourquoi je ne peux pas bouger ? Une chaise ?* Ses pensées s'enchaînaient sans réponse tandis qu'elle inspectait la pièce du regard.

"Qu'est-ce que je fais là ?" murmura-t-elle en fermant les yeux quelques secondes. Un souvenir lui revint soudain, et ses paupières s'écarquillèrent. "Putain de merde !"

Paniquée, elle se mit à se débattre. "Je me suis fait kidnapper ! Ce sont sûrement des trafiquants d'organes, c'est pas possible !" Mais ses efforts pour se libérer restaient vains.

Après plusieurs minutes de lutte infructueuse, des bruits de pas et de voix approchèrent. La panique redoublant, Amani redoubla d'efforts jusqu'à ce que la porte s'ouvre brusquement.