Suis-je différente ? (Partie 1)

« À Abidjan, il y a toutes sortes de personnes : ceux qui préfèrent s’amuser, ceux qui prennent tout au sérieux... Mais moi ? Je me fiche un peu de tout ça. Ce que je veux... c’est être seule, avec ce que j’aime. Voilà à quoi se résume... ma vie. »

L’histoire prend place à Abidjan, l’une des villes les plus animées de la Côte d’Ivoire — plus précisément à Yopougon. Ce jour-là, une pluie légère tambourine doucement sur les toits. Dans la maison des Adjo, tout le monde est à l’intérieur. La mère s’affaire à la vaisselle, le père regarde la télé... et Syntiche, elle, vit sa meilleure vie, enfermée dans sa chambre.

Allongée dans son lit, casque vissé sur les oreilles, elle lit un manga K-pop, la musique à fond, totalement absorbée dans son univers. Elle ne se doute pas une seule seconde que son frère aîné est sur le point de lui faire une surprise...

C’est ici que commence l’histoire d’une introvertie... sans ambition.

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Syntiche se redresse brusquement, fronçant les sourcils, avant de s’asseoir calmement au bord de son lit. Elle se reprend :

— Qu’est-ce que tu me veux ? Je sais que tu veux ma mort, mais au moins attends que je sois devenue une adulte, grogne-t-elle, visiblement énervée.

Arthur — T’inquiète, je te taquinais juste.

Syntiche (surprise) — Depuis quand tu taquines les gens, toi ? Hmm... si tu te comportes comme ça, c’est que t’es heureux... t’as eu une bonne nouvelle ou quoi ?

Arthur regarde autour de lui, les mains dans les poches, un demi-sourire aux lèvres.

Arthur — Bon, c’est pas faux... Mais ça te regarde pas. Toi, tu devrais plutôt commencer à prendre ta vie au sérieux au lieu de passer tes journées à lire tous ces... man... mangas.

Syntiche — Ah ouais ? Désolée, mais je vais me passer de tes conseils soi-disant "précieux", pour aujourd’hui.

Arthur — T’es vraiment irrécupérable. Regarde ta chambre : on dirait celle d’un gamin. Entre les figurines, les posters, et tes bandes dessinées...

Syntiche (interrompt) — Ce sont des mangas, pas des bandes dessinées ! Essaie au moins de faire la différence, sérieux...

Arthur — T’es vraiment une otaku... j’y crois pas.

Syntiche — Arthur, tu prends trop tes grands airs, je trouve.

Arthur — Tu réalises que t’es plus une gamine ? T’as 18 ans. T’es majeure, grande, et pourtant t’agis comme si t’étais encore au collège avec tous ces... subterfuges.

(Il lui arrache le manga des mains)

Mais Syntiche lui reprend le manga avec une rapidité et une force qui laissent Arthur sans voix.

Arthur — Syntiche... si je te dis ça, c’est pour ton bien.

Notre époque manque cruellement de bon sens. Avec l’évolution de la technologie, tous ces animés et bandes dessinées... ça peut te rendre stupide, te couper du monde réel.

Syntiche (pensant) — Attends... je vais te faire mater Berserk, Shimoneta, ou même Boku no Pico... on verra si c’est encore "enfantin" pour toi...

Arthur — Je ne te dis pas ça pour te blesser, mais pour te faire changer. Agis un peu comme les gens normaux. Tu gaspilles ton temps dans des trucs inutiles...

Syntiche (pensant, blessée) — Voilà qu’il me juge aussi...

Elle lui répond, sèche :

— La seule personne qui me fait perdre mon temps actuellement, c’est toi. Et j’aimerais que tu sortes de ma chambre. Tu peux ?

Arthur, visiblement agacé, lâche froidement :

— Pff... pathétique.

(Il tourne les talons)

C’est décevant de voir qu’une fille se comporte comme un mec.

Syntiche, encore figée, sent une lueur briller dans ses yeux. Ce n’est pas une larme. C’est quelque chose de plus profond, plus sombre... une colère muette, une blessure invisible.

Arthur, prêt à sortir, remarque un cahier au sol. Il se penche et le ramasse.

— C’est quoi ça ?

C’est toi qui as écrit ça ?

Syntiche, agacée, arrache brusquement son carnet des mains d’Arthur, les sourcils froncés, les nerfs à vif.

Syntiche (menaçante) — Essaie d’y toucher encore une fois, et je te jure que je ne réponds plus de rien.

Elle lui lance un regard noir si intense qu’on pourrait croire qu’elle tente de le désintégrer par la pensée.

Arthur, loin de se laisser intimider, lui rend le regard avec la même intensité.

Arthur (froidement) — Je n’ai pas peur de toi, mais tu me déçois énormément. T’es tellement renfermée... tu crois que ça va t’aider un jour ?

Il tourne les talons, sort de la chambre sans ajouter un mot.

Syntiche soupire lourdement, se laisse tomber sur son lit pour se calmer.

Syntiche (pensant, amère) — C’est qu’une influence... Il se prend pour qui, à me juger alors qu’il fout rien de ses journées ? Il squatte la maison, se croit intelligent... mais il n’arrive même pas à se trouver un boulot.

Il pense qu’il suffit d’avoir une grosse tête pour réussir, mais il ignore que des gens complètement idiots, qui font des danses sans queue ni tête sur TikTok, gagnent plus que lui.

(PS : Ceci est l’avis personnel de Syntiche.)

Elle se redresse doucement, attrape son carnet, et commence à tourner les pages.

Syntiche (à voix basse) — Je devrais écrire un peu ce soir... Demain j’ai école, donc je vais pas traîner trop longtemps.

(Elle regarde par la fenêtre, l’air désabusé)

— Quel monde pourri...

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Ellipse — Le lendemain matin

Syntiche se prépare pour aller à l’école. Avant de quitter sa chambre, elle s’arrête devant le miroir, ajuste légèrement ses écouteurs et se parle à elle-même comme pour se motiver :

Syntiche — Aujourd’hui, c’est une nouvelle journée. Une journée pour combattre les haters. N’abandonne pas.

Elle quitte la maison, écouteurs dans les oreilles, et avance d’un pas tranquille vers le lycée. Une fois sur place, elle entre dans sa classe et s’installe à sa place habituelle, au fond, près de la fenêtre.

Mais soudain, quelqu’un s’approche d’elle.

C’était Esther. Une camarade de classe. Enfin... si on peut vraiment appeler ça une camarade.

Esther (moqueuse) — Tiens tiens... mais qui voilà ? C’est la fille qui s’assoit toute seule et qui parle à personne !

Syntiche — Je suis pas comme tu le décris. Je suis juste une introvertie.

Esther (riant) — Ah, excuse-moi ! Je savais pas que j’avais affaire à la mère de Molière, avec des mots aussi compliqués !

Syntiche (pensant) — C’est pas que je suis plus intelligente que toi, c’est juste toi qui es... particulièrement stupide.

(Elle répond calmement)

— T’inquiète pas, je suis habituée. Les haters aiment bien m’embrouiller dès le matin.

Esther — Tu sais quoi ? Je crois que j’ai compris ton problème.

Syntiche — Ah ouais ? Tu viens enfin de réaliser que toi, t’es le problème ?

Esther (agacée) — Non. Tu veux trop jouer aux personnages de dessins animés, là... comme dans Naruto. C’est ça qui te rend aussi débile.

Les nerfs de Syntiche s’enflamment d’un coup.

Syntiche (en colère) — Fais gaffe à ce que tu dis, la michto. Et d’abord, on dit animé, pas dessin animé. C’est pas la même chose ! Vraiment... vous avez aucune culture.

(Elle pense à son frère)

Et sérieusement, pourquoi ici, en Afrique, dès qu’on parle d’animé ou de manga, tout le monde pense à Naruto ? Oui, c’est un chef-d'œuvre, mais y’a des centaines d’autres œuvres incroyables avec une notoriété inébranlable.

Esther — Ah bon ? Bof, j’m’en fiche un peu. J’ai pas le temps de suivre les aventures d’un gars qui s’appelle "Pain Godjo".

(Note : Dans l’argot ivoirien, "godjo" signifie "sec, dur")

Syntiche manque de faire une crise cardiaque à cette déclaration.

Elle imagine un pain sec et dur avec un bandeau sur les yeux.

Syntiche (choquée) — Pauvre Gojo...

(Elle reprend)

— Esther, s’il te plaît. Laisse le charisme en personne reposer en paix.

Esther (perdue) — Hein ?

Syntiche — Le gars s’appelle Satoru Gojo, du manga Jujutsu Kaisen, et pas "Godjo". Le réduis pas à ça, il mérite mieux !

Esther (soupirant, exaspérée) — Tu me fatigues maintenant... Et en quoi ça va me servir de retenir tout ça ?

Syntiche (pensant, à bout) — Sukuna... si seulement tu pouvais trancher cette fille en deux à la place de Gojo, la paix régnerait enfin sur ce monde.

Elle imagine Esther se faire découper proprement par Sukuna et en ressent un apaisement profond...

Esther — Bon, bref. Tu sais... c’est vrai que je te déteste.

Mais j’dois avouer que t’as du potentiel.

Syntiche (surprise) — Du potentiel ? Comment ça ?

Esther s’approche d’un pas lent, un brin théâtral, presque sensuel.

Esther (fière) — Tu connais mon rang social, non ? Je suis une star dans ce bahut.

Syntiche (pensant) — Moi, j’aurais dit la pte du bahut... mais bon. Et pourquoi elle me colle comme ça ? J’aime pas ça.*

Syntiche (voix haute) — Et donc ?

Esther — Tu pourrais intégrer mon entourage.

(Elle tente de lui toucher la poitrine)

T’as de belles formes, ça te donne un certain charme. Ce serait un atout essentiel pour ton avenir...

(Elle lui murmure à l’oreille)

Tu pourrais devenir... mon attrapeuse de sac. Et peut-être que les gens commenceraient enfin à te remarquer.

Syntiche, scandalisée, la repousse violemment.

Syntiche (indignée) — Tu te fous de moi ? À quel moment je t’ai dit que j’avais besoin de l’attention de qui que ce soit ?

Esther (agacée) — Tchrr... j’ai pas été assez convaincante on dirait. J’essayais de te donner une chance de tout recommencer avec moi, mais tu craches sur ma proposition.

Syntiche — Et je recommencerais sans hésiter. Tu te crois trop belle et supérieure ? Désolée de te décevoir, mais ta beauté, c’est juste ton maquillage qui l’invente. T’es creuse à l’intérieur.

Esther — Attends... tu veux dire que je suis moche ?!

Syntiche — Pas seulement. T’es aussi une traînée qui a besoin des autres pour exister. Tu fais grave pitié.

Esther (furieuse) — Tu vas trop loin, là, ma grande. Tu veux mourir ?!

Syntiche (calmement) — J’ai hâte de frôler cette mort... si seulement elle existe vraiment.

À suivre...

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Syntiche et Esther sont comme chien et chat , et cette situation ne fait qu'empirer. Que vas t'il bien se passer ?

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La suite dans le prochain chapitre !