Syntiche est dans les toilettes, en train de scruter le classeur qu'elle a ramassé devant la porte. Elle inspire un grand coup, prête à découvrir ce qu'il contient.
Syntiche (soupirant, excitée) : « Bien... c'est l'heure de l'unboxing.»
Elle ouvre le classeur et reste figée de stupeur en voyant ce qu'il renferme.
Syntiche : « Hein ? Mais... c'est un manga ? »
Elle le tourne dans tous les sens, perplexe.
Syntiche : « C'est bizarre... Il n'y a ni le nom de l'auteur, ni celui de l'œuvre sur la couverture... Même en ouvrant la première page, il n'y a rien... Peut-être que ce n'est pas vraiment un manga finalement. Mais... c'est intriguant, hum... »
Elle referme doucement le classeur, se lève, puis sort des toilettes pour rejoindre sa classe, l'esprit agité.
Syntiche (dans sa tête, intriguée) : « Arrivée à la maison, je vais l'examiner plus attentivement... »
Mais dans l'ombre, quelqu'un l'observe. Esther, tapie, la suit d'un regard noir, empli de haine.
Esther (murmurant entre ses dents) : « Cette fille bizarre... Elle va regretter d'être venue au monde... »
Ellipse
Plus tard, à la fin des cours, Syntiche se précipite pour rentrer chez elle. À peine arrivée, elle file prendre un bain. À sa sortie, une serviette autour du corps, elle se jette sur son lit, le mystérieux manga en main.
Syntiche : « Normalement, un manga a toujours un titre... mais là, rien du tout. Peut-être que je me trompe, pourtant le style de la couverture est typiquement manga. Bon, voyons l'intérieur... »
Elle feuillette, ses yeux s'illuminent : des cases, des dessins... c'est bien un manga. L'histoire montre un combat violent entre deux personnages, l'un démoniaque, balafré, qui crie : « Que c'est pitoyable de te voir ainsi, guerrier ! » L'autre, blessé et couvert de sang, répond : « Et toi alors ? Tu t'es vu avant de parler ? »
Syntiche est captivée, dévore page après page, jusqu'à ce que brusquement... plus rien. Des pages blanches.
Syntiche (frustrée) : « Hein ? Déjà ?! Mais c'est pas possible... L'histoire commence sans explication, et maintenant elle s'arrête net... Qui a fait ça ? Sans doute un auteur amateur... Demain, je dois absolument retrouver cette personne. »
Elle s'étend, songeuse, le regard perdu au plafond.
Syntiche (chuchotant) : « J'espère qu'il... ou elle... me laissera découvrir le début et la fin... Parce que je déteste rester sur ma faim... »
Elle bâille et s'endort, serrant le manga contre elle.
Ellipse
Dans son rêve, Syntiche est projetée dans son enfance, au moment où sa passion pour les mangas et les animés commençait à grandir.
Elle descend les escaliers en courant, brandissant fièrement un tome.
Syntiche : « Maman, papa, regardez ce que papi m'a offert ! Le tome 3 de Bleach, un vrai manga rien que pour moi ! »
Son père, absorbé par un match à la télé : « Oui, oui, génial ma chérie... »
Sa mère, occupée en cuisine : « Tu devrais pas l'encourager comme ça. À force, elle va finir par se comporter comme un garçon, à jouer aux jeux vidéo et lire des bandes dessinées. »
Le père : « Tu exagères... Laisse-la aimer ce qu'elle veut. Ce n’est pas un crime. »
La mère : « Tu peux pas comprendre... Moi, je veux juste lui assurer un avenir stable. Sinon, un jour, elle deviendra une délinquante. »
Syntiche baisse les yeux, blessée.
Syntiche (murmurant) : « C'est méchant... »
Ellipse
Dans la cour de récré de l'école primaire, Syntiche aperçoit un groupe de garçons réunis autour d'une bande dessinée.
Syntiche (joyeuse) : « Salut ! Qu’est-ce que vous lisez ? »
Un garçon : « Aya de Yopougon. »
Syntiche : « Oh ! J’adore cette BD ! Je peux lire avec vous ? »
Un autre garçon, moqueur : « Euh... non. Ici c’est une zone privée, réservée aux garçons. Dégage. »
Syntiche (abasourdie) : « Quoi ? Mais... je veux juste lire avec vous... »
Un autre garçon lance sèchement : « Ta place n’est pas ici, gamine. »
Un autre ajoute, moqueur : « T’es une fille, et les filles ça lit pas des BD. »
Syntiche (bouleversée) : « Quoi ? Vous plaisantez j’espère ? »
Un garçon réplique : « Les filles ça joue à la dînette, à la marelle… pas aux trucs de garçons. »
Un autre, ricanant : « Vas rejoindre tes copines… à moins qu’elles t’aient rejetée aussi ? »
Un garçon marmonne : « Normal, elle est cheloue. »
Un autre : « Écoute, ici c’est pas pour les chichis de ton genre. »
Syntiche, le regard brûlant : « Vous vous trompez. J’adore les mangas, les cosplay et les jeux vidéo. Je vois pas pourquoi une fille n’aurait pas le droit d’aimer ça. »
Un garçon, agacé : « Ferme-la, on t’a pas demandé ta biographie. »
Syntiche (perdue) : « Hein… ? »
Un autre éclate de rire : « Peu importe ce que tu dis, tout le monde sait que les filles servent à nous préparer à manger, nettoyer et… pondre des bébés ! »
Un silence lourd tombe. Syntiche est pétrifiée, le regard vide. Puis un garçon grimace : « Pondre des bébés ? On est un peu jeunes pour ça… »
L’autre rétorque : « C’est ce que mon père répète à ma mère… et il est trop cool quand il dit ça. »
Syntiche s’avance lentement : « Hé… tourne-toi. »
Le garçon obéit, surpris. Un coup de poing fulgurant le projette au sol. Ses amis restent figés, choqués.
Syntiche, le saisissant au col, le frappe encore et encore : « Si… (bam) je suis… (bam) différente… (bam) est-ce que… (bam) c’est… (bam) grave ?! »
Les autres tentent d’intervenir, mais elle se relève, prête à frapper quiconque s’approche.
Syntiche (murmurant) : « Ils l’ont bien cherché… »
Ellipse
Le père de Syntiche, furieux : « Franchement, tu me déçois énormément, Syntiche. »
Syntiche reste silencieuse, le regard vide.
Sa mère, en larmes : « Tu as envoyé tes camarades à l’hôpital… seule ! Tu sais combien on a dû payer pour tes bêtises ? On est allés s’excuser chez chacun de leurs parents, et tu as intérêt à en faire autant. Pourquoi… pourquoi fais-tu ça ? »
Syntiche : « C’est leur faute… je voulais juste lire avec eux, et… »
Son père la gifle brutalement : « Je n’en reviens pas… je te croyais moins stupide, Syntiche. »
Sa mère, effondrée : « Je t’avais dit qu’elle finirait délinquante avec ses histoires… pourquoi… pourquoi notre fille est aussi bizarre… »
Syntiche reste impassible. Son frère, la toisant : « Tss… tu fais pitié. »
Syntiche (murmurant) : « Je suis désolée… »
Soudain, elle sombre dans un gouffre noir. Des voix murmurent, glaçantes.
« Stupide fille… »
« On aurait dû t’avorter… »
« Tu crains, Syntiche… »
« Meurs, s’il te plaît… »
« Crève… »
« CRÈVE ! »
Syntiche hurle : « LÂCHEZ-MOI !!! »
Elle se réveille en sursaut, couverte de sueur. Elle s’assoit précipitamment, haletante. Son frère entre sans frapper.
Arthur : « Tu sais… t’es chez toi, mais essaie au moins de t’habiller correctement. »
Syntiche : « Qu’est-ce que tu me veux ? »
Arthur : « Maman t’appelle depuis tout à l’heure pour aller faire ses courses. Dépêche-toi, tu connais maman. Si tu tardes, elle va venir te trouver ici. »
Syntiche : « Pourquoi c’est pas toi qu’elle a envoyé ? »
Arthur : « Bah… je suis occupé. »
Syntiche : « À te faire plaisir tout seul surtout… »
Arthur, agacé, sort de la chambre : « L’argent est en bas. Va la voir, elle te dira quoi acheter. Sur ce, bye. » Il claque la porte.
Syntiche : « Il répond même pas… je savais qu’il se tripotait. »
(pensant) « Encore ce cauchemar… ça devient lassant. »
Elle se lève et se prépare pour aller faire les courses.
...
Quelques heures plus tard, Syntiche sort d’une supérette du quartier, les bras chargés.
Syntiche (se frottant les mains) : « Brr… il fait vraiment froid… j’aurais dû prendre un pull. »
Elle ouvre son sac, sort le manga trouvé plus tôt et continue de marcher.
Syntiche (pensant) : « Ce truc est trop bizarre… aucune cohérence… si je trouve l’auteur, il m’entendra. La jeunesse d’aujourd’hui laisse tout inachevé, c’est épuisant… »
Soudain, elle se fait bousculer par un jeune homme ivre, ses affaires tombent au sol.
Jeune homme (énervé) : « Hé, Oh ma chérie, tu vois pas où tu vas ou quoi ? »
Un autre s’approche, embarrassé : « Désolé… il a bu… »
Au même instant, un vent glacial fait tourner les pages du manga. Les yeux de Syntiche se mettent à briller, le temps semble s’arrêter quelques secondes. Elle regarde autour d’elle, paniquée. Puis tout redevient normal. Personne ne semble avoir remarqué quoi que ce soit.
Syntiche ramasse ses affaires et s’éloigne en courant, le cœur battant.
Syntiche ( haletante ): « Mais… c’était quoi ça ? Personne ne bougeait, sauf moi… j’ai peur… »
Soudain, un grondement déchire le ciel. Une fissure lumineuse apparaît, fendant les nuages. Syntiche, figée, regarde sans comprendre. La faille se brise et deux silhouettes en jaillissent, projetées violemment sur un immeuble tout proche.
Syntiche : « Mais… qu’est-ce que c’est que ça ?! »
Du côté des combattants, l’un ricane : « Pitoyable de te voir ainsi, guerrier… »
L’autre, haletant et blessé : « Et toi… tu t’es vu avant de parler ? »
Le premier : « T’inquiète pas pour moi. Préoccupe-toi plutôt de ton sort… »
Syntiche, tremblante, essaie de s’approcher. Soudain, un des hommes chute d’un étage, s’écrasant dans une benne à ordures. Syntiche accourt, choquée.
L’homme, agonisant : « Argh… j’ai pas pu contrôler mon… apesanteur… son laser… m’a… transpercé… toute ma vie… je savais que je mourrais avant de… réaliser mes rêves… adieu… papa… maman… »
Ses yeux se ferment. Syntiche, paniquée, le soulève : « Tiens bon… je vais essayer de te sauver… mais je promets rien… »
(pensant) « Qu’est-ce que je vais faire… putain… ! »
À suivre…
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Syntiche est de nouveau confronté à un problème des plus sensibles, sauver la vie de quelqu'un.que s'est-il passé cette nuit? Qui sont ses personnes apparus de nulle part?
La suite au prochain chapitre !