Suis-je différente ? ( Partie 2)

La tension atteignait son paroxysme. Syntiche et Esther se faisaient face, prêtes à en découdre. L’atmosphère électrique poussa toute la classe à se regrouper instinctivement autour d’elles, avide de voir jusqu’où irait cette confrontation.

Soudain, une voix grave retentit :

M. Kouassi (ton autoritaire) — Oh, oh ! Vous deux, arrêtez immédiatement ! C’est une salle de classe ici, pas un ring de MMA ! Que chacun regagne sa place !

Les élèves se dispersèrent à contrecœur. Esther s’éloigna lentement, fusillant Syntiche du regard.

Mais cette dernière, fidèle à elle-même, lui lança un doigt d’honneur discret en murmurant : — Si t’es un obstacle... je t’allume direct.

Le professeur, qui n’avait rien manqué, intervint : — Syntiche... ça suffit.

Syntiche (d’un ton faussement innocent)— Oui, Monsieur. Excusez-moi.

Esther (pensée) — Tu perds rien pour attendre...

Après un regard circulaire pour s’assurer du calme, M. Kouassi reprit : Bien. Maintenant que l’ordre est revenu, nous pouvons commencer.

Syntiche (pensée, blasée) — Quelle poisse... Fallait que je tombe sur une emmerdeuse comme Esther.

---

**Quelques heures plus tard**

La cloche de midi sonna, déclenchant un soulagement collectif.

M. Kouassi — C’est bon, vous pouvez y aller.

Les élèves quittèrent la salle dans un brouhaha joyeux. Tous... sauf Syntiche, absorbée par son carnet.

M. Kouassi, intrigué, s’approcha : — Pourquoi ne vas-tu pas manger ? La cantine est ouverte.

Syntiche (gênée)— Je n’ai pas très faim, Monsieur. Ça ira.

M. Kouassi (insistant) — Une pause te ferait du bien.

Syntiche — C’est touchant, mais mes idées sont claires.

Le professeur gratta sa tête en riant : — Permets-moi alors de te tenir compagnie ? Rassure-toi, aucune arrière-pensée.

Syntiche (lui faisant place)— Vous n’avez pas à demander la permission.

Il s’assit, observa le plafond un instant, puis : — Au fait... Sais-tu pourquoi Esther te déteste ? Répliqua monsieur kouassi.

Syntiche (haussant les épaules) — Aucune idée.

M. Kouassi — Et toi, tu ne l’apprécies guère non plus.

Syntiche (amère) — Normal. Les gens ne s’intéressent à elle que par intérêt. Sa "puissance" n’est qu’une illusion.

Le professeur hocha la tête :

M. Kouassi — Ceux qui ne rentrent pas dans son moule deviennent des parias. Prends-moi par exemple : certains élèves trouvent mes équations ennuyeuses... Être prof est compliqué, surtout un prof de math.

Syntiche (esquissant un sourire) — Les maths ? Une torture psychologique.

> M. Kouassi (riant) — Tout a un sens ! Mais trêve de cours... (baissant la voix) Tu saisis mon point ? Quoi qu’on fasse, certains nous haïront sans raison. L’humain est inexplicable.

Syntiche — Vous avez raison.

Son regard se fit plus doux :

M. Kouassi— On te harcèle parce que tu es différente des autres filles. Mais sache une chose : être hors norme, *c’est cool*.

Syntiche (interloquée)— C’est... cool ?

M. Kouassi— Absolument. Ne pas plaire, être détestée... ça prouve que ta personnalité détonne. Les gens combattent ce qu’ils ne comprennent pas. Si tu es une "anomalie", c’est que tu es spéciale. (posément) Et quoi qu’il arrive, tu auras toujours des alliés.

Syntiche (pensée, les yeux brillants) — Gentil... Mais qui se soucierait de moi ? Ma propre famille méprise mes passions.

Soudain, M. Kouassi aperçut un manga sur la table :

M. Kouassi— Tiens, *Musical X* ? Je connais !

Syntiche (surprise) — Vraiment ?Comment ? Je savais pas que vous lisez des mangas et surtout de notre génération...

M. Kouassi (feuilletant l’ouvrage) — Basé sur les trois tomes ? Compréhensible. Mais ça a démarré il y a dix ans ! L’auteur a dû interrompre pour raisons de santé. *(souriant)* Tu as commencé directement par le tome 3, non ?

Syntiche (détournant les yeux) — ... Vous ne vous trompez pas. Je croyais que c'était une nouvelle série moi.Mais dîtes moi , vous êtes forcément un fan de manga pour autant vous y interressé !

M. Kouassi (amusé) — Fan de manga ? Détrompe-toi. C’est mon fils qui m’a initié ! *(riant)* Il réclamait sans cesse *Dragon Ball* ou *Death Note* quand il était encore petit.

Son sourire s’adoucit :

M. Kouassi — Tu lui ressembles beaucoup. Passionné, tenace... (posant une main amicale sur la table) Un jour, je vous présenterais. Qui sait ? Vous pourriez devenir amis.

Syntiche (poliment)— J’ai hâte.

*Pensée* — Pourvu qu’il ne soit pas plus bizarre que moi...

M. Kouassi observa le carnet entre les mains de Syntiche :

M. Kouassi — Dis-moi... Depuis tout à l'heure, tu écris avec concentration. Ce serait indiscret de demander ce que c'est ?

Syntiche referma précipitamment son cahier :

Syntiche (gênée) — Euh... C'est un light novel.

M. Kouassi (les yeux brillants) — Vraiment ?! Oh, je pourrais jeter un œil ?

Syntiche (lui bloquant le geste)— Désolée Monsieur, c'est encore en cours... Je cherche toujours comment structurer l'intrigue et...

Le professeur recula paisiblement :

M. Kouassi — Bien sûr, je comprends. Pas de pression.

Syntiche (après une hésitation) — Je vous promets... Quand le premier chapitre sera terminé, je vous l'enverrai pour votre avis.

M. Kouassi (souriant) — J'accepte ! À une condition...

Syntiche (pensée, paniquée) — Oh non... Qu'est-ce qu'il va exiger ? Mon corps ? Pire ? Non, pas ça !

M. Kouassi — Sors prendre l'air. Juste cinq minutes. Ça dégagera ton esprit.

Syntiche (soulagée) — D'accord, Monsieur. *Pensée* — Ouf... J'ai cru au pire.

M. Kouassi (se levant)— Allez, profite bien de ta pause !

Syntiche — Merci pour la compagnie, vraiment.

Syntiche (en sortant de la classe) — "Mr Sympa"... Il porte bien son surnom.

---

**Quelques minutes plus tard**

Après une déambulation sans but dans la cour, Syntiche remontait les escaliers du premier étage avec une bouteille d'eau à la main.

Syntiche (essoufflée)— Super conseil... Plutôt que de me vider la tête, je me suis épuisée à tourner en rond. *Pensée amère* — Il devrait être éducateur, ce type... Contrairement à certaines pestes. *L'image d'Esther surgit* — Je lui ferai bouffer sa popularité, un jour ou l'autre !

Elle avala la dernière goutte de sa bouteille d'eau avec une rage sans précédente.

Syntiche (se parlant à elle-même)— Erreur stratégique... Vessie en alerte rouge. Direction le pipi-room !

Soudain, devant les toilettes, un objet abandonné capta son regard : un classeur jaune aux coins élimés. Syntiche le souleva avec méfiance.

Syntiche (murmurant) — Bizarre... Pourquoi traînerait-il là ? *Pensée* — Comme magnétisé...

Le besoin pressant l'emporta. Elle entra précipitamment dans les toilettes, le classeur serré contre elle. Après s'être soulagée, elle resta assise sur la cuvette, l'objet mystérieux posé sur ses genoux.

Syntiche (fixant le classeur) — Cette sensation étrange... Comme s'il m'appelait. *Doigt hésitant sur la fermeture* — Devrais-je... ?

À suivre...

---

Syntiche affronte un mystère : Que contient ce classeur maudit ? L'ouvrira-t-elle...?

La suite dans le prochain chapitre !