Chapitre 5 – L’onde de choc

12h07 – Couloir du rez-de-chaussée

Le corps est toujours là.

Inconscient.

Un filet de sang au coin de la bouche.

Les surveillants arrivent en courant, trop tard.

— "Appelez l’infirmerie, tout de suite !"

Certains élèves reculent. D'autres filment encore.

La vidéo tourne déjà sur Snap, TikTok, et même dans des groupes privés.

Mais Juno n’est plus là.

Il a pris l’escalier sans se retourner.

Comme si de rien n’était.

Et pourtant, tout a changé.

Le silence, les regards, les règles invisibles.

L’ordre vient de se briser.

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17h00 – Devant le portail du lycée

Fin des cours.

Le soleil tape doucement, ciel gris-orangé, ambiance fatiguée.

Le flot d’élèves sort doucement.

Certains rigolent. D’autres courent vers l’arrêt de bus.

Mais les discussions tournent en boucle :

> — "Tu l’as vu ou pas quand il l’a séché ?!"

— "Il a même pas parlé frère…"

— "C’est pas un p’tit nouveau. C’est un monstre."

Juno sort à son tour.

Toujours le même calme. Toujours les mains dans les poches.

Il descend les marches, passe entre les groupes.

Les gens s’écartent sans qu’il dise un mot.

Il continue sa route, sans se presser.

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17h17 – Rue des Acacias

Le soleil descend lentement, rasant les façades fatiguées.

Juno marche seul, sac sur l’épaule.

Pas un mot. Pas un regard en arrière.

Il passe devant des commerces fermés, des halls défoncés, des voitures cramées qui traînent depuis des mois.

Il tourne au coin, entre dans une petite résidence aux murs tagués.

Pas d’interphone. Juste une porte à pousser.

2e étage, appartement 27.

Il ouvre. Balance ses affaires près de l’entrée.

Silence total.

Un salon vide, une lumière jaune trop faible, un vieux canapé.

Personne pour l’accueillir.

Juno se pose. Retire sa veste. Reste là un instant.

Calme. Vide.

Son téléphone vibre. Il regarde l’écran.

Une notification. Un message. Un nom inconnu.

Il l’éteint sans lire.

Il ferme les yeux, s’allonge.

Et laisse le monde dehors bouger sans lui.