Assis à mon bureau, je tape des notes à une vitesse mécanique, essayant de rester concentré sur les tâches à accomplir. La journée a été chargée, et entre les réunions, les appels, et la gestion des plannings, j'ai à peine eu le temps de souffler. Mais malgré tout, mon esprit reste fixé sur un seul point : ce qui s'est passé dans la salle de réunion ce matin.
Je me remémore encore ce moment où nos mains se sont frôlées, où cette décharge électrique a traversé mon corps. C'était si soudain, si intense, que j'en suis encore troublé. Et puis, il y a eu ce regard… Celui de Vincent, qui ne pouvait pas détourner les yeux. Lui aussi, je l'ai vu, il a ressenti cette connexion. Ce n'était pas mon imagination.
Je laisse échapper un soupir, m'efforçant de me concentrer sur l'écran devant moi. Mais rien n'y fait, ces pensées me reviennent en boucle, encore et encore.
Soudain, un *bip* retentit, indiquant l'arrivée d'un nouvel email. Je clique dessus sans trop y penser, mais mon cœur rate un battement lorsque je vois l'expéditeur : **Isabelle**, la secrétaire personnelle de Monsieur Lefebvre.
Le sujet de l'email est simple : **Changement de bureau – Nouvelle organisation du travail. **
Intrigué, je l'ouvre immédiatement et lis :
**De : Isabelle**
**Objet : Changement de bureau – Nouvelle organisation**
Bonjour Gabriel,
À la suite des dernières discussions avec Monsieur Lefebvre, il a été décidé que pour optimiser la gestion des réunions, des appels entrants et des horaires des employés, tu travailleras désormais directement depuis le bureau de Monsieur Lefebvre. Cela te permettra de mieux suivre les priorités et de répondre plus rapidement aux urgences.
Merci de préparer ton espace de travail pour la transition demain matin.
Bonne soirée,
Isabelle
Je relis le message deux fois, incapable de croire ce que je viens de lire. Travailler **dans le même bureau que Vincent Lefebvre** ? Tous les jours ? Juste à côté de lui, à organiser ses réunions, à répondre aux appels, à gérer son emploi du temps ? Mon estomac se serre. Ce stage, qui est déjà un défi, vient de prendre une nouvelle dimension.
Je me recule lentement sur ma chaise, tentant d'analyser ce que cela signifie. Ce n'est pas juste une réorganisation pratique. Travailler aussi proche de lui signifie passer chaque jour en sa présence immédiate, sentir ce regard intense posé sur moi encore et encore. Je ne peux pas m'empêcher de me demander comment je vais gérer cela.
Je ferme les yeux un instant, tentant de me calmer. **Ce n'est qu'un travail. ** Je suis ici pour apprendre, pour faire mes preuves. Peu importe ce que je ressens en présence de Vincent, je dois rester professionnel. Mais… est-ce vraiment possible ?
Le lendemain matin, je me rends au bureau plus tôt que d'habitude, mon sac à l'épaule, les pensées encore en ébullition. Isabelle m'a accueilli avec un sourire et m’a guidé vers mon nouvel espace de travail. Le bureau de Vincent est spacieux, moderne, et incroyablement lumineux, baigné de la lumière naturelle de la ville qui s'étend au-delà des grandes fenêtres. Et là, dans un coin, à côté de son bureau, un petit espace m'a été aménagé.
Je prends une grande inspiration avant de m'installer. Ce sera mon quotidien désormais. Partager cet espace avec lui, travailler côte à côte. Mais comment pourrais-je me concentrer dans de telles conditions ?
Vincent n'est pas encore là, ce qui me permet de prendre le temps de m'habituer à cet environnement. Je vérifie mes emails, je me plonge dans les plannings, mais au fond de moi, une nervosité constante me serre la poitrine.
J'entends la porte s'ouvrir doucement et je sais immédiatement que c'est lui.
Je lève les yeux, et nos regards se croisent immédiatement. Vincent est là, debout dans l'encadrement de la porte, son regard planté dans le mien. Pour un instant, c'est comme si tout autour de nous s'effaçait. Cette même intensité qui m'avait frappé la première fois est de retour, plus forte encore. Je sens mon cœur s'accélérer.
"Bonjour, Gabriel," dit-il d'une voix calme, presque trop calme.
"Bonjour, Monsieur Lefebvre," je réponds, essayant de maintenir mon sang-froid.
Il s'avance lentement vers son bureau, et moi, je me force à détourner les yeux. Ce contact visuel est déjà trop intense pour moi si tôt le matin. Il me trouble plus que je ne l'admette, et je dois absolument rester concentré. Mais c'est plus facile à dire qu'à faire.
Au fil des heures, je travaille en silence, répondant aux appels, organisant les réunions, gérant les emails entrants. Mais chaque fois que je lève les yeux, je surprends Vincent en train de me regarder. Pas de façon intrusive, mais de cette manière subtile, comme s'il cherchait à comprendre quelque chose.
Et plus d'une fois, je me retrouve incapable de détourner le regard. Nos regards s'accrochent, se maintiennent un peu trop longtemps, et chaque fois que cela se produit, une tension électrique monte dans l'air.
C'est perturbant. Inexplicable. Mais c'est là, entre nous, et il est évident que ni l'un ni l'autre ne peut l'ignorer.
À un moment donné, je fais tomber un stylo et je me penche pour le ramasser. Quand je me redresse, nos regards se croisent à nouveau, et cette fois, c'est plus intense que jamais. Ses yeux, toujours aussi sombres, me fixent avec une attention presque déstabilisante, et je sens une chaleur me monter au visage. J'essaie de me reprendre, de détourner le regard, mais c'est impossible. Pendant une longue seconde, nous restons là, simplement à nous observer, comme si le temps s'était suspendu.
Finalement, c'est Vincent qui rompt le silence.
"Tout se passe bien jusqu'à présent ?" demande-t-il, sa voix plus douce que d'habitude.
"Oui… tout se passe bien," je réponds, ma voix à peine plus qu’un murmure.
Il hoche la tête, mais je vois bien que cet échange n'a rien de normal. Il y a quelque chose de plus, quelque chose que nous ressentons tous les deux mais que nous n'osons pas encore formuler. Cette tension entre nous ne cesse de grandir, et je me demande combien de temps nous pourrons la contenir.
La journée continue ainsi, ponctuée de moments où nos regards se croisent et où cette tension devient presque palpable. Je tente de rester concentré, de me plonger dans le travail, mais plus la journée avance, plus il devient évident que ce simple bureau partagé est en train de changer la dynamique entre nous.
Lorsque la fin de la journée approche, je me sens à la fois soulagé et nerveux. Soulagé que la journée touche à sa fin, mais nerveux à l'idée de revenir demain et de revivre cette même expérience, encore et encore.
Je me lève, ramassant mes affaires, mais avant de quitter la pièce, je lance un dernier regard à Vincent. Nos yeux se croisent une dernière fois, et je vois dans son regard la même question qui me hante.
Qu'est-ce qui se passe vraiment entre nous ?