La journée n'a pas encore réellement commencé, et pourtant, mon esprit est déjà ailleurs. Depuis que Gabriel partage mon bureau, chaque moment que je passe à proximité de lui semble étirer le temps. La tension entre nous devient plus palpable, plus intense à chaque regard échangé. C'est comme si nous étions prisonniers d'une attraction que ni lui ni moi ne pouvions ignorer.
Alors que je prends place à mon bureau ce matin-là, mon téléphone émet un léger *bip*. Une notification s'affiche sur l'écran, et je ne peux m'empêcher de ressentir une vague de déjà-vu.
**Objet : Invitation au bal masqué semestrielle – vendredi soir. **
Je fixe l'écran un moment, mais je n'ai pas besoin de réfléchir. Cette fois, ma décision est prise bien avant que mes pensées n'aient le temps de se bousculer. Je sais déjà que j'irai.
Depuis la première soirée, cet inconnu masqué hante mes nuits et mes pensées, et chaque bal est devenu une échappatoire, une occasion de le retrouver, de revivre cette alchimie qui me déstabilise tant. Ici, au bureau, je dois rester professionnel, mais là-bas, tout est différent. Le mystère, l'anonymat, la tension entre nous… tout devient palpable, irrésistible.
Je range mon téléphone et tente de me concentrer sur la pile de travail qui m'attend, mais la promesse de cette soirée à venir flotte déjà dans mon esprit, m'empêchant de me plonger pleinement dans mes dossiers. **Vendredi soir**, c'est tout ce qui occupe mes pensées.
Le reste de la semaine défile dans un flou, chaque journée marquée par cette même tension entre Gabriel et moi. Nos regards se croisent encore et encore, et chaque fois, c'est comme si le monde autour de nous disparaissait un peu plus. Mais je fais de mon mieux pour rester concentré, pour ne pas céder à cette attirance grandissante qui menace de me submerger.
Et enfin, vendredi soir arrive.
Je quitte le bureau plus tôt que d'habitude, prétextant un rendez-vous. Gabriel ne pose pas de questions, mais je sens son regard suivre chacun de mes mouvements. Il sait que je pars plus tôt, mais il ignore pourquoi. Moi, je sais très bien où je vais, et l'excitation monte en moi à mesure que je me dirige vers l'endroit où se tient le bal masqué.
En arrivant à l'entrée du grand hôtel, une vague de familiarité m'envahit. Le bal masqué est exactement comme dans mes souvenirs, baigné dans une lumière tamisée, les invités masqués déambulant élégamment parmi les décorations somptueuses. Mais je ne suis pas ici pour les autres convives. Je ne suis ici que pour une seule personne.
Je pénètre dans la salle, et comme lors des soirées précédentes, je le vois presque immédiatement. Là, debout près de la piste de danse, vêtu de son costume sombre et de ce masque doré. Mon cœur s'accélère instantanément, et je me fraye un chemin à travers la foule, mes yeux rivés sur lui.
Lorsque nos regards se croisent, je sens cette alchimie m'envahir à nouveau. Son sourire se dessine sous son masque, et sans un mot, il tend la main vers moi. Comme chaque fois, je la prends sans hésiter, et en un instant, nous sommes de nouveau ensemble, emportés par la musique et par cette attraction magnétique.
Nous dansons. Nos corps se rapprochent lentement, et je sens la chaleur de sa peau à travers le tissu de nos costumes. Ses mains glissent le long de mes bras, et une nouvelle fois, je suis perdu dans ce moment, incapable de penser à autre chose qu'à lui, à ce que je ressens chaque fois que nous sommes ensemble.
Il se penche légèrement vers moi, ses lèvres à quelques centimètres des miennes. Nos respirations se mêlent, et avant même que je puisse dire quoi que ce soit, nos lèvres se rejoignent dans un baiser tendre, mais intense. Ce baiser, cette connexion… c'est plus que de la simple attirance physique. C'est comme si nous communiquions sans mots, par des gestes, des caresses.
Sa main glisse sous mon costume, effleurant mon dos avec une délicatesse qui me fait frissonner. En réponse, je laisse mes doigts se faufiler sous le sien, explorant la chaleur de son torse, sentant ses muscles se tendre sous mes caresses. Chaque contact est une nouvelle vague de désir, mais aussi de douceur. Rien n'est précipité. Tout est fait avec une tendresse infinie, comme si nous avions tout le temps du monde.
Nous continuons de danser, nos corps collés l'un à l'autre, nos mains explorant chaque centimètre de peau que nous pouvons toucher. Ses doigts glissent le long de mon dos, tandis que les miens tracent des cercles sur son torse, et chaque geste, chaque caresse, fait monter la température un peu plus.
Puis nos baisers deviennent plus profonds, nos langues s'entremêlent dans une valse sensuelle, douce et passionnée à la fois. Chaque baiser est comme une danse en soi, une chorégraphie intime et parfaite. Nos masques s'effleurent, mais nous ne les retirons jamais. Le mystère reste entier, et c'est peut-être cela qui rend chaque instant encore plus intense.
Je perds toute notion du temps. Je ne sais plus combien de temps nous dansons, combien de temps nous nous embrassons, combien de fois mes mains ont parcouru sa peau et vice versa. Tout ce que je sais, c'est que je pourrais rester là pour toujours, dans cette bulle que nous avons créée, à l'abri du reste du monde.
Finalement, la musique ralentit, les lumières se tamisent, et je sais que la soirée touche à sa fin. Je devrais partir, lui aussi, mais je ne veux pas que ce moment s'arrête.
Il semble lire dans mes pensées, car il me prend doucement par la main et m'entraîne dans un coin plus tranquille de la salle.
Là, sous un lustre scintillant, nous prenons une photo ensemble. Un souvenir de cette nuit, de ce moment parfait. Nous sommes enlacés, nos bras autour de la taille de l'autre, et même si nos visages sont masqués, je sais que l'intensité de ce que nous ressentons est gravée dans cette image.
Après la photo, nos regards se croisent une dernière fois, et sans un mot, nos lèvres se retrouvent. Ce baiser, plus doux que tous les autres, est une promesse silencieuse. Une promesse que ce n'est pas la dernière fois. Que peu importe l'anonymat, peu importe le mystère, nous nous retrouverons encore.
Nous nous séparons enfin, nos doigts se déliant lentement, et je le regarde disparaître dans la foule, son masque argenté scintillant une dernière fois avant de s'effacer.
Je reste là, le souffle court, le cœur battant encore à tout rompre. Ce mystère, cet inconnu… il est tout ce que je désire, mais je sais que pour l'instant, je dois encore le laisser partir. Mais une chose est certaine : je le retrouverai.