Message important

La salle de commandement principale de Konoha sur le front de Kusa est étrangement calme en ce jour, épargné des habituels bruits de messagers courant dans tous les sens, rapportant des nouvelles pour aussitôt repartir en emportant une tonne d'ordres. Les perpétuels cris de disputes entendus depuis les autres chambres, entre officier discutant de la marche à suivre, les bruits de stylos grattant sur le papier, les bruits de scellés sur les parchemins hautement confidentiels, les discussions barbantes entre secrétaires entre deux tasses de cafés, tout cela avait disparu aujourd'hui, le silence pesant dans les sous-sols du complexe fortifié à flanc de montagne, étrangement calme.

Minato Namikaze est déjà assis à sa place, en avance, comparé aux autres, pas que cela change vraiment de d'habitude.

Le siège est robuste, lui faisant légèrement mal au dos. Il ne s'y est jamais vraiment habitué. À ce mobilier dur, mais aussi à cet endroit et ce qu'il s'y passe.

L'attente insoutenable, les disputes incessantes, les rapports démoralisants, les décisions logiques, les choix difficiles, les sacrifices, la cruauté aussi...

Il regarde fixement la surface de la table, brune claire, le bois portant les cicatrices de dizaines coups de kunai accumulés aux fils des mois et années, d'entailles fait par des ongles sous la nervosité ou la rage, de coups de poing martelé sous l'émotion, de cendres écrasées, de cigarettes éteintes sans ménagement pour le mobilier. Signes d'innombrables réunions passées. Dont il n'a pas toutes fait partie, heureusement.

Le murmure léger de pas feutrés résonne de plus en plus entre les murs de la salle. La plupart des jonin entrent lentement, sans s'échanger un mot ou un regard. S'installant fatigués à leur place. Shikaku Nara est l'un d'entre eux, la fatigue sur ses épaules visible, les cernes soulignant son état peu glorieux, rongé par des heures de travail et de réflexion, un véritable enfer pour un Nara. Il salue néanmoins Minato d'un signe de tête, les yeux malgré cela plongés en direction du vide, occupé par un plan qu'il détricote et prépare machinalement. Inoichi Yamanaka arrive lui aussi, celui-ci garde son visage neutre, mais ses mains, crispées sur ses genoux, le trahissent.

Le silence est parfois entrecoupé par le froissement des tissus, le bruit des chaises qui sont bougées, le bruit d'un rapport déplacé, du tissu de la table utilisé comme simple distratcuion apr certains, les murmures échangés entre shinobis. Chacun patiente inlassablement pour l'arrivée du général, du chef des opérations de Konoha sur le front de Kusa.

Orochimaru se fait attendre.

Minato laisse son regard vagabonder sur les cartes murales et celles apposées sur la table, certaines à moitié blanches, après des années à être dessinées puis gommées, pour être à nouveau redessinées puis ensuite regommées et ainsi de suite.

Les frontières des Pays montrés sur celles-ci changeant constamment, coloriées, effacées puis redessinées, en suivant le status des lignes de front, celles-ci changeant perpétuellement, en tout cas bien plus que celles du front sud en comparaison.

Des punaises marquent les différentes unités en déplacement, celles-connues comme celles supposées ou espérées. Celles d'Iwa sont en rouge sombre, couleur fréquemment utilisée par le village de la pierre sur les vêtements de ses shinobis, les pièces rouges sont profondément positionnées dans le territoire précédemment neutre de Kusa. Des flèches noires indiquent les nœuds logistiques. Toutes semblent converger, comme des milliers de fourmis rejoignant leur nid.

Il y a cette même idée qui semblent revenir sur toutes les lèvres, les murmures de nervosité échangés entre collègues parvenant facilement aux oreilles de Minato, à peines dissimulés, des expressions comme "si nous ne faisons rien…" ou "nous devons frapper avant eux" revenant sans cesse.

Minato ne bouge pas, assis simplement sur sa chaise, son regard continuant de fixer les cartes en mauvais état. De l'extérieur il doit surement paraître calme, voire peut-être détaché. Mais à l'intérieur, son esprit ne cesse de tourner.

Les routes logistiques, les trajets de ses troupes, les délais de ravitaillement, les mouvements d'Iwa, les rapports d'espions... tous ces sujets lui passent à l'esprit en ce moment. Il pense à tout ce qu'il s'est passé depuis le début de la guerre, des amis qu'il a dû enterrer, des gens qu'il n'a pu sauver. Des jeunes ninjas envoyés trop vite au front.

Cela lui fait penser à Obito, Rin et Kakashi. Ses élèves, sa nouvelle équipe commençant plutôt bien à se souder ces derniers temps, devenant presque une famille, presque une famille, malgré ce que ses deux jeunes garçons peuvent en dire.

Tout cela lui rappelle l'immense tâche qui lui incombe en tant que sensei, les élever, leur enseigner, être une figure paternelle… et surtout, les protéger.

Il pense au futur, à ce qu'il doit faire.

Mais en cet instant, il pense aussi surtout au sannin.

Il ne comprend pas vraiment pourquoi cette réunion a été demandée, surtout en ces circonstances. Le fait que ce soit lui en particulier qui ai convoqué cette réunion, cela est très mauvais signe.

Ce n'est pas très son style. Orochimaru--san est plutôt du genre à travailler seul, de préférence dans l'ombre. En général il évite aussi les assemblées aussi nombreuses sauf en cas d'extrême nécessité, préférant les discussions en tête à tête, invoquant les personnes à qui il doit parler dans sa tente et usant régulièrement de messagers et d'intermédiaires pour donner ses ordres. Il ne convoque pas les stratèges. 

Et pourtant, le voilà, convoquant tous les hauts gradés du front ouest pour un meeting, à une heure plus qu'inhabituelle, sans aucun préavis, sans note de briefing.

Pas une simple réunion tactique de routine.

Minato le sait, il le sent. Cela va être long.… long et éprouvant

Et quel que soit la nouvelle, celle-ci doit être des plus alarmantes.

Il en profite pour scruter ses compagnons.

Shikaku a fermé ses yeux. Pas vraiment pour se reposer, non, bien que Minato soit sûr que le chef du clan Nara en rêve. Il pense. Devant probablement rejouer tout le scénario de la guerre dans sa tête encore une énième fois. Minato l'a déjà vu faire dans d'autres réunions. Calculant en silence, alors que les autres préféraient se hurler dessus et s'arracher le col.

Un chunin entre dans la pièce, s'agenouillant devant la table avant de parler

"Orochimaru-sama sera là sous peu."

Avant de disparaître, sortant par la porte principale.

Shikaku ouvre un œil sans bouger, fixant silencieusement Minato quelques secondes avant de parler.

"J'imagine que quand tu as autant de pouvoir, même le temps se plie à tes ordres."

Minato ne répond que par un léger sourire, ne voulant pas critiquer le coéquipier de son sensei et ami.

Il est vrai qu'Orochimaru-sa a toujours été quelque peu... imprévisible. Mais jamais du type mesquin

Brillant, quelque peu froid certes, mais jamais du genre puéril ou irrespectueux. Il n'agit jamais vraiment sans motif.

C'est une de ses plus grandes qualités d'ailleurs, bien que certaines mauvaises langues le lui repprochent. 

L'homme est un génie et un très bon ami, digne du respect et de la position qu'il a acquise au sein du village, disciple du Hokage, sauveur à maintes reprises, grand stratège, scientifique de génie.

Bien qu'il soit vrai que cette attente est assez longue. Commençant à briser les nerfs de plus d'une des personnes présente.

« Ça faisait longtemps, Shikaku. »

Minato d'un ton se voulant amical, malgré la tension régnante dans le lieu l'empêchant quelque peu d'exprimer sa joie de revoir l'homme, en vie.

Il apprécie réellement de revoir l'éternel stratège de Konoha, même s'il aurait préféré des circonstances plus opportunes.

Le chef du clan Nara acquiesce, avec un léger sourire en coin.

« Hn. On ne s'est plus vu depuis quelques moi c'est vrai, depuis la reprise du village de Shirakusa , je crois. Et encore… Tu étais déjà reparti en un éclair, littéralement, avant la fin du rapport. Fidèle à ta réputation, éclair jaune. »

"Arrête ça" Minato dit d'un air gêné

"Je t'ai déjà dit de m'appeler par mon prénom."

C'est vrai oui." Le chef du clan Nara dit en hochant de la tête, son léger sourire toujours présent. "Mais le fait que cela te gene à ce point me pousse beaucoup à continuer."

"En plus, ce n'est pas comme si nous nous voyons si souvent, tu te déplace tellement que, malgré les années, je suis étonné d'avoir déjà eu le temps de te donner mon nom."

Minato hoche doucement la tête, amusé malgré lui, Shikaku a le chic pour ce genre de réflexion après tout.

"C'est vrai, Nara-san."

Shikaku soupire, l'air à la fois las et reconnaissant de ce manque de familiarité, ou probablement qu'il doit être épuisé. Jetant un coup d'œil vers les autres jonin présents dans la pièce, avant de se pencher légèrement au-dessus de la table, en direction de l'éclair jaune de Konoha, baissant d'un ton.

« J'imagien que tu sais pourquoi Orochimaru nous convoque ? »

Minato fronce les sourcils.

« Pas vraiment. Et c'est bien ce qui m'inquiète. Il n'est pas du genre à nous convoquer tous en même temps, et si abruptement à une heure si tardive. »

Shikaku acquiesce lentement avant de croiser les bras.

« Moi, je sais. On a reçu une communication de dernière minute... un parchemin de couleur noire »

Minato hausse un sourcil, se penchant sur la table avant de parler, en partie alarmé par une novuelle si importante.

« Une communication de cette importance... Le Hokage a une mission importante à confier à Orochiamru-san ? L'armée de l'ouest a reçu de nouvelles instructions ? »

Cela fait sourire Shikaku de plus belle, son sourire maintenant plus affirmé sur son visage fatigué, le jonin attend quelques secondes avant de réponde

"Pas vraiment non, le Hokage n'a pas de nouvelles instructions pour nous." 

Il laisse le temps s'écouler un petit peu avant de reprendre

"Par contre, notre très cher Tsuchikage en a."

Minato cligne des yeux, fixant le Nara quelques secondes, voulant être sûr qu'il a bien entendu. Le hochement de la tête fait par Shikaku lui confirmant bien la nouvelle.

"Hier, alors que je gérais la salle des briefing secondaire, donnant mes ordres de mission aux équipes subalternes et shinobis de rang inférieur, j'ai reçu le rapport de mission d'un shinobi allié à propos d'une mission de reconnaissance qu'il a effectuée dans l'ouest de Kusa, avec en prime un cadeau qu'il a ramassé en chemin, quoique cela veuille dire."

"Un shinobi allié a "ramassé en chemin" un ordre de mission de rang ss d'Iwa, un ordre de mission signé de la main même d'Onoki ?"

Minato demande, plus que surpris par la nouvelle.

Normalement un rouleau de mission dans ce genre est protégé par au moins une unité entière d'Anbu, et plus... c'est plus qu'un exploit.

Cela veut dire qu'il y a un shinobi sur le front de Kusa, de rang inférieur, qui possède une force équivalente à une escouade entière des forces spéciales d'Iwa ?

Attends... allié

"Oui..." Shikaku confirme, ayant déjà deviné la question sur les lèvres de Minato avant qu'elle ne soit posée.

"Un shinobi de Taki plus précisément... sacré petit personnage."

"Je vois" 

Minato répond, calme dans sa chaise, avant d'avoir un doute, ses sourcils se fronçant instantanément alors qu'il commence à assembler les pièces du puzzle. 

"Taki"

"Shinobi seul."

"Mission particulièrement dangereuse qui implique d'être une vraie tête brulée... ou particulièrement talentueux."

"Sacré petit personage"

...

"Sacré petit personnage"

"Petit personnage."

"Petit..."

"Shikaku-san" Minato commence, avec une petite goute de sueur sur son front, commençant sérieusement à se douter qu'il connait le shinobi en question.

"Ce ninja... Pourrais-tu me le décrire, s'il te plait ?" 

"Environs de cette taille"

Le Nara dit tout en levant sa main, montrant plus ou moins la taille de l'individu en mesurant par rapport au sol.

Le problème est que visiblement l'individu est vraiment petit, étant donné le fait que Minato ne peut même pas voir la main de Shikaku, cachée par la table.

"Effectivement" Minato pense, maintenant certain que c'est bien la personne auxquels il pensait 

"Et il avait aussi une autre particularité" Le Nara continue, conscient que cela semble vraiment intéresser l'éclair jaune.

"Ses yeux plus particulièrement... des iris vertes dans des sclère de couleur sang... assez inhabituel"

"Alors il est en vie..." 

Minato se dit, sentant son cœur se réchauffer, heureux à l'idée d'avoir des nouvelles de Kyoshi, le petit bonhomme ayant laissé une certaine impression sur lui, et ce malgré la brièveté de leur rencontre. Ayant été dévasté lorsqu'il a appris sa mort, en tout cas celle de son équipe, ayant pensé qu'il faisait partie du lot.

"Dozao-san, on dirait que je l'ai sous-estimé... tu avais vraiment le don pour tomber sur des cas à part." Minato pense, le cœur un peu lourd en se souvenant de son ami.

"Je dois avouer que, voler une information classée secret défense à une escouade d'anbu d'Iwa, je ne l'avais pas vu venir."

Il reste silencieux quelques minutes avant de parler à nouveau, conscient que son brusque silence lui a apporté le regard plein de questions de shikaku.

"Et donc il est où maintenant, ce shinobi de Taki ?" Minato demande, près à retrouver le jeune homme dans les tentes à l'extérieur une fois la réunion terminée, voulant prendre de ses nouvelles et savoir comment il va. Feignant un air désintéressé qui ne trompe pas Shikaku, pas qu'il s'en soucie.

Il doit probablement être en train de se reposer à l'infirmerie...

"Il est retourné au nord."

...

Quoi

Minato ne peut que penser à la nouvelle. À peine rentré d'une mission comme ça et il est déjà repartis ?

"C'est sur sa demande personnelle." Shikaku explique en voyant le regard choqué de Minato, pas qu'il soit étonné, il a ressenti la même chose quand l'enfant lui a fait cette demande.

"À peine le parchemin délivré qu'il m'a demandé à être muté" Le chef du clan Nara se remémore la scène avec un léger sourire

"Il a même refusé la récompense de 100 0000 ryo en échange de cette demande d'être affecté autre part que sur le front de Kusa, tant que cela se fasse immédiatement."

Wow

Minato pense en entendant cette nouvelle.

Une résolution, et qui ne cherche à être vue par personne.

Un besoin de se donner toujours plus, quite à en pas se reposer. Malgré qu'on le doive.

Se donner autant, être autant dédié à son devoir...

Kyoshi...

"Dozao-san" Minato pense, une larme à l'oeil.

"Tu as vraiment élevé le parfait shinobi."

"Courageux, dédié à ses camarades, respectueux. Fier de servir son village et toujours prêt à donner plus. Désintéressé par l'argent. Seulement dédié à se battre pour ses amis et pour son village"

"Kyoshi... Malgré tes origines, tu as vraiment hérité de l'esprit du feu."

Minato sèche ses yeux légèrement mouillés après quelques secondes, avant de reprendre, concerné par cette nouvelle des plus exceptionnelles.

"Comment n'ai-je pas eu vent de cette nouvelle ?"

« Parce que c'est Orochimaru qui gère ce front. Parce que c'est précisément ce qu'il voulait. Afin de gagner du temps. Être le seul à posséder l'information jusqu'à maintenant, le temps d'imaginer une stratégie face à la tornade qui arrive. »

Minato ne dit rien. Laissant Shikaku continuer

« Le message ordonne à la Troisième Armée d'Iwa de se déplacer vers l'est, se regrouper au niveau du village de Midorigawa, puis d'enfoncer nos lignes ensemble tel une lance, ils se dirigeront vers lepont Kannabi. »

Le nom tombe comme un shuriken sur le bois sec.

« Kannabi Kyō… »

Shikaku hoche la tête.

« En plus d'être une ligne de ravitaillement essentielle pour Iwa, c'est aussi une parfaite ligne défensive, leur permettant de contrôler la rivière et ses alentours. Ce pont, s'ils le prennent, leur permettra d'enterrer leur défense et de les consolider, nous ne pourrons alors probablement plus jamais contre-attaquer à travers Kusa, à moins de dégarnir complètement tous les autres fronts, ce qui est impossible. Et ils comptent continuer, voulant probablement prendre Kusa afin d'avoir une victoire stratégique, politique et géopolitique, afin d'enteriner leur victoire et de nous forcer à la table des négociations."

"Et le message est clair comme du crystal. Ils comptent définitivement sur cette victoire pour nous faire capituler. Et ils mettront tout ce qu'ils ont entre leurs mains dans la balance, peu importe le coût. Considère ça comme leur grande offensive finale.» 

Un silence s'installe. Minato regarde droit devant lui, ensuite il examine la carte murale. Ses pensées filent déjà. Il visualise les routes, les reliefs, la topographie. Le nombre de troupes estimées de chaque côté.

Et le nombre pour les arrêter, Konoha ne le possède pas.

« Il faut le faire sauter. »

« Orochimaru nous a convoqué pour ça. Il a une idée très précise d'où, comment, quand et qui. Et tu ferais mieux d'être prêt. Parce qu'il va sûrement te demander d'y aller. Lui-même aurait préféré, mais… je crois qu'il est occupé autre part. 

Minato serre la mâchoire, sans donner de réponse.

Il ne s’attendait pas à ça, pensant à une réunion tactique, parler de renforts, de stratégie, de faisabilité.

Pas à ce genre d'action décisive.

Pas à une attaque contre un point stratégique convoité par l'armée d'Iwa toute entière.

Mais en même temps… cela faisait partie des risques du métier. Et de la guerre.

Et puis, il ne pouvait s’empêcher de sourire un peu, car cela ne voulait aussi dire qu'une chose.

La guerre n’était pas finie. Mais elle approchait de sa dernière ligne droite.

De ses derniers jours.

Soudain, la lourde porte glisse lentement, avec un bruit qui sonne presque théâtral.

Le silence devient absolu.

Une silhouette fine, longue, un sourire glissant comme une serpant dans l'herbe.

Orochimaru est enfin arrivé.

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La réunion venait à peine de se terminer, et pourtant, dans la salle encore baignée de l’écho des dernières paroles d’Orochimaru, Minato restait immobile, plongé dans un silence lourd.

Autour de lui, les jonin se dispersaient, certains échangèrent des regards lourds d’inquiétude, d’autres se contentaient de hochements de tête silencieux. Mais Minato, lui, avait le regard fixé sur le plan déployé devant lui : la région autour du pont Kannabi.

Il respira lentement, essayant de calmer le torrent de pensées qui l’assaillait.

— « Sauter le pont, empêcher la Troisième Armée d’Iwa de progresser, couper leur ravitaillement… » murmura-t-il à voix basse.

Il se souvenait des mots d’Orochimaru, précis, presque clairs malgré le poids du secret :

« L’opération doit être rapide. La Troisième Armée est massive, mais son moral est affaibli. Le temps est contre eux. »

Minato ferma les yeux un instant, visualisant la bataille qui s’annonçait.

Le plan, dans sa simplicité apparente, était d’une complexité mortelle.

Après la réunion, Minato quitta la salle, ayant pris conscience du plan et de ses responsabilités, dans le couloir, il croisa son ami Fugaku Uchiwa, visiblement blessé, un léger tremblement dans la main qui tenait sa cape, les bandages de son bras teintés d'une colour rouge. 

Le problème était aussi ses yeux. Rouges et mal en point. Ses joues ayant des marques du liquide rougeâtre, comme s'il avait pleuré du sang.

Minato s’arrêta, surpris.

 « Fugaku ? Tu m'as l'air mal en point… Que s’est-il passé ? »

"Moi et mon clan avons eu un accrochage... avec les troupes d'Iwa... cet après-midi" Fugaku répond, sa respiration laborieuse

"Des anbu... une bonne douzaine... Dont trois capitaines"

La nouvelle fait instantanément se redresser Minato, choqué de ces paroles, un tel nombre d'anbu n'étant clairement pas une blague.

"Kami... Itachi est sain et sauf ?!?"

Il demande sentant la peur lui tirailler le ventre.

"Oui... ne t'inquiète pas... il n'a pas eu une égratignure, d'autres escouades de jonin et des membres de mon clan étaient présent avec nous. Mon fils était sous bonne garde. " Fugaku explique rapidement, dissipant les peurs de Minato.

"Je t'avais dit que c'était inconscient !" 

Minato confronte Fugaku d'un ton dur, il savait que cette tradition stupide, en plus d'être désuète, était dangereuse et irresponsable.

"Et une escouade d'anbu ?!" Il continue, ne sachant pas s'il a plus envie de se figer face au désespoir qu'il ressent devant une tel stupidité, ou de gifler l'homme en face de lui pour les mêmes raisons.

« Ce n’était pas prévu ! »

La colère perce, brutale, rare, mais bien réelle, alors qu'il frappe de son poing le mur, faisant des cicatrices dans celui-ciFugaku se ressaisit aussitôt. Son regard se durcit. Sa voix retrouve son calme tranchant.

« Ces ennemis… nous ont été amenés.Et... pas par hasard. Pas par erreur. »

"Ah bon ?"

"Oui." Fugaku commence à expliquer d'un ton lourd, en serrant des dents.

« J'étais avec mon fils, le confortant après la bataille

Et c’est à ce moment-là qu’un enfant est arrivé. Un shinobi… Un enfant

À peine plus âgé que lui. »

"Ah bon ?"

Minato répète, ayant légèrement un mauvais pressentiment quant à cette histoire.

« Il est arrivé subitement, surgissant de la forêt à toute allure.

J’ai senti son chakra avant même de l’apercevoir – vif, instable, tendu comme une corde trop tirée.

Au départ, j’ai cru à un ennemi. Son allure, son comportement... et puis surtout, l’insigne sur son bandeau : celui de Takigakure, le Village Caché de la Cascade. »

"Ah booooon ?"

Minato dit, serrant des dents, tout en sentant un brin de sueur perler sur son front, voyant un peu trop où cette histoire mène, et n'appréciant pas vraiment la suite de celle-ci, qu'il devine déjà.

« Lorsqu’il est arrivé à notre hauteur, à celle de mon fils… il n’a rien dit.

Il s’est contenté de bondir au-dessus de nous. Pas un coup d'oeil. Sans un mot.

Comme si nous n’existions pas.

Nous esquivant sans même nous accorder un regard avant de disparaitre. »

Fugaku continue, l'expression grave, la colère se sentant et dans sa voix et sur son visage.

"Quelques secondes plus tard, trois anbu d'Iwa sont arrivé, bientôt suivis d'une dizaine d'autres ! Forçant mon clan à se battre sans même avoir eu le temps de se reposer après notre précédente bataille ! Mon clan, épuisé, à peine relevé d’un combat précédent… a dû faire front. Sans préparation. Sans répit."

"ah booooon"

Minato répète avec un large sourire, essayant de masquer au mieux sa nervosité, alors que sa voix se fait de plus en plus basse, suivant son maigre espoir que l'histoire ne soit pas au sujet de la personne auxquel il pense.

« Et le plus inacceptable, c’est qu’il s’est contenté de lâcher une phrase du type : “Désolé, à la prochaine”, avant de prendre la fuite.

Il nous a laissés gérer seuls les ennemis qu’il avait attirés. Sans aucun sens des responsabilités.

Pire encore... il a osé reprocher à mon fils d’être sur son chemin. SUR SON CHEMIN !

Le culot. L’arrogance. Le mépris. Inacceptable ! » 

"Je n'ose même pas imaginer." Minato répond, à moitié occupé à écouter, à moitié occuper à se demander s'il possède une sorte de malédiction qui l'oblige à seulement enseigner aux phénomènes les plus irrécupérables de toute la génération.

« Mon clan a tenu bon. Malgré tout ce qu’on nous a pu subir et malgré la situation précaire. »

" Fugaku continue, ne se rendant pas compte de l'expression de désespoir sur le visage de son ami.

« Maintenant que tout est rentré dans l’ordre... que mon fils est sain et sauf, et que les nôtres ont reçu les soins nécessaires à l’infirmerie... je te le dis : je retrouverai ce garçon. Et je m’assurerai qu’il comprenne les conséquences de ses actes. »

« Mes hommes sont déjà mobilisés. Ils sillonnent le camp. Il pense peut-être pouvoir fuir derrière le status de son village, se cacher, ou quelques prouesses qu'il imagine... mais il finira par apprendre. Que l’humilité, la vraie, vient toujours après la chute. Que la revenge est un plat qui se mange froid."

"Et la mienne est patiente. Malheureusement, celle des membres de ma famille, elle l'est beaucoup moins..."

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POV Fugaku

Le chef du clan Uchiwa s'interompt en voyant son ami joindre ses mains silencieusement, semblant prier les dieux, alors que des larmes coulent à profusion sur ses joues, son ami serrant tellement fort des lèvres qu'elle pourraient en saigner, semblant pris entre le désespoir, la peur et la colère.

Mais pourquoi ?

« Bordel… Kyoshi ! »

L’éclat est soudain. Inhabituel. La colère perce dans sa voix, mêlée à l’inquiétude.

Le chef de clan n'a pas le temps de se demander quoi qu'il est agrippé au cold par un Minato en larmes, blablatant un gibberish incompréhensible.

« Pourquoi est-ce que ce sont toujours les cas à part de leur génération qui finissent dans mes pattes ? »

Mais de quoi il parle ?

Et c'est quoi un Kyoshi ?