C'est finalement terminé ?

Le ciel est gris, l'atmosphère est lourde et saturée d'humidité, l'air moite et pesant de ces rares moments où la météo hésite entre averse et éclaircie.

Et Kami, que je prie pour que ce ne soit pas la pluie, il y en a déjà assez eu les derniers jours.

J'avance à pas lents, passante entres les arbres et plantes, faisant bien attention à suivre les chemins déjà empruntés par d'autres personnes. Car malgré mes années à vivre ici et un entrainement de shinobi, la végétation, dont la jungle de Taki no Kuni est bien connue pour, ne laisse pas vraiment de pitié pour les balades tranquilles et sereines, offrant tout sauf de la pitié aux personnes néglgientes.

Mes bottes font de faibles bruits de frottement sur les déjà en partie piétinées au sol par les personnes m'ayant précédé.

J'avais remis mes chaussures quelques jours plus tôt, il a bien trop plus pour que j'inflige ça à mes pieds. Je ne suis pas non plus assez imprudent pour me balader pieds nus dans le pays de la cascade, que cela m'offre es avantages d'un capteur ou non.

De toute manière, les problèmes se sont réduits ces derniers temps. Plus tellement d'escorte, d'espionage, de mission d'éclaireur ou non. Ce théâtre est définitivement plus calme que celui de Kusa.

Depuis qu'Iwa est repartis la queue entre les jambes depuis sa tentative d'invasion de l'année passée, ayant subi plus de pertes humaines dû au climat, à la faune et à la flore locale de Taki qu'aux combats en eux-mêmes, les affrontements se font rare, quelques escarmouches par-ci par-là entre patrouilles le long de la frontière, ou derrière les lignes de chacun des deux camps, entre troupes locales et éclaireurs ayant eu le malheur de se faire repérer en mission.

Quoique, surtout ces derniers temps, c'est particulièrement calme.

La forêt s’étire en silence autour de moi, comme un immense et éternel labyrinthe de vert et de couleurs vives, aussi grande que détrempée, respirant la pluie récente et la mousse des arbres.

Un peu partout autour de Taki no Kuni, du moins au nord et à l'ouest, le sud étant une autre histoire, la guerre semble presque s'être tue, toujours un refrain d'hostilité à des moments récurrents, mais très loin de ce qu'il y avait avant, particulièrement les batailles, beaucoup moins voire plus du tout.

Plus de journées à se reposer malgré les explosions lointaines qui bourdonnent dans les oreilles. Plus de chakra sentit un peu partout dans la zone, que ce soit des restes de bataille laissant trace dans la végétation, ou l'explosion de chakra ressentie lorsque des jutsu sont utilisé pas loin.

Plus de nuées d’oiseaux fuyant les combats, plus d'incendies prenant la magnifique forêt verte, plus de hurlements résonant dans la nuit, l'écho perdu entre les immenses arbres. 

Malgré tout, cela me mettait un peu mal-à-l'aise, étant habitué à ce que les choses partent en vrille dès qu'elles commençaient tout juste à se calmer. 

Car mon expérience, celle de shinobi et celle de ma vie en général, mes deux vies, m'a appris une chose importante.

Le mieux n’est bien souvent, voire tout le temps, qu’un simple détour avant le pire.

Toute amélioration, toute montée n’est qu’un prélude à une nouvelle chute. Et son nouveau lot de problèmes et de calamités. 

Oui, dès que ça commence à aller trop bien, ou juste pas trop mal, c’est qu’il faut commencer à s’inquiéter.

Dans un certain sens, tout cela en est presque pire, me semblant plus comme un répit, un e légère accalmie avant la grosse drache. Une attente.

J'avance dans le sentier, celui qui est visible avant de prendre celui qui est dissimulé, avec des mouvements presque mécaniques, ayant pris l'habitude au fils des jours.

"J'apprécie vraiment d'avoir pu retourner ici, malgré les circonstances" Je me dis en continuant dans la forêt. Chaque pas suivant l’autre. Sentant en moi une nostalgie profonde, dont je n'avais même pas conscience, cachée au fond de moi, au plus profond de mon cœur, maintenant assouvie par mon retour dans mon pays.

Était-ce les années qui m'ont automatiquement poussées à m'habituer à cette jungle luxuriante, ce lieu de vie et de couleurs ? 

Était-ce un amour pour ce genre d'envirronement, ancré au plus profond de moi, que ma condition de santé m'avait empêchée de réaliser et d'espérer dans ma vie précédente ? 

Je ne sais pas...

Par contre, je sais que maintenant, je me sens toujours bien mieux dans mon pays natal. En marchant dans toute cette végétation, protégé du soleil par ces arbres digne des documentaires que j'ai vu sur la Dalmatie de ma vie passée...

Était-ce la Dalmatie... ou bien l'Amazonie ? 

L'Amazie ?

L'Ozamie ?

Enfin bref, peu importe... quoiqu'il en soit.

En marchant dans toute cette végétation, toute cette jungle qui a rythmé mes jeunes années, et qui les rythmes toujours, j'e me sens étrangement bien, relaxé, comme si je m’effaçais moi-même du monde, disparaissant, me fondant dans la nature, jusqu’à ne plus qu'être plus qu’un écho dans le lointain, qu'une trace dans la terre, loin de la civilisation, loin des guerres, loin des problèmes.

Loin des gens.

En ce moment, je ne prévois pas, je ne crains pas, je n'anticipe pas, je ne me soucie pas, je ne pense pas. J'existe.

Je respire. 

j'arrive au bord d’un petit ruisseau, avant de m’agenouiller pour boire avant de la porter sur mes joues. L’eau glacée me remettant d'aplomb alors que je me la rince sur le visage.

Dans le reflet bougeant, j'ai parfois de la peine à reconnaitre mes traits. N'ayant pas porté yeux dessus depuis un long moment. Les miroirs n'étant pas vraiment un indispensable dans l'équipement d'un shinobi.

Déjà que je me regardais rarement lorsque j'étais chez moi.

Malgré tout, il est normal que j'aie du mal à reconnaitre mes traits, étant toujours sous ma forme officielle, celle aux cheveux noirs et bruns sombres. 

Maintenant que j'y pense, pourquoi j'ai pris une apparence différente encore ?

Je dois avouer que j'ai du mal à me souvenir de la raison. Était-ce pour ne pas trop ressembler à mon grand-père et ainsi éviter trop de persécution de la part de mon village ? Ou pour éviter les questions sur les cheveux de couleur si... anormale ? Ou pour garder un atout dans ma main en cas de problèmes, quoi que cela veuille dire ?

Tout de même, je peux facilement me reconnaitre malgré la différence. 

Il est vrai que si tu change la couleur des cheveux et de la peau. Que tu rends le visage un poil plus ovale. Que tu rends les contours légèrement plus lisses et la mâchoire plus fine, c'est clairement moi. 

Mon regard semble un peu terne, les pupilles rouges teinte rosâtre entourant les Iris de couleur vert pâle renforçant mon aspect... grognon.

Wow, c'est vrai que j'en avais presque oublié mes yeux aussi...

Est-ce que c'est pour ça qu'il m'arrive de voir des adultes semblant assez mal-à-l'aise, parfois presque prêts à baisser les yeux quand je les regarde ?

En même temps, c'est vrai qu'ils sont plutôt intimidants.

Et en plus vude qui je les tiens... tu m'étonne que j'ai pas d'amis

Papa, pourquoi tu ne m'as pas donné les tiens ? Ma vie serait plus simple.

En plus ils n'apportent strictement rien... pas de limite de lignée pas de truc particulier lié au fait d'avoir les yeux de l'undertaker.

Juste une bizarre génétique qui se transmet de génération en génération.

...

Après... dans un monde où des gens se baladent avec des coiffures ananas et possèdent naturellement des cheveux roses. C'est juste inhabituel au pire.

Des cheveux roses... vraiment n'importe quoi.

"Enfin bref..."Je coupe court à mes pensées, alors que je m’oblige à me relever, reprenant ma route.

Bientôt, je vais atteindre le camp.

Le sentier se rétrécis de plus en plus Mais je reconnais certains arbres, une formation rocheuse en arc de cercle de ce côté-ci, une petite cascade de ce côté-là. Oui, je suis proche.

Et après quelques minutes, je vois les tentes.

Elles sont là. Un peu plus dispersées et espacées qu’avant, certains ayant visiblement été muté autre part.… à moins que le manque de réserves humaines commence à devenir vraiment critique, ce qui ne m'étonnerait pas non plus après tout ce temps. 

Quelques silhouettes marchent entre les allées, les armes au flanc. Des gardes patrouillant la zone sans vraiment de zèle.

Après quelques minutes, j'atteins enfin le poste d'instruction assigné à mon rang, arrivant dans la tente en partie déserte, un jōnin à l'air épuisé levant les yeux d'une pile de parchemins.

« Ah, numéro 4789 je crois… » Il dit en baillant

Je hoche lentement la tête tout en remettant mon rapport, celui-c est plutôt court, n'ayant absolument rien à signaler.

Ça ce sont les missions que je préfère. Les patrouilles sans encombre

Pas d'ennemis, aps de risque de mourir, pas de paperasse à remplir pendant des heures, pas d'effort. Juste se balader tranquillement et profiter du paysage.

« On dirait bien qu'aujourd'hui aussi a été tranquille. »

« Effectivement oui. Rien à signaler, secteur 27 est sûr. »

« Et bien c'est du bol ça. »

Le jonin lâche avec un léger sourire.

« Une petite balade de deux semaines en forêt, pas de soucis, juste observer et marcher dans les bois, sympa pour une dernière mission. »

Je ne peux que sourire de manière sardonique, prenant ça comme du sarcasme, tout en pensant.

"Oui, c'est vrai qu..."

...

Attends quoi ?

« Oui » Le jonin continue, captant mon air quelque peu intrigué

« Tu nous quitte, tu vas repartir d'où tu viens... »

"Oh non" Je pense en sentant ma sueur perler dans mon dos.

Même si ça fait déjà quelques semaines que l'eau a coulé sous les ponts, je ne pense pas que retourner à Kusa soit une super bonne idée pour moi, pas sûr que les tarés aux yeux rouges à la réputation de cinglés émotifs passionnés par la vengeance m'auront déjà oubliés.

 

« Oui, tu retournes à Taki » Le jonin dit avec un sourire fatigué, inconscient de mon stress

À Taki ?

« Oui, c'est vrai que tu es partis du camp juste avant… »

Le jonin explique avec un sourire maintenant joyeux, le bonheur perçant malgré la fatigue se voyant sur son visage.

 « Avant que les négociations n'aient été annoncées. »

Un silence s’installa, me prenant au ventre, ne voulant presque pas y croire.

« Le pont Kanabi... Il a été détruit. »

Le jonin explique, en pointant du doigt la map, particulièrement le pays de l'herbe, son index touchant la zone du fameux pont faisant la jonction au centre du pays, plus grand noeux névralgique et logistique de Kusa, dont l'importance stratégique est loin d'être faible.

Je restai figé. Encore sous le choc de la nouvelle, mais intéressé par son explication.

 « C’était il y a une semaine. Une escouade spéciale de notre village l’a fait sauter. Une opération faite avec une précision chirurgicale. Namikaze-sama, notre éclair jaune, a mené l’assaut, distrayant l'avant-garde de l'armée d'Iwa, faisant d'ailleurs une vraie boucherie, de ce que j'ai entendu, pendant qu'une équipe armait une bombe avant de la faire sauter, rendant le pont utilisable, clairement irréparable. »

Le nom du célèbre ninja jaune, de Minato-saman, résonna dans la tente comme un coup de tonnerre. Me donnant presque envie de m'assoeir. Alors que je sens ma gorge se serrer.

— « La Troisième Armée d’Iwa… ? »

— « Une partie est toujours derrière la rivière, mais mal en point. Séparée en deux lors de l'explosion, seulement la moitié ayant eu le temps de traverser Kanabi avant qu'il ne se fasse exploser. Le pont était leur seule voie de repli et de ravitaillement. On estime que la moitié qui a été piégée de notre côté a déjà été totalement anéantie par nos troupes. Il ne peuvent pas reconstruire le pont et n'ont de toute manière plus les réveres ayant perdus beaucoup trop lors de la bataille ayant suivie le sabotage du pont, leur front de l'ouest est en lambeaux, la victoire est totale.»

Le jōnin me tend un rouleau froissé, son pli portant déjà maintes marques de mains, visiblement je ne suis pas le premier à le lire. Le sceau de Konoha est brisé.

Une phrase attire directement mon attention :

“L’ennemi a complètement stoppé son avance sur tous les fronts. Ils n'ont plus de passage. Plus les troupes. Le pont Kanabi est tombé définitivement entre nos mains. Pourparler prévus.”

 « Il est dit que Namikaze-sama a fondu comme un éclair, tranchant les défenses de la pierre avant même qu’elles ne sachent qu'ils subissaient une attaque. »

Le silence reprit. Mes pensées se succédant à une vitesse folle, comprenant les implications que cela a sur le conflit

« Et maintenant ? »

 « Maintenant… » le jōnin répond avec un petit sourire, les yeux fatigués mais pétillants de joie,

« Maintenant on laisse les boulots aux daïmyos et à leurs armées de diplomates. Iwa n'a plus les moyens de continuer la guerre, c'était leur dernier coup de force, leur tapis avant de devoir se coucher. Konoha et nos alliés, dont ton village, ne pouvons pas faire grand-chose de plus, mais déjà suffisamment pour forcer le Tsuchikage à la table des négociations avant qu'il ne soit trop tard pour lui. »

« Les négociations ont déjà débutés et sont en bonne voie à Tetsu no Kuni, les samouraïs ayant acceptés de servir de terrain neutre et d'arbitre lors des pourparlers de paix. Ce n'est pas encore fini, mais la trêve est déjà actées. La guerre est finie.»

...

Finie

Finie

Finie

La guerre est finie

« Merci. » 

Je dis d'un air distrait tout en faisant un demi-salut de la tête, trop occupé à me remettre du choc pour respecter le decorum, sortant sans attendre de la tente.

Je marche jusqu’au bord du camp, là où les tentes s’effilent où et la forêt reprenant ses droits, voyant l'étendue de vert devant moi. I

M’asseyant sur une pierre plate, je sors machinalement un vieux kunai de sa poche, le faisant tourner, mon index dans le cercle à son bout, un moyen facilement pour calmer mes nerfs que j'ai découvert au fil des mois passés sous le stress.

Le pont Kanabi est tombé.

La guerre est finie

La guerre est finie...

Finie...

Je regarde le ciel sombre, voyant une éclaircie, les premiers rayons du soleil perçant à travers les nuages. Pour la première fois depuis des semaines.

Et pour la première fois depuis des mois... voire des années, je me ressens une joie se propager dans tout mon être, de même qu'une profonde sérénité, un calme, sachant que le futur, tel les nuages dans ce ciel, s'éclairci enfin pour moi. 

Je l'ai fait

Je l'ai fait

Contre toute attente… je l’ai fait. 

Ces mots résonnent en moi, instillant un souffle nouveau dans mes poumons et dans mon corps.

J'ai survécu

J'ai survécu à cette guerre.

Je pense submergé par une sensation que je ressens dans tout mon corps, étant honnêtement choqué d'avoir été aussi loin.

Moi qui n'avais pas les plus petites chances de survivre cette guerre jusqu'à la fin

Moi-meme qui n'y croyait aps vraiment....

Je l'ai fait.

Je pense qu'il se met finalement à pleuvoir de nouveau lorsque je sens une goutte de pluie tomber sur ma main, suivie rapidement d'une deuxième, mouillant ma paume.

Mais étrangement, lorsque je regarde en direction des cieux, je ne vois que les nuages gris se dissipant, le bleu du ciel qui se fait de nouveau voir après des jours en captivité derrière tout ce gris, les rayons jaunes du soleil se faisant à nouveau connaitre, réchauffant déjà l'endroit. Aucune trace de goutte, pas de pluie, pas de nuage sombre, pas d'eau tomant du ciel.

Ce n'est qu'à ce moment-là que je me suis rendu compte que je pleurais 

« Minato-sama… »

Je commence à prononcer, à voix haute, la gorge serrée.Je m’arrête par moments, submergé par une émotion que je ne crois pas avoir ressentie depuis longtemps.

L'ai-je déjà ressentie ?

Et, à vrai dire, je ne saurais probablement pas la nommer.Pas maintenant. Peut-être jamais.

« Vous êtes vraiment exceptionnel. »

...

...

Merci, pour tout. 

Pour votre enseignement.

Votre gentillesse.

Et pour tout ce que vous avez fait.

Je ne pourrai jamais vous rendre vos actions à la hauteur de la valeur qu'elles ont eue pour moi.Pas en mots.Pas en gestes.

Jamais

Mais… je m’en souviendrai.Et-ce pour toujours.

Toujours

...

Minato-sama.... Dozao-san... Kenshin... Deimeja...

Merci... Merci beaucoup

Du plus profond de mon cœur... Merci à vous tous.