Cécile, épuisée par cette journée et ne pouvant plus rien faire, décida enfin de rentrer pour se reposer.
Le lendemain au petit matin,
Nathan, le neveu de Cécile, n'ayant pas vu sa tante la veille, se réveilla et, inquiet, décida de la chercher. Il la trouva allongée sur son matelas, son visage fatigué témoignant de la nuit difficile qu'elle avait passée.
Cécile, encore endormie, fut tirée de son sommeil par des cris.
"Tantine, tu es rentrée !! Je ne t'ai pas vue de toute la nuit, j'étais inquiet, tu sais ?" cria Nathan, les yeux brillants d'inquiétude.
Cécile émergea doucement, ses cheveux en bataille lui donnant l'air d'un nid d'oiseau. Encore somnolente, elle se frotta les yeux avant de les ouvrir complètement.
Thomas, toujours allongé à côté d'elle, grogna avant de lancer d'une voix agacée :
"Sale mioche, ferme-la ou je vais m'occuper de toi !"
Nathan, effrayé, se tut aussitôt et recula d'un pas. Cécile, le cœur serré, se leva et prit son neveu dans ses bras.
"Je suis désolée, mon chéri, j'avais beaucoup de travail," dit-elle d'une voix douce en lui caressant les cheveux. Puis elle appela Jessica.
"Oui, tantine ?"
"Peux-tu aller laver ton frère et te préparer aussi ? Je te dois un repas, si je me souviens bien."
Jessica sourit, ravie que sa tante tienne sa promesse. Elle attrapa son petit frère sans tarder, comme si elle craignait que Cécile ne change d'avis, et l'emmena vers la salle de bain.
"Et après le repas, on ira voir tantine Sabrina," ajouta Cécile avec un sourire tendre.
"Où étais-tu hier soir ?" demanda soudain Thomas, sa voix plus dure.
Cécile se tourna vers lui, silencieuse.
Devrais-je lui dire ce qui m'est arrivé hier soir ? pensa-t-elle.
Thomas la fixait, impatient.
"Pourquoi tu ne réponds pas ?" insista-t-il, son ton montant d'un cran.
Cécile sursauta. "Désolée, j'étais perdue dans mes pensées... Qu'est-ce que tu voulais ?"
"Je peux savoir où tu es passée hier soir ?"
Cécile esquissa un sourire forcé et répondit : "Une collègue était malade et m'a demandé de la remplacer au travail. Je ne pouvais pas refuser."
Thomas la dévisagea un instant, puis haussa les épaules. "D'accord... si tu le dis."
Pour une fois, Cécile fut soulagée par son indifférence. Il ne posait pas plus de questions, et elle pouvait enfin souffler.
Quelques heures plus tard,
"Tantine, nous sommes prêts !" crièrent les enfants déjà sur le pas de la porte.
"J'arrive !" répondit Cécile.
Elle s'apprêtait à partir lorsqu'une main ferme saisit brusquement son poignet.
"Attends," souffla Thomas. "J'ai besoin de 3000€ à la fin du mois."
Cécile resta un instant figée.
"3000€ ?" répéta-t-elle, abasourdie. "Je n'ai même pas encore payé le loyer ! Je suis désolée, mais ce ne sera pas possible cette fois-ci."
Thomas serra un peu plus son emprise. Son regard se durcit.
"Comment ça, pas possible ?!" s'emporta-t-il. "À chaque fois, tu me dis que tu es occupée ou fatiguée ! Tu travailles vraiment ou quoi ?!"
Cécile baissa la tête, sentant la pression monter. Elle posa ses mains sur son visage, cherchant une solution.
Si je lui dis que j'ai donné mes économies à un inconnu, il va piquer une crise... pensa-t-elle.
Elle inspira profondément. "Laisse-moi partir, on en reparlera ce soir," dit-elle calmement.
Mais Thomas raffermit sa prise. "Non, non, non. C'est moi qui décide quand la discussion est finie. Et là, c'est loin d'être le cas."
Cécile sentit son cœur s'accélérer. Si elle insistait, il risquait d'exploser. Et si les enfants assistaient à une autre scène violente ?
"D'accord," murmura-t-elle, la gorge sèche. "Mais je ne pourrai te donner que la moitié. Pour le reste, on verra plus tard."
Thomas lâcha enfin son poignet et afficha un sourire satisfait. "Tu vois, quand tu veux."
Il se retourna, et Cécile l'observa, cherchant désespérément en lui l'homme doux et aimant dont elle était tombée amoureuse autrefois. Mais malgré tous ses efforts, il n'en restait plus rien. Juste un étranger. Et pourtant, son cœur continuait à battre pour lui, pour cet homme qui ne ressemblait plus qu'à un fantôme du passé.