Après les événements du chapitre 28, une fois que Célestion avait pris Lyria avec lui pour s'envoler jusqu'à l'Aether.
Célestion s'éleva avec majesté et urgence dans les cieux éthérés de l'Aether, une dimension où lumière et magie se fondaient dans une symphonie céleste. Les volutes de brume lumineuse ondulaient tout autour, et des éclats de magie pure scintillaient dans l'air. Lyria, qui venait à peine de se réveiller, ouvrit lentement les yeux, éblouie par la splendeur mystique du monde de l'Aether. Elle tourna la tête et chercha à comprendre où ils se trouvaient.
« Où sommes-nous ? » commença-t-elle à demander, mais ses paroles furent brutalement interrompues lorsqu'un puissant jet de lumière fusa droit vers eux.
Célestion, d'instinct, plongea en piqué pour éviter l'attaque, esquivant de justesse le rayon qui aurait pu le transpercer. Dans un rugissement draconique, il libéra une onde de lumière pour repousser la menace.
Mais ses yeux perçants se fixèrent aussitôt sur un groupe de guerriers célestes, vêtus d'armures scintillantes, qui s'élançaient à leur poursuite.
« C'est lui, le faux Célestion qui accompagne le faux élu ! » cria l'un des guerriers, sa voix perçant le voile des cieux. « Tuez-le ! »
Célestion n'attendit pas. D'un puissant battement d'ailes, il prit de l'altitude, plongeant dans les hauteurs du ciel de l'Aether. Les guerriers célestes, armés de lances et de glaives enchantés, s'élançaient à sa poursuite. Ils semblaient voler sans effort dans cette dimension où tout gravitait autour de la lumière pure et des énergies éthérées.
Lyria, agrippée aux écailles de Célestion, sentit le vent magique fouetter son visage alors qu'ils s'envolaient à une vitesse vertigineuse.
« Qu'est-ce qui se passe ?! » s'écria-t-elle, paniquée.
Célestion, tout en esquivant des projectiles de lumière lancés par les guerriers célestes, répondit d'une voix grave, entre deux rugissements :
« Nous sommes accusés de trahison. Ils pensent que je suis un imposteur et que Dedem est un faux élu. Ils veulent ma tête, et ils ne reculeront devant rien. Protège-toi, Lyria, si les choses tournent mal. »
Les éclairs lumineux fusaient de toutes parts, et Célestion dut effectuer des manœuvres acrobatiques pour éviter de se faire toucher. Il descendit en piqué, plongeant à travers les nuages de lumière qui parsemaient l'Aether, espérant semer ses poursuivants. Mais les guerriers célestes étaient rapides, et leurs attaques précises.
« Tiens bon ! » rugit Célestion, ses ailes puissantes créant des bourrasques de vent magique autour d'eux.
Alors que les guerriers se rapprochaient, Célestion cracha un souffle de lumière draconique, un rayon incandescent qui fendit les cieux. L'explosion de magie aveugla brièvement leurs poursuivants, créant un moment de répit. Mais ce n'était pas suffisant. Ils étaient nombreux, trop nombreux.
« Je dois trouver un moyen de nous sortir de là... » grogna Célestion, luttant pour garder son calme.
Les guerriers célestes, déterminés, répliquaient avec des lances de lumière qui perçaient l'air autour de lui. L'une d'elles passa si près que Lyria sentit sa chaleur magique sur sa peau. Elle raffermit sa prise sur Célestion, sentant l'adrénaline couler dans ses veines.
Soudain, un autre jet lumineux, bien plus puissant, les frappa de plein fouet. Célestion émit un rugissement de douleur, déstabilisé, et perdit brièvement de l'altitude avant de se ressaisir avec force.
« Accroche-toi ! » cria-t-il à Lyria.
Elle tremblait, ses yeux grands ouverts face à l'intensité de la bataille. Alors que les guerriers se rapprochaient encore, Célestion fit appel à toute sa puissance intérieure. Ses écailles commencèrent à scintiller plus intensément, et un halo de lumière émana de lui.
« Lyria, écoute-moi. » Sa voix était plus douce, mais urgente. « Je vais utiliser une attaque massive pour les repousser. Prépare-toi, et protège-toi avec toute la magie que tu possèdes ! »
Lyria hocha la tête, et ses mains s'enveloppèrent d'une brume aqueuse. La magie de l'eau, qu'elle maîtrisait si bien, forma une bulle protectrice autour d'elle. Célestion, désormais entouré d'une lumière divine, ouvrit grand ses ailes et poussa un rugissement titanesque. Une déferlante de lumière pure jaillit de lui, un souffle draconique qui balaya les cieux, forçant les guerriers célestes à battre en retraite, momentanément aveuglés par l'intensité de l'attaque.
Les cieux de l'Aether furent illuminés par la puissance de Célestion. Mais il savait que ce n'était qu'une question de temps avant que les guerriers reviennent, plus nombreux et plus déterminés.
« Nous devons trouver un abri temporaire... quelque part où nous pourrons comprendre ce qui se passe et pourquoi ils nous attaquent. » murmura Célestion, ses yeux scrutant l'horizon éthéré.
La bataille n'était que le début.
Une fois arrivés aux ruines de l'Aether, Célestion se pose doucement près de la statue imposante de l'Élu de l'équilibre, une figure énigmatique qui semble veiller sur ce lieu oublié. Son aura majestueuse semble à la fois paisible et chargée d'un pouvoir millénaire, un témoin silencieux de l'histoire et des âmes sacrifiées pour maintenir l'équilibre. Célestion observe la statue un instant, comme pour rendre hommage à cet esprit passé, avant de se tourner vers Lyria.
Elle, cependant, est vite envahie d'une inquiétude croissante. Elle jette des regards autour d'elle, cherchant Dedem, son cœur battant à tout rompre. Elle finit par demander, toute paniquée :
« Où est Dedem ? Pourquoi il n'est pas avec nous ? »
Célestion, un air grave sur le visage, prend un moment avant de répondre. Il sait combien cette vérité va la bouleverser.
« Dedem a perdu le contrôle de son pouvoir lors de notre dernier combat contre l'hydre, Lyria. » Ses paroles résonnent avec un poids palpable. « La puissance qu'il porte en lui... c'est un équilibre instable, complexe, et parfois dangereux. S'il ne parvient pas à le maîtriser, il peut devenir une menace même pour ceux qu'il aime. C'est pour cela que j'ai dû te protéger, même si cela signifiait le laisser seul. »
Les yeux de Lyria s'agrandissent, choqués par ce qu'elle entend. Elle peine à rassembler ses pensées. « Qui est vraiment Dedem, alors ? Ce n'est pas possible... il ne peut pas être un simple aventurier... »
Célestion prend une profonde inspiration, ses yeux brillants de sagesse. « Dedem est bien plus qu'un aventurier. Il est l'Élu de l'équilibre, chargé de préserver la stabilité entre les forces opposées de ce monde. Sa quête n'a rien de banal ; elle est écrite dans les étoiles, marquée par d'innombrables batailles et de lourds sacrifices. »
Lyria écoute avec attention, ses yeux brillants de larmes.
« Eldric... » continue Célestion, sa voix se faisant douce.
« Dedem considérait Eldric comme son petit frère. Il l'a perdu lors d'un combat qui a mal tourné, un fardeau qu'il porte en lui comme une plaie. Cette perte l'a façonné ; depuis, il fait tout pour protéger les autres, même si cela signifie se tenir à l'écart, pour ne plus voir quelqu'un mourir à cause de lui. C'est pourquoi il se voit comme un... "oiseau de malheur". Pour Dedem, sa quête doit être solitaire, et il n'a que son maître Thalion, qu'il considère comme un père, pour l'accompagner. »
Les larmes commencent à couler librement sur les joues de Lyria. Tout devient soudain clair. Chaque action de Dedem, chaque mot, chaque regard protecteur. Elle voit maintenant qu'au-delà de sa force, Dedem porte une souffrance immense, qu'il cache derrière une façade de détermination et de courage. Elle serre les poings, une résolution brûlant dans ses yeux.
« Célestion, c'est à mon tour maintenant de le protéger. Je ne peux pas rester en arrière, comme si tout cela ne me concernait pas. Dedem a risqué sa vie pour moi plus d'une fois ; il est temps que je sois à ses côtés, pour lui rendre cette loyauté. »
Célestion, bien que touché par sa détermination, garde un ton sérieux. « Lyria, même si ton cœur est noble, tu dois comprendre la puissance des Doctors. Ce sont des êtres au-delà de ce que tu as connu. Dedem lui-même lutte sans relâche pour les vaincre, et toi... tu n'es pas encore de taille. »
Lyria lève les yeux vers Célestion, résolue. « Alors entraîne-moi ! Si je dois devenir plus forte, je le ferai. Je sens en moi une force nouvelle, quelque chose qui attend d'être libéré. Mais je ne peux pas laisser Dedem se battre seul. Je suis prête à tout pour l'aider, même si cela signifie aller jusqu'au bout de mes limites. »
Célestion observe un instant l'éclat de conviction dans les yeux de Lyria. « Très bien. Je sens en toi un potentiel rare, quelque chose qui pourrait, en effet, se révéler essentiel dans la quête de Dedem. Je t'enseignerai tout ce que je peux, Lyria, mais sache que ce chemin sera difficile. »
Lyria acquiesce, le visage déterminé. À cet instant, la statue de l'Élu de l'équilibre semble projeter une lumière douce sur elle, comme un signe d'approbation silencieux.
Célestion observe Lyria avec un mélange de gravité et de respect. Il prend une inspiration profonde, sentant le poids de ce qu'il est sur le point de révéler à la jeune femme. Ce qu'elle va entendre changera à jamais sa perception de Dedem.
« Dedem... » commence Célestion d'une voix grave, « ce n'est pas un aventurier ordinaire, loin de là. Depuis longtemps, il marche sur une voie de souffrance et de combat. Une vie forgée dans la douleur, marquée par des pertes qui l'ont façonné en profondeur. »
Lyria, encore bouleversée par tout ce qu'elle vient de vivre, écoute avec une attention silencieuse, ses yeux fixés sur Célestion.
« Dedem a croisé la route de nombreux ennemis puissants. Aldaric, un guerrier féroce, est l'un d'eux. Aldaric n'était pas seulement un guerrier, il était en quête de devenir un draco chevalier. Il avait une détermination inébranlable et un rêve qui le consumait. Quand il a rencontré Dedem, il a vu en lui un obstacle à abattre, un rival qui se dressait sur son chemin vers la gloire. Leur affrontement a été intense, féroce... Dedem a survécu, mais ce combat a gravé dans sa chair et son esprit une profonde marque. Aldaric était un adversaire redoutable, et Dedem sait qu'un jour, il pourrait bien revenir pour finir ce qu'il a commencé. »
Lyria frissonne en entendant cette description. Elle commence à comprendre que Dedem a affronté des adversaires bien au-delà de la compréhension ordinaire, mais ce n'était qu'un début.
Célestion continue, les yeux perdus dans ses souvenirs. « Puis il y a eu Astral... Un ancien Élu de l'équilibre, comme Dedem. Mais contrairement à lui, Astral avait un plan bien plus sombre et complexe. Il n'a pas cherché à détruire Dedem, du moins pas directement. Astral a vu en Dedem un successeur, quelqu'un qu'il pouvait forger pour l'avenir. Mais sa manière de le faire... était impitoyable. »
Les yeux de Célestion se font plus sombres. « Astral a tout fait pour que Dedem devienne plus fort, pour qu'il dépasse ses limites. Et dans cette quête de force, il a même amené la mort d'Eldric, celui que Dedem considérait comme son propre frère. Eldric représentait la lumière et l'espoir dans la vie de Dedem. Perdre Eldric de cette manière a plongé Dedem dans une douleur indicible. C'est cette perte qui a forgé sa volonté, mais qui l'a également poussé à s'isoler. »
Les larmes perlent aux yeux de Lyria en imaginant cette souffrance. « Eldric... il l'a vraiment perdu à cause de tout ça ? »
Célestion hoche la tête, la voix douce. « Oui, Lyria. Et cette perte est ce qui l'a poussé à vouloir protéger ceux qu'il aime, à tout prix. Dedem s'est juré de ne plus laisser qui que ce soit mourir pour lui. C'est pourquoi il prend ses distances, pourquoi il se bat seul. Il porte un fardeau que peu de gens comprendraient, et il le porte pour ne plus voir d'autres Eldric disparaître. »
Elle serre les poings, se sentant encore plus connectée à Dedem à présent, comprenant sa douleur et son besoin de solitude. Célestion continue de décrire les défis qui jalonnent la vie de Dedem.
« Les Doctors, ces êtres sombres qui manigancent dans l'ombre, sont sa quête la plus périlleuse. Ils cherchent des forces destructrices, des rituels anciens et des pouvoirs qu'ils ne devraient pas manipuler. Dedem a juré de les traquer. »
Lyria sent une admiration profonde grandir pour Dedem. « Et cette quête des Yeux Mystiques... c'est bien pour préserver le monde, n'est-ce pas ? »
Célestion acquiesce. « Oui, Dedem sait que chaque œil renferme un pouvoir ancien et précieux. Il est prêt à donner sa vie pour éviter que ces yeux ne tombent entre de mauvaises mains. Pour lui, c'est plus qu'une quête, c'est un devoir. Et il le poursuivra jusqu'au bout, même si cela doit le conduire à la mort. »
Lyria, les larmes aux yeux, sent tout le poids des sacrifices de Dedem. Elle comprend maintenant la solitude, la détermination et la douleur de cet homme qui se bat pour protéger le monde. Elle prend une profonde inspiration et dit, d'une voix forte et résolue : « Alors, je serai là pour lui. S'il est prêt à tout sacrifier, moi aussi. Je me battrai à ses côtés et je lui montrerai qu'il n'est pas seul. »
Célestion observe cette détermination naître en elle et incline la tête. « Alors sois prête, Lyria. Dedem n'est pas seulement un homme... Il est un espoir, une force qui protège ce monde. »
Célestion, après avoir raconté l'histoire de Dedem, observe Lyria en silence. La jeune femme, bien que visiblement bouleversée par ce qu'elle vient d'apprendre, montre une étincelle dans le regard, une détermination que Célestion n'a jamais perçue auparavant chez elle. C'est cette étincelle qui le pousse à prendre une décision importante.
« Lyria, » commence-t-il, sa voix profonde résonnant avec une gravité nouvelle. « Je sens en toi un potentiel unique, quelque chose de puissant qui sommeille, mais qui n'a pas encore été éveillé. Je ne sais pas d'où cela vient, mais il est là, tapi dans ton âme, prêt à se manifester. »
Lyria le regarde, la surprise et l'espoir se mêlant dans son expression. Elle n'aurait jamais pensé que Célestion, ce dragon majestueux et sage, pourrait voir en elle une force digne d'être révélée.
« Cela dit, » poursuit Célestion, « tu n'es pas prête pour l'instant. Ce potentiel brut doit être forgé, guidé et maîtrisé. Le chemin que tu choisis sera long et difficile, mais si tu le désires, je t'entraînerai. »
Lyria hoche la tête avec détermination, sans un mot, sentant l'importance de cette proposition. Célestion esquisse un léger sourire, presque imperceptible, mais plein de respect pour son courage.
« Très bien, alors commençons par les bases, » déclare-t-il en se posant au sol et en l'invitant à s'asseoir en face de lui. « La maîtrise de l'énergie est essentielle pour développer ta magie. La puissance brute ne suffit pas, il te faut une force disciplinée, une connexion profonde avec ton esprit et ton corps. »
Il tend une patte avant, de laquelle s'échappe une lueur douce et bleutée. « Cette énergie, Lyria, est la magie qui habite en nous tous. Elle est comme une rivière, et tu dois apprendre à contrôler son flux. Ferme les yeux, ressens-la. Imagine que cette rivière coule en toi, depuis le sommet de ta tête jusqu'au bout de tes doigts. »
Lyria ferme les yeux, respirant profondément, essayant de percevoir cette énergie en elle.
Au début, elle ne ressent qu'un simple picotement, mais sous la guidance de Célestion, cette sensation grandit, se transformant peu à peu en une chaleur qui se répand en elle.
« Bien... » murmure Célestion, voyant la magie se manifester en elle pour la première fois. « Tu es réceptive, c'est bon signe. Mais ceci n'est que le début. »
Il se redresse alors et écarte légèrement ses ailes, créant un mouvement d'air qui entoure Lyria.
« La maîtrise des éléments demande une discipline encore plus profonde. Tu possèdes une affinité avec l'eau, mais il faut aussi que tu apprennes à la façonner. Concentre-toi sur ta magie d'eau, imagine-la comme une brume qui t'enveloppe, et apprends à la modeler à ta volonté. »
Sous les encouragements de Célestion, Lyria commence à visualiser une fine couche de vapeur d'eau autour d'elle. Lentement, elle se concentre pour la transformer, d'abord en une goutte, puis en une petite vague ondulante dans l'air.
« Excellent, » la félicite Célestion. « Maintenant, continue d'expérimenter. La force de ton potentiel viendra de ton contrôle et de ta capacité à improviser dans les situations les plus désespérées. Apprends à faire corps avec l'eau, à l'écouter comme elle te répond. »
Dans l'Aether, le temps s'écoule différemment, se distordant et s'étirant de façon indéfinissable. Chaque entraînement plonge Lyria plus profondément dans la maîtrise de son pouvoir élémentaire, comme si des jours passaient sans qu'aucun instant ne soit véritablement mesuré. Elle apprend non seulement à manipuler l'eau, mais aussi à comprendre l'essence même de sa magie, explorant des capacités insoupçonnées.
Un "moment" indéfini, alors qu'elle commence à façonner une sphère d'eau complexe, Célestion l'observe avec un regard empli de fierté silencieuse. Il voit en elle une puissance encore inexploitée, une force aussi vaste et mystérieuse que les océans eux-mêmes.
« Lyria, un jour, » dit-il enfin, « tu te tiendras aux côtés de Dedem et, d'une manière ou d'une autre, tu sauras le protéger comme lui l'a fait pour toi. Mais il te reste encore bien des étapes à franchir. »
Elle sourit, fatiguée mais remplie de détermination. Elle sait qu'elle est encore loin d'égaler les champions de fer, mais avec chaque entraînement, elle se sent un peu plus forte, un peu plus prête à faire face aux ténèbres qui se dressent sur leur chemin.
nous retrouvons Dedem Koko et Kenza
Dedem se tourne vers Koko et Kenza, le regard dur et inquisiteur.
« Qu'est-ce que vous faites ici, vous deux ? » demande-t-il d'une voix sèche.
Koko et Kenza échangent un bref regard, puis, après un moment d'hésitation, Koko prend la parole.
« Nous sommes ici pour t'aider, Dedem. Et surtout... pour te prévenir. » Sa voix est lourde, presque empreinte de tristesse.
Dedem fronce les sourcils, visiblement intrigué. « Me prévenir de quoi ? »
Koko inspire profondément, puis lâche la vérité comme une bombe. « Si tu affrontes le Warden, tu mourras. »
Dedem reste un instant figé, choqué par cette annonce. Il tente de balayer l'idée, mais la gravité dans les yeux de Koko l'empêche de détourner le regard. « Comment tu sais ça ? » demande-t-il, un mélange de doute et de défi dans la voix.
« C'est grâce à l'Arbre Monde, » répond Koko. « Kenza et moi avons mangé un fruit de cet arbre légendaire, et nous avons entrevu ce qui pourrait arriver. Nous avons vu les événements liés au Warden... et crois-moi, Dedem, ça ne finit pas bien pour toi. Mais en mangeant ce fruit, nous avons aussi réveillé une ancienne entité, un gardien appelé le Sentinelle des Mondes, détenteur d'un Œil Mystique. »
Kenza, qui observe Dedem avec intensité, ajoute : « Depuis, nous avons eu peu de répit. Mais l'entraînement que j'ai suivi m'a permis d'acquérir une capacité unique : la Glace Éternelle. C'est notre seule chance d'arrêter le Warden, même si ce n'est que temporaire. Normalement, la Glace Éternelle devrait sceller quelqu'un ou quelque chose pour toujours, mais... le Warden est une créature d'imparité. Il défie les lois de ce monde. Il finira par briser la glace. »
Dedem serre les poings autour de son épée et de son bouclier, une étincelle de défi dans les yeux. « Vous voulez que je reste ici et que je regarde les autres faire le travail à ma place ? Jamais de la vie ! » Il dégaine son épée et se prépare à charger. « Je vais créer une ouverture, et vous, vous n'aurez qu'à lancer votre machin éternel. »
Koko rit doucement, secouant la tête avec amusement. « Ah, de ce côté-là, tu n'as pas changé, Dedem. Toujours à foncer sans réfléchir. » Puis il crie joyeusement : « Oléwoua kotodaaaaaa ! » et se met à courir derrière Dedem.
Kenza soupire mais esquisse un léger sourire malgré elle. « Bande d'idiots... » murmure-t-elle avant de les suivre, bien décidée à empêcher cette catastrophe.
Alors que Dedem se rapproche du Warden, prêt à frapper, une poigne de fer lui saisit brutalement le cou. Un rire résonne, profond et moqueur. Dedem se retrouve traîné sur le sol sur des centaines de mètres, incapable de se libérer. Lorsqu'il parvient enfin à échapper à cette emprise, il se relève pour voir Aldaric, son éternel rival, affichant un sourire malicieux.
« Yo, tête d'abruti, » s'exclame Aldaric avec un sourire narquois. « Tu t'es pas trop ennuyé sans moi ? »
Dedem gronde, irrité. « Dégage, Aldaric. J'ai pas de temps à perdre avec toi. »
Aldaric éclate de rire. « Malheureusement pour toi, je n'ai pas l'intention de partir. J'ai promis que je te tuerais de mes propres mains, et je suis là pour tenir parole. »
Dedem serre les dents, sa détermination inébranlable. « Peu importe. Si je dois mourir, ce sera après avoir accompli ma quête. »
Aldaric secoue la tête, l'air amusé. « Cette fameuse quête, et ton rôle d'élu de l'équilibre... quelle hypocrisie. » Son sourire devient plus sombre. « Tu n'as jamais réfléchi à ce que signifie vraiment cet "équilibre" que tu défends ? »
Dedem se fige, troublé. Il se rappelle sa conversation avec Novemcaudus.
« Pourquoi ? » demande Dedem. « Pourquoi crois-tu que l'équilibre est une utopie ? »
Aldaric croise les bras, observant Dedem avec une lueur de mépris et d'amusement dans le regard.
« Dedem... tu es tellement pitoyable, » commence-t-il, sa voix vibrante d'un sarcasme glacé. « L'élu de l'équilibre... vraiment ? Tu t'es jamais demandé ce que ça voulait dire, au-delà de ces grandes idées que tu avales sans questionner ? »
Dedem serre les dents, tâchant de garder son calme, mais les mots d'Aldaric le percutent plus qu'il ne voudrait l'admettre. « Et toi, tu penses que tu as tout compris, c'est ça ? »
Aldaric éclate de rire, un rire sombre et moqueur qui résonne dans l'air. « Comprendre ? Peut-être pas. Mais au moins, je ne me laisse pas bercer par des illusions. Regarde-toi, Dedem. Tu te bats pour un idéal, mais as-tu seulement réfléchi à ce qu'est vraiment cet équilibre que tu brandis comme une vérité sacrée ? »
Dedem hésite un instant, troublé malgré lui par les paroles d'Aldaric. Il ouvre la bouche pour répliquer, mais aucun mot ne sort.
« Voilà, tu n'as rien à dire, » ricane Aldaric. « Parce que dans le fond, tu ne sais rien. Tu te raccroches à une mission qu'on t'a collée sur le dos, et tu l'as acceptée sans poser de questions, sans jamais essayer de comprendre ce que cela signifie vraiment. »
Dedem reste silencieux, les mains crispées sur son bouclier et son épée. Les doutes que ses ennemis ont semés en lui refont surface, plus forts que jamais.
« Ce fameux équilibre, » continue Aldaric en le fixant avec un regard perçant, « il est censé régner partout, non ? Il est censé être juste, parfait. Alors pourquoi le monde est-il un tel chaos ? Pourquoi y a-t-il toujours des guerres, des gens qui souffrent, des innocents qui meurent ? Où est cet équilibre dont tu te fais le champion ? »
Dedem baisse un instant les yeux, ses propres incertitudes le frappant de plein fouet. « Peut-être que l'équilibre... peut-être qu'il ne s'agit pas de tout contrôler. Peut-être que... »
« Que quoi ? » l'interrompt Aldaric avec un sourire narquois. « Que c'est juste un rêve creux, une fable qu'on raconte aux enfants pour les endormir ? Réveille-toi, Dedem ! Tu es comme un gamin à qui on a vendu des chimères, et tu cours après sans réfléchir. »
Dedem relève les yeux, mais cette fois son regard est marqué par un conflit intérieur. « Je crois encore... que si je peux protéger ceux qui ne peuvent pas se défendre, alors j'apporterai un peu de cet équilibre. »
Aldaric secoue la tête, désabusé. « Tu ne comprends vraiment rien. Ce monde est fait pour dévorer les faibles, pour les réduire en poussière. Rien de ce que tu fais n'y changera quoi que ce soit. Tu n'es qu'un pion dans un jeu bien plus grand que toi. »
Dedem, pour la première fois, semble hésiter. La conviction qui brûlait en lui vacille sous les mots d'Aldaric, un poison insidieux qui le fait douter de lui-même.
Aldaric éclate de rire en voyant l'effet de ses paroles. « Regarde-toi... tu es pathétique. Un gamin naïf, bercé par des illusions. Tu sais quoi ? Je commence à perdre l'envie de te tuer. Tu n'es même pas digne de ça. »
Dedem serre les poings, luttant contre la confusion qui l'envahit. Aldaric le dévisage, un sourire de dégoût sur le visage.
« Tu n'es rien d'autre qu'un rêveur désespéré, » murmure-t-il. « Et ça, Dedem, c'est ce qu'il y a de plus pathétique dans ce monde. »
Dedem, les mains tremblantes, regarde ses paumes couvertes de cicatrices, de souvenirs d'innombrables batailles et de pertes insurmontables. Ses doigts se resserrent tandis que des larmes silencieuses perlent au bord de ses yeux. Il revit l'ombre du sourire d'Eldric, son petit frère d'armes, son ami, sa famille. La dernière étincelle de vie dans son regard au moment où il s'était sacrifié... pour rien, peut-être.
« Et si... Aldaric avait raison ? » murmure Dedem d'une voix brisée, à peine audible. Sa gorge se serre sous le poids de cette idée, de ce doute insidieux.
Aldaric, observant Dedem avec une satisfaction cruelle, le dévisage. Il reste silencieux un moment, le sourire carnassier grandissant sur ses lèvres, avant de hurler : « Alors, Dedem, c'est quoi ta réponse ?! » Une foudre sauvage éclate autour de lui, illuminant son visage de reflets violents.
Dedem, cédant sous la pression, s'effondre à genoux, ses émotions débordant, libérées dans un cri désespéré. « Je... j'en sais rien ! » s'écrie-t-il, les larmes coulant librement sur son visage.
« Je me pose cette question tous les jours ! Et je ne trouve aucune réponse. »
Il s'interrompt, les sanglots secouant son corps, mais il reprend, déterminé à vider son cœur, à laisser s'échapper cette douleur refoulée. « Toute ma vie... je me suis jeté dans cette quête des Yeux Mystiques. Parce que, au fond, c'était la seule chose à laquelle je pouvais me raccrocher. La seule chose qui me donnait l'impression d'avoir une raison d'exister. Mais est-ce vraiment ce que je veux ? Est-ce... est-ce vraiment mon destin ? »
Aldaric s'avance lentement vers lui, son sourire s'élargissant tandis qu'il se penche, une lueur cruelle dans les yeux. « Alors, tu admets enfin. Tu es perdu. Tu erres sans but, comme un enfant égaré. Tu as sacrifié tout ce que tu avais pour quoi, Dedem ? Pour une mission que tu ne comprends même pas ? »
Dedem, la tête baissée, serre les poings si fort que ses jointures en deviennent blanches. « Je n'ai jamais eu de famille, Aldaric. J'ai passé ma vie à chercher un foyer, un endroit où je pourrais enfin me sentir en sécurité, entouré de gens qui m'aiment... Et on m'a volé ça. »
Aldaric le fixe, ses yeux remplis d'une sombre compréhension. Il a aussi connu le vide, mais son cœur s'est empli de haine plutôt que d'espoir.
« Ce que tu cherches, » murmure-t-il avec un sourire glacial, « n'existe pas. Ce monde n'est pas fait pour les faibles d'âme comme toi. Tu te berces d'illusions, Dedem, à courir après des chimères. Des gens meurent et souffrent tous les jours. Ce que tu appelles équilibre... n'est qu'un mirage. »
Dedem serre les dents, luttant contre la confusion et le désespoir qui tourbillonnent en lui. Il avait cru en ce destin, dans cette quête, comme un phare dans les ténèbres. Mais les mots d'Aldaric creusent une brèche profonde dans ses convictions, mettant à mal tout ce qu'il pensait être sa raison de vivre.
« Alors, Dedem, » reprend Aldaric, son ton glacé devenant plus insistant, « abandonne cette mission insensée. Laisse tomber cette mascarade d'équilibre. Rien ne changera. Le monde restera cruel, injuste, et si tu continues de le protéger, tu finiras brisé, seul, comme tu l'as toujours été. »
Dedem relève un regard embué vers Aldaric, cherchant désespérément une lueur de réponse dans ses propres souvenirs, dans les sacrifices d'Eldric, dans les quelques amitiés précieuses qu'il avait pu tisser.
« Peut-être que tu as raison, Aldaric, » murmure Dedem. « Peut-être que l'équilibre n'est qu'un rêve insensé. Peut-être que je suis condamné à errer dans cette quête sans fin, à essayer de protéger un monde que je ne comprends même pas. Mais... »
Un éclat de détermination traverse son regard.
« Mais je refuse de laisser les ténèbres tout dévorer sans rien faire. Même si c'est inutile, même si ça ne change rien. Parce que, si je baisse les bras, si je renonce... alors qu'est-ce qu'il me reste ? Je suis peut-être perdu, mais je préfère encore me battre pour ce qui reste de lumière dans ce monde que sombrer dans ta vision sans espoir. »
Aldaric l'observe, un instant décontenancé, avant de retrouver son sourire. « Pathétique. Si tu veux te sacrifier pour un rêve brisé, vas-y. Mais ne viens pas te plaindre quand tu verras le monde s'écrouler autour de toi. »
À suivre...