Le sol trembla brutalement sous l'impact d'un éclair d'une intensité surnaturelle. Une lumière aveuglante envahit la zone, et avant même que quiconque ne puisse réagir, une silhouette familière émergea des débris calcinés, un sourire carnassier aux lèvres. Aldaric. Il s'étira nonchalamment, son regard perçant se posant directement sur Dedem.
« Ohé, ohé... alors comme ça, tu as repris tes esprits ? » Sa voix suintait l'ironie, un mélange de provocation et d'amusement. Il s'approcha lentement, ses pas crépitant sur la terre noircie par la foudre. « C'est bien, c'est bien. Mais... » Il s'arrêta juste devant Dedem, inclinant légèrement la tête. « J'ai une question... Tu ne m'as pas oublié, hein ? » Son sourire s'agrandit. « Tu n'as quand même pas oublié notre promesse... ? »
Lyria, sentant le danger dans cette interaction, fit un pas en avant, son regard brûlant de méfiance. « De quoi tu parles ? » Mais au moment où elle allait intervenir, une main ferme se posa sur son bras. Dedem. Il la retint d'un geste calme mais autoritaire. Lyria cligna des yeux, surprise par sa réaction.
Kenza, de son côté, observait la scène avec un regard perçant. Mais au moment où elle capta l'expression de Dedem, un mauvais pressentiment s'installa dans son cœur. « Dedem... » murmura-t-elle. Puis, d'une voix plus forte : « Ne me dis pas que... » Dedem ferma les yeux un instant, puis acquiesça silencieusement. Un frisson parcourut Kenza. Elle ouvrit la bouche, prête à protester... mais soudainement, quelque chose changea.
Dedem tressaillit. Son souffle se coupa. Son corps tout entier se raidit. Un battement sourd résonna dans sa poitrine. Ba-dum... Son cœur. Il battait trop fort. Un autre battement. Ba-dum... Plus rapide. Plus violent. Le monde autour de lui sembla vaciller. Sa vision se troubla. Des tâches lumineuses dansèrent devant ses yeux. Il sentit son corps devenir brûlant, comme si chaque fibre de son être était consumée de l'intérieur. Il chancela légèrement.
Puis, un vertige foudroyant le frappa. Il tenta de faire un pas en avant, mais ses jambes ne répondirent plus. Ses forces le quittaient. Ses yeux perdirent en éclat. Lyria réagit immédiatement, posant ses mains sur ses épaules. « Dedem ! » Sa voix était empreinte d'inquiétude. Mais au moment où Dedem basculait vers l'avant...
Une ombre massive se déplaça. Centurion surgit d'un mouvement vif et attrapa Dedem avant qu'il ne touche le sol. Son bras puissant entoura le corps affaibli du jeune élu, soutenant son poids avec une aisance naturelle. Kenza, figée, observait la scène, ses poings serrés.
Aldaric, lui, se contentait de sourire. « Ahhh... Je me disais bien que ça allait arriver. » Il croisa les bras, son ton moqueur prenant une tournure presque analytique. « C'est évident, non ? Après avoir subi un déséquilibre aussi violent... Tu croyais vraiment que ton corps allait tenir sans conséquences ? » Il laissa échapper un ricanement.
Kenza se tourna vivement vers lui, les yeux flamboyants. « Toi... » Elle s'interrompit. Quelque chose clochait. L'analyse d'Aldaric... Elle était juste. Mais comment lui pouvait-il le savoir ? Elle serra les dents. Il n'est pas aussi stupide qu'il en a l'air... réalisa-t-elle.
Aldaric observa Dedem avec un intérêt nouveau. Il tourna légèrement la tête, son sourire malicieux toujours présent. « Même dans cet état, il a quand même voulu tenir sa promesse... » Son expression changea. Un éclat étrange passa dans son regard. Une lueur... d'admiration ? Puis il rit doucement.
« Très intéressant, Dedem... » Il fit un pas en arrière. Le tonnerre gronda au-dessus de lui. « Je n'oublierai pas. » Et dans un éclair d'énergie bleue, Aldaric disparut. Ne laissant derrière lui qu'un silence troublant... et une promesse suspendue dans l'air.
Le silence pesant qui avait suivi la disparition d'Aldaric fut brisé par l'agitation qui régnait dans le campement. Dedem, inconscient, respirait lourdement, et tout le monde débattait sur la meilleure façon de le stabiliser. Kenza, le regard inquiet, tentait de réfléchir à une solution tandis que Lyria et Célestion échangeaient sur les options possibles. Mais alors que l'anxiété atteignait son paroxysme, une nouvelle perturbation fit son apparition.
Un portail d'obsidienne se matérialisa à quelques mètres d'eux, sa surface luisante dégageant une aura obscure et insondable. Une onde spatiale massive déforma l'air autour de lui, créant une pression écrasante qui força même Centurion à redoubler de vigilance. De ce portail émergea une imposante légion.
Ils étaient nombreux.
Les Champions de Fer, les Capitaines, et surtout, les Héros.
Et en tête, avançant d'un pas assuré et implacable, le Héros d'Obsidienne.
Ses yeux étaient aussi durs que la pierre dont il tirait son nom, un regard froid et méthodique, dénué de toute émotion apparente. À ses côtés marchaient ses frères d'armes : le Héros d'Émeraude, du Diamant et de l'Or, suivis des autres Héros de la Légion.
Le Héros du Rubis, une silhouette ardente et imposante, son armure rougeoyant comme une fournaise.
Le Héros du Saphir, calme et observateur, vêtu d'une armure fluide qui reflétait l'éclat de l'océan.
Le Héros de l'Améthyste, dont l'aura mystique ondulait, un sourire énigmatique sur son visage.
Le Héros du Topaze, dont la rapidité et l'énergie étaient visibles à chaque mouvement électrisant.
Le Héros du Quartz, imposant comme une montagne, irradiant une force protectrice.
Le Héros de l'Onyx, ténébreux et insaisissable, marchant dans les ombres qu'il semblait lui-même générer.
Le Héros du Platine, noble et stratégique, analysant l'environnement d'un regard perçant.
Le Héros du Tungstène, une véritable muraille vivante, avançant avec une lourdeur inébranlable.
Le Héros d'Obsidienne fit quelques pas en avant, son regard perçant balayant les alentours. Son armure sombre semblait absorber la lumière, rendant sa présence encore plus imposante. Il finit par s'arrêter, fixant Centurion avec une gravité glaçante.
« Nous savons tout ce qu'il s'est passé ici. »
Sa voix résonna comme un verdict irrévocable. Son doigt se leva lentement et pointa Dedem, toujours inconscient.
« C'est lui, le véritable ennemi. »
Un rugissement profond se fit entendre. Célestion, les yeux brûlants de rage, s'interposa immédiatement, ses ailes déployées dans un élan protecteur. Une aura intimidante l'entourait, rendant l'air électrique. Kenza, quant à elle, se plaça directement devant Dedem, levant son petit bouclier, un regard empli de défi.
« Vous êtes aussi stupides que vos armures si vous pensez ça. » cracha-t-elle. « Dedem vient de sauver la Région de Fer, et vous le traitez d'ennemi ?! Vous êtes sérieux ?! »
Un éclat de rire bruyant s'éleva.
« HAHAHAHA ! » Le Héros du Rubis frappa ses mains l'une contre l'autre, créant des étincelles dans l'air. Téméraire, et flamboyant. « ON NE DIT PAS LE CONTRAIRE, HAHAHA ! IL EST BIEN RECONNAISSABLE, HAHA ! »
Lyria serra les poings. « Alors pourquoi l'accusez-vous d'être un ennemi ? »
Une nouvelle voix, grave et autoritaire, s'éleva.
« Parce que je les ai retenus. »
Tout le monde tourna la tête en direction du son. Là, debout sur un rocher, une silhouette familière se dévoila.
Fléau.
Kenza eut un sursaut de stupeur, ses yeux s'écarquillant sous le choc. « Toi... mais... Tu es censé être mort ! »
Aergirla, toujours calme, fixa Fléau avec sérieux. « Il n'était pas réellement mort. »
Fléau croisa les bras, sa cape de combat flottant derrière lui. « Exactement. »
Il fit une pause avant d'expliquer, sa voix rauque et puissante emplissant l'air.
« Ma technique de résurgence : "La Chaîne de Vie". » Il pointa son propre torse. « Elle est ancrée dans chaque fibre de mon être. Tant qu'elle est activée, même si mon cœur est perforé ou ma tête tranchée... ça ne suffit pas à me tuer. »
Kenza déglutit, encore sous le choc.
Mais Fléau tourna brusquement son regard perçant vers Aergirla.
« Ce que je trouve plus étrange... c'est que cette technique, je l'ai toujours gardée secrète. » Son regard se fit plus inquisiteur. « Alors, comment es-tu au courant ? »
Aergirla, sans ciller, répondit calmement.
« Je suis trop ancienne pour ne pas connaître cette technique. »
Un silence tomba.
Fléau ne répondit pas immédiatement. Il la fixa intensément, cherchant à lire à travers ses paroles. Puis, il détourna légèrement le regard, ne semblant pas totalement convaincu... mais il n'insista pas.
L'atmosphère était pesante.
Centurion observa la scène en silence, son regard passant entre Dedem et le Héros d'Obsidienne. Kenza était toujours devant son frère, prête à défendre son honneur. Célestion grognait encore, prêt à en découdre.
Puis le Héros d'Obsidienne, implacable, déclara d'une voix ferme :
« Nous devons parler. »
Un frisson parcourut l'assemblée. La tension était à son comble. Le destin de Dedem, et peut-être même celui du monde, était en train de se décider.
Le silence fut brisé par la voix tranchante du Héros d'Obsidienne.
« Dedem doit partir. »
Sa déclaration résonna comme une sentence irrévocable, et immédiatement, l'atmosphère devint plus lourde. Les Héros derrière lui se tinrent droits, imposants, tandis que les regards des alliés de Dedem s'emplirent d'incompréhension et de colère.
Centurion, bras croisés, son regard d'acier vrillant son homologue, répondit avec fermeté.
« Tu plaisantes ? Après tout ce qu'il vient de faire ? Il a sauvé la région de Fer ! Il a empêché le Warden de ravager le continent ! Il a neutralisé Arcanis ! »
Le Héros d'Obsidienne ne cilla pas. Son ton, froid et méthodique, résonna dans l'air pesant.
« Et à quel prix, Centurion ? Depuis son arrivée, tout ce qui se produit n'est que chaos. Le Warden ne s'est manifesté qu'après son éveil. Arcanis n'a accéléré ses plans qu'à cause de lui. Même la Barrière d'Isolement Absolu a été fissurée à cause de sa perte de contrôle. »
Kenza fronça les sourcils, serrant les poings. Elle s'interposa.
« Tu accuses Dedem des actions de ses ennemis ? Tu crois que tout cela n'aurait pas eu lieu sans lui ? »
Le Héros du Diamant prit la parole, sa voix grave et pesante.
« Peut-être pas de cette façon. Mais il est un facteur incontrôlable. Il a perdu le contrôle. Et tu veux qu'on prenne le risque que ça recommence ? »
Lyria s'avança à son tour, ses yeux ardents de détermination.
« Dedem s'est battu pour cet équilibre que vous prétendez protéger. Vous devriez le remercier, pas le condamner ! »
Le Héros de l'Or, un sourire en coin, haussa les épaules.
« Ça, c'est une vision romantique des choses, jolie demoiselle. Nous ne parlons pas de ce qu'il veut faire, mais des conséquences de ce qu'il est. »
Centurion serra le poing.
« Alors quoi ? On le bannit, et on espère que tout ira mieux ? Vous pensez vraiment que ce monde sera plus stable sans lui ? »
Le Héros d'Obsidienne le fixa, son regard perçant.
« Oui. »
Un vent glacial souffla. Cette réponse était tranchante, absolue.
Centurion, d'un geste brusque, pointa du doigt les terres dévastées.
« Alors regarde autour de toi ! Qui va protéger ces terres quand la prochaine catastrophe arrivera ? Qui va empêcher un autre tyran comme Arcanis de surgir ? »
Le Héros du Rubis, toujours aussi fougueux, éclata de rire.
« HAHAAA ! C'est drôle ! Depuis quand c'est à lui de protéger le monde ? On a des armées, on a des héros, on a des champions ! »
Kenza explosa.
« Vraiment ? Vos armées n'ont rien pu faire contre le Warden. Vos héros ont été balayés par Arcanis ! Et maintenant que Dedem a tout réglé, vous vous permettez de le juger ?! »
Le Héros du Quartz, impassible, répondit d'un ton calme.
« Ce que nous disons, ce n'est pas que Dedem n'a pas agi en faveur de ce monde aujourd'hui. C'est que sa simple existence attire les pires calamités. »
Centurion s'avança d'un pas, son regard glacial.
« Et s'il était justement la réponse à ces calamités ? Vous croyez que la menace d'Alane va disparaître si Dedem s'en va ? Vous croyez que les ennemis de cet équilibre vont arrêter leur progression par simple pitié ? »
Le Héros d'Obsidienne resta de marbre.
« Peut-être pas. Mais nous n'avons pas à prendre le risque de laisser en liberté un être qui peut lui-même devenir une menace incontrôlable. »
Lyria haussa la voix, furieuse.
« C'est ça, votre logique ? Vous avez peur de ce qu'il pourrait devenir, alors vous le condamnez sans même lui laisser une chance ? »
Le Héros d'Améthyste, d'une voix mielleuse, intervint.
« Il ne s'agit pas de peur, belle guerrière. Il s'agit de prudence. Vous voulez laisser un homme qui a déjà perdu le contrôle une fois se promener librement ? »
Kenza serra les dents.
« Dedem n'a pas juste "perdu le contrôle". Il a traversé l'enfer, il a été manipulé, il a vu des êtres qu'il aimait se faire massacrer ! Vous auriez fait mieux à sa place ?! »
Un silence tendu s'installa.
Puis le Héros d'Obsidienne reprit.
« Ce n'est pas une question d'émotions. C'est une question de logique. » Il se tourna vers Centurion. « La région de Fer a déjà été fragilisée. Nous ne pouvons pas nous permettre une nouvelle crise. Si Dedem reste ici, nous prenons ce risque. »
Centurion inspira profondément.
« Tu veux parler de logique ? Très bien. Alors soyons logiques. »
Il pointa Dedem du doigt.
« Tu dis que son existence attire les catastrophes. Mais sans lui, le Warden aurait ravagé le monde. Sans lui, Arcanis aurait pris le contrôle absolu. Et sans lui, nous n'aurions aucune chance contre les prochaines menaces. »
Le Héros d'Obsidienne resta silencieux.
Centurion avança encore, plus imposant que jamais.
« Alors dis-moi... Qu'est-ce qui est plus logique ? Éloigner notre plus grand atout par peur d'un potentiel danger ? Ou lui faire confiance pour affronter les ennemis qui viendront inévitablement ? »
Un silence s'installa.
Le Héros d'Obsidienne scruta Centurion un instant avant de prendre une grande inspiration.
« Dedem doit partir. »
Sa voix était calme, mais implacable.
Centurion ne réagit pas immédiatement. Il le fixait, comme s'il cherchait une faille dans cette décision. Mais avant qu'il ne puisse protester, le Héros d'Obsidienne ajouta d'un ton neutre :
« C'est déjà bien que nous ne l'exécutions pas sur-le-champ. Pour ça, tu peux remercier les Champions de Fer... ainsi que Yinyin, Gutama, et en particulier... LanceFort. »
Un silence s'abattit sur la scène.
Puis, une voix brisa cette tension.
« Papa... ?! »
Lyria, s'avança d'un pas précipité, ses yeux s'écarquillant en voyant l'homme en armure, imposant et digne.
LanceFort.
Le Champion de Fer se tourna vers elle et s'approcha lentement, observant sa fille avec un mélange d'émotions complexes. Lorsqu'il arriva à sa hauteur, il ouvrit ses bras.
Lyria s'y jeta immédiatement.
« Papa... ! » souffla-t-elle, la gorge nouée.
LanceFort la serra contre lui, sa grande main caressant doucement ses cheveux. Il resta ainsi quelques secondes, puis murmura :
« Pourquoi n'es-tu pas restée avec ta mère et ta sœur ? »
Lyria leva la tête et recula légèrement, les yeux encore humides d'émotion.
« Je... Je voulais ramener beaucoup d'argent pour leur faire plein de cadeaux... Mais sur la route... j'ai rencontré Dedem. »
Un sourire nostalgique apparut sur son visage.
« Une nuit, je leur ai envoyé une lettre pour tout leur expliquer. Elles sont au courant. »
Note : elle l'a effectivement faite mais ça n'a jamais été mentionné
LanceFort laissa échapper un léger soupir en secouant la tête.
« Tu es comme ta mère... entêtée. »
Lyria sourit légèrement.
Mais son père reprit d'un ton plus grave.
« Je m'inquiète pour toi, Lyria. Ce que tu vis avec Dedem est... dangereux. Trop dangereux. »
Elle releva les yeux vers lui, sa détermination visible.
« Je le sais. Mais je ne regrette rien. »
LanceFort serra les poings. « Pourquoi ? »
Lyria sourit doucement, jetant un regard vers l'homme inconscient qu'elle avait juré de protéger.
« Parce que Dedem a toujours été là pour moi. Et moi, je veux être là pour lui. »
Un silence s'installa.
Puis une autre voix s'éleva.
Yinyin.
Il s'avança calmement, son unique œil bleu perçant braqué sur LanceFort.
« Dedem ne laissera jamais Lyria être touchée. » déclara-t-il avec assurance.
Gutama renchérit immédiatement en hochant la tête.
« Et il a même sacrifié son propre sang pour sauver Yinyin de Momo. »
LanceFort observa les deux Capitaines, réfléchissant à leurs paroles.
Puis, il ferma les yeux et inspira profondément avant de poser une main lourde sur l'épaule de Lyria.
« Si c'est vraiment ce que tu veux... alors je te demande juste de survivre. »
Lyria sourit, touchée par ces mots.
Mais alors que l'émotion de la scène commençait à se dissiper, Centurion tourna un regard perçant vers le Héros d'Obsidienne.
« Tu comptes vraiment le chasser alors qu'il vient à peine de sauver cette région ? »
Le Héros d'Obsidienne croisa les bras.
« Tu veux risquer une autre guerre, peut-être ? »
Centurion grimaça, mais il ne recula pas.
Le Héros d'Obsidienne poursuivit, son ton plus tranchant.
« D'ailleurs, il faut que tu te rendes aux Monarques. »
Centurion plissa légèrement les yeux.
Le Héros désigna son armure fissurée.
« Tu as utilisé ta technique. »
Centurion grogna.
« Mêle-toi de tes affaires. »
Mais le Héros d'Obsidienne ne recula pas.
« Ce n'est pas une affaire à prendre à la légère. Tu sais comme moi ce que cela implique. »
Centurion serra les dents. Il savait que l'usage de sa technique l'obligeait à comparaître devant les Monarques de la Légion de Fer. Mais ce n'était pas le moment.
Il jeta un dernier regard vers Dedem.
Puis il inspira profondément et déclara :
« Donnez-moi du temps. »
Le Héros d'Obsidienne le fixa un instant.
« Pour quoi faire ? »
Centurion serra les poings.
« Pour qu'il se réveille. Pour qu'il ait au moins le choix. »
Le Héros observa Centurion longuement, puis finit par hocher légèrement la tête.
« Très bien. Mais une fois qu'il sera réveillé... il devra partir. »
Un lourd silence s'abattit sur l'assemblée.
Lyria baissa la tête. Kenza, les poings serrés, se mordit la lèvre. Célestion, quant à lui, grogna faiblement, mécontent.
Centurion soupira.
« D'accord. »
Mais dans son regard, une lueur de défi brûlait encore.
Dedem n'était pas encore réveillé... mais son avenir venait de se compliquer encore davantage
Centurion s'effondra contre un rocher, les bras lourds, le souffle court. Il observa silencieusement la Région de Fer, ou du moins ce qu'il en restait. Partout, des débris, des bâtiments effondrés, des flammes mourantes, et une fumée noire qui voilait encore le ciel. Malgré l'aube qui pointait à l'horizon, la lumière du soleil était obscurcie, comme si le jour lui-même hésitait à se lever sur un champ de ruines.
Ses yeux se perdirent dans ce paysage désolé.
Puis, ses pensées dérivèrent.
L'instant où il avait explosé de rage en entendant le nom d'Elara... Son sang qui avait bouilli, sa raison qui s'était effacée, et cette unique obsession : la traquer. Il s'était jeté dans la bataille sans réfléchir, abandonnant Dedem contre le Warden.
Il serra les dents, portant une main contre son front.
« Ai-je vraiment l'étoffe du Chef de la Légion de Fer... ? » se murmura-t-il à lui-même.
Son poing se crispa. Il repensa au moment où il s'était laissé contrôler comme un pantin par le Warden, forcé à combattre Koko, un allié pourtant essentiel. Il s'était laissé manipuler, bêtement, sans aucune retenue.
« Imbécile que je suis. »
Puis, une autre image s'imposa à son esprit.
Fendrel.
Son frère d'arme.
Que ferait-il à sa place ? Lui, un homme dont la sagesse et la puissance avaient inspiré tant de soldats, aurait-il commis les mêmes erreurs ? Non. Jamais.
Un soupir amer s'échappa de ses lèvres alors qu'il secouait lentement la tête.
Non loin, Kenza s'approcha de Lyria, un sourire taquin au coin des lèvres.
« Alors comme ça, c'est toi la nouvelle alliée de Dedem ? » lança-t-elle sur un ton humoristique.
Lyria émit un léger rire, croisant les bras.
« Oui, c'est bien moi. Et toi, tu es... sa sœur, c'est ça ? »
Kenza acquiesça avec un sourire amusé. « En quelque sorte. Mais honnêtement, c'est plus lui qui nous protège qu'autre chose. Sacré nabot »
Lyria rigola doucement. « Ça, je peux comprendre. Il est du genre à foncer tête baissée pour sauver les autres... même si ça le détruit. »
Leur discussion continua, tissant peu à peu un lien entre elles. Une amitié sincère prenait forme, née de respect mutuel et d'un combat commun.
Pendant ce temps, Célestion se tenait immobile aux côtés de Dedem, veillant sur lui comme un gardien vigilant.
Il observa le jeune Élu respirer lourdement, son front perlé de sueur. Son corps était affaibli, mais une puissance silencieuse émanait toujours de lui, comme si son équilibre, bien que fragile, s'était réaffirmé.
Mais au loin, Kenza se tourna soudainement vers Aergirla, une question brûlante aux lèvres.
« J'ai une question. »
Aergirla lui lança un regard curieux.
Kenza désigna les Champions de Fer ainsi que les Capitaines encore debout.
« Comment se fait-il qu'ils soient là... alors qu'ils sont censés être morts ? Même s'ils avaient survécu, ils devraient être gravement blessés. Tu as fait quoi, Aergirla ? »
Un silence pesa.
Puis, Aergirla prit une profonde inspiration avant de révéler ce qu'elle avait fait.
Le Rituel de la Renaissance des Champions de Fer
La légende raconte qu'un Champion de Fer ne disparaît jamais totalement. Même rongés par le temps, même réduits à l'oubli, leur essence demeure, figée dans le métal corrodé de leurs corps brisés. Mais il existe un rituel ancien, un ultime espoir capable de les ramener... une seule fois.
Lorsque les cendres des Champions gisent sous la terre, il faut d'abord les extraire et les plonger dans un bassin sacré, une eau épaisse et sombre, mêlée à la sève du monde. Cette eau n'est pas ordinaire : elle lave la rouille, chasse l'usure, et fait briller à nouveau le fer terni.
Mais ce n'est que la première étape.
Car un métal brisé ne peut retrouver sa force qu'au cœur des flammes.
Dans la grande Forge de l'Âme, les corps restaurés sont plongés dans le brasier, où le feu ne détruit pas, mais purifie. Les Champions doivent y subir l'épreuve ultime : résister à la chaleur dévorante et prouver que leur volonté est encore intacte.
S'ils échouent, ils se consument et disparaissent à jamais.
Mais s'ils tiennent bon, alors le fer se reforme, plus dur, plus pur, portant encore les cicatrices du passé.
Vient ensuite l'étincelle.
Une énergie déchaînée doit traverser leur carcasse, réveillant l'acier figé. Certains disent qu'il faut attendre l'orage et laisser la foudre frapper, d'autres parlent d'un rituel perdu où la puissance du ciel est enfermée dans des artefacts d'obsidienne.
Ce qui est sûr, c'est que sans cette étincelle, le corps reste un simple amas de métal.
Mais une fois le choc donné, l'air se remplit d'une odeur de fer brûlé et de magie ancienne, et la carcasse s'anime.
Mais il manque une dernière chose.
Le fer seul ne vit pas. Il lui faut un souffle. Une force vitale.
C'est là qu'intervient l'ultime sacrifice : du sang.
Non pas n'importe lequel, mais celui de guerriers vivants, ceux qui portent encore le fer dans leurs veines.
Ceux qui désirent voir les Champions renaître doivent offrir une part d'eux-mêmes.
Chaque goutte versée fusionne avec l'acier, et lentement, les Champions ainsi que les Capitaines ouvrent les yeux.
Alors, et alors seulement, ils reviennent.
Plus forts.
Mais marqués par la mort.
Une seule fois.
Et pas une de plus.
Car même le fer, une fois brisé puis reforgé, ne peut survivre à une seconde destruction.
Lorsque Aergirla termina son explication, Kenza, ainsi que plusieurs autres, étaient figés dans un mélange de respect et de crainte.
Kenza laissa échapper un souffle impressionné.
« Donc... tu as utilisé ce rituel. »
Aergirla acquiesça silencieusement.
Lyria, elle, observa les Champions de Fer qui se tenaient encore là, revêtant leurs armures, portant leurs armes comme si rien ne les avait jamais abattus.
Mais dans leurs yeux, on pouvait voir quelque chose de différent.
Une lueur venue d'ailleurs.
Ils étaient revenus.
Mais quelque chose en eux avait changé.
Et ce quelque chose...
Était irréversible.
Kenza plissa les yeux, perplexe face à l'ampleur des révélations d'Aergirla. Son cœur battait plus fort alors qu'une question lui brûlait les lèvres.
« Comment tu sais tout ça ? » demanda-t-elle, la voix légèrement tremblante.
Aergirla garda le silence quelques instants, son regard se perdant dans l'horizon voilé de fumée. Puis, elle expira lentement avant de répondre d'un ton calme et posé.
« Ce n'est pas moi qui l'ai fait. »
Kenza sentit un frisson remonter le long de son échine. Il y avait quelque chose dans la façon dont Aergirla prononçait ces mots... quelque chose de grave.
« Alors qui ?! »
Aergirla releva les yeux vers elle, impassible.
« ...La Prêtresse de Fer : Kahi. »
Un silence tomba sur le groupe.
Le temps sembla se suspendre.
Kenza écarquilla les yeux sous le choc, incapable de croire ce qu'elle venait d'entendre.
« QUOI ?! »
Les autres autour d'eux se figèrent également. Même Centurion, pourtant peu expressif ces derniers instants, tourna la tête avec un air interdit.
Kahi.
Un nom qui ne devait plus être prononcé.
Un nom oublié dans les tréfonds du passé de la Région de Fer.
Kahi, la Prêtresse de Fer.
Kahi, l'ancienne gardienne des Golems Ancestraux.
Kahi... qui était censée être endormie depuis des siècles.
Kenza secoua vivement la tête, refusant d'accepter une telle vérité.
« Comment c'est possible ?! Elle est censée être scellée dans les profondeurs de la Légion de Fer, hors d'atteinte ! Personne ne peut la réveiller, pas même les Monarques ! »
Aergirla ne répondit pas immédiatement. Son regard se posa sur la terre dévastée sous leurs pieds, sur les ruines des batailles qu'ils avaient menées, puis revint vers Kenza.
Puis, elle murmura, d'un ton énigmatique :
« Parfois... le silence est la meilleure des réponses. »
Un frisson glacial traversa Kenza.
Elle comprit immédiatement ce qu'Aergirla voulait dire.
Si elle ne pouvait pas répondre, cela signifiait une seule chose :
Kahi ne s'était pas réveillée seule.
Quelqu'un l'avait réveillée.
Et ce quelqu'un... était encore là.
À suivre...