Lith retourna en classe avec un autre Pas de Téléportation, et ainsi le premier cours commença avec seulement vingt minutes de retard.
Le Professeur Trasque lui fit un clin d'œil accompagné d'un sourire bienveillant, l'envoyant à son bureau avant de commencer la leçon.
Les trois filles avaient été forcées de se tenir debout à côté du tableau pendant tout ce temps.
"Il n'y a aucune raison pour que vous soyez à l'aise puisque vous allez bientôt nous quitter." Trasque avait un sourire froid tout du long, il semblait grandement se réjouir de leur malheur.
Dès que Lith fut de retour, les trois filles furent appelées dans le bureau du Directeur. Seulement alors les Pas de Téléportation se fermèrent et le cours commença.
"Tout d'abord, permettez-moi de me présenter. Mon nom est Jian Trasque, et je suis né roturier." Il marqua une longue pause, laissant résonner ces mots à travers la classe, notant mentalement ceux qui faisaient une mine dégoûtée ou désapprobatrice, pour référence future.
"À mon époque, j'ai été rejeté par l'académie du Griffon de Feu. J'ai été forcé de rejoindre l'Association en tant qu'auto-didacte, puis j'ai gravi les échelons en tant qu'aventurier, jusqu'à obtenir mes spécialisations.
Mon talent a été reconnu à tel point qu'on m'a proposé un poste de Professeur dans cette académie, et le Directeur du Griffon de Feu a été renvoyé pour être un vieil imbécile incompétent. Si l'un d'entre vous partage sa vision, n'hésitez pas à le rejoindre."
Trasque pointa vers la porte.
"Personne ? Eh bien, alors commençons avec le bon côté des choses. Théorie de la Magie de Combat, vous vous demanderez : mais qu'est-ce que ça peut bien vouloir dire ? Vous êtes tous compétents dans les trois premiers niveaux de magie, qu'est-ce que je pourrais bien vous enseigner ?
"La réponse est : comment rester en vie en révélant la véritable valeur de la magie de corvée, sévèrement négligée. Je sais, son nom est horrible, mais depuis l'aube des académies, la magie de corvée a aidé les examinateurs à séparer le bon grain de l'ivraie.
"Vous êtes-vous déjà demandés pourquoi c'était la première chose qu'on vous demandait de réaliser ? Parce qu'ici, au sein de l'une des grandes académies, dès à présent vous apprendrez à l'aimer et à la respecter sous son véritable nom : la première magie.
"La première magie est la raison pour laquelle un mage peut vivre assez longtemps pour avoir des enfants. Bien sûr, elle est faible, mais croyez-vous vraiment que vous auriez le temps pour même un sort de niveau un si quelqu'un tentait de vous poignarder ? La réponse est : non, vous n'auriez pas.
"Sans la première magie, vous mourriez, gaspillant tout le temps, l'effort et l'argent que vos parents et l'académie ont investi dans votre formation."
La leçon se poursuivit avec Trasque faisant des exemples de différentes situations de vie ou de mort et comment survivre en utilisant les simples astuces de la première magie.
La plupart de la classe prenait des notes frénétiquement, seul Lith et quelques autres des plus de deux cents participants regardaient autour d'eux, surpris par l'ignorance de leurs pairs.
'Tu y crois, Solus ? Ces noobs prennent réellement des notes avec un stupide stylo au lieu de la magie de l'eau ! Maintenant je comprends pourquoi ce cours est obligatoire pour tous. Je doute que beaucoup d'autres aient passé les huit dernières années à chasser et à affiner leurs compétences.'
'Première magie.' Solus réfléchit. 'L'espace d'un instant, je m'attendais à ce qu'il l'appelle magie véritable. La plupart des astuces qu'il explique, tu les as inventées dès le berceau. Si tous ses cours sont comme celui-ci, ça va être assez ennuyeux.'
Après deux heures, la leçon prit fin.
"Et voilà pour les explications. Cette partie est couverte, quoique moins élégamment, dans les vingt premières pages de votre livre. Pour la prochaine leçon, je m'attends à ce que vous les connaissiez sur le bout des doigts, ainsi que les pages vingt à cinquante.
"La meilleure façon d'apprendre la théorie derrière un combat est de l'expérimenter en première ligne, donc nous ne nous retrouverons plus en classe, seulement dans les salles d'entraînement. À partir de la quatrième année, vous êtes tenus de vous salir les mains.
"Vous étudierez sur votre temps libre si vous en ressentez le besoin. Il en est de même pour tous les cours, la première leçon est explicative, puis seulement la pratique. Ceux qui ne suivent pas seront éliminés et expulsés. Souvenez-vous qu'il n'y a pas de seconde chance, donnez toujours le meilleur de vous-même."
Tous les étudiants avaient l'air inquiets. Lire et mémoriser d'un livre pour passer un examen tous les trois mois, c'était une chose. C'en était une autre complètement d'être constamment testé, jour après jour, poussé à ses limites.
Comme le cours suivant était aussi obligatoire pour tout le monde, la classe ne changerait pas. Il y aurait juste une courte pause avant que le prochain Professeur arrive. Lith sortit immédiatement le Bulletin, juste pour rester du côté sûr.
Comme Linjos l'avait prédit, le bureau de Lith était évité comme la peste. Tous les étudiants lui jetaient des regards remplis de mépris et de dégoût, même les roturiers des derniers rangs.
'Eh bien, au moins ils sont tous d'accord sur quelque chose.' Pensa-t-il.
Lith se leva pour étirer un peu ses jambes et il remarqua que partout où il allait, les gens se poussaient pour lui, se maintenant à au moins deux mètres de distance.
'C'est en fait plutôt agréable. J'aimerais avoir un Bulletin à chaque fois que le métro est trop bondé ou chaque fois que je suis coincé dans une file. Il voyage le mieux qui voyage seul.'
Lith vérifia son emploi du temps. Le Professeur Nalear était en charge des Principes de la Magie Avancée.
'Un autre titre cryptique. C'est dommage qu'ils ne nous aient pas encore donné nos livres, ou je les aurais déjà stockés dans Soluspédia. Je n'ai pas le temps de les lire à l'ancienne. Mince, j'ai horreur des énigmes.'
Lorsque le Professeur Nalear entra dans la salle, le cœur de Lith manqua un battement.
Elle était dans la mi-vingtaine, mesurant environ 1,7 mètres de haut. Son visage avait une forme ovale avec des traits délicats et ses cheveux blonds miel avec des nuances de pourpre étaient attachés en queue de cheval.
Elle portait presque pas de maquillage, accentuant sa beauté naturelle. Malgré sa robe entièrement boutonnée, elle n'était pas assez ample pour que les yeux entraînés de Lith ne soient pas capables d'estimer ses trois tailles.
À chaque pas qu'elle faisait, il pouvait d'autant plus apprécier ses courbes douces.
'Waouh ! Elle est stupéfiante !' commenta Solus. 'Après le modèle de maillot de bain qu'est le Professeur Trasque, je dirais que Linjos a un assez bon goût pour choisir le nouveau personnel, pas vrai Lith ? Lith ?'
Solus était inquiète, la tête de son hôte était vide. Elle pouvait seulement entendre une sorte de bruit blanc.
'Lith, tu es vivant ou quoi ?' Elle cria mentalement, le faisant retrouver sa rationalité.
'Solus, je suis en mauvaise posture. La femme qui vient d'entrer est un 10/10 sur mon échelle personnelle. Je n'ai jamais cru qu'un vrai 10 pouvait réellement exister dans la vie réelle ! Et encore pire, ce corps stupide vient de décider de vivre son premier coup de cœur !'
Solus était abasourdie.
'Es-tu fou ? Maintenant, ici ? Avec tout ce qu'il y a en jeu, tu veux devenir le chouchou du professeur ?'
'Tu crois que j'ai le choix ? Je sais qu'un garçon de douze ans a moins de chances avec elle qu'une boule de neige sur le Soleil, le problème c'est que mon corps s'en fout ! Ce n'était qu'une question de temps avant que les hormones ne viennent foutre en l'air ma vie d'ado.
'J'ai besoin de ton aide pour garder mon calme et éviter de me comporter comme un idiot. C'est une cause perdue, mais au moins on peut limiter les dégâts. S'il te plaît, je veux éviter des souvenirs honteux comme ceux du lycée !'
'Je ferai de mon mieux.' Solus l'assura, apaisant ses pensées chaotiques et drainant l'excès d'énergie mentale.
"Bonjour, messieurs dames. Je m'appelle Valesa Nalear, ravi de vous rencontrer."
Sa voix n'avait rien de spécial, mais aux oreilles de Lith, c'était un chœur de harpes et de violons.
En regardant autour d'elle, elle a remarqué que certains endroits de la salle de classe étaient bondés, alors qu'il y avait encore beaucoup de places disponibles autour de Lith. Lorsqu'elle demanda une explication, Lith leva le Bulletin dans sa main droite.
Sa lèvre supérieure se retroussa dans une expression de dégoût.
"Méprisable." Ses mots sonnaient comme si elle essayait de cracher quelque chose de dégoûtant de sa bouche.
La classe entière éclata de raillerie et de rire. Sentant qu'ils avaient le soutien du professeur, de nombreux élèves lancèrent des détritus sur Lith, malgré le Bulletin.
Lith sentit son cœur s'effondrer. Toute la chaleur qu'il avait ressentie jusqu'à une seconde auparavant, les espoirs et rêves stupides d'amitié frôlant l'amour qu'il avait nourris, éclatèrent comme une bulle. Il ne restait en lui que froid et obscurité, rendant même cette douleur agréable.
'C'est ça.' Il pensa. 'Tu vois maintenant, stupide corps pubère ? C'est ce qui arrive quand tu baisses ta garde. Les pensées pieuses ne portent que des fruits amers faits de larmes et de déception.
'Le bon côté, c'est que j'ai réussi à mettre fin rapidement à cette folle passion, m'épargnant d'innombrables humiliations. Je dois m'en souvenir, et bien m'en souvenir. Règle n°1 : ne faire confiance à personne. Toujours s'attendre au pire de tout le monde, et on ne sera jamais déçu.'
La classe riait encore lorsque le Professeur Nalear rugit :
"Silence !"���
Quand la pluie de déchets cessa et que l'ordre fut rétabli dans la salle de classe, elle parla d'une voix pleine de rage, ses yeux verts réduits à deux fentes enflammées.
"Je ne parlais pas de lui, mais de vous, sales asticots !"
'Ou pas !' Lith pensa, surpris par ce retournement de situation soudain.
Elle regarda les différents groupes de personnes à travers la classe, les foudroyant de son regard furieux, tandis qu'une aura bleue émergeait de son corps, faisant bouger sa robe comme si elle était en plein milieu d'une tempête.
Ses mains bougèrent trop vite pour que les yeux puissent voir. Même les sens exacerbés de Lith ne perçurent qu'un flou. Soudain, un des gars qui avaient jeté des détritus sur Lith fut soudain tiré vers Nalear.
Il flottait dans les airs, se tenant désespérément la gorge, haletant pour de l'air.
'N'est-ce pas de la magie de l'esprit ?' Lith pensa, choqué. 'Cela ressemble beaucoup à mon Étranglement Spirit, je peux à peine y voir une différence. Pourrait-elle aussi être une véritable mage ?'
"Vous b*stards !" Elle rugit. "Avez-vous la moindre idée de ce que des gens comme vous m'ont fait subir pendant mes années à l'académie ?
Parce que j'étais une jolie fille et que mon père n'était qu'un simple chevalier, vous avez toujours essayé de faire de moi votre jouet, me harcelant et me molestant chaque jour. Mais le pire abus venait toujours de mes soi-disant 'amies'."
Ses mains bougèrent à nouveau, tirant une autre personne qui avait jeté des détritus, mais cette fois il s'agissait d'une fille de quinze ans, portant un maquillage chargé.
"Toujours m'appeler p*te dans mon dos, répandre des rumeurs et essayer de me tendre des pièges pour donner à leurs amis mâles l'occasion de 's'amuser un peu'. Et tout ça juste parce que j'étais plus talentueuse qu'elles, alors elles avaient besoin de 'me remettre à ma place'."
"La seule raison pour laquelle je suis encore en vie et saine d'esprit jusqu'à aujourd'hui, c'est parce que moi aussi, j'ai pris un Bulletin de Culpabilité !"
Les deux jeunes en l'air avaient commencé à devenir violets, leurs yeux laissant couler des larmes de peur et de désespoir.
"Quel est le problème ?" Elle se moqua d'eux. "On ne s'amuse pas entre amis ? Selon vos règles, la force fait le droit. Non seulement je suis Professeur à cette académie, mais je suis aussi une Archimage, ce qui me place au niveau d'un Archeduc."
Elle leva les yeux vers le garçon, lui saisissant la gorge et le soulevant avec une seule main.
"Cela fait du titre de Marquis de ton père une blague. Je pourrais te tuer ici et maintenant, puis prétendre que tu as essayé de me violer. Non seulement personne n'oserait douter de ma parole, mais je pourrais aussi demander réparation, personnellement en finissant avec toute ta sale famille!"
Elle fit de même avec la fille, ses pieds se balançant dans l'air à la recherche de soutien.
"Et toi, sale garce, pourquoi ne ris-tu plus ? Pourquoi tu n'iras pas pleurer auprès de ta maman, la Duchesse Baran ? Je veux voir son visage quand je t'arracherai le cœur devant ses yeux et que je la forcerai à le manger cru en guise d'excuse pour être plus faible que moi !"
Seulement lorsque leurs visages devenaient bleus par manque d'air, elle les relâcha, les jetant comme des détritus. Le Professeur Nalear invoqua immédiatement de l'eau, se lavant les mains comme si toucher ces deux-là pouvait tacher son être même.
'Par mon créateur !' Solus fut époustouflé. 'Maintenant je comprends enfin ! Le Directeur Linjos n'a pas choisi son personnel en fonction de leur apparence physique. Il a remplacé les anciens professeurs par des gens talentueux qui ont été victimes du système par le passé !
'De cette façon, non seulement il est sûr d'avoir quelqu'un qui peut réellement s'identifier aux victimes à son service, mais aussi des personnes qui ne reculeront jamais devant l'abus de pouvoir. Tous sont déterminés à se venger, s'ils ne peuvent pas changer le système de l'intérieur, personne ne le peut.'
Malgré leur lien symbiotique, Lith n'a pas pu entendre une seule pensée que Solus lui avait envoyée. Il regardait les événements se déroulant devant lui d'un air hébété, l'esprit vide, incapable d'accepter la réalité.
"S'il te plaît, épouse-moi." Il lança soudain à haute voix.