"Passer du temps avec ―" Soléia jeta ses mains en l'air, en totale incrédulité. Elle a presque claqué la serviette humide sur le visage de Ralph par pure frustration, le faisant grogner.
"Mes excuses, Sir Byrone," dit Soléia, pliant rapidement la serviette pour la poser parfaitement sur son front, révélant ses yeux fatigués et vitreux.
Ralph cligna des yeux, confus, en la regardant, et elle lui adressa un sourire réconfortant, lissant la couverture autour de lui comme s'il était un enfant qui avait besoin d'être rassuré.
"Repose-toi bien. Je reviens tout de suite," dit-elle avant de se tourner vers Lily. "Lily, prépare mon manteau. Je vais parler au Duc Elsher immédiatement."
"Oui, Ma Dame !" Lily s'empressa de partir, mais Ralph tendit une main tremblante pour arrêter Soléia.
"Je vais bien... vraiment. Rien qu'une bonne nuit de sommeil ne saura guérir," dit Ralph d'une voix rauque, altérée par la fièvre. "Ne te tracasse pas avec Orion lorsqu'il ne veut pas être dérangé. Peut-être est-il occupé avec ses propres enquêtes concernant Elowyn."
"Oh, je suis sûre qu'il mène une enquête approfondie sur la personne d'Elowyn dans son lit," dit Soléia sarcastiquement, grinçant des dents à la seule mention du nom d'Orion.
Il était ici même, dans cette maison, il y a de cela quelques heures, promettant d'apporter un médecin pour son meilleur ami dès le matin.
Elle fixait le visage rougi et le corps frissonnant de Ralph, et sentait la colère monter en elle comme une rivière débordant de son lit.
Même s'il n'avait aucun égard pour elle, il aurait au moins dû avoir une once de préoccupation pour son meilleur ami ! Au lieu de cela, c'était elle qui se tordait d'anxiété tandis qu'il se blottissait contre sa maîtresse.
"Je suis sûr qu'il doit avoir une bonne raison pour ses actes. Ce n'est pas un homme irrationnel. Tu dois arrêter de toujours penser le pire de lui," rajouta Ralph, et sa foi continue en son meilleur ami faisait mal au cœur de Soléia.
Elle saisit un verre d'eau et le força à boire.
"Je serai juge de ça moi-même, et toi, tu devrais arrêter de parler et te reposer davantage," renifla Soléia tandis que Ralph avalait faiblement chaque gorgée.
"Mais... mais... je vais bien―" Ses protestations tombèrent dans l'oreille d'une sourde alors que la Princesse Soléia lui faisait presque s'étouffer avec sa boisson, l'eau tachant ses couvertures. Ses tentatives de soins étaient plus dangereuses que sa maladie !
Heureusement, Lily revint avec le manteau de Soléia, arrêtant son périple. Soléia ordonna à Lily de rester avec Ralph, tandis qu'elle se dirigeait vers la demeure principale sans un regard en arrière.
"Orion Elsher !" s'écria Soléia en frappant frénétiquement contre la porte. "Descendez ici immédiatement !"
La porte s'ouvrit pour révéler le visage penaud de Jerome. Il avait l'air peiné. "Votre Altesse. Je ne m'attendais pas à vous voir. Veuillez partir immédiatement. Le duc refuse de recevoir des visiteurs."
"Où est Orion ?" exigea Soléia sans préambule. "Son meilleur ami est gravement malade, mais j'apprends qu'il refuse de faire venir un médecin ?"
"Pourquoi devrait-il prendre un médecin pour l'homme qui l'a cocufié ? N'avez-vous donc aucune décence ?" Une voix moqueuse et aiguë perça l'air.
Soléia serra les dents ; cette voix appartenait à nulle autre que Lucinde, qui s'approcha de la porte avec désinvolture.
"Tu es celle qui veut désespérément qu'il reste en vie après avoir passé une nuit avec lui. Mon cousin voit clair dans tes mensonges ! Hé― comment oses-tu me pousser !"
Soléia manqua de pousser Lucinde de côté pour pouvoir se frayer un chemin. Elle se dirigea d'un pas lourd vers les propres chambres du duc, frappant violemment à la porte.
"Duc Orion Elsher, avez-vous oublié la promesse que vous m'avez faite hier soir ? Vous avez dit que vous iriez chercher un médecin pour lui," éleva la voix de Soléia, indifférente aux multiples regards méprisants qu'elle attirait de ses proches pour son comportement peu convenable. "Maintenant Ralph a de la fièvre et il a besoin de soins médicaux immédiatement !"
"Ne sommes-nous pas soi-disant à court de fonds ?" commenta Élisa, son visage plus sombre qu'un nuage d'orage. Sa tranquillité matinale avait été grossièrement interrompue par cette bru égarée. Impolie et sans classe, elle avait passé la nuit dehors avec un homme ! Elle n'avait clairement aucun respect pour son fils !
"Nous n'avons rien à vous offrir pour votre personne adultère ! Maintenant sortez d'ici avant que je ne vous jette dehors !" fulmina Élisa, pointant un doigt vers la porte.
"Surveillez vos paroles s'il vous plaît. Il ne s'est rien passé entre Sir Ralph et moi. La seule personne qui a une aventure dans cette situation est votre fils, toujours enfermé dans sa chambre avec une femme qui n'est ni sa femme ni sa concubine, refusant de s'acquitter de son devoir envers son meilleur ami," dit Soléia froidement.
Élisa déglutit, mais elle repoussa Soléia. "Comment pourriez-vous attendre que mon fils débourse de l'argent pour cet étranger alors qu'Elowyn est celle qui a besoin de plus de soins ? Puisque tu tiens tant à lui, n'hésite pas à aller en ville et chercher un médecin par toi-même ! Ne dérange plus mon fils avec tes sottises !"
"Il faut que je le vois, ne serait-ce qu'une fois," déclara Soléia avec fermeté.
Elle devait le voir de ses propres yeux. Ralph avait affirmé qu'Orion était occupé à enquêter sur Elowyn. Si elle lui accordait le bénéfice du doute, son soudain changement d'avis impliquerait qu'Elowyn avait réussi à l'accrocher à nouveau.
C'était très inquiétant.
Bien sûr, l'alternative pourrait simplement être qu'Orion Elsher est un bon à rien qui était retardé par un visage plus joli et un corps aguichant. Soléia le croyait personnellement. Ralph était simplement aveuglé par l'amitié.
"Il ne veut pas te voir," dit Élisa avec mépris. "C'est juste ta pathétique tentative pour attirer son attention. Je connais toutes tes astuces, petite salope !"
Elle leva une main, prête à gifler la femme sans honte devant elle, mais Soléia attrapa son poignet, et ses doigts se resserrèrent imperceptiblement, faisant grimacer Élisa face à la soudaine augmentation de la pression.
Ses yeux étaient froids alors qu'elle se rapprochait pour l'intimider du regard.
"Retirez vos accusations," dit Soléia calmement. "Sinon, ce sera plus embarrassant pour vous si votre fils vous oblige à vous excuser auprès de moi."
Élisa éclata d'un rire moqueur. "Ne sois pas ridicule ! Mon fils ne te soutiendra jamais, surtout pas contre sa mère !"
Avant que Soléia puisse argumenter davantage, la porte commença lentement mais sûrement à grincer et s'ouvrit. Elle retint son souffle.
Orion se tenait devant elle, la gloire musclée de son torse nu, son corps marqué de rougeurs telles des médailles d'honneur. Ses cheveux étaient ébouriffés, et son pantalon pendait bas sur ses hanches, offrant à Soléia une vue imprenable sur ses muscles.
Son visage s'embrasa et elle détourna le regard, choisissant plutôt de fixer ses yeux. Orion regarda les deux femmes d'en haut. Était-ce son imagination, ou y avait-il une étrange brume dans son regard ?
Soléia tendit lentement la main vers lui, mais il fit un pas en arrière.
"Excusez-vous auprès d'elle," la voix d'Orion était basse et impérieuse.
"Fils ! Tu ne peux pas être sérieux !" s'écria Élisa indignée, tandis que le cœur de Soléia bondissait d'espoir. "Elle a une liaison dans ton dos !"
"Je ne te parle pas, Mère," dit Orion, avant de se tourner vers Soléia. "Mets-toi à genoux et présente tes excuses à ma mère immédiatement."