Chapitre 03 : je ne suis rien d'autre qu'un meurtrier

— Génial ! Alors, nous pouvons commencer notre aventure ! s'exclama Arthur avec un grand sourire. 

Arthur et moi avons débuté notre aventure en nous concentré principalement sur des créatures susceptibles de nous rapporter entre 1 et 10 crédits, évitant ainsi de prendre des risques inutiles.

Un mois s'était déjà écoulé depuis le lancement du jeu RISING IMPACT OF FATE. Arthur avait atteint le niveau 3, tandis que je restais bloqué au niveau 1. J'éprouvais des difficultés à éliminer des monstres, ce qui avait ralenti ma progression, mais je ne me décourageais pas pour autant. 

La nuit était particulièrement sombre et la température élevée, nous souffrions de la chaleur. Nous étions assis à la belle étoile, sans avoir allumé de feu. Nous avions sorti nos réserves alimentaires pour nous restaurer et recharger nos délais.

« C'est de la triche ! Vous, les anciens d'Impact of Fate, avez un avantage considérable par rapport à nous. Vous progressez beaucoup plus rapidement ! » lui dis-je en me laissant aller à un léger mécontentement. 

— Avantagés ? Je vous en prie, regardez les nouveaux. Vous avez réussi à conserver votre apparence d'origine, contrairement aux anciens qui ont recours à des personnages fictifs créés par Cyberden. De plus, vous avez la possibilité de terminer cette aventure sans avoir à perdre des êtres chers. Dans cette histoire, c'est vous qui avez de la chance, me répondez-il avec un brin de nostalgie.

Je me suis senti mal à l'aise, comme si j'avais ravivé une vieille blessure. Je savais que je devais trouver un moyen de compenser cette situation. 

— De surcroît, je me retrouve dans l'incapacité d'utiliser la magie, ce qui est vraiment frustrant ! lui ai-je confié en soupirant.

C'est à ce moment-là qu'il s'est mis à rire, et je l'ai rejoint dans son éclat de rire. L'atmosphère était revenu à la normale. Néanmoins, le regard d'Arthur trahissait une certaine amertume ; il se sentait coupable de quelque chose qu'il ne souhaitait aborder avec personne, et je n'avais pas l'intention de le forcer à en parler. 

— Personne ne t'a contraint à opter pour la classe de guerrier ; tu aurais tout à fait pu choisir une classe de mage noir, voire même un mage des ténèbres, ce qui t'aurait probablement conféré des avantages. Malheureusement, il est désormais trop tard pour toi, petit frère. Tu ne peux qu'en vouloir à toi-même pour cette impatience. J'ai répondu Arthur en observant les étoiles. 

Arthur avait encore une raison. Mon imprudence commençait à se faire ressentir pendant les combats, et les conséquences de mon impatience devenaient de plus en plus évidentes. Je me trouve contraint de m'approcher des monstres, mais face à leurs dimensions gigantesques, je ne tenais pas la comparaison.

Ce bref instant de réflexion avait installé un silence lourd entre nous. Arthur s'était levé et s'était déconnecté sans un mot, et peu de temps après, j'ai également décidé de me déconnecter. 

Cela faisait désormais trois mois que le jeu Rising Impact of Fate avait été lancé. Toutes les consoles HAT avaient été vendues. Contrairement au précédent jeu de Cyberden : Impact of Fate, aucun joueur de Rising n'avait été retrouvé découvert, ce qui était quelque peu rassurant.

Cependant, il subsiste un certain malaise : habituellement, chaque fois qu'un boss de palier est vaincu, nous devrions recevoir une notification à ce sujet. Or, jusqu'à présent, aucune notification ne nous avait été transmise. 

Nous avons commencé à nous interroger sur l'absence d'informations concernant l'évolution du jeu. Arthur m'avait confirmé que plusieurs anciens participants d'Impact of Fate jouaient à Rising. Alors pourquoi l'aventure n'a-t-elle pas progressé jusqu'à présent ? 

Arthur m'avait demandé de ne pas poser trop de questions concernant le sujet, et de poursuivre notre entraînement. J'ai réussi à atteindre le niveau 2, ce qui est positif, tandis qu'Arthur a atteint le niveau 4. 

Le jour se levait dans le monde fantastique de Fantasy World Zero. En me connectant, j'ai retrouvé Arthur assis sur un rocher, contemplant le soleil artificiel, des larmes coulant le long de ses joues.

En m'approchant, il a perçu ma présence et s'est rapidement essuyé les yeux. Je l'avais déjà deviné ; j'ai simplement pris place à ses côtés, sans dire un mot. 

— Arthur, as-tu des problèmes avec ce monde ? lui ai-je demandé d'un air préoccupé.

Je ne pouvais m'empêcher de poser la question, il fallait que je sache ce qui le troublait ; peut-être pourrait-je l'aider, tout comme il l'avait fait pour moi.

— Non, au contraire, Izanagi, ce monde est parfait. C'est juste qu'il existe des choses que nous aimerions pouvoir effacer, comme dans un jeu vidéo, mais qui sont impossibles dans la réalité. me répond-il, avec un regard vide. 

Le premier village n'est pas très loin d'ici, mais nous devons atteindre le niveau 5 avant de pouvoir y aller. Il est donc essentiel de rejoindre une guilde afin de participer à des raids de donjons et d'avoir la possibilité d'affronter le gardien du palier 0, me confie-t-il en se redressant.

Pour ma part, je ne souhaitais pas en rester là. Le voir dans cet état me causait une grande souffrance. S'il me considère véritablement comme son frère, alors il doit me dire tout ce qu'il ressent.

— Arthur, tu es mon premier et mon unique ami. Au fil du temps, ma perception de notre relation à évolué : je ne te vois plus seulement comme un ami, mais plutôt comme un frère. C'est pourquoi te voir dans cet état me fait souffrir. C'est un sentiment inconnu pour moi, difficile à expliquer. 

En lui partageant mes pensées les plus profondes, j'ai remarqué qu'Arthur était sincèrement touché par mes mots. Il était resté silencieux, les yeux rivés sur le sol, inévitablement de croiser mon regard, car il se sentait coupable. 

— D'accord, petit frère, je vais te raconter ce qui s'est réellement passé dans Impact of Fate. Il s'avère que j'ai pris la vie d'un homme pour obtenir mon droit de déconnexion du jeu. S'exprime-t-il avec déception et amertume. 

 運命の高まる影響

 [ unmei no takamaru eikyou ]

 ⟩⟩⟩ IMPACT CROISSANT DU DESTIN ⟨⟨⟨

Chapitre 03 : je ne suis rien d'autre qu'un meurtrier .

Je ne pouvais pas y croire. Arthur venait de m'annoncer qu'il avait tué un homme, et je me sentais désemparé face à cette révélation. 

— Après la connexion dans Impact of Fate, nous avons réalisé que nous ne pouvions plus nous déconnecter. Nous étions tous bloqués dans le jeu, et la seule façon d'en sortir était de terminer le jeu ou de tuer un autre joueur afin d'obtenir le droit de déconnexion. Moi dit-il.

— La grande prêtresse nous avait accordé un délai de sept jours pour terminer le jeu, avant que nos corps ne risquent de périr. De son côté, D-fire souhaitait conclure l'aventure, craignant que ce monde virtuel ne nous transforme en meurtriers. Il avait donc constitué une guilde de 200 joueurs, tous animés par le désir de retrouver le monde réel . 

« Une guilde de 200 joueurs ? Dans un jeu de rôle, une équipe se compose d'un maximum de quatre personnages, dont un joueur et trois PNJ. Le fait qu'une telle guilde puisse exister témoigne de la complexité du jeu », me suis-je dit.

— La guilde était composée de joueurs ayant tous atteint le niveau 5, tandis que je n'étais qu'au niveau 2, me sentant ainsi comme un poids pour eux. Moi dit-il 

«Dans Rising, atteindre le niveau 5 représente un exploit, car la collecte de crédits véritables remplace le système traditionnel de points d'expérience. Contrairement aux jeux habituels où éliminer un monstre permet d'accumuler de l'expérience, dans ce cas, la situation est différente : si un monstre ne possède pas de crédits, sa destruction n'apportera aucun bénéfice. » Je réfléchissais à cette réalité tout en prenant conscience de la gravité de la situation qu'ils avaient vécue dans Impact of Fate. 

— À notre arrivée au premier palier, le boss s'avéra être d'une puissance écrasante. Aucuns de nos coups n'avaient d'effet sur lui, et il nous a terrassés les uns après les autres, comme un enfant qui s'acharne à briser ses jouets. Parmi les 200 joueurs qui s'étaient aventurés à l'affronter, seuls 25 en sont ressortis vivants. déclarer-t-il. 

À cet instant précis, une sueur froide m'envahit le dos et je comprends qu'il serait impossible de terminer Impact of Fate. Je me rappelai qu'à ce jour, nous n'avions reçu aucune notification indiquant que le boss du palier zéro avait été vaincu. Je parvins donc à la conclusion que « si le boss du palier zéro n'a pas été vaincu, c'est tout simplement parce que personne n'ose l'affronter. » 

Amakuni, l'un des rares survivants du raid contre le boss du premier niveau, avait réussi à convaincre tous les survivants de s'unir contre D-fire. Il les persuadait que la seule issue pour échapper à cette réalité virtuelle était de sacrifier certains d'entre eux : « Au lieu que nos amis meurent en vain, il est préférable qu'ils tombent afin de permettre aux autres de survivre... », affirmait-il. Les survivants se trouvèrent alors entraînés dans des luttes internes, et ceux qui parvinrent à éliminer les autres réussirent à se déconnecter. 

Amakuni avait l'intention de me tuer, et j'étais prêt à l'affronter, même si je savais que c'était un combat perdu d'avance. Il était au niveau 5, tandis que je n'étais qu'au niveau 2. D-fire s'est interposé entre nous et a reçu le coup destiné à Amakuni... Malheureusement, il n'a pas survécu. Grâce à son sacrifice, j'ai pu me déconnecter à mon tour. Depuis ce jour, j'ai arrêté de jouer à Impact of Fate, mais les regrets et les remords ont commencé à me ronger de l'intérieur, m'expliqua-t-il d'un ton abattu. 

À cet instant, je réalise l'ampleur de la souffrance d'Arthur. En effet, il se jugeait responsable de la mort de D-fire. Bien que je comprends sa douleur, je n'arrive pas à trouver les mots appropriés pour le réconforter, ce qui me conduit à garder le silence.

« Dis-moi, Izanagi, pourquoi as-tu décidé d'acheter ce jeu malgré les nombreuses rumeurs entourant le studio Cyberden ? » m'exige-t-il. 

Bien que j'aie longuement réfléchi, je n'arrive pas à donner de sens à ma vie, conscient que nous sommes tous destinés à mourir. Dans ce contexte, j'avais envisagé de mettre fin à mes jours rapidement. Malheureusement, ma tentative de suicide a échoué de manière significative. Suite aux recommandations de mon médecin pour éviter de réitérer cet acte, mes parents m'ont offert des fonds pour développer la HAT ainsi que le jeu associé. Seule ma sœur s'est opposée à cette décision. 

— Si ta sœur s'oppose à cette idée, c'est probablement parce qu'elle a déjà joué à Impact of Fate et qu'elle est consciente des risques que tu encours, me répondis Arthur avec un air détendu.

— Penses-tu vraiment qu'elle ait déjà joué à Impact of Fate ? 

— Oui, sinon pourquoi serait-elle contre cette idée ? je l'exige. 

Arthur avait peut-être raison. Après ma déconnexion, il m'était essentiel de m'entretenir avec Izumi afin d'éclaircir les choses.

— Tu sais, Izanagi, si ta vie semblait dépourvue de sens, c'est peut-être parce que tu n'avais pas d'amis avec qui la partager, ni de copine avec qui t'amuser. La vie prend véritablement tout son sens lorsqu'on le partage avec ceux qui nous sont chers, en traversant ensemble ses bons et ses mauvais moments. Me dit-il en souriant 

— Izanagi, l'essentiel est de rester proche de ce que nous aimons et de ceux qui nous aimons en retour. C'est pourquoi l'homme redoute tant la mort : il craint de tout perdre et de se retrouver seul. Si, demain, dans le monde réel, tu es libre, tu pourras passer le week-end avec moi. J'aimerais t'apprendre à draguer les filles, tu verras, ce sera très agréable, et tu réaliseras sûrement la valeur de la vie. me dit-il en m'aidant à me relever avec un sourire. 

Depuis mon enfance, j'ai toujours ressenti un profond sentiment de solitude, même en présence de ma famille. Mon cœur semblait froid, et je ne trouvais aucun réconfort pour l'apaiser. J'avais l'impression d'être incompris. Tout a changé le jour où j'ai rencontré Arthur. Depuis cet instant, j'ai arrêté de me sentir seul, et mon cœur ne s'est plus jamais refroidi. Je souhaite ardemment que ce sentiment perdure indéfiniment. 

— Arthur, tu peux m'appeler Gabriel. 

Il me sourit avec un sourire radieux.

—Enchanté, Gabriel. Je m'appelle kaitoshi, me répond-il. 

 ⟩⟩⟩ À SUIVRE ⟨⟨⟨