Le mystère s'épaissit

Je plantai de nouveau une épée dans son estomac, mais je n'avais aucune réaction de sa part. Cet homme est-il insensible à la douleur ?

"Tu sais quoi ? J'en ai marre d'être le seul à faire tout le boulot."

Il avait perdu ses deux bras, son œil gauche, une jambe et avait un trou béant dans le ventre, mais son expression n'avait pas changé. Si je n'avais pas été celui qui lui avait infligé ces blessures, j'aurais cru qu'il s'agissait d'un tour de passe-passe pour tromper le public.

À ce rythme, il mourrait de l'hémorragie sans que je n'aie la moindre réponse de sa part.

Il est vrai que j'ai réussi à le faire dire quelques mots, mais je n'avais pas réussi à apprendre quoi que ce soit.

Il répète sans cesse que c'est le droit de quiconque de se battre pour l'humanité et, alors que je l'interrogeais sur leurs collaborations avec des Calamités, il me traitait de traître à l'empereur et de chien des Calamités.

Si cette conversation se poursuit à ce rythme, soit il mourra avant que je n'obtienne la moindre information de lui, soit dans le cas contraire je risque de devenir réellement fou.

Je n'ai plus de choix, je dois prendre des mesures drastiques.

Le mouvement des pupilles, la contraction des muscles, le rythme respiratoire... Lors d'une conversation, on peut obtenir des informations d'une personne sans qu'il n'ait à prononcer un mot. Il existe aussi une minorité de gens qui parviennent à les dissimuler, ou des professionnels qui peuvent intentionnellement laisser des indices pour induire en erreur. J'avais pour passe-temps durant mon enfance de lire à travers les gens. En grandissant, j'ai élevé cette discipline au rang d'art. Je pouvais aller jusqu'à prédire le prochain coup de mon adversaire dans des échecs à partir du mouvement de ses pupilles.

Mais cet homme… Je dois l'avouer, c'est un spécimen rare. Il ne montrait presque aucune réaction à tout ce que je lui faisais subir, voire aucune du tout. Eh bien, l'absence de réponse en est une en soi. Ce n'était pas un obstacle insurmontable. À partir de là, je pouvais déjà établir quelques hypothèses... et il était temps de les vérifier.

La première idée qui m'est venue à l'esprit est que cela pouvait être dû à sa résonance, qu'il était insensible à la douleur, mais en me remontant notre combat, j'ai dû écarter cette hypothèse.

"Tu dois te demander pourquoi je continue ce cercle alors que ça ne mènerait à rien."

"La réponse est simple, j'arrive toujours à mes fins, quel que soit le temps que cela me coûtera."

"À mon tour, je vais te reposer une question."

"Pourquoi des Exécuteurs travailleraient-ils pour des Calamités ?"

Je le regardai droit dans les yeux, mais il ne céda pas.

"C'est ton droit de ne pas me répondre, je prendrai donc ta jambe droite en échange."

Je posai la Claymore au-dessus de sa jambe,

"T'es sûr que tu veux rien me dire ?"

Silence. Eh bien, c'est son choix.

D'un mouvement de ma main, l'épée sectionna sa jambe, mais il ne manifesta aucune réaction.

Eh bien, la deuxième hypothèse s'est donc révélée correcte.

Je me souvins que lorsque je lui avais posé ma première question, pourquoi il collaborait avec des Calamités, j'avais déduit de ses yeux qu'il était surpris que je sois au courant et qu'il s'était rejoint aux Calamités. Ce qui est un signe d'aveu suffisant.

Mais l'anomalie a commencé dès lors qu'il s'est rendu compte que j'avais connaissance de leur complot, mais que j'ignorais encore le but visé. Pour m'empêcher d'en apprendre davantage, il a coupé tous ses récepteurs sensoriels, comme s'il avait appuyé sur un bouton off.

J'en déduis qu'il est un homme prudent ou tout simplement qu'il a refusé de me sous-estimer.

Ce qui contredit ce que j'avais pu déduire de sa personnalité, car s'il arrive si bien à faire taire son corps, il n'arrive pas à fermer sa bouche correctement. Son discours, selon lequel il nie totalement son implication et me traite de chien des Calamités, il parle avec une telle ferveur qu'on ne peut nier son profond dégoût à ce qu'un humain travaille pour une Calamité.

Je me suis demandé si ce n'était pas de la comédie, mais encore une fois, je n'ai pu déduire aucune tentative de mensonge dans le ton de sa voix.

C'est alors que tout est devenu clair. Ce n'est pas qu'il tente de me cacher quelque chose… Il en est tout simplement inconscient. Depuis le début, il est sous l'emprise de quelqu'un d'autre.

Je marquai une pause pour ajuster ce que je vais faire avant d’ajouter, d’un ton léger :

— Je tiens à te remercier d’avoir pris le temps de discuter avec moi. J’aurais aimé continuer, mais un cimetière n’est pas l’endroit idéal pour une conversation.

"Oh, j’allais oublier…" dis-je en esquissant un sourire.

Ce que tu tentais tant à cacher, je l'ai découvert. Si tu ne t'étais pas donné tant de mal à le cacher, peut-être que je ne l'aurais jamais su et j'aurais tué ce pauvre homme sans m'apercevoir de la supercherie."

Je marquai un silence dramatique, j'allais bien sûr pas m'en priver après tout ce travail.

Je le regardai bien dans les yeux, mais il ne montra aucune réaction que je pouvais interpréter.

"Tu peux faire semblant de n'avoir rien compris, je n'aurai qu'à parler tout seul."

"L'Exécuteur que tu m'as fait combattre est sous ton emprise depuis le départ, ou plus exactement tu as le contrôle de ses cinq sens et le pauvre n'est même pas au courant que tout ce qu'il voit, entend, sent est dicté par toi."

"Je te félicite, j'ai eu tout le mal du monde à trouver la solution."

"Mais il me reste encore deux questions que je n'ai pas pu trouver de réponses. Qui es-tu ou qu'es-tu ?"

"Hélas, je crains malheureusement que nos chemins ne puissent se croiser d'aussi tôt. J'espère qu'un jour nous pourrons nous rencontrer en personne et avoir une conversation… disons civilisée."

"Et ma deuxième question, comment arrives-tu à contrôler ses sens sans qu'il s'en aperçoive et j'ai une théorie que j'aimerais savoir ce que tu en penses."

Si c'était avant mon éveil, je n'aurais peut-être aucun moyen, mais…

"Récemment, j’ai expérimenté de nouvelles choses, et je tiens à te faire profiter de mes découvertes. Après tout, je n’aime pas être ingrat."

Je posai ma main sur son visage.

— Néphélê.

Ma bague disparut, et une brume nous enveloppa. Peut-être s’attendait-il à ce que je le décapite… Mais avant cela, je devais vérifier quelque chose.

J’ordonnai à la fumée de s’infiltrer par son nez et je l'ordonna il de se diriger vers son cerveau.

Durant notre combat, j'ai pu mieux saisir ce qu'était cette bague et cette matière blanche, et j'ai découvert qu'elle était liée à mon âme. Je pouvais donc, lorsqu'elle se transformait en brume, voir ce qui se passait à l’intérieur ou plus exactement tout ce à quoi elle était en contact.

Aussitôt que la fumée atteignit son cerveau,

Il se mit à hurler de douleur pour la première fois, comme si ce n'était que maintenant qu'il se rendait compte des gravures de ses blessures.

Eh bien, le pauvre en était inconscient des

 le départ. S'il continue à crier ainsi, il risque de mourir d'une crise cardiaque avant que…

Boom, sa tête vient d'exploser, je suppose qu'il s'agit d'un mécanisme que celui qui le manipulait a mis en place.

Mais il est déjà trop tard, j'ai pu identifier un mouvement anormal à l'intérieur de son cerveau avant qu'il n'explose.

Je fais disparaître la fumée pour matérialiser un scal

pel.

Je déteste faire ça, mais je n'ai pas d'autres choix.