Fuite sous la tempête

Le grondement du tonnerre résonne encore dans mes oreilles alors que j'émerge d'un sommeil agité. Mes muscles sont engourdis, mon dos douloureux d'avoir dormi sur un banc métallique. Pendant un instant, je ne sais plus exactement où je suis, jusqu'à ce que le froid humide qui s'accroche à mes vêtements me ramène brutalement à la réalité.

J'ouvre lentement les yeux. L'obscurité règne toujours dans le centre commercial, mais une pâle lumière grise filtre à travers les fissures du toit et les fenêtres brisées. Le vent continue de s'engouffrer par les ouvertures, sifflant dans le silence de l'endroit. La pluie n'a pas cessé. Si quoi que ce soit, elle semble encore plus violente qu'hier soir.

À côté de moi, Jack dort encore, son bras replié sur ses yeux pour bloquer la lumière. Son visage est détendu, mais ses sourcils froncés trahissent son inconfort. Il frissonne légèrement sous sa veste trempée. Nous avons trouvé refuge, mais ce n'est clairement pas suffisant pour nous protéger de l'humidité et du froid qui s'installent peu à peu.

Je me redresse lentement, étirant mes membres engourdis. Mon estomac gronde, me rappelant que notre dîner d'hier soir était loin d'être un festin. Nos maigres provisions ne nous tiendront pas indéfiniment. Et maintenant, avec la tempête qui semble s'intensifier, il est évident que nous ne pouvons pas rester ici plus longtemps.

Jack grogne en s'étirant à son tour, la voix encore endormie. "On est toujours en vie ?"

Je laisse échapper un petit rire amer. "Ouais. Mais vu comment ça souffle dehors, j'suis pas sûre que ça va durer longtemps si on reste là."

Il se redresse lentement, massant sa nuque. "On doit bouger alors ? Trouver un autre endroit ?"

Je hoche la tête en fixant les flaques d'eau qui se sont formées autour de nous pendant la nuit. "Je pense pas qu'on ait le choix. Ce bâtiment a peut-être tenu jusqu'ici, mais s'il commence à s'effondrer, on va pas vouloir être coincés à l'intérieur."

Jack frotte son visage, tentant de chasser la fatigue. "Ouais... mais on va où ? Toutes les routes sont bloquées et je doute qu'on trouve un endroit bien plus solide dans le coin."

Je croise les bras, réfléchissant. Il a raison, nos options sont limitées. Mais rester ici sans rien faire, c'est risquer de se retrouver piégés quand la tempête passera en catégorie supérieure. Je serre les dents. "On doit au moins explorer. Voir s'il y a un endroit plus sûr dans ce complexe. Peut-être un sous-sol, un espace plus protégé."

Jack soupire et se lève, s'étirant une dernière fois. "Ok. Mais si on tombe sur un autre écureuil en détresse, cette fois-ci, je le laisse se débrouiller."

Je souris légèrement avant de prendre ma lampe torche. "On y va ?"

Il hoche la tête et nous nous mettons en route, avançant prudemment dans l'obscurité du centre commercial alors que le vent hurle encore plus fort dehors.

Nous traversons lentement les couloirs désertés, nos pas résonnant sur le sol froid et humide. Le jour s'est levé, mais la lumière peine à percer à travers les nuages épais et les vitres souillées par la pluie battante. Tout est teinté de gris, comme si la tempête avait vidé cet endroit de toute couleur.

Le vent souffle violemment à l'extérieur, secouant la structure du bâtiment. Un bruit sourd retentit soudain au loin, suivi d'un craquement métallique. Je m'arrête net, le cœur battant. Jack aussi se fige, scrutant l'obscurité.

"Qu'est-ce que c'était ?" murmure-t-il.

Je déglutis, cherchant du regard l'origine du son. "J'en sais rien. Peut-être une tôle qui s'est arrachée ou une partie du toit qui a cédé."

Il hoche la tête lentement, mais je vois bien qu'il n'en est pas convaincu. Moi non plus.

Nous poursuivons notre progression, longeant les magasins dévastés que nous avons déjà fouillés la veille. L'ancienne pharmacie se dresse devant nous, sa porte en verre fendue laissant encore apparaître les étagères en désordre. Plus loin, l'hypermarché que nous avions pillé la veille semble intact... pour l'instant.

"On devrait vérifier s'il y a un sous-sol quelque part," dis-je en scrutant les enseignes au-dessus des boutiques. "Ce genre de complexe a souvent des réserves ou des zones de stockage en sous-terrain. Ça pourrait être plus sûr que cet étage."

Jack acquiesce. "Bonne idée. Mais faut qu'on fasse vite. Je crois pas que cette structure va tenir encore longtemps."

Alors que nous avançons vers une série de portes menant à ce qui semble être un accès aux coulisses du centre commercial, une nouvelle bourrasque s'infiltre par une brèche, soulevant de la poussière et faisant claquer violemment une porte métallique. Le bruit résonne dans tout l'espace, m'arrachant un sursaut. Jack serre les mâchoires.

"Si ça continue, c'est pas nous qui allons décider quand partir. Ce truc va finir par s'écrouler sur nous."

J'inspire profondément et accélère le pas. Nous devons trouver cet accès au plus vite, avant que la tempête ne décide pour nous.

Après quelques minutes de recherche, nous tombons sur une lourde porte en métal signalée "Accès Stockage". Jack force la poignée, et après un effort, elle s'ouvre dans un grincement. Une odeur d'humidité et de renfermé nous envahit immédiatement. L'escalier en béton qui descend vers le sous-sol est trempé, des filets d'eau s'écoulant lentement depuis une porte extérieure mal scellée, laissant l'eau de pluie s'infiltrer en continu. À chaque nouvelle rafale, l'eau semble pousser un peu plus fort contre l'entrée, s'échappant en cascades irrégulières sur les marches.

Je braque ma lampe torche vers le bas et mon cœur se serre. "C'est inondé..."

L'eau couvre le sol du sous-sol jusqu'à mi- mollet, créant des vagues à chaque goutte . Des caisses flottent lentement dans l'obscurité trouble, certaines renversées, d'autres entassées contre les murs.

Jack serre la mâchoire. "On ne pourra pas rester là. Si l'eau continue de monter, on sera piégés."

Je prends une grande inspiration. "D'accord... mais avant de partir, on vérifie s'il y a quelque chose d'utile à récupérer."

Il hésite une seconde avant de hocher la tête. "Ok. Mais vite."

Nous nous arrêtons un instant, évaluant la situation. L'eau monte lentement, s'infiltrant par la porte extérieure mal scellée. L'idée de nous enfoncer plus profondément dans ce sous-sol trempé me noue l'estomac.

Jack soupire, levant un sourcil sceptique. "Si on descend là-dedans, on va être trempés jusqu'aux os. Et vu comme on est déjà frigorifiés, c'est pas exactement la meilleure option."

Je passe une main dans mes cheveux humides, réfléchissant rapidement. "On pourrait fouiller vite fait et remonter, mais même en ressortant, on sera trempés. Ça nous aidera pas."

Un silence s'installe, entrecoupé du bruit de l'eau qui dégouline le long des marches. Puis, une idée me traverse l'esprit. "Attends... Hier, on a vu un magasin de vêtements, non ? Il doit bien rester quelque chose d'utile là-dedans. Des sweats, des chaussettes sèches, peut-être même des vestes."

Jack hoche lentement la tête. "Ouais... et si la zone de stockage contient encore des trucs, ça peut valoir le coup. Au pire, on prend ce qu'on peut et on remonte pour se changer."

Je prends une profonde inspiration et resserre ma prise sur la lampe torche. "D'accord. On y va vite, on prend ce qu'on trouve, et on ressort."

Jack serre la mâchoire avant d'acquiescer. "Ok. Mais si l'eau monte plus, on dégage direct."

Nous avançons avec précaution dans l'eau trouble, nos bottes créant des remous qui se dispersent lentement dans l'obscurité. L'air est glacial, chargé d'humidité et de cette odeur persistante de renfermé. L'endroit donne l'impression d'un lieu oublié, englouti par la tempête bien avant notre arrivée.

Jack éclaire du faisceau de sa lampe une rangée d'étagères métalliques encore debout. Certaines caisses flottent, d'autres sont empilées dans un coin, partiellement immergées. Il s'approche et en soulève une du bout des doigts. "C'est lourd. Ça doit être des conserves ou des bouteilles."

Je l'aide à ouvrir le couvercle détrempé, et nous découvrons un assortiment de bouteilles d'eau et de packs de biscuits encore intacts dans leur emballage plastique. Un coup de chance. J'attrape quelques bouteilles et les fourre dans mon sac déjà bien chargé.

"Ça, c'est toujours bon à prendre," dis-je en refermant la caisse. "T'as trouvé autre chose ?"

Jack fouille un peu plus loin et revient avec un paquet de barres énergétiques encore scellé. "On pourra tenir un peu plus longtemps avec ça. Mais faut pas traîner."

Un craquement sinistre nous fait sursauter. Nous tournons la tête en même temps. L'eau continue de s'infiltrer par la porte extérieure, et le filet d'eau qui ruisselait tout à l'heure s'est transformé en un flot plus rapide.

"Riley," souffle Jack, les mâchoires serrées. "On y va. Maintenant."

Je ne réponds pas. J'attrape ce que je peux avant de lui emboîter le pas. Nos mouvements accélérés font onduler l'eau autour de nous, envoyant des vagues contre les murs du sous-sol. L'endroit devient de plus en plus oppressant.

Alors que nous atteignons l'escalier, un bruit sourd retentit à nouveau, comme si quelque chose venait de céder sous la pression de l'eau.

Jack me pousse légèrement vers les marches. "Vite !"

Nous nous hâtons de remonter les marches trempées, sentant derrière nous le niveau de l'eau monter dangereusement. Chaque pas résonne sur le béton humide, chaque respiration est une lutte contre la peur qui nous prend à la gorge.

Arrivés en haut, Jack referme la porte derrière nous, son souffle court. Nous échangeons un regard, la poitrine soulevée par l'effort. Derrière la porte, l'eau continue de s'accumuler.

"On ne retourne plus là-bas," dis-je d'une voix rauque.

Jack secoue la tête. "Plus jamais."

Un frisson me parcourt alors que je réalise à quel point mes vêtements sont trempés. Chaque fibre de mon jean colle à ma peau glacée, et mes manches ruissellent encore sur le sol du couloir. Jack ne vaut pas mieux – il essore distraitement un pan de sa veste trempée avant de lâcher un soupir.

"On peut pas rester comme ça," dis-je en frottant mes bras pour tenter de me réchauffer. "Si on ne trouve pas de quoi se changer, on va finir avec une pneumonie avant même que la tempête ne nous tue."

Jack acquiesce en reniflant légèrement. "Le magasin de fringues est toujours là. T'as raison, on devrait y aller. Avec un peu de chance, y aura encore de quoi faire."

Nous avançons prudemment à travers le centre commercial, la lumière filtrant à peine à travers les ouvertures brisées. L'humidité s'accroche à l'air, rendant chaque pas un peu plus pénible. Arrivés devant la boutique, nous enjambons les morceaux de verre et les mannequins renversés.

Jack attrape une lampe torche dans son sac et lève le faisceau. "Vise un peu... On a du choix."

Je repère immédiatement un rayon de pulls et vestes encore intacts. J'attrape un sweat noir et un jean slim qui semble encore sec, accompagné d'une paire de bottes mi-mollet doublées, idéales pour affronter la tempête., puis récupère des chaussettes épaisses. Jack, lui, s'empare d'un jean sec et d'un hoodie gris foncé. Nous ramassons quelques vêtements de rechange en plus, au cas où, avant de nous diriger vers l'arrière du magasin.

"On se change ici ?" demande Jack en désignant une cabine d'essayage à moitié arrachée.

Je hoche la tête en claquant des dents. "Ouais, j'en peux plus d'être trempée."

Sans attendre, j'entre dans l'une des cabines et enlève rapidement mes vêtements détrempés. L'air froid me fait frissonner encore plus, me donnant la chair de poule. J'enfile le sweat noir que j'ai pris, bien trop grand – au moins deux tailles au-dessus de la mienne – mais son tissu épais et ample me procure une sensation de chaleur et de protection bienvenue. Ensuite, j'enfile le jean sec et les bottes mi-mollet que j'ai trouvées, savourant le simple fait d'avoir enfin quelque chose de sec et adapté aux conditions dehors.

De l'autre côté du rideau, j'entends Jack grogner en luttant avec son jean mouillé. "Pourquoi les fringues trempées sont toujours dix fois plus dures à enlever ?"

Je souris malgré la situation. "La magie des tempêtes."

Quelques instants plus tard, nous ressortons, enfin un peu plus au sec. Jack fourre ses vêtements mouillés dans un sac et me lance un regard. "Bon, et maintenant ?"

Je jette un coup d'œil vers l'extérieur du magasin. "On doit décider où passer la suite de la tempête. Ce centre commercial, c'était déjà pas top... et maintenant que le sous-sol est inondé, c'est encore pire. Ce bâtiment est grand, mais il est déjà en train de s'abîmer. Le sous-sol est fichu, et les infiltrations s'aggravent. Si une partie du toit cède... on risque d'être piégés"

Jack serre les mâchoires, hochant lentement la tête. "Ouais... et je suis pas sûr que ce soit plus sûr que dehors à ce stade."

Un craquement sinistre nous fait tous les deux sursauter. Cette fois, ce n'est pas une porte qui claque ni une simple rafale. C'est un son profond, venant de la structure même du bâtiment.

Je tourne la tête, le cœur battant. "C'était quoi, ça ?"

Jack braque sa lampe torche vers le plafond fissuré. Il plisse les yeux. "J'aime pas ça..."

Un autre bruit, plus proche cette fois. Une vibration court dans le sol sous nos pieds.

Je sens un frisson glacé parcourir mon échine. "Jack... il faut qu'on parte. Maintenant."

Il ne répond pas immédiatement, mais je vois son regard se durcir. "D'accord. On prend le strict minimum et on sort d'ici."

Nous nous précipitons vers nos sacs, attrapons le peu de provisions que nous avons récupérées, puis nous dirigeons vers l'une des sorties encore praticables. La lumière grise du dehors semble encore plus oppressante, la pluie tombant en rideau dense. L'ouragan est là, plus féroce que jamais.

Alors que nous nous apprêtons à franchir les portes, un autre bruit assourdissant nous stoppe net. Derrière nous, un bruit de craquement terrible retentit, suivi d'un grondement sourd.

Je n'ai que le temps de croiser le regard de Jack avant que tout ne bascule.

Un pan du plafond s'effondre dans un fracas assourdissant.

L'onde de choc nous projette en avant, et une épaisse poussière envahit l'air. Je tousse violemment, peinant à voir quoi que ce soit à travers le nuage grisâtre qui nous entoure. Jack agrippe mon bras et m'attire vers l'extérieur avant que d'autres débris ne s'abattent derrière nous.

Nous nous retrouvons dehors, sous la pluie battante, les pieds trempés par l'eau qui s'accumule déjà sur le bitume fissuré. L'orage rugit au-dessus de nous, et le vent nous fouette le visage. Je me retourne lentement, le cœur battant à tout rompre.

Une partie du centre commercial a cédé. Là où nous étions quelques instants plus tôt, il ne reste qu'un amas de gravats et de métal tordu. Une section entière du toit s'est effondrée, exposant l'intérieur du bâtiment aux éléments déchaînés. La scène est irréelle, presque trop brutale pour être assimilée en un instant.

Jack essuie rapidement l'eau qui coule sur son visage et laisse échapper un souffle nerveux. "Putain... on y était encore y'a trente secondes."

Je hoche la tête, encore sous le choc. "Si on avait hésité une seconde de plus..."

Je ne finis pas ma phrase. L'image du plafond s'effondrant sur nous est encore bien trop fraîche.

Jack passe une main sur son visage trempé. "Bon... maintenant qu'on est dehors, on va où ?"

Je balaye du regard les alentours. Les rues sont inondées, et les rares voitures encore présentes sont à moitié submergées par l'eau qui continue de monter lentement. Les bourrasques sont plus fortes que jamais, et chaque rafale menace de nous déséquilibrer.

"On ne peut pas rester là," dis-je en haussant la voix pour couvrir le bruit du vent. "Trop exposés. Il nous faut un autre abri, et vite."

Jack plisse les yeux, scrutant l'horizon. "Si on suit la route vers l'est, on devrait tomber sur des immeubles plus solides. Peut-être qu'on trouvera quelque chose."

Je resserre les sangles de mon sac et tourne la tête vers notre voiture, toujours garée là où nous l'avions laissée. L'eau s'accumule autour d'elle, atteignant presque le niveau des portières.

Jack suit mon regard et pousse un soupir. "Tu crois qu'elle démarre encore ?"

Je plisse les yeux, observant les trombes d'eau ruisseler sur le capot. "Y'a qu'un moyen de le savoir."

Nous nous précipitons vers le véhicule, les pieds éclaboussant l'eau jusqu'aux chevilles. À mesure que nous approchons, un détail me saute aux yeux : l'une des vitres arrière est brisée, des éclats de verre gisent sur la banquette trempée. Un morceau de métal s'est encastré dans le capot, laissant une entaille profonde. Je serre les dents. Ce n'est pas bon signe.

Jack ouvre la portière côté conducteur et s'installe rapidement, lançant un regard inquiet aux dégâts avant de tourner la clé dans le contact. Le moteur tousse une première fois, puis une deuxième, avant de caler brutalement. Rien d'autre qu'un bruit de ferraille humide et de mécanique à bout de souffle.

Mon estomac se noue. "Merde..."

Jack grogne, secoue la tête et tente à nouveau. "Allez, putain..." Il enfonce la pédale d'accélérateur en même temps qu'il tourne la clé. Cette fois, le moteur rugit faiblement avant de reprendre, dans un vrombissement incertain. Mais il vibre anormalement, comme s'il peinait à s'accrocher à la moindre étincelle de vie. Une alerte rouge s'allume sur le tableau de bord, clignotant comme un avertissement silencieux que nous refusons d'écouter.

Jack laisse échapper un soupir nerveux et jette un regard vers moi. "Ça pue... mais c'est notre seule option."

"Bon, elle tourne, mais j'suis pas sûr qu'on aille bien loin," lâche-t-il en scrutant les voyants.

Je referme la portière et attache ma ceinture, jetant un dernier regard à la vitre brisée derrière nous. Le vent s'engouffre à l'intérieur, ajoutant un courant d'air glacial à l'humidité ambiante. "On tente le coup. Ça nous mènera peut-être au prochain abri avant qu'elle nous lâche. Mais s'il pleut trop fort, on va devoir trouver un moyen de boucher ce trou..."

Jack hoche la tête et passe la première. Les pneus glissent légèrement sur le bitume inondé avant de retrouver de l'adhérence. Nous avançons lentement, chaque mouvement du volant nécessitant un effort supplémentaire à cause des bourrasques de vent qui menacent de nous dévier de notre trajectoire.

Les rues sont désertes, noyées sous des torrents d'eau. Les lampadaires clignotent par intermittence, et quelques carcasses de voitures abandonnées émergent de la brume épaisse.

Je serre les dents, fixant la route. "Faut trouver un autre endroit. Vite."

Jack appuie légèrement sur l'accélérateur, mais la voiture émet un bruit anormal, un grincement métallique prolongé sous le capot, comme si quelque chose frottait contre le moteur à chaque tour. Un bruit qui fait froid dans le dos. Une autre alerte s'allume fugacement avant de s'éteindre, comme si elle hésitait à nous condamner maintenant ou à nous laisser quelques minutes de sursis.

Nous ne sommes pas encore tirés d'affaire.

Sans un mot de plus, nous nous mettons en route, luttant contre la tempête qui semble vouloir nous engloutir à chaque pas.