La cloche de l'école sonna, signalant la fin des cours, et une vague de soulagement parcourut la salle. Les élèves commencèrent à ranger leurs affaires et à se lever, prêts à sortir. Yup Mo, assis au fond de la classe, ferma lentement son livre, laissant ses doigts traîner sur la couverture. Il n'était pas pressé de partir. De toute façon, il n'avait rien de particulier à faire ce soir.
"Eh, Mo, t'es sûr que t'as pas envie de venir traîner avec nous ? On va au parc, ça va être cool," lança Zhang Wei, en se dirigeant vers lui, un sourire décontracté sur le visage.
Yup Mo haussait les épaules, ne levant même pas les yeux. "Je suis fatigué, je crois. Peut-être une autre fois."
"Encore fatigué ? C'est quoi ton problème, mec ?" Zhang Wei rigola, mais en le regardant d'un air un peu plus sérieux. "Tu te renfermes trop. T'es pas comme avant."
Yup Mo sourit vaguement. Il savait que ses amis commençaient à remarquer qu'il n'était plus vraiment lui-même ces derniers temps. Il avait l'impression d'être un peu perdu, comme si quelque chose manquait, mais il ne savait pas quoi.
Xia Lian, assise en face de lui, se pencha en avant, ses longs cheveux noirs tombant sur ses épaules. "T'es toujours aussi mystérieux, Mo. T'as encore un de ces trucs de 'futur grand destin' en tête ou tu vas juste chiller comme nous ?" Elle avait un ton moqueur, mais il y avait une pointe de bienveillance dans son regard.
Il la regarda enfin, un petit sourire fatigué aux lèvres. "Non, rien de tout ça. Juste… Je sais pas, ces derniers temps, je me sens un peu... déconnecté, tu vois ? Comme si je n'étais pas à ma place."
Xia Lian haussait les sourcils. "C'est quoi cette histoire ? T'es peut-être juste un peu stressé par l'école, Mo. Ça te passera."
"Peut-être." Il se passa une main dans les cheveux, soupirant. "Mais j'ai l'impression que tout ça, ce monde, ça me fait juste tourner en rond. Comme si je manquais un truc, tu vois ?"
Zhang Wei secoua la tête, visiblement déconcerté. "T'es encore en mode philosophe, Mo ? Franchement, ça sert à rien de trop réfléchir. T'as juste à profiter du moment."
Yup Mo regarda ses amis, un regard légèrement absent. Il savait qu'ils avaient raison, d'une certaine manière. Peut-être qu'il se perdait un peu trop dans ses pensées ces derniers temps. Mais une partie de lui, une petite voix, ne pouvait pas s'empêcher de sentir qu'il y avait quelque chose de plus, quelque chose d'invisible qui flottait dans l'air. Un quelque chose qu'il ne pouvait pas expliquer.
Les heures passèrent, et tout semblait être revenu à la normalité. Quand il se leva pour partir, tout à coup, une sensation étrange envahit Yup Mo. Une sorte de pression dans l'air. Il se figea un instant. L'atmosphère semblait… différente. Plus lourde.
Il plissa les yeux, cherchant à comprendre ce qui se passait. C'était comme si le temps lui-même hésitait. Et avant qu'il ne puisse réagir, un flash lumineux envahit la pièce, déchirant tout autour de lui.
"Quoi… ?!" Il n'eut même pas le temps de crier avant que tout ne devienne flou. Un tourbillon de lumière, une sensation de chute sans fin, et il se sentit comme… emporté, arraché d'un endroit qu'il connaissait.
Il ouvrit les yeux, mais il n'était plus à l'école. L'environnement autour de lui était chaotique. Il se trouvait dans une rue dévastée, avec des bâtiments en ruines et une épaisse fumée noire flottant dans l'air. Des créatures, grandes et grotesques, se déplaçaient parmi les débris. Elles semblaient être des monstres, mais leur apparence n'avait rien d'humain.
"Qu'est-ce qui se passe ici… ?" murmura-t-il, encore sous le choc.
Il se leva lentement, ses jambes tremblantes. Ses mains frémissaient, mais il ne pouvait pas comprendre. Où était-il ? Pourquoi était-il là ? Et pourquoi tout semblait être en ruines ?
Des bruits de grincements, de bruits sourds de lutte, se firent entendre au loin. Il tourna la tête et aperçut un groupe de personnes se battre désespérément contre des créatures qui semblaient surgir de nulle part. Quelque chose se passait ici, et il n'avait aucune idée de comment il était arrivé dans ce chaos.
"Je dois sortir d'ici," murmura-t-il, se sentant paniqué mais aussi déterminé. Il n'avait pas le temps de comprendre. Il devait juste agir.
Il fit un pas en avant, une petite voix dans son esprit lui hurlant que cette réalité n'était pas celle qu'il connaissait, mais c'était désormais sa réalité. Et il allait devoir l'affronter.
Yup Mo courait, son cœur battant la chamade, ses pieds frappant le sol avec une urgence qu'il ne comprenait pas. Ses yeux cherchaient désespérément une issue dans ce monde inconnu, ce monde en ruines. Il n'arrivait pas à saisir ce qui se passait, ni comment il en était arrivé là. Tout autour de lui, le chaos régnait. Des bâtiments en flammes, des créatures qui semblaient tout droit sorties d'un cauchemar. Et lui, au milieu de tout ça, complètement perdu.
Alors qu'il fuyait instinctivement, il entendit un bruit sourd, suivi d'un cri perçant. Un homme, dans une tentative désespérée d'échapper à un monstre, fut violemment propulsé de droite à gauche avant de s'écraser lourdement contre le mur. Le bruit du corps contre la pierre résonna dans ses oreilles, comme un écho macabre.
Yup Mo s'arrêta un instant, figé par la scène qui se déroulait devant lui. Il n'avait pas le temps de réfléchir, il devait fuir. Mais alors qu'il se retournait pour prendre la fuite, un cri intérieur envahit son esprit, aussi soudain qu'intense.
"Tue, tue, tue, les monstres sont le danger." La voix résonnait dans sa tête, répétant les mêmes mots de manière désespérée, comme une incantation. Mais pour la première fois, il sentit une douleur lancinante dans son crâne, un mal étrange, presque insupportable. Ses mains se portèrent instinctivement à sa tête, comme s'il pouvait y échapper en les pressant contre ses tempes. Mais rien n'y faisait. La voix, cette exigence, persistait.
Il se tourna lentement vers la créature qui venait de s'attaquer à l'homme. Un monstre gigantesque, à la fourrure sombre, ressemblant à une sorte d'ours, mais bien plus imposant, bien plus... terrifiant. Ses yeux jaunes brillaient d'une lueur prédatrice. Ses griffes longues comme des sabres semblaient capables de déchirer n'importe quelle chair avec une facilité inquiétante. Il voulait fuir, se mettre à l'abri. Mais l'image de l'homme écrasé contre le mur, la souffrance qu'il avait vu dans ses yeux, le paralysait.
La voix intérieure redoubla d'intensité, cette fois presque furieuse : "Tue !" Elle perça ses pensées, traversa son esprit comme un coup de couteau.
Yup Mo se retourna, haletant. Une panique grandissante l'envahit. Il n'était pas prêt pour ça. Il ne comprenait même pas pourquoi il ressentait un tel besoin de tuer. Mais la douleur dans sa tête, la pression croissante, l'incitait à agir. Ses jambes tremblaient, mais il ne pouvait plus reculer. Il était là, dans ce monde qu'il ne connaissait pas, face à une créature qu'il n'arrivait même pas à comprendre.
"Tue… tue-le !" La voix était maintenant une clameur dans son esprit.
Dans un accès de frénésie, il tourna sur lui-même, cherchant à échapper à l'ordre de cette voix qui lui torturait l'esprit. Mais quelque chose en lui bouillonnait, un besoin irrépressible. Un instinct de survie ? Une pulsion dévorante ? Il n'avait pas les réponses, mais il savait une chose : il ne pouvait pas rester là à regarder. Pas après ce qu'il venait de voir.
Il se précipita, sans savoir exactement ce qu'il comptait faire. Il n'était pas un héros, il n'avait jamais voulu l'être. Mais là, tout était flou, les réflexes avaient pris le dessus.
Il fit quelques pas hésitants, puis une sorte de clarté étrange s'imposa à lui. Il n'avait aucune arme, pas d'expérience en combat, mais il avait vu des gens se défendre contre des créatures comme celle-là. Si eux pouvaient le faire, alors lui aussi, peut-être…
Il n'eut pas le temps de réfléchir davantage. Le monstre, semblant avoir repéré sa présence, rugit et se tourna vers lui. Les griffes luisant d'un éclat menaçant.
Yup Mo, ses yeux agrandis par la terreur, se prépara à l'inévitable. Il n'avait aucune idée de ce qu'il allait faire, mais une chose était certaine : il n'allait pas simplement se laisser tuer sans tenter quelque chose. Quelque chose… n'importe quoi.