Chapitre 65 : Début D'alliance

Au dernier mot du Maître d'Épreuve, plusieurs dizaines de silhouettes pénétrèrent dans l'arène, marchant avec calme entre les cadavres démembrés et les traînées de sang. Leurs robes simples, marquées d'un insigne discret, trahissaient leur appartenance : des disciples, sans doute extérieurs, devina Feng Lin. Pas assez importants pour combattre. Juste assez pour faire le sale boulot.

Sans un mot, ils commencèrent à empiler les carcasses de loups, les trempant d'un liquide noir avant d'y mettre le feu. Une fumée âcre s'éleva aussitôt, couvrant l'arène d'une brume pesante. D'autres fouillaient les corps humains, extrayant les objets de valeur avec l'habitude de ceux qui l'ont déjà fait cent fois. Feng Lin les observa, impassible, puis s'approcha des cadavres à son tour.

Il ne montra aucune hésitation. Il se pencha sur un corps, arracha un anneau de jade, fouilla les poches d'un autre, récupérant ici une gourde, là une petite bourse de pierres d'énergie. L'autre survivante, à quelques pas, le regarda faire, la lèvre pincée. Du dégoût, ou peut-être de la jalousie mal dissimulée. Elle ne dit rien.

Quand les flammes eurent tout réduit en cendres, le Maître d'Épreuve leva à nouveau la main. Cette fois, les grandes portes de l'arène s'ouvrirent dans un grondement sourd. Feng Lin et la survivante furent escortés hors de la fosse, en même temps que d'autres survivants, sortant d'arènes voisines.

Ils étaient peu. Trop peu.

Feng Lin jeta un regard circulaire, observant les groupes qui se formaient. Une trentaine de portes, tout au plus. Une dizaine de survivants par groupe, rarement plus. Il fit un rapide calcul mental.

Moins de cinq cents encore en vie… sur trois mille au départ. Soit un sur six.

Pas un mot ne fut échangé. Chacun gardait pour lui ses blessures, ses doutes, sa fatigue. Mais tous comprenaient une chose : si ça, ce n'était que la première épreuve… la suite allait être bien pire.

Alors que les survivants s'alignaient lentement sur la grande esplanade, un homme vêtu de rouge, les mains encore tremblantes de colère, s'avança hors des rangs. Son regard était furieux, son souffle court, mais sa voix tonna, claire et pleine d'arrogance :

« Comment osez-vous ?! Vous savez qui est mon père ? C'est l'un des plus grands généraux de l'Empire ! Vous devriez garantir notre sécurité, pas nous envoyer dans une boucherie ! »

Un silence glacé s'installa. Même les autres candidats cessèrent de bouger, les yeux tournés vers le jeune homme.

Le Maître d'Épreuve, qui s'apprêtait à parler, s'arrêta. Il leva un sourcil amusé. Puis, doucement, il éclata de rire. Pas un rire franc, joyeux. Non. Un rire sec, tranchant comme une lame.

« Encore un. » Il descendit lentement de sa tribune, ses pas résonnant dans le silence tendu. « Un autre qui a grandi dans du velours, bercé par des promesses de grandeur, sans jamais se salir les mains. »

Il s'approcha du candidat, le dominant de toute sa hauteur. Le jeune homme, loin de reculer, bomba le torse, sûr de lui.

« Je quitte cette farce ! Je refuse de me faire massacrer comme un chien dans votre jeu malade ! Mon père saura— »

Il ne termina jamais sa phrase.

Dans un geste fluide, le Maître d'Épreuve leva la main. Un éclair noir jaillit de sa paume, rapide comme une vipère. Le corps du jeune homme s'immobilisa. Ses yeux devinrent blancs, et il s'effondra au sol, raide, sans un cri.

Le silence redevint total.

Le Maître d'Épreuve tourna son regard vers les autres.

« Quelqu'un d'autre souhaite prévenir son père ? »

Personne ne répondit.

« Bien. Maintenant que nous sommes débarrassés des déchets inutiles… nous pouvons passer à la suite. »

Son regard balaya les rangs. Il semblait presque… réjoui.

« L'Épreuve du Labyrinthe va commencer. Et je vous promets… que celle-ci vous fera regretter la simplicité des loups.»

La candidate, les yeux marqués par la fatigue mais pleins de détermination, s'approcha lentement de Feng Lin. Elle se pencha légèrement vers lui, de manière presque furtive, et chuchota à son oreille d'une voix basse mais perçante :

« Toi, t'as survécu avec moi dans l'arène… Peu importe que tu sois un enculé ou un démon qui aime tuer, t'as les compétences pour te battre. Mais crois-moi, les chances qu'on survive jusqu'à la fin… elles sont minimes, même pour toi. »

Elle marqua une pause, ses yeux se posant un instant sur les autres candidats qui s'étaient réunis autour du Maître d'Épreuve.

« On s'allie ? » demanda-t-elle, son regard perçant fixé sur lui. « Peu importe la fin… Mais si on veut sortir d'ici vivants, on n'a pas le choix. »

Feng Lin la fixa un instant. Il n'avait pas besoin de cette alliance, pas besoin de personne. Mais il savait aussi que la route devant lui ne serait pas facile. Pas de place pour l'orgueil quand la vie était en jeu.

Il la fixa un instant, avant de répondre simplement, sans émotion : « Fais ce que tu veux. Mais sache une chose : je ne t'aiderai pas sans raison. »

Elle haussait les sourcils, surprise par sa réponse, mais elle acquiesça sans rien dire de plus. Après tout, elle savait que dans cette épreuve, la loyauté pouvait rapidement se transformer en trahison, et l'espoir de survie était plus précieux que n'importe quelle promesse.

Le Maître d'Épreuve, qui avait observé la scène sans bouger, laissa échapper un léger sourire. « Bien… Vous êtes prêts pour la suite, alors ? »

Les candidats se mirent en mouvement, prêts à entrer dans ce qui allait sans doute être la plus terrible des épreuves.