POINT DE VUE D’ÉLODIE
Un torrent d’émotion me submergeait.
La vue de tous les corps sans vie de mes camarades... était insupportable.
Mais que faisaient les unités à l’extérieur, s’étaient-elles fait attaquer ?
Étions-nous les seuls survivants ?
Immédiatement, j’attrapais Jasmine la tirant vers la boutique la plus proche.
C’était une ancienne boutique de sport, la plupart du stock utile avait déjà été récupéré, mais il restait toujours les rayons encore relativement alignés.
Mon objectif était la réserve, la plupart des boutiques suivant une mise en place similaire, elle se trouvait derrière presque chacune d’entre elles.
L’autre côté de la porte était plongé dans la pénombre, les piles de carton disposé ici et là pour la plupart vide remplissaient la pièce.
Arrivée dans un coin difficilement accessible, je lâchai la main de Jasmine lui relevant, de la paume de ma main, les quelques cheveux devant ses yeux .
— Pour le moment, tu restes caché ici, moi je reste côté boutique voir comment la suite se déroule, rassure-toi, je ne pars pas sans toi, si l’on doit partir, je reviendrais te chercher.
Plongeant ses yeux larmoyants dans les miens, s’attrapant à mon bras, je pouvais comprendre ces pensées sans que le moindre mot sorte de sa bouche.
Essuyant ses larmes, glissant mes pouces sous ses yeux dans un geste délicat, je lui embrassais le front.
Je ne pouvais rien faire d’autre pour la rassurer, mais, s’il advenait que je me fasse repérer, il était hors de question que ce soit avec Jasmine à mes côtés.
Quittant la pièce, sans me retourner, je rampais au niveau de la sortie de la boutique, scrutant le couloir où se trouvaient toujours deux escouades. Ils étaient tous tournés vers la porte de l’infirmerie, arme à la main.
Quelques lueurs sous le seuil de la porte, apparemment barricadé de l’intérieur, trahissaient des mouvements.
Les minutes défilèrent, mais je ne pouvais pas définir combien, concentré sur les mouvements de True Human je perdais totalement la notion du temps.
Plusieurs unités étaient postées à l’étage, d’autres couraient en direction de la porte principale.
Leurs chefs criant leurs instructions dévoilaient leurs plans à quiconque se trouvait dans le bâtiment.
Ils comptaient rester encore dans le bâtiment quelque temps, les différentes escouades avaient pour ordre d’empêcher quiconque de rentrer le temps de récupérer “l’objectif”.
Mais quel était ce fameux “objectif” ?
Soudain, des échanges de coup de feu retentirent au loin, au niveau de la porte d’entrée.
La tension monta d’un cran, lorsqu’un hélicoptère survola la zone.
Un tir unique, puis une immense explosion, le bâtiment tremblait, laissant s’écouler une pluie de poussière sur le sol.
Puis le chaos…
Le chant des fusils d'assaut s'arrêta, laissant place aux tirs d’armes lourdes.
Les explosions s’enchaînèrent, faisant vaciller de plus en plus l'immeuble, mettant à l’épreuve la structure du bâtiment.
D’immenses flashs de lumière faisaient écho depuis la baie vitrée, forçant l’une des unités de garde à aller prêter assistance à ceux postés à la porte principale.
Je me retrouvais seul, seul face à une escouade de trois personnes.
Gabriel les aurait probablement tous éliminés sans le moindre doute, mais en serais-je capable ?
Je prenais une profonde inspiration, alignant doucement mon viseur avec l’homme le plus proche de moi.
Je levais le cran de sûreté, posant mon index sur la gâchette.
La première balle partie, traversant le couloir, sans avoir eu le temps de comprendre ou de réagir l’homme s’écroula sur le sol.
J’alignais rapidement mon viseur sur le suivant, l’éliminant dans la seconde qui suivait.
Mais le dernier réussissait à se replacer à l’abri.
Je me relevais rapidement en me postant contre le mur à l’intérieur de la boutique.
Il avait probablement eu le temps de voir d’où les balles venaient, je ne pouvais pas rester ici à attendre.
Je reprenais mon souffle, puis me penchais vers le couloir afin d’essayer d’éliminer le dernier membre, mais à peine le canon de mon arme avait dépassé le cadre de la porte qu’une rafale de balle venait s’écraser contre le mur.
Soudainement un bruit de porte claquait, suivi d’une rafale de coup de feu, et d’un hurlement de douleur.
Alors que je repassais l’œil au niveau du couloir, je pus apercevoir la porte de l’infirmerie grande ouverte, des camarades armées.
— Rejoins-nous, vite ! hurla l’un des hommes situés à porte.
Sans perdre un instant, je courais dans la réserve, où je retrouvais Jasmine recroquevillée sur elle-même, se bouchant les oreilles.
Je la prenais dans mes bras, puis me dirigeai vers l’infirmerie.
Un long couloir nous séparait de celle-ci, je courus dans leurs directions, utilisant toute ma concentration pour éviter de glisser sur les traces de sangs recouvrant une partie du sol.
Il ne restait plus que quelques mètres quand la voix de Pauline résonna dans toute la pièce.
Je n’eus pas vraiment le temps de comprendre, mais une pluie de balle venait s’écraser sur le carrelage tout autour de moi.
Alors que je m’attendais à ressentir la sensation du métal chaud traversant ma chair, suivie d’un froid accompagnant très souvent la mort, je ressentis une chaleur, douce et agréable.
Accompagné d’une sensation de légèreté, je parcourais ce qui restait de distance entre moi et l’infirmerie.
À peine eus-je traversé la double porte que deux hommes poster de chaque côté la refermait instantanément.
Je me laissais tomber sur les genoux, serrant toujours Jasmine contre moi.
En même temps que l’adrénaline, je sentais la température de mon corps redescendre, suivie du bruit de plusieurs bouts de métal ricochant sur le sol.
Alors que je relâchais mon étreinte, regardant comment allait Jasmine, elle semblait inconsciente et respirait activement.
— Je pense que tu pourras la remercier une fois qu’elle aura retrouvé ses esprits. Fit Pauline me regardant un sourire soulagé au coin des lèvres.
Je rejetais un coup d’œil sur Jasmine tentant de comprendre ce qu’il venait de se produire, était-elle à la source de cette étrange chaleur que j’ai ressentie ?
— Si elle n’avait pas activé son pouvoir, toutes les douilles que tu vois sur le sol t’auraient transpercé au beau milieu du couloir.
Je sondais le sol aux alentours, des dizaines de douilles était disposé sur le sol toutes autour de moi.
— Il ne fait plus aucun doute que son pouvoir est une sorte de bouclier de protection, c’est ce qui la sauver lorsqu’elle s’est fait attaquer avec ses parents, et c’est se qui ta sauver aujourd’hui. Pendant ta traversée du couloir, une barrière translucide légèrement jaune t'entourait toi, et Jasmine.
Un des soldats de la garde s’approchait de nous.
— Il faut que l’on continue de tenir bon, on ne peut pas quitter cet endroit avec nos blessés. On doit impérativement attendre les autres ici et empêcher quiconque de rentrer.
La plupart des meubles de la pièce inutilisés étaient empilés au niveau de la porte d’entrée.
Reprenant toujours mon souffle, je déposais Jasmine sur l’un des lits qui n’avaient pas été utilisés en tant que barricade.
Les tremblements provoqués par les tirs de missiles des hélicoptères survolant la zone continuaient, mais le délai entre chaque tir sembla être plus en plus long.
Je me positionnais avec les autres membres armées prêtes à éliminer toute menace tentant de franchir la porte, croisant les doigts pour que les renforts arrivent rapidement.
Adrien, je t’en pris, reviens vite.