Opération dans l'inconnu

Un calme plat envahissait le bureau.

Élodie venait de claquer la porte derrière elle, furieuse.

Cependant Sarah apaisa rapidement l’ambiance.

— Merci ! Tu ne regretteras pas ton choix !

Esquissant un léger sourire lorsque mon regard croisa le sien, je me tournais vers Lumia.

— Elle finira par comprendre, ne t’inquiète pas.

Les paroles de Lumia apaisaient légèrement mon esprit, mais au final, elle savait tout comme moi que le “finira” pouvait durer au minimum plusieurs jours pour aller jusqu’à plusieurs mois, voir année.

— Si tu le dis, mais bon, elle sait faire la part des choses et mettre son égo de côté lors des opérations, et on doit bientôt partir, voyons le bon côté des choses.

— Voilà un raisonnement bien optimiste, étrange venant de ta part.

Elle fixa son regard un grand sourire aux lèvres.

— Haha, très drôle… rétorquai-je mon égo étonnement atteint

— Bon sinon, pour la prochaine opération, vous partirez après-demain au lever du jour, si Amélie le veut bien, elle restera ici quelque jour pour garder un œil sur nos blesser, d’après Pauline l’état de Gabriel est en bonne voie, mais il nous faudrait encore son aide pour s’assurer de son bon rétablissement.

— Entendu !

— Sinon, en quoi consiste notre mission ? questionna Sarah passant l’une de ces jambes au-dessus de la première.

— Vous devrez vous rendre aux abords d’Italika, une unité des Gardiens du Passé vous y attendra. Ils ont besoin de notre force de frappe pour une opération, en échange de nos services ils vous fourniront de l’équipement pour nous défendre contre les drones de True Human.

— Italika ? enchaina Sarah

— En effet, la situation là-bas est assez différente, le gouvernement a été évincer et c’est les grands groupes qui ont pris le contrôle, cependant, il déteste les étrangers qui ont tendance à “visiter trop longtemps”, mais ils sont ravis de commercer.

Italika, je connaissais cette cité de nom, mais je n’y étais jamais allé. À l’époque, on l’appelait la cité du futur, mais bon c’était bien avant l’arrivée des Éveillés.

— Avons-nous des informations sur cette “opération” ?

— Ils ont besoin de quelqu’un pour mettre en place une opération d’envergure sans en préciser les détails, mais je connais assez bien leurs factions, vous devriez vous en sortir sans problème.

— Et bien c’est reçu, on partira après-demain sur les coups de quatre, cinq heures du matin. concluais-je en me relevant de ma chaise

— Je compte sur vous.

Quittant la pièce suivie de près par Sarah, nous prenions la direction de ma chambre, afin de retrouver Jasmine et Amélie, et peut-être Élodie…

Alors que nous entamions notre marche dans un calme pesant, Sarah accéléra le pas pour arriver à mon niveau, puis entama :

— Je ne sais pas si ça peut te réconforter, mais le faites que tu sois allé à l’encontre d’Élodie pour accéder à ma requête, compte beaucoup pour moi. Je sais qu’elle ne pense pas a mal et qu’elle s’inquiète pour moi, mais, depuis notre mission j’ai changé, je le sens au plus profond de moi.

— C’est justement ça le problème… marmonnai-je fixant le sol

— Tu… t’as dit un truc ?

— Non, rien, tu es assez grande pour prendre tes propres décisions, je n’avais pas à t’imposer mon avis comme on le ferait avec une enfant.

Une enfant… voilà un mot qui résonnait étrangement dernièrement.

Nous arrivions finalement au niveau du rideau métallique de ma chambre, de l’autre côté, les trois filles étaient là.

Au vu du regard accusateur qu’Élodie me jeta à peine rentrée, je compris immédiatement que l’heure des explications n’était pas encore arrivée.

— Tu sais…

D’un geste de la main je coupai nette Sarah dans son élan avant de chuchoter :

— Non, ce n’est pas le moment, plus tard. D’ailleurs, une règle de notre unité, lorsque l’on est en opération, on se doit d’être professionnelle, donc n’aborde pas se sujet lors de la mission.

Je sondais la pièce du regard, cherchant un endroit où m’asseoir. Finalement le meilleur choix était la chaise de bureau posé un peu à l’écart.

Je l’approchais puis m’installais afin de faire un résumé de notre prochaine mission et demandant au passage à Amélie si elle pouvait rester parmi nous encore quelque jour pour s’assurer du bon rétablissement de Gabriel.

— Si ça ne pose pas de problème pour ma faction, moi ça ne me dérange pas.

Prenant un instant pour réfléchir, je demandais : 

— Sarah, tu pourrais emmener Amélie voir Lumia pour lui trouver une chambre, si elle reste parmi nous quelques jours, nous devrions au moins lui offrir un minimum d’intimité.

— Entendu. Répondit-elle en se levant en même temps.

Amélie quittant le lit en réponse, quitta la pièce avec Sarah.

L’air était lourd, très lourd. Élodie restait assise sur le matelas au sol caressant nerveusement, mais avec une certaine attention les cheveux de Jasmine.

— Vous devriez y aller, on se retrouve pour la mission.

C’est lorsque je prononçai le mot mission que quelque chose m’interpella. Et Jasmine ?

— D’ailleurs il faudrait que quelqu’un s’occupe de Jasmine pendant notre opération, je te laisse t’en occuper.

Sur ces mots Élodie se leva attrapant la main de Jasmine, puis se dirigea vers la sortie.

Faisait-elle semblant de ne pas m’écouter ou était-elle profondément ancrer dans ses pensées et n’avais rien entendu ?

Je me raclais la gorge suffisamment fort pour qu’elle l’entende, finalement, elle répondit d’une voix dure, comme la pierre.

— Oui chef.

Suite a cela j’allais me coucher, pas vraiment pour dormir, mais plutôt pour réfléchir.

Le chemin que l’on empruntera, l’équipement que l’on emmènera, notre formation, tout devait être étudié, mais Italika était une cité qui m’était inconnue, je devrais donc improviser sur l’instant, heureusement, nous ne serons qu’en soutient le gros du l’opération sera prévue par les Gardiens du passé.

La nuit qui suivit était calme, peut être trop calme. Je pouvais entendre le vent siffler au travers des baies Vitré encore fracturé, le tout seul.

Cette solitude m’a suivie tout le lendemain, alors que j’ai donné mes instructions à l’unité Charlie ainsi que Dan qui s’était plutôt bien remis de son dernier affrontement, je n’ai aperçu aucune trace d’Élodie ou Jasmine.

Amélie passait son temps avec Pauline à l’infirmerie et Sarah était retournée chez elles voir ses parents.

Le quartier général les avait informées que l’opération de Sarah durerait plus longtemps sans leur dire dans quel état elle était, c’était une manière de les protéger. Il était fermement opposé à son départ en opération et, depuis que Sarah m’a raconté son passé, je ne peux que les comprendre. Il avait déjà perdu leurs fils et voir leur fille partir en opération avait de quoi les inquiéter. Ils connaissaient la douleur de perdre leur enfant et cette douleur fait partie de celle avec lesquelles on ne s’habitue jamais.

Non, jamais…

C’est une fois la fin d’après midi arriver que je commençais à charger nos véhicules avec de l’équipement et des vivres, notre voyage allait durer plusieurs jours et il fallait ne rien oublier.

Dan c’était proposer pour m’aider et Charlie s’occuper de remplir les chargeurs et vérifier l’état des armes. D’après un membre de la faction, Bastien avait été prévenu et il viendra à l’heure convenue.

Finalement venait la nuit suivante, toujours calme, trop calme… pourtant j’ai toujours dormi dans le silence, alors pourquoi ? Après simplement deux nuits…