Chapitre 21
Le bus du Real Madrid roulait en direction de l'aéroport sous escorte policière. À l'intérieur, l'ambiance était électrique. La victoire éclatante contre Porto avait boosté le moral des joueurs, et tout le monde était de bonne humeur.
Alejandro était assis près de la fenêtre, une casquette vissée sur la tête et un sourire en coin alors qu'il faisait défiler les vidéos du match sur son téléphone. Elena, à ses côtés, observait les joueurs avec amusement.
Rodrygo et Vinícius s'étaient mis à chanter un chant de supporters brésiliens en tapant des mains, ce qui fit éclater de rire plusieurs coéquipiers.
— Eh les gars, vous croyez qu'on est au carnaval ou quoi ? lança Brahim en riant.
— On devrait être en train de dormir, pas de réveiller tout l'Europe, ajouta Kylian Mbappe avec un sourire.
— Allez, on a gagné, laissez-nous fêter ça, répliqua Vinícius avant de reprendre son chant.
Elena jeta un coup d'œil à Alejandro.
— Ils sont toujours comme ça après une victoire ?
— Toujours. Et encore, là ils sont calmes, répondit-il en se penchant vers elle.
Elle sourit et appuya sa tête contre son épaule.
— Tu es fatiguée ? demanda-t-il doucement.
— Un peu… mais j'aime bien voir cette ambiance. On sent que vous êtes une vraie équipe.
Alejandro la fixa quelques secondes avant de déposer un baiser discret sur sa tempe.
— C'est ça le Real Madrid.
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L'arrivée à l'aéroport fut rapide et organisée. Le personnel de sécurité du club guida l'équipe directement vers un passage privé, évitant ainsi la foule de journalistes et de supporters qui attendaient à l'extérieur.
Elena, encore un peu impressionnée par le dispositif, marchait aux côtés d'Alejandro, qui gardait une main dans la poche de son jogging tout en lui tenant la main de l'autre.
— Tu vas t'habituer, murmura-t-il en la voyant observer tout autour d'elle.
— Je ne suis pas certaine d'en avoir envie, répondit-elle avec un sourire en coin.
Il haussa les épaules.
— Trop tard.
Rodrygo passa près d'eux et tapa sur l'épaule d'Alejandro.
— Bon, tu comptes nous abandonner pour rester avec ta "femme" ou tu montes dans le jet ?
Alejandro leva les yeux au ciel.
— Très drôle, Rodrygo.
— C'est pas une blague, frère. Tu nous à oubliés maintenant.
Elena éclata de rire.
— Allez, va rejoindre ton équipe, le taquina-t-elle.
Alejandro lui adressa un regard faussement vexé.
— Tu me vires déjà ?
— Je te libère, nuance.
Ils embarquèrent dans le jet privé du Real Madrid, un appareil luxueux où chaque joueur avait son siège attribué. Elena fut installée à l'avant, à côté d'Alejandro et du staff technique.
Une fois en altitude, le calme retomba légèrement. Certains joueurs s'étaient endormis presque immédiatement, tandis que d'autres discutaient encore du match.
Elena jeta un coup d'œil par le hublot, contemplant les lumières des villes en contrebas. Alejandro, lui, avait mis ses écouteurs et regardait une analyse du match sur sa tablette.
Elle posa une main sur son bras.
— Tu ne décroches jamais ?
Il retira un écouteur et la regarda.
— C'est mon métier.
— Ouais… mais tu peux te détendre un peu. Profite de ta victoire.
Il esquissa un sourire et posa sa main sur la sienne.
— Tu es là, donc je profite déjà.
Elle sentit son cœur rater un battement, mais se contenta de lui lancer un regard taquin.
— Méfie-toi, tu deviens romantique.
— Jamais, plaisanta-t-il avant de fermer les yeux, posant sa tête contre l'appui-tête.
Elle sourit et se cala dans son siège. Le vol se poursuivit dans une ambiance apaisée, bercée par le doux ronronnement des moteurs.
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À l'atterrissage, le soleil commençait déjà à poindre à l'horizon. Madrid s'éveillait lentement, et l'équipe fut rapidement prise en charge pour éviter les médias qui attendaient à l'aéroport.
Alors qu'ils descendaient du jet, Alejandro attrapa doucement la main d'Elena et lui murmura à l'oreille :
— Prête à affronter Madrid ?
Elle lui jeta un regard malicieux.
— Avec toi ? Toujours.
Ils échangèrent un sourire complice avant de rejoindre le reste du groupe, prêts à retrouver la capitale espagnole après un voyage qui les avait encore un peu plus rapprochés.
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Elena se réveilla en sentant une douce chaleur contre sa peau. Des baisers légers parsemaient son épaule, remontant lentement jusqu'à son cou. Elle bougea légèrement, encore prise entre le sommeil et l'éveil, un sourire involontaire se dessinant sur ses lèvres.
— Joyeux anniversaire, ma chérie, murmura une voix grave et tendre à son oreille.
Ses paupières papillotèrent avant de s'ouvrir complètement. Alejandro était allongé à côté d'elle, le regard doux et un sourire espiègle au coin des lèvres. Il la couvait du regard, visiblement fier de son effet.
— Comment tu as su ? demanda-t-elle, la voix encore endormie.
— Tu as oublié que j'ai des contacts ? devina-t-il en voyant son regard surpris. Il caressa sa joue avant de se lever. Attends un peu, j'ai quelque chose pour toi.
Elena s'étira dans le lit, le drap glissant légèrement le long de son épaule. Quelques instants plus tard, Alejandro revint, un plateau à la main. Il le posa devant elle avec un sourire satisfait.
— Petit-déjeuner au lit, spécialement préparé pour la reine du jour.
Sur le plateau, un café noir fumant, des pancakes dorés recouverts de fruits frais et une petite coupe de jus d'orange. Elle leva un sourcil en le regardant.
— T'as fait ça tout seul ? demanda-t-elle avec une pointe de malice.
— Bien sûr. Je me suis levé tôt et j'ai tout préparé moi-même, répondit-il fièrement avant d'ajouter, en baissant légèrement la voix : Enfin… avec un petit coup de main du service de la villa.
Elle éclata de rire et attrapa un morceau de pancake avant de le goûter.
— Honnêtement ? C'est délicieux.
Alejandro s'assit à côté d'elle, un bras autour de ses épaules.
— Aujourd'hui, c'est ta journée, Elena. Tu peux me demander tout ce que tu veux.
Elle le fixa, un sourire en coin se dessinant sur son visage.
— Tout ce que je veux ?
— Absolument tout, confirma-t-il avec assurance.
Elle prit une gorgée de son café, réfléchissant un instant. Puis, elle se tourna vers lui avec une expression malicieuse.
— D'accord… Alors, je veux qu'on fasse du cheval.
Alejandro cligna des yeux, surpris.
— Du cheval ?
— Oui, répondit-elle avec enthousiasme. J'adore l'équitation et j'ai envie d'en faire aujourd'hui.
Alejandro grimaça légèrement.
— Je suis pas sûr que ce soit une bonne idée. Je suis meilleur sur un terrain de foot que sur un cheval.
— Tu as dit "tout ce que je veux" ! lui rappela-t-elle en riant.
Il soupira, déjà résigné.
— Ok, très bien. On ira faire du cheval.
Elena lui lança un regard joueur, savourant son pouvoir.
— Et après, on fera un escape game.
Il la fixa, cette fois clairement inquiet.
— Un escape game ? Pourquoi j'ai l'impression que cette journée va être un défi pour moi ?
Elle haussa les épaules, faussement innocente.
— C'est mon anniversaire, tu l'as dit toi-même.
Alejandro secoua la tête, amusé.
— Je vais le regretter, je le sens…
Elle rit avant de déposer un baiser sur sa joue.
— T'en fais pas, je prendrai soin de toi.
— Ouais, c'est ça… grommela-t-il en attrapant un pancake pour se donner du courage.
Après un petit-déjeuner copieux et quelques taquineries, Alejandro tint sa promesse. Une heure plus tard, ils se trouvaient dans un centre équestre luxueux en périphérie de Madrid.
Elena observait les chevaux avec une excitation enfantine, tandis qu'Alejandro, lui, semblait nettement moins enthousiaste.
— Alors, lequel tu veux monter ? demanda-t-elle en caressant le museau d'un majestueux cheval brun.
Alejandro croisa les bras et regarda les animaux avec méfiance.
— Y en a pas un qui est un peu plus… petit ?
Elle éclata de rire.
— Alejandro, t'es un athlète de haut niveau, et tu me dis que tu as peur d'un cheval ?
— J'ai pas peur, se défendit-il en redressant les épaules. Je suis juste… prudent.
— Bien sûr, bien sûr.
Elena ne pouvait s'empêcher de se moquer gentiment de lui. Finalement, après les recommandations du moniteur, ils furent chacun installés sur leur monture. Elena paraissait parfaitement à l'aise, dirigeant son cheval avec assurance, tandis qu'Alejandro avait une posture plus raide.
— T'essayes de ne pas tomber ou quoi ? plaisanta-t-elle.
— Je préfère garder mes deux pieds sur terre, c'est tout.
— Allez, détends-toi, profite du moment.
Ils se mirent à trotter doucement, et peu à peu, Alejandro sembla s'y habituer. Après une heure de balade, ils revinrent au centre équestre. En descendant, Alejandro souffla, soulagé.
— Bon, c'était pas si terrible… Mais je préfère quand même marquer des buts que monter des chevaux.
— Je prends note pour l'année prochaine, répondit Elena en riant.
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L'après-midi, Alejandro l'emmena dans un escape game qu'elle avait choisi. Le thème ? Une enquête policière à résoudre en une heure.
— Ok, je suis bon sur un terrain, mais ça, c'est pas mon domaine.
— Tu seras mon Watson, alors, déclara-t-elle avec un sourire joueur.
Ils entrèrent dans la salle et le compte à rebours démarra. Très vite, Elena se mit en action, cherchant des indices, tandis qu'Alejandro tentait de suivre.
— Là, regarde, un message codé ! s'exclama-t-elle.
Alejandro lut les symboles inscrits sur le mur.
— C'est quoi ce charabia ?
— C'est un code César, il faut le décrypter avec une clé.
— C'est pas du football, ça ! protesta-t-il en riant.
Mais au fil du jeu, Alejandro se prit au jeu et finit même par trouver un indice clé.
— Hé, regarde ça ! J'ai trouvé un double fond dans le tiroir !
— Bien joué, Watson !
Ils finirent par résoudre l'énigme avec trois minutes d'avance. À la sortie, Alejandro souffla, les mains sur les hanches.
— Bon, je retire ce que j'ai dit, c'était amusant. Mais je préfère quand même quand c'est toi qui réfléchis.
— Et moi, j'adore te voir galérer, répondit-elle avec un sourire taquin.
— C'est cruel.
— Non, c'est mérité.
Ils rirent ensemble, profitant pleinement de cette journée qu'ils n'oublieraient pas de sitôt.
De retour à la villa après leur après-midi mouvementé, Elena se précipita sous la douche, impatiente pour la soirée à venir. Alejandro lui avait laissé entendre qu'il lui réservait une surprise, et elle mourait d'envie de savoir ce qu'il avait prévu.
Elle prit le temps de se préparer, choisissant une robe noire élégante, moulante mais sobre, qui mettait en valeur ses courbes sans être trop provocante. Ses cheveux relevés en un chignon flou, elle laissa quelques mèches retomber délicatement autour de son visage. Une touche de rouge à lèvres et des talons assortis complétèrent son look.
Lorsqu'elle descendit, Alejandro l'attendait déjà dans le salon, vêtu d'un costume noir parfaitement taillé. En la voyant, un sourire en coin étira ses lèvres.
— Tu veux me tuer avant même que la soirée commence ? murmura-t-il en s'approchant d'elle.
— C'est toi qui as dit que je pouvais faire ce que je voulais aujourd'hui, répondit-elle en haussant un sourcil.
— Je commence à regretter…
Il lui tendit la main et l'entraîna vers l'extérieur où une voiture les attendait.
— Où est-ce qu'on va ? demanda-t-elle, curieuse.
— Patience, princesa.
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Après une vingtaine de minutes de trajet, la voiture s'arrêta devant l'un des restaurants les plus prestigieux de Madrid. L'entrée illuminée dégageait une ambiance chic et intimiste, et Elena ne put s'empêcher de sourire en reconnaissant le lieu.
— Alejandro… C'est impossible d'avoir une table ici sans réservation des semaines à l'avance.
— Disons que j'ai mes connexions, répondit-il avec un clin d'œil.
Un serveur les guida jusqu'à une table parfaitement dressée, située près d'une large baie vitrée offrant une vue imprenable sur Madrid illuminée.
— J'espère que tu apprécieras le menu, j'ai demandé au chef de nous préparer quelque chose de spécial.
— Bien sûr que j'apprécierai, tant que tu es là, murmura-t-elle en posant sa main sur la sienne.
Le dîner débuta dans une ambiance détendue. Les plats s'enchaînaient, délicieux et raffinés, tandis qu'ils partageaient des anecdotes et des souvenirs. Alejandro, toujours un peu taquin, ne manqua pas de rappeler sa performance mitigée à cheval.
— Je vais devoir travailler mon équilibre si tu me fais encore monter un de ces monstres à quatre pattes.
— Je note pour ton prochain anniversaire, plaisanta-t-elle.
Ils éclatèrent de rire, mais Alejandro semblait un peu nerveux. À la fin du repas, alors qu'Elena pensait que la soirée touchait à sa fin, il se leva et se plaça derrière elle.
— Ferme les yeux.
— Alejandro…
— Fais-moi confiance.
Elle obéit.
Un instant plus tard, elle sentit un délicat contact froid sur sa peau. Lorsqu'elle ouvrit les yeux, Alejandro venait d'attacher un collier à son cou, un bijou fin en or blanc serti d'un petit diamant en forme d'étoile.
— Joyeux anniversaire, ma belle, souffla-t-il en l'embrassant tendrement dans le cou.
Elena porta une main tremblante au bijou, émue par l'attention.
— Il est magnifique…
— Il m'a fait penser à toi. Éblouissante, mais discrète.
Touchée, elle se leva et se jeta dans ses bras, ignorant les quelques regards curieux autour d'eux.
— Merci, Alejandro. Pour tout.
Il sourit et, sans se soucier du monde extérieur, l'embrassa langoureusement. Les murmures autour d'eux et les flashs de téléphones ne semblaient pas l'atteindre. Ce soir, seule comptait Elena.
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Après le dîner somptueux et le cadeau inattendu d'Alejandro, la soirée était loin d'être terminée. Sans même lui dire où ils allaient, il l'entraîna dans une autre voiture.
— Tu es prêt à regretter ta promesse ? demanda Elena en riant, un peu pompette après le vin du dîner.
— Je crois que c'est déjà le cas, mais tant pis.
La voiture les conduisit jusqu'à l'entrée d'un des clubs les plus huppés de Madrid. Une longue file de personnes espérait encore pouvoir entrer, mais dès qu'ils descendirent de la voiture, un des videurs les reconnut immédiatement.
— Señor Vasquez, bienvenue.
Alejandro hocha la tête et posa une main possessive sur la hanche d'Elena en la guidant à l'intérieur.
À peine entrés, une ambiance électrique les envahit. La musique résonnait dans tout le club, les lumières stroboscopiques dansaient sur les murs, et les gens se déhanchaient dans une atmosphère de luxure et de plaisir.
Dans le carré VIP, une bouteille de champagne les attendait déjà sur une table basse entourée de banquettes en velours. Alejandro remplit leurs coupes et trinqua avec elle.
— Joyeux anniversaire encore une fois, mi amor.
Elena sourit et but une gorgée avant de se lever et de tirer Alejandro par la main.
— Allez, viens danser.
Ils se mêlèrent à la foule sur la piste. Alejandro se laissa complètement aller sous l'effet de l'alcool et de l'ambiance. Collé à Elena, il la fit tournoyer avant de poser ses mains sur ses hanches, guidant leurs mouvements.
Ils dansaient comme si personne ne les regardait, leurs corps fusionnant au rythme de la musique. Par moments, Alejandro plongeait son regard intense dans celui d'Elena avant de l'embrasser avec une passion dévorante, sous les regards envieux de certaines filles et admiratifs d'autres.
— Tu es magnifique ce soir, lui souffla-t-il à l'oreille.
— Ce soir seulement ? taquina-t-elle en mordillant sa lèvre.
Il rit et l'attira encore plus contre lui, leurs corps brûlants l'un contre l'autre.
Après plusieurs verres et des danses interminables, Elena sentit une envie pressante la gagner.
— Je vais aux p'tits coins, dit-elle en se détachant légèrement de lui.
Alejandro l'embrassa rapidement.
— Dépêche-toi, j'ai pas envie de te laisser partir trop longtemps.
Elle rit et se dirigea vers l'espace des toilettes, encore étourdie par l'alcool et l'euphorie de la soirée. Après s'être rafraîchie, elle prit un instant pour se regarder dans le miroir. Ses joues étaient rouges, ses lèvres légèrement gonflées par les baisers enflammés d'Alejandro.
Mais à peine eut-elle le temps de se redresser qu'une voix féminine, douce mais glaciale, résonna derrière elle.
— Alors c'est toi, la nouvelle poupée d'Alejandro ?
Elena fronça les sourcils et se tourna lentement. Face à elle se tenait une jeune femme brune, élancée, avec un regard perçant.
— Pardon ? répondit Elena, intriguée.
La femme esquissa un sourire en coin, mais son regard était chargé de quelque chose d'inquiétant.
— Il ne t'a pas parlé de moi, j'imagine. Il évite le sujet à chaque fois.
Un frisson parcourut le dos d'Elena.
— Je devrais te connaître ?
— Peut-être. Elle s'approcha d'Elena, la jaugeant de haut en bas. Dis-moi… il t'a déjà menti ?
— Où veux-tu en venir ?
La femme haussa un sourcil et croisa les bras.
— L'affaire du viol.
Elena sentit son cœur rater un battement.
— Quoi ?
— Tu crois vraiment qu'il est innocent ? Que tout a été classé faute de preuves ?
Elle pencha la tête, comme si elle jaugeait la réaction d'Elena.
— Je mentais peut-être sur certains détails, mais… Elle laissa planer un silence pesant. Pas sur tout.
Elena sentit une boule se former dans sa gorge.
— Tu insinues quoi ?
— Réfléchis bien avant de te donner corps et âme à lui. Parce qu'un jour, tu pourrais découvrir des choses qui changeront tout.
Puis, avec un sourire énigmatique, elle tourna les talons et disparut, laissant Elena seule face à son reflet, le cœur battant à tout rompre.