Il y a des jours où tout semble s'aligner. Aujourd'hui en était un.
La chaleur du soleil frappait la piste tandis que le rugissement des moteurs résonnait comme une symphonie métallique. Kael Vesper, comme à son habitude, était au centre de l'attention. Dans son cockpit, il semblait être dans un autre monde, une parfaite fusion entre l'homme et la machine. Chaque virage, chaque accélération était exécuté avec une précision chirurgicale, comme s'il avait fait cela toute sa vie ce qui n'était pas loin de la vérité.
Là où certains se méfiaient des virages serrés ou hésitaient à pousser leur moteur à la limite, lui plongeait sans peur, trouvant toujours la trajectoire idéale. La piste devenait son terrain de jeu, et les autres, de simples figurants dans son spectacle.
« Ils n'ont jamais compris. Ce n'est pas une question de courage ou d'audace. C'est une question de connexion. Quand je suis derrière ce volant, il n'y a plus rien d'autre qui compte. Juste moi et la route. »
La foule était déchaînée. Chaque fois qu'il dépassait un rival ou maîtrisait un virage difficile, un cri montait des gradins. Certains agitaient des drapeaux à son nom, d'autres scandaient en rythme : « Vesper ! Vesper ! »
À quelques mètres de la ligne d'arrivée, un dernier rival tentait un dépassement. Kael sentit son moteur gronder sous la pression, mais il ne céda pas. Avec un sourire suffisant, il accéléra encore, laissant son adversaire derrière lui.
« Joli essai. Mais il en faudra plus pour détrôner le roi. »
Quand il franchit la ligne, les bras levés dans un geste de triomphe, une vague d'euphorie l'envahit.
Le bruit des acclamations s'estompa à mesure qu'il descendait de sa voiture, mais il n'avait pas besoin de l'entendre. Il savait qu'il avait brillé. Comme toujours.
Les journalistes étaient là, comme d'habitude, prêts à l'assiéger dès qu'il mettrait un pied dans les paddocks. Il n'y échappait jamais. Mais Kael était habitué à cet exercice. Sa réputation en tant que champion attirait la presse, et il savait comment y répondre sans se laisser distraire. En fait, c'était devenu un jeu : parler sans en dire trop, répondre sans jamais se laisser enfermer dans des détails.
Lorsqu'il passa devant les caméras, le sourire aux lèvres, un journaliste se lança immédiatement :
– Mr Vesper félicitations pour cette victoire impressionnante. Qu'est-ce qui fait la différence entre vous et les autres pilotes aujourd'hui ?
– C'est simple, je suis Kael Vesper. Je fais ce que je sais faire le mieux : conduire, répliqua Kael avec un sourire en coin.
Il se redressa, offrant une pose parfaite aux photographes. Il aimait cette attention, la sensation d'être l'objet de tous les regards. Les flashs crépitaient autour de lui, mais il restait impassible, comme s'il était fait pour ça.
Un autre journaliste, plus audacieux, intervint :
– Vous avez une réputation de fêtard, Kael. Est-ce que cette victoire signifie que vous allez célébrer comme d'habitude, ou cette fois-ci vous allez rester discret ?
Kael laissa échapper un rire, presque un défi dans son regard.
– Discret ? Vous me connaissez mal on dirait. Il se tourna vers Ezra qui attendait non loin, un sourire amusé sur le visage. C'est le moment idéal pour se détendre et profiter un peu.
Les journalistes prirent des notes, certains échappant même un petit rire nerveux. Kael savait qu'il venait de créer une autre anecdote pour les prochaines semaines de couverture médiatique.
– Une dernière question, Kael. Vous avez mentionné que cette course était importante pour vous lors de votre récente apparition. Y a-t-il une pression particulière que vous ressentez avant chaque compétition ?
– La pression, c'est pour les amateurs. Kael se redressa encore un peu, son regard devenu plus intense.Quand tu es au sommet, tu apprends à l'ignorer. Pour moi, chaque course est la même, un autre défi à relever. Mais aujourd'hui, c'est moi qui suis là, et c'est tout ce qui compte.
Les journalistes hochèrent la tête, clairement impressionnés. Kael avait cette capacité à parler de lui-même avec une telle confiance que cela semblait naturel, même quand c'était clairement exagéré.
Ezra attendait dans les coulisses, comme toujours. Ses bras croisés, il observait Kael, à la fois fier et agacé. Ce spectacle, il le connaissait par cœur. L'aisance de Kael face aux journalistes, son charisme qui dégageait une aura de supériorité. Mais ce qu'il voyait, c'était aussi un homme qui prenait trop de risques, qui n'en avait jamais assez. Un homme qui ne savait pas quand s'arrêter.
– T'as encore pris trop de risques dans le dernier virage, fit Ezra, en s'avançant vers lui dès qu'il eut quitté les journalistes.
Kael se débarrassa de son casque avec un sourire décontracté.
– C'est pour ça qu'ils viennent me voir, mon chou. Les gens adorent un peu de spectacle.
– Un jour, ton spectacle va finir en tas de ferraille. Ezra secoua la tête, exaspéré.
– Mais pas aujourd'hui. Kael rit.Alors arrête de bouder et savoure la victoire avec moi.
Ezra roula des yeux mais ne répondit rien. Il connaissait Kael mieux que personne. Même si cela l'énervait, il ne pouvait nier qu'il y avait quelque chose de magnétique chez lui lorsqu'il était sur la piste.
– T'as deux semaines avant la prochaine course. Essaie de ne pas tout gâcher en faisant l'imbécile. Ezra se pinça l'arête du nez, comme si cette mise en garde allait changer quelque chose.
Kael sourit d'un air malicieux.
– Deux semaines ? Ça veut dire que je peux faire la fête autant que je veux sans t'entendre râler.
Ezra secoua la tête, mais il savait qu'il n'avait pas beaucoup de pouvoir sur ce genre de décisions.
Plus tard, chez lui, Kael se laissa tomber sur son canapé, une bière fraîche à la main. Sa victoire lui avait donné un goût d'euphorie qu'il n'avait pas l'intention de laisser s'éteindre, il avait préféré rentrer au lieu de boire avec sa team mais une fois chez lui il n'avait qu'une idée en tête : sortir. Ses doigts parcoururent distraitement l'écran de son téléphone, cherchant une fête où aller ce soir.
« Promettre à Ezra de rester tranquille pendant les courses, c'était déjà un exploit. Mais là, je suis libre. Une victoire à célébrer, deux semaines devant moi… Il serait criminel de ne pas en profiter. »
Il s'arrêta sur une invitation qu'il avait reçue plus tôt. Une soirée exclusive, organisée par une de ses connaissances, où les Alphas les plus en vue de la ville se réunissaient pour décompresser.
« Parfait. Une fête, des boissons, et peut-être un ou deux visages intéressants à croiser. »
Il envoya un rapide message à Ezra :
« Ne m'attends pas pour dîner chéri 😜»
Il savait que son ami ne répondrait probablement pas. Mais ce n'était pas grave. La nuit appartenait à Kael Vesper, et il comptait bien en faire bon usage.