– Alors Halcyon veut que tu poses pour eux. Aussi, tu as un rendez-vous chez le médecin ce samedi. Pas besoin de te parler de tes séances de sport...
Ezra lisait tranquillement à haute voix les rappels qu'il avait notés pour Kael, assis sur le bord de son canapé, un carnet à la main.
Kael, lui, était avachi sur le fauteuil, une jambe par-dessus l'accoudoir, l'air profondément désintéressé.
– Tu peux me dire pourquoi j'ai pris le temps de venir chez toi et qu'au lieu de me parler, tu me lis ce truc ? T'es pas mon manager ou mon secrétaire à ce que je sache, coupa Kael, les sourcils froncés.
Ezra leva un sourcil et claqua sèchement son carnet fermé.
– De une, je t'ai pas demandé de venir. Tu t'es incrusté chez moi alors arrêtede te plaindre. Et de deux, je te rappelle que ton manager, tu l'as viré juste parce que tu as appris que c'était un Omega.
Kael prit un air faussement troublé et rétorqua avec une innocence feinte :
– Tu voulais que je traîne un Omega derrière moi ? Sérieux, Ez.
Ezra croisa les bras, un sourire sarcastique au coin des lèvres.
– Arrête ton cirque. Ils m'ont presque supplié de le faire, alors ne rends pas ma tâche plus difficile.
Kael haussa un sourcil, un sourire en coin.
– T'es mon mécano, pas mon manager.
– Oh, tu t'inquiètes pour moi ? répliqua Ezra, feignant d'être touché, les mains sur le cœur. Rassure-toi je reste pas longtemps à ce poste.
Kael roula des yeux mais ne put s'empêcher de sourire.
La tension s'évanouit rapidement, remplacée par leur dynamique habituelle. Ezra se dirigea vers la cuisine pour récupérer une pizza pendant que Kael allumait la télévision.
– Ce soir, c'est pizza et film préféré, déclara Ezra en posant la boîte sur la table basse.
– Enfin un plan qui a du sens, répondit Kael avec un sourire satisfait.
Ils mangèrent en silence, entrecoupé de rires lorsqu'ils citaient des répliques du film en même temps que les personnages à l'écran.
Après avoir fini leur pizza, Kael lança nonchalamment :
– Tu sais que ton appart est minuscule, hein ?
Ezra le regarda sans ciller.
– Et pourtant, t'y es toujours fourré. Ça veut dire que soit t'es désespéré, soit tu m'aimes trop pour t'en éloigner.
Kael rit, un rire sincère, celui qu'il réservait à Ezra seul.
– T'es vraiment insupportable, tu sais ça ?
– Et toi, tu manges comme un cochon.
Ils éclatèrent de rire ensemble, comme ils le faisaient toujours.
Quand il fut temps de se coucher, ils partagèrent le lit comme d'habitude. Ezra s'allongea d'un côté, Kael de l'autre, chacun respectant l'espace de l'autre, mais l'ambiance légère de la soirée laissait place à un silence plus sérieux.
Kael fixait le plafond, les mains derrière la tête.
– Dis, Ez… Pourquoi tu continues de bosser avec moi ? T'aurais pu trouver un boulot avec quelqu'un de moins… chiant et avec tes compétences...
Ezra tourna la tête vers lui, un sourire en coin.
– Je bosse pas pour toi mr mais parce que la team me paie bien mon boulot.
Kael lui jeta son oreiller, mais Ezra l'attrapa sans effort.
– Sérieusement, Kael. Tu joues au connard, mais t'es pas si insupportable que ça.
Kael détourna les yeux, mal à l'aise, et marmonna :
– Arrête de dire des conneries.
Ezra resta silencieux, puis lâcha :
– À propos, tu pourrais arrêter de virer tout le monde juste parce qu'ils sont Omegas ?
Kael fronça les sourcils.
–J'ai pas besoin de ça. Les gens parlent trop.
– Peut-être, répondit Ezra doucement. Mais tu peux pas condamner tout le monde juste pour une bêtise de quelqu'un d'autre.
Kael ne répondit pas, mais ses traits se détendirent légèrement.
Quelques minutes plus tard, il murmura :
– Bonne nuit, Ez.
– Bonne nuit.
Et malgré leurs personnalités opposées, ils trouvèrent une paix fragile dans la proximité de cette nuit-là.
Le lendemain matin, Ezra fut réveillé par la lumière du soleil qui filtrait à travers les rideaux mal tirés. Il se tourna sur le côté pour voir Kael encore étalé sur le lit, profondément endormi, les bras éparpillés et les draps à moitié enroulés autour de sa taille.
Ezra soupira.
– T'as vraiment le don de coloniser mon lit, toi.
Il se leva en silence, tirant doucement la couverture sur Kael avant de se diriger vers la cuisine. Ezra aimait ces moments de calme avant que Kael ne se réveille et commence à envahir l'espace avec sa personnalité énergique.
Kael émergea finalement de son sommeil une demi heure plus tard, les cheveux en bataille et les yeux encore à moitié fermés.
– T'as fait du café ? grogna-t-il en se dirigeant directement vers la cuisine.
Ezra, déjà assis avec une tasse à la main, haussa un sourcil.
– Bien sûr, votre Altesse. Tu veux que je te le serve avec un croissant, aussi ?
Kael ignora la remarque et attrapa la tasse que son ami avait en main.
– Merci, Ez. Tu vois, t'es pas si terrible quand tu veux.
– C'est toi qui rends ça difficile.
Kael s'assit en face d'Ezra, sirotant son café en silence pendant quelques instants.
– Alors, on commence par quoi aujourd'hui? demanda-t-il finalement.
Ezra sortit son carnet – encore.
– Prépare toi à tout donner devant les caméras...
Sur le lieu du shooting, un vaste hangar industriel transformé en studio, les photographes s'activaient déjà autour de la voiture. Kael arriva dans une tenue décontractée mais élégante, un blazer noir sur un t-shirt blanc, des bottines en cuir et un pantalon ajusté.
– Bon, c'est quoi le plan ? demanda-t-il en s'adressant à l'équipe.
Un responsable s'avança.
– Simple. On veut des clichés dynamiques et sophistiqués. Toi, autour de la voiture. Peut-être une scène où tu ajustes un gant de conduite ou une autre où tu poses sur le capot.
Kael roula des yeux en plaisantant :
– Pas de capot, je suis un pilote, pas un mannequin de magazine.
Malgré ses réticences, il joua le jeu. Ezra, quant à lui, observait en retrait, les bras croisés, tout en discutant avec un membre de l'équipe technique.
– Il est doué, ton pote. On dirait qu'il est né pour ça, dit l'un des photographes en ajustant son objectif.
Ezra haussa les épaules.
– Ouais, il adore ça. Mais je te préviens, donne-lui trop d'attention, et il prendra la grosse tête.
Les clichés s'enchaînèrent : Kael au volant, Kael ajustant ses lunettes de soleil, Kael marchant nonchalamment devant la voiture. Chaque pose renforçait son image d'Alpha dominant, charismatique et inaccessible.
Quelques heures plus tard, une fois le shooting terminé, ils prirent la route. Kael, affamé, insista pour s'arrêter dans un fast-food en bord de route.
– Sérieusement ? Après un shooting pour Halcyon Motors, tu veux un burger à 5 dollars ? lança Ezra en levant les yeux au ciel.
– Bah quoi ? Je peux être classe et simple. Ça s'appelle être équilibré. répondit Kael en riant.
Assis dans une cabine, Kael dévora son burger tandis qu'Ezra se contentait d'un café glacé et de quelques frites.
– Tu vas vraiment survivre avec juste ça ? demanda Kael en pointant le maigre repas de son ami.
– Contrairement à toi, je préfère éviter d'avoir à rouler jusqu'à l'hôpital après un excès de malbouffe.
– Bla-bla-bla, marmonna Kael entre deux bouchées.
Le soir venu, Ezra conduisit Kael à l'une de ses fameuses soirées. Cette fois, Kael insista pour qu'Ezra l'accompagne.
– Je sais que t'es coincé, mais tu vas pas me laisser seul avec cette bande de vautours.
– Je suis pas coincé. Je suis raisonnable, répliqua Ezra, les mains crispées sur le volant. En plus t'avais qu'à dire non.
Ils arrivèrent dans un immense loft illuminé, la musique pulsant à travers les murs. L'endroit était bondé, tous impeccablement habillés et débordant d'énergie et Kael semblait connaître du bon monde. Ezra, fidèle à lui-même, s'installa dans un coin tranquille avec son verre, observant la foule d'un œil distant.
De son côté, Kael se laissait porter par l'ambiance, une bière à la main, déjà entouré de plusieurs connaissances.
– Viens, Ezra, arrête de faire ta statue. dit-il en l'attrapant par le bras.
Ezra se retrouva entraîné au milieu de la foule, acceptant quelques conversations et un ou deux verres par politesse, mais sans aller plus loin.
– Tu t'amuses ? demanda Adrien, en le rejoignant.
– Autant que possible, répondit Ezra avec un sourire en coin.
Pendant ce temps, Kael disparaissait avec une blonde dans un coin reculé de la soirée. Les rumeurs coururent vite qu'ils s'étaient enfermés dans les toilettes. Ezra, au courant des habitudes de son ami, ne fit qu'un commentaire en levant les yeux au ciel :
– Sérieusement, Kael…
Il termina son verre, salua quelques personnes, et attendit que Kael émerge de son escapade.
Quand Kael le rejoignit finalement, visiblement satisfait, Ezra lança simplement :
– T'as fini de marquer ton territoire ?
Kael rit, passant un bras autour des épaules de son ami.
– T'inquiète, Ez. Je suis encore là pour toi.
Ezra haussa un sourcil mais ne répondit pas, se contentant de guider Kael vers la voiture pour rentrer.