Chapitre 24 : Entre loyautés et révélations

Le soleil peinait à percer les nuages ce matin-là. Une brume légère s'étendait sur les jardins du palais, apportant avec elle un silence presque sacré. Pourtant, dans la grande salle du trône, le calme était une illusion : chaque noble, chaque ministre savait que ce jour marquerait un tournant.

L'empereur Nangong entra, vêtu de son manteau de cérémonie aux reflets noirs et or. Il était droit, majestueux, son regard impitoyable. Le bruit de ses pas sur le sol de marbre résonnait comme un glas pour ceux qui avaient fauté.

— Faites entrer le ministre Jiang, ordonna-t-il d'une voix tranchante.

Le silence se fit pesant. Le ministre Jiang parut, les mains jointes dans les manches, l'air calme en surface mais les yeux vifs, cherchant déjà une échappatoire. Il s'inclina profondément.

— Majesté… commença-t-il.

— Il n'est plus temps pour les faux-semblants, coupa l'empereur. Un espion sous vos ordres a tenté de compromettre une servante impériale par des accusations mensongères. Dites-moi, ministre Jiang, dois-je considérer cela comme une trahison ?

Le ministre tenta un sourire poli.

— Je n'ai jamais donné un tel ordre, Votre Majesté. Ce doit être un malentendu, une machination pour entacher mon nom. Qui aurait intérêt à cela, sinon mes rivaux politiques ?

L'empereur se leva lentement, ses yeux brûlant de détermination.

— Alors vous n'avez rien à craindre si nous fouillons votre résidence, et interrogeons vos gens un à un.

À ces mots, le ministre pâlit, mais garda la tête baissée. Derrière lui, plusieurs ministres échangèrent des regards inquiets.

 

### **Dans les quartiers de l'impératrice**

Pendant ce temps, dans les appartements impériaux, Lianfei, la fidèle servante de l'impératrice, entrait précipitamment, le teint blême.

— Majesté, il faut que je vous parle immédiatement.

L'impératrice, encore en train de savourer son thé délicat au jasmin, leva un sourcil.

— Que se passe-t-il encore ?

— L'empereur interroge votre frère… il est en mauvaise posture. On dit qu'un espion l'accuse d'avoir fomenté un complot contre la jeune dame Shen Jiayi. Le garde Wei était présent. Tout semble s'écrouler.

Un silence glaçant s'installa. L'impératrice serra sa coupe de thé si fort que le porcelaine se fissura sous ses doigts.

— Prépare mon palanquin. Je vais me rendre moi-même à la salle du trône.

 

### **Chez Jiayi**

Dans le manoir Shen, l'agitation battait son plein. Jiayi venait à peine de franchir le seuil qu'elle fut assaillie par Xiaolan, les yeux embués d'inquiétude.

— Mademoiselle ! On m'a dit que vous étiez en danger ! Que s'est-il passé ?!

— Je vais bien, Xiaolan. Rien que je ne puisse gérer, répondit-elle en souriant doucement, bien que ses traits trahissaient la fatigue.

Mais derrière Xiaolan, tout le personnel du manoir était rassemblé, murmurant, s'interrogeant. L'intendant, un vieil homme sage à la barbe blanche, s'approcha, les bras croisés.

— Jeune demoiselle Jiayi, votre bravoure est digne de votre père, mais vous devez penser à votre sécurité. Ne nous causez pas une seconde frayeur comme celle-ci.

Jiayi inclina la tête, reconnaissante.

— Je vous le promets. Ce n'est pas encore fini, mais je resterai prudente.

 

### **Retour à la salle du trône**

Alors que l'interrogatoire battait son plein, des gardes annoncèrent l'arrivée de l'impératrice. Tous les regards se tournèrent vers l'entrée.

Elle entra, drapée dans une robe d'un pourpre profond, la tête haute, glaciale, impériale. Ses yeux rencontrèrent ceux de son frère, puis ceux de l'empereur.

— Votre Majesté, je viens plaider la cause de mon frère. Il est innocent. Cette machination est le fruit d'un complot visant à affaiblir notre lignée.

L'empereur resta immobile, les mains croisées dans les manches.

— Et pourtant, les preuves abondent. Ai-je tort de croire ce que mes yeux voient ?

— Vous avez toujours été prompt à croire en la noblesse de Jiayi. Mais êtes-vous prêt à briser l'équilibre de la cour pour une simple jeune fille ?

Le silence fut absolu. Tous attendaient la réponse de l'empereur.

Il se leva, lentement, chacun de ses mouvements empreint de solennité.

— Je suis prêt à briser tout ce qui se dresse entre moi et la vérité. Qu'il s'agisse de ministres… ou même d'impératrices.

Un frisson parcourut l'assemblée. Le masque venait de tomber. Une guerre silencieuse venait de commencer — et plus rien ne serait comme avant.