La nuit s'étendait, parsemée de lanternes vacillantes et de rires lointains. Après leur chaleureux dîner, Jiayi, Xiaolan, le garde impérial, le conseiller Huang et le précepteur Wen sortirent de l'auberge. L'air était doux, chargé d'une agréable odeur d'encens et de sucreries vendues dans les rues.
Malgré l'insouciance apparente, Jiayi sentait une tension sourde l'effleurer. Son instinct aiguisé de vétérane ne la trompait jamais.
— « Restons vigilants, » souffla-t-elle discrètement.
À peine avait-elle parlé qu'un sifflement fendit l'air. Une flèche vola à toute allure, visant son cœur. Mais Jiayi esquiva d'un habile mouvement, ses réflexes forgés sur les champs de bataille.
— « Embuscade ! » rugit le garde de l'empereur en dégainant son sabre.
Sans perdre une seconde, Jiayi arracha un bâton d'un étal abandonné et se plaça immédiatement en position de combat, épaulant les trois hommes. Xiaolan, affolée, se réfugia derrière un chariot.
Des silhouettes noires sortirent de l'ombre, sabres et poignards en main.
Le combat éclata, féroce et violent.
Jiayi combattait avec une grâce sauvage, esquivant et frappant avec précision. Son bâton virevoltait dans les airs, assommant ses adversaires avec une efficacité redoutable. Son regard était dur, concentré, déterminé. Elle n'était plus la dame élégante admirée à la cour, mais une guerrière aguerrie.
Le garde impérial, impressionné, échangea un regard rapide avec elle.
— « Pas besoin de protection particulière, apparemment, » murmura-t-il, admiratif.
Le conseiller Huang se battait avec la ruse, glissant parmi les ennemis comme un serpent, tandis que le précepteur Wen, bien qu'un peu raide, montrait un courage sincère et une bonne maîtrise de la défense.
Jiayi, agile, esquiva un sabre en se baissant, frappa l'assaillant au ventre, puis tourna sur elle-même pour désarmer un second homme. Elle se battait à l'unisson avec les trois hommes, leurs mouvements s'accordant presque naturellement, comme une danse mortelle.
— « Jiayi, attention ! » cria Xiaolan.
Un assassin plus grand fondait sur elle. Sans hésiter, Jiayi lâcha son bâton, saisit le poignard tombé au sol et, avec une maîtrise implacable, désarma son agresseur d'un geste sûr.
Puis, un silence étrange tomba.
Une silhouette massive s'avança lentement parmi les débris du combat : un colosse masqué, armé d'une lame courbe.
— « Donnez-moi la femme, et je laisserai les autres en vie, » gronda-t-il.
Jiayi s'avança, le poignard en main, le regard brûlant.
— « Viens la chercher si tu l'oses, » répliqua-t-elle d'une voix glacée.
Le garde impérial, le conseiller Huang et le précepteur Wen se placèrent aussitôt à ses côtés.
Le combat reprit de plus belle, cette fois contre cet adversaire redoutable.
Jiayi frappait avec rapidité et précision, soutenant les attaques de ses compagnons. Ensemble, ils acculèrent le colosse, chacun exploitant la moindre faille. Finalement, le garde impérial porta un coup décisif, désarmant l'homme masqué.
Acculé, l'assassin avala une pilule empoisonnée et s'effondra, sans révéler le nom de son commanditaire.
Jiayi s'accroupit près du corps, l'esprit sombre.
— « Ils étaient déterminés à me faire taire, » murmura-t-elle.
Essoufflée, Xiaolan accourut pour la prendre dans ses bras, les larmes aux yeux.
— « Ma dame, je vous en prie, plus jamais ça… »
Jiayi serra doucement la main de sa servante.
— « Ce n'est pas fini, Xiaolan. Ce n'est que le début. »
Le garde impérial essuya son sabre, le regard grave.
— « Nous devons prévenir l'empereur immédiatement. »
Ils reprirent le chemin de la résidence de Jiayi, marchant rapidement sous la pâle lumière de la lune. Chaque ruelle semblait dissimuler de nouvelles menaces, chaque souffle du vent apportait son lot de frissons.
Arrivés enfin à destination, Jiayi resta un moment immobile sous les étoiles, le visage levé vers le ciel nocturne.
Elle pensait à tout ce qu'elle avait traversé — les batailles, les trahisons, la solitude — et à tout ce qui l'attendait encore.
Elle n'était pas une simple courtisane.
Elle n'était pas une simple dame de la cour.
Elle était Jiayi, une femme prête à se battre, prête à vivre selon ses propres termes.
Même si les ténèbres s'étaient levées contre elle, elle avancerait, coûte que coûte.