Chapitre 29 — Une capitale sous tensions

L'aube s'était à peine levée sur la capitale que déjà, une agitation inhabituelle régnait autour du palais impérial.

Dans la grande salle du trône, l'empereur Nangong, assis droit sur son trône d'or massif, écoutait avec un calme apparent les rapports sur l'attaque nocturne contre Jiayi. Pourtant, ses yeux sombres étincelaient d'une colère contenue, et l'air semblait vibrer d'une tension sourde.

Le garde Wei, agenouillé devant lui, exposait les faits sans rien omettre.

— « Majesté, » dit-il en baissant la tête, « l'attaque a été savamment organisée. Les assaillants étaient entraînés et connaissaient parfaitement la capitale. Mais nous les avons repoussés grâce à l'intervention rapide des soldats de la garde rapprochée. »

L'empereur tapota l'accoudoir du trône du bout des doigts, signe de sa grande réflexion. Puis, d'une voix grave :

— « Wei, je veux que tu fouilles tout ce que le ministre Jiang a pu tramer dans l'ombre. Espionnage, alliances secrètes, transactions douteuses. Je veux tout savoir, même la plus petite rumeur. »

Le garde leva immédiatement le poing en un salut militaire.

— « À vos ordres, Majesté. »

Un silence pesant s'installa alors que l'empereur fixait l'horizon par la grande fenêtre ouverte. Le vent frais du matin faisait voler les tentures rouges comme des flammes.

Pendant ce temps, dans les appartements de l'impératrice, l'atmosphère était tout autre.

Lianfei, la fidèle servante, s'était agenouillée, la tête baissée, tremblante devant sa maîtresse. Le regard de l'impératrice, glacial et dur, pesait lourdement sur elle.

— « Répète ce que tu viens de dire, » siffla l'impératrice entre ses dents serrées.

— « Votre Majesté… » bredouilla Lianfei. « Le petit prince héritier… il montre une grande affection pour la dame Jiayi. Il… il parle souvent d'elle, demande à la voir, et cherche même à lui offrir de petits présents. »

Un claquement sonore retentit : l'impératrice venait de frapper violemment la table de son éventail de jade.

— « Imbécile ! Pourquoi ne m'avoir rien dit plus tôt ?! » hurla-t-elle, la voix déformée par la rage.

Lianfei se prosterna encore plus bas, le front touchant presque le sol.

— « Je… Je voulais être certaine… »

Mais l'impératrice n'écoutait déjà plus. Ses pensées tournaient à toute vitesse. Elle voyait déjà l'influence de Jiayi s'étendre jusqu'à l'héritier du trône — une menace insupportable pour elle.

— « Jiayi… » murmura-t-elle, les yeux rétrécis d'une haine noire. « Elle veut séduire jusqu'à mon fils, désormais. Cette femme doit être arrêtée. »

Elle se redressa brusquement, son regard brûlant d'une décision froide.

— « Prépare tout ce qu'il faut. Je la surveillerai moi-même. »

De son côté, Jiayi ignorait encore les sombres projets qui se tramaient contre elle.

Au manoir, elle profitait d'une matinée paisible, assise dans un petit pavillon au cœur du jardin, bercée par le chant des cigales et le parfum doux des fleurs en pleine éclosion.

Xiaolan, toujours fidèle, apportait un plateau de fruits frais et de pâtisseries délicates. Son visage était un peu plus rose que d'habitude, et Jiayi ne manqua pas de le remarquer.

Un sourire en coin étira ses lèvres.

— « Xiaolan, » dit-elle en croquant une prune mûre. « Tu es bien joyeuse aujourd'hui… Serait-ce lié à notre charmant cuisinier ? »

Xiaolan sursauta, faisant presque tomber le plateau.

— « Ma... Ma dame ! » protesta-t-elle en rougissant violemment.

Jiayi éclata d'un rire clair et léger.

— « Ne fais pas l'innocente, petite coquine. Raconte-moi tout. Y a-t-il du nouveau entre toi et ce maître des fourneaux ? »

Xiaolan se tordait les doigts, son visage presque cramoisi.

— « Eh bien… il m'a offert un petit dessert spécial hier soir, » avoua-t-elle d'une toute petite voix. « Il a dit… qu'il pensait à moi en le préparant. »

Jiayi posa sa tasse et la fixa, les yeux pétillants de malice.

— « Oh ! Voilà un homme sérieux alors ! Il cuisine pour toi avec amour. » Elle pencha la tête de côté. « Et toi, que ressens-tu vraiment pour lui, ma chère Xiaolan ? »

Xiaolan baissa les yeux, toute honteuse.

— « Je… Je crois que je l'aime bien… beaucoup même… » murmura-t-elle.

Jiayi se redressa, soudain plus douce.

— « Tu as le droit d'être heureuse, Xiaolan. Si ton cœur bat pour lui, alors écoute-le. La vie est courte, et dans ce monde cruel, saisir un peu de bonheur est une victoire en soi. »

Les yeux de Xiaolan brillèrent légèrement d'émotion.

— « Merci… Ma dame… »

Un moment de silence réconfortant s'installa entre elles, rythmé seulement par le bruit léger du vent dans les arbres.

Jiayi leva alors les yeux vers le ciel clair, un sourire mélancolique flottant sur ses lèvres. Elle pensait à tout ce qu'elle avait perdu… mais aussi à tout ce qui pouvait encore naître. Peut-être que malgré les luttes et la méfiance, il restait un peu d'espoir.

Mais elle savait aussi que bientôt, l'orage s'abattrait à nouveau sur elle.

Car dans les couloirs dorés du palais, l'ombre de l'impératrice grandissait, prête à frapper.

Et Jiayi allait devoir faire face.