Chapitre 30 — Le piège des douceurs

Le lendemain matin, la capitale se réveilla sous un ciel clair et limpide. Jiayi et Xiaolan, vêtues de tenues sobres mais élégantes, prenaient le chemin du palais impérial.

À leur arrivée, l'agitation habituelle du palais emplissait l'air : les eunuques couraient, les dames de cour chuchotaient dans les couloirs, et les gardes en armure patrouillaient, indifférents au tumulte.

Guidées par un eunuque, Jiayi et Xiaolan traversèrent plusieurs jardins fleuris avant d'arriver dans une cour intérieure lumineuse, réservée au prince héritier.

Le petit prince, vêtu d'une tunique bleu céleste brodée de grues, les attendait avec impatience. Lorsqu'il vit Jiayi, son visage s'illumina et il courut vers elle à toute vitesse.

— « Dame Jiayi ! Dame Jiayi ! Vous êtes venue ! » s'écria-t-il, tout sourire.

Jiayi s'agenouilla, accueillant le petit garçon dans ses bras avec une tendresse non feinte.

— « Comment pourrais-je refuser votre invitation, Altesse ? » répondit-elle en riant doucement.

Le prince, débordant d'énergie, l'entraîna aussitôt vers un coin du jardin où divers jeux avaient été installés : des cerfs-volants, des balles colorées, et même des petits échiquiers en jade.

Pendant un moment, tout semblait paisible.

Tout semblait normal.

**Mais dans l'ombre, le piège s'était déjà refermé.**

Discrètement, une jeune servante, visage baissé, s'approcha avec un plateau couvert de douceurs.

Elle était l'espionne envoyée par l'impératrice, chargée de mener à bien un plan odieux : compromettre Jiayi aux yeux de tous.

Sur le plateau, plusieurs petits gâteaux attendaient, dorés, parfumés... et parmi eux, un dangereux imposteur : **un gâteau aux noix**, soigneusement placé pour atteindre sa cible.

La servante s'inclina respectueusement devant Jiayi et le prince.

— « Altesse, Dame Jiayi, voici des douceurs préparées spécialement pour votre jeu. »

Sans se méfier, le petit prince, attiré par l'odeur sucrée, se précipita vers le plateau avant même que Jiayi puisse intervenir.

— « Oh ! Celui-là a l'air délicieux ! » s'exclama-t-il en pointant justement **le gâteau piégé**.

— « Altesse, attendez... » tenta Jiayi, tendant la main pour l'arrêter.

Mais trop tard.

D'un geste rapide, le petit prince saisit le gâteau et en croqua une grosse bouchée.

Pendant quelques secondes, tout sembla suspendu dans l'air.

Puis soudain, **le drame éclata**.

Le visage du prince se figea. Ses lèvres commencèrent à enfler. Ses joues prirent une teinte rouge violacée. Il lâcha le gâteau, portant ses mains à sa gorge, peinant à respirer.

— « Altesse ! » s'écria Jiayi, son cœur manquant un battement.

Xiaolan, horrifiée, accourut tandis que Jiayi attrapait aussitôt le petit prince dans ses bras.

— « Vite ! De l'aide ! » hurla Xiaolan en direction des serviteurs stupéfaits.

Des eunuques accoururent, appelant en panique les médecins impériaux.

Jiayi, gardant son sang-froid, s'agenouilla et bascula le petit prince sur le côté pour l'aider à mieux respirer, tout en ordonnant :

— « Amenez de l'eau fraîche ! Et un médecin immédiatement ! »

Sous ses mains tremblantes mais habiles, elle frictionna doucement le dos du petit garçon, le maintenant conscient.

Bientôt, un médecin accourut, suivi d'autres serviteurs. Ils examinèrent rapidement le prince et administrèrent un antidote d'urgence contre l'allergie.

La respiration du petit prince, encore sifflante, se calma lentement, mais l'enfant était faible et inconscient.

Le médecin se tourna vers Jiayi avec une expression grave :

— « Dame Jiayi, si vous n'aviez pas réagi si vite, nous aurions perdu l'héritier... »

Un frisson parcourut tout le personnel présent.

**

Quelques instants plus tard, la cour entière fut plongée dans l'agitation.

La rumeur courut comme un feu de brousse : **le prince héritier avait failli mourir sous la surveillance de Jiayi** !

Informée aussitôt, l'impératrice, vêtue de ses plus riches habits, fit irruption dans le jardin comme une tempête furieuse.

Ses yeux étincelaient de rage.

— « Où est-elle ?! Où est Jiayi ?! » vociféra-t-elle.

Jiayi, encore agenouillée auprès du petit prince, releva lentement la tête, ses yeux calmes mais brillants d'une flamme froide.

— « Votre Majesté, je suis ici. »

L'impératrice s'avança, fulminante.

— « Comment oses-tu porter la poisse à mon fils ?! Que lui as-tu fait ?! »

Jiayi s'inclina respectueusement mais répondit sans trembler :

— « Votre Majesté, je n'ai rien fait. Je suis restée aux côtés de l'Altessse tout le temps. Quelqu'un a changé les douceurs destinées au prince. »

Un silence choqué s'abattit.

L'impératrice, les poings serrés, fusilla du regard les serviteurs autour d'elle.

— « Où est la servante qui a apporté ces gâteaux ?! »

Mais, comme par magie, **la servante espionne avait disparu**.

Elle s'était évaporée dès que le chaos avait éclaté.

Un murmure d'inquiétude parcourut la foule : **un piège avait bel et bien été tendu.**

**

Alors que l'impératrice bataillait pour dissimuler son trouble, une nouvelle voix forte retentit.

C'était le garde Wei, loyal serviteur de l'empereur, qui venait d'arriver.

— « L'Empereur a été informé, Sa Majesté se rendra lui-même ici sous peu ! »

À ces mots, l'impératrice pâlit légèrement.

Elle savait que si l'Empereur apprenait la vérité... son plan pour éliminer Jiayi pourrait se retourner contre elle-même.

**

Jiayi, agenouillée près du petit prince, serra doucement la petite main moite dans la sienne.

Son regard se durcit intérieurement.

Elle protégerait cet enfant.

Elle laverait son nom.

Et elle mettrait au jour toutes les vipères tapies au cœur du palais, même si elle devait y risquer sa vie.