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Le manoir des Shen était enveloppé d'une atmosphère paisible.
Après la journée tumultueuse qu'ils avaient traversée, Jiayi, dans sa grande générosité, avait encouragé sa fidèle servante à profiter de quelques heures de liberté.
Le cœur battant, Xiaolan traversa les jardins silencieux, un léger panier de fruits à la main. La brise nocturne faisait danser les feuilles au-dessus d'elle, et la lueur des lanternes suspendues aux branches dessinait de doux chemins de lumière sur les pavés.
Près du petit pavillon du jardin — là où le parfum du chèvrefeuille flottait dans l'air — Zhufan l'attendait.
Le jeune cuisinier, au visage chaleureux et aux mains habiles, avait tout préparé :
Une petite table basse recouverte d'une nappe blanche, deux tabourets simples, et sur la table, plusieurs plats délicats — qu'il avait spécialement cuisinés pour elle.
Quand il vit Xiaolan approcher, ses yeux sombres s'illuminèrent d'une lueur douce.
— « Tu es venue… » dit-il, sa voix basse mais empreinte d'une émotion difficile à contenir.
Xiaolan hocha timidement la tête, incapable de cacher ses joues rosies.
— « Ma maîtresse m'a donné la soirée… et… je voulais passer un moment avec toi. » murmura-t-elle.
Zhufan sourit, un sourire qui fit fondre toute la nervosité qu'elle avait accumulée.
Avec une élégance naturelle, il tira un tabouret pour elle.
— « Alors, asseyons-nous, et savourons ensemble cette soirée. »
Ils prirent place, les étoiles au-dessus d'eux, comme des milliers de témoins silencieux de leur rencontre.
Le dîner commença dans la douceur. Zhufan lui servait lui-même les plats : des raviolis farcis aux légumes tendres, du riz parfumé aux fleurs de lotus, de délicates brochettes caramélisées... Tout avait été préparé avec soin, pensant à ses goûts.
— « Tu as fait tout ça… juste pour moi ? » demanda Xiaolan, la voix tremblante d'émotion.
Zhufan acquiesça, baissant modestement les yeux.
— « Cuisiner pour toi est un honneur… et une joie. »
Un silence tendre s'installa entre eux. Chaque bouchée était un petit geste d'attention, chaque regard échangé portait mille mots silencieux.
Puis, après le repas, Zhufan sortit un petit instrument à cordes, un "guqin" portatif.
— « Je ne suis pas très habile… » dit-il, rougissant légèrement. « Mais... j'aimerais te jouer quelque chose. »
Assise là, sous la lune brillante, Xiaolan sentit son cœur s'élever alors que les premières notes s'égrenaient dans l'air tiède.
La mélodie était simple, maladroite parfois, mais remplie de tendresse, comme un aveu muet.
Lorsqu'il eut terminé, Xiaolan n'y tint plus : des larmes silencieuses roulèrent sur ses joues.
Zhufan posa précipitamment son instrument et vint s'agenouiller devant elle.
— « Xiaolan ! Qu'est-ce qui ne va pas ? » demanda-t-il, affolé.
Elle secoua doucement la tête, essuyant ses larmes du bout des doigts.
— « Ce sont des larmes de bonheur… » murmura-t-elle. « Jamais personne… ne m'a regardée comme tu le fais… »
Zhufan prit alors sa main, la serrant doucement entre ses paumes calleuses.
— « Je ne sais pas écrire des poèmes, ni chanter comme les érudits… » dit-il d'une voix grave. « Mais je peux te promettre ceci : tant que je vivrai, je te respecterai, je te protègerai, et je rendrai tes journées aussi douces que possible. »
Xiaolan, bouleversée par la sincérité de ses paroles, répondit d'une voix tremblante :
— « Alors… laissons le temps construire ce que nous avons commencé ce soir. »
Zhufan hocha la tête, incapable de parler, son regard brillant d'émotion.
Doucement, il l'attira dans une étreinte discrète, presque timide, respectueuse.
Sous les lanternes suspendues, au parfum léger des fleurs, ils restèrent ainsi longtemps, blottis l'un contre l'autre, partageant la chaleur d'une promesse silencieuse.
La nuit avançait, mais ni l'un ni l'autre ne voulait rompre ce moment précieux.
Quand finalement Xiaolan se leva, prête à retourner discrètement auprès de Jiayi, Zhufan glissa doucement une petite amulette de jade dans sa main.
— « Pour te porter chance… et pour que tu n'oublies pas ce soir. »
Les doigts de Xiaolan se refermèrent sur le bijou, son cœur gonflé de bonheur.
Elle lui adressa un dernier sourire timide avant de s'éclipser dans les ombres du jardin.
Zhufan resta longtemps là, regardant l'endroit par où elle était partie, le sourire toujours présent sur ses lèvres.
Ce soir-là, deux cœurs modestes, égarés dans l'immensité du monde, s'étaient trouvés sous la lumière discrète des étoiles.