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Le carrosse impérial s'arrêta devant les imposantes portes du palais intérieur.
Accompagnée du fidèle garde Wei Hao, Jiayi descendit avec grâce, son pas léger contrastant avec la gravité du lieu.
Les corridors étroits s'étendaient devant eux, baignés par la lumière douce des lanternes de jade suspendues en hauteur. À mesure qu'ils avançaient, le bruissement des soieries et le cliquetis des bottes sur les dalles résonnaient sous les plafonds ornés de dragons dorés.
La tension montait imperceptiblement.
Tout était silencieux, presque oppressant, comme si les murs eux-mêmes observaient leur progression.
Soudain, au détour d'un couloir, une silhouette élégante émergea de l'ombre.
Le conseiller Huang.
Son regard vif et moqueur se posa immédiatement sur Jiayi, mais ce fut Wei Hao qu'il fixa plus intensément, son sourire poli masquant à peine son hostilité.
Wei Hao, fidèle à lui-même, serra les poings discrètement.
Entre ces deux hommes, la rivalité était aussi ancienne qu'instinctive : Wei Hao, loyal et droit, voyait en Huang un intrigant manipulateur ; et Huang, quant à lui, se délectait de provoquer ce garde trop rigide à son goût.
Ils s'arrêtèrent face à face, l'air se chargeant d'électricité.
Un duel silencieux, fait d'yeux plissés et de sourires narquois, s'engagea immédiatement.
Jiayi, consciente de l'atmosphère pesante, leva les yeux au ciel d'un air amusé.
Elle s'approcha de quelques pas, tapotant l'épaule de Wei Hao, puis s'inclina légèrement devant Huang.
— « Messieurs, votre rivalité éternelle est presque touchante… » dit-elle d'un ton léger. « Mais je dois rappeler que les couloirs du palais ne sont pas des champs de bataille. »
Wei Hao détourna le regard avec une petite toux gênée, tandis que Huang haussa un sourcil, amusé.
Avant de tourner les talons, Jiayi lança, malicieuse :
— « Faites-moi plaisir, ne vous entretuez pas pendant mon absence. »
Un sourire en coin éclaira brièvement son visage tandis qu'elle poursuivait son chemin, sa robe virevoltant gracieusement derrière elle.
Wei Hao, jetant un dernier regard noir à Huang, emboîta le pas de Jiayi.
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Pendant ce temps, dans les rues vivantes de la capitale, Xiaolan et Zhufan peinaient sous le poids des paniers chargés de provisions.
Leur retour vers le manoir Shen avait été ralenti par la foule, mais une étrange scène attira leur attention alors qu'ils passaient devant un salon de thé réputé.
Yan Zhao, vêtu d'une cape sombre, sortait furtivement du bâtiment.
Son visage était fermé, son regard fuyant.
Xiaolan tira doucement sur la manche de Zhufan.
— « Regarde… » murmura-t-elle.
Zhufan, plissant les yeux, reconnut immédiatement l'homme qui avait autrefois cherché à humilier leur maîtresse.
Ils échangèrent un regard déterminé. Malgré leur timidité naturelle, le souvenir de Jiayi et leur loyauté envers elle leur donnèrent du courage.
Sans se consulter davantage, ils décidèrent de le suivre discrètement.
Yan Zhao s'enfonça rapidement dans une ruelle étroite, loin du tumulte du marché.
Le cœur battant, Xiaolan et Zhufan progressaient de pas feutrés, se dissimulant derrière des charrettes, des étals de tissus et des murets fissurés.
Yan Zhao, semblant pressé, ne remarqua rien.
Il s'arrêta enfin devant une porte de bois usé, frappant trois coups secs.
La porte s'entrouvrit, révélant un homme au visage rude et méfiant.
Xiaolan, tapie derrière un tas de caisses, tendit l'oreille autant qu'elle le put.
Des bribes de conversation leur parvinrent :
— « ...c'est ce soir. Tout est prêt ? »
— « Bien sûr. Cette fois, elle n'y échappera pas. »
Zhufan fronça les sourcils. Il échangea un regard inquiet avec Xiaolan.
Ils comprirent alors que Yan Zhao préparait un nouveau coup contre Jiayi.
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Dans le palais impérial, Jiayiarrivait devant les grandes portes ouvrant sur la salle du Conseil Privé, là où l'Empereur la convoquait.
Un serviteur s'inclina profondément et annonça :
— « Maîtresse Shen Jiayi est arrivée. »
Une voix grave, celle de l'Empereur, répondit calmement de l'intérieur :
— « Qu'elle entre. »
Jiayi inspira profondément, arrangea ses manches, et entra d'un pas décidé, prête à affronter l'avenir…
Ignorant que dans l'ombre, des forces s'agitaient déjà pour précipiter sa chute.