Le lendemain matin, le palais impérial était en ébullition.
À l'aube, un messager essoufflé était venu tambouriner aux portes de la chambre impériale, demandant une audience urgente.
Nangong Liwei, encore à moitié vêtu, s'était levé d'un bond.
À ses côtés, son fidèle garde Wei se tenait déjà prêt, l'épée à la main.
Le conseiller Huang, informé en même temps, avait accouru sans perdre une seconde, attachant à peine sa ceinture de fonction.
Ils s'élancèrent ensemble à travers les longs corridors dorés du palais, leurs pas rapides résonnant dans le silence tendu du matin.
***
À leur arrivée devant la grande salle d'audience, un murmure sourd monta.
Tous les ministres étaient déjà là, alignés, leurs robes de fonction impeccables, l'air grave.
L'atmosphère était pesante, chargée d'une tension électrique.
Quelque chose d'énorme allait se produire — chacun pouvait le sentir.
Nangong Liwei, vêtu de sa robe d'empereur brodée d'or, monta calmement les marches menant à son trône.
Il s'assit, l'air impassible, dominant l'assemblée de toute sa prestance souveraine.
Son regard balaya les rangs... jusqu'à ce qu'une silhouette familière fasse son apparition.
Les portes massives de la salle d'audience s'ouvrirent lentement.
Et le ministre Jiang entra.
Il portait sa robe de haut fonctionnaire, bleue et brodée d'argent, avec la dignité calme d'un roc inébranlable.
Son visage était grave mais ferme, et il avança sans hésitation, son pas plein d'assurance.
Il n'était plus l'homme abattu que l'on avait vu quitter le palais.
Non.
Le ministre Jiang était de retour.
Et il était plus prêt que jamais.
***
Un silence assourdissant accueillit son entrée.
Tous les regards se tournèrent vers l'Empereur, cherchant à lire ses réactions.
Mais Nangong Liwei resta parfaitement calme, presque froid.
Ses yeux sombres observaient Jiang avec une neutralité implacable.
Le garde Wei, debout à la droite du trône, serra si fort la garde de son sabre que ses jointures blanchirent.
Le conseiller Huang, placé un peu en retrait, plissa les yeux, son regard noir brillant d'une colère à peine contenue.
Ils savaient ce que cela signifiait.
Le ministre Jiang, que tant avaient cru anéanti par les complots de la cour...
Était revenu pour reprendre sa place.
Et ce n'était pas un simple retour.
Non.
Il revenait en force, avec des preuves, des alliés, et une soif de justice.
***
Le ministre Jiang avança jusqu'au centre de la salle, puis s'agenouilla profondément.
— « Votre Majesté, ministre Jiang, de retour pour servir le Trône de toutes mes forces. »
Sa voix résonna avec clarté dans la salle silencieuse.
Nangong Liwei resta muet quelques instants, le fixant de ses yeux sombres.
Puis, il parla enfin, d'une voix calme mais d'une autorité tranchante :
— « Ministre Jiang, votre loyauté n'a jamais été remise en question. Le trône vous accueille de nouveau. »
Un murmure parcourut les rangs des ministres.
Certains hochèrent la tête avec respect ; d'autres échangèrent des regards inquiets.
Le retour de Jiang changeait tout.
Le pouvoir dans la cour allait s'équilibrer différemment.
***
Le garde Wei jeta un regard furieux vers Jiang, mais garda le silence.
Il savait que toute protestation serait vaine.
L'empereur avait parlé.
Quant au conseiller Huang, ses poings étaient crispés sous ses longues manches de soie.
Il comprenait que sa propre influence allait diminuer si Jiang revenait prendre en main certaines affaires.
Mais il n'était pas homme à agir sans réfléchir.
Un léger sourire froid effleura ses lèvres :
**Il saurait attendre son heure.**
***
Nangong Liwei fit un signe de la main, et les serviteurs apportèrent des dossiers, empilant les parchemins devant lui.
— « Ministre Jiang, vous reprendrez immédiatement vos anciennes fonctions. Voici les affaires urgentes du royaume. »
Jiang, sans perdre une seconde, se releva et accepta les documents avec solennité.
Son regard croisa furtivement celui du garde Wei...
Celui du conseiller Huang...
Et un éclat de détermination froide brilla dans ses yeux.
Il savait.
Il savait que la route serait semée d'embûches, que les ennemis tapis dans l'ombre ne manqueraient pas.
Mais il n'avait pas peur.
Le ministre Jiang n'était plus seul.
Le soutien discret de Jiayi, la confiance de certains nobles, la lassitude de la population face aux scandales : tout cela formait un mur de soutien invisible.
Cette fois, il ne tomberait pas.
***
Après la cérémonie de réintégration, alors que les ministres commençaient à se disperser, le conseiller Huang s'approcha discrètement du garde Wei.
Il murmura d'une voix presque inaudible :
— « La partie vient seulement de commencer. »
Wei hocha la tête, son regard noir dardé vers Jiang.
Ils savaient tous deux qu'il leur faudrait frapper au bon moment.
Et surtout… qu'ils devraient trouver un moyen d'écarter Jiayi également.
Car là était le cœur du problème :
Shen Jiayi.
La femme qui n'aurait jamais dû renaître de ses cendres.
La femme qui, comme une épée flamboyante, menaçait de faucher tous leurs espoirs.
***
Sous le ciel gris perle de la capitale, des tempêtes silencieuses se levaient.
Et dans l'ombre des couloirs dorés du palais, la guerre invisible pour le pouvoir venait de s'intensifier.