chapitre 11

Une construction de plus de 50 mètres de hauteur.

De vieux murs blancs délabrés.

Une luminosité médiocre.

L'impression d'être une bactérie de plus dans cet endroit.

Devoir y aller quasiment tous les jours.

Devoir souffrir tous les jours.

Devoir garder le silence tous les jours.

13eme étage : Porte 19

Une salle.

Une chambre où s'en dégageait un froid glacial.

La neige qui tombait à travers la fenêtre accentuait ce ressenti.

Une ambiance macabre.

Des machines, des câbles et des perfusions.

Un cardioscope, sur son écran, on y observait le rythme de son cœur sous la forme d'un trait lumineux.

Le silence.

Mis à part l'engin qui bipait pour expliquer qu'il n'était pas mort, un silence de mort régnait.

Même sa respiration était inaudible.

Au milieu de cette pièce se trouvait l'objet principal :

Un enfant.

Un garçon d'une dizaine d'années environ.

Pâle, ses veines bleutées ressortaient, aucune chaleur ne se dégageait de son corps.

Un corps frêle mais à la fois fort.

Un corps qu'on pourrait comparer à celui d'une poupée.

Un corps qui n'avait pas atteint la fin de sa croissance mais qui malgré tout avait vécu beaucoup plus que ce qu'il devait.

Un corps marqué.

Mais avant tout ça, ce corps était un frère.

« Coucou c'est encore moi »

Ce corps ne bougeait pas et ne bougera sûrement plus jamais...

« Tu m'entends ? J'espère que je ne t'ai pas réveillé aujourd'hui, tu vas bien ? »

Ce corps était bien vivant, c'est la machine qui le disait.

« J'espère que tu n'as pas oublié le son de ma voix hein ? Mais bon si c'est le cas je t'en veux pas, c'est ta grande soeur Hiba»

Comme les autres jours : aucune réponse.

Et c'était repartie pour 4 bonnes heures dans cet hôpital.

« Je t'aime, à demain ! »

A chaque départ, s'ajoutait un nouveau souvenir que j'espérais éviter.

Un jour de plus où je me trouvais dans sa chambre à lui parler sans qu'il puisse me répondre. J'avais fini par arrêter de compter les jours au moment où l'espoir à commencé à s'envoler au fur et à mesure des visites.

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Jour 14

« Hey, tu sais aujourd'hui les docteurs m'ont dit que ce n'était plus qu'une question de semaines et que tu allais bientôt te réveiller.

C'est pas super ça ?

J'espère que tu te prépares déjà pour ta sortie.

Crois-moi le meilleur t'attends derrière cette chambre, plus rien ne sera comme avant. »

« Je t'aime, à demain ! »

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Jour 15

« Tu sais, ça fait une semaine que je prépare ton retour à la maison.

J'ai acheté pleins de choses pour que tu te sentes comme chez toi et on pourra manger ce que tu veux à ton réveil, alors s'il te plaît ne fait pas trop attendre ta vieille sœur okay? »

« Je t'aime, à demain ! »

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Jour 18

« Aujourd'hui je crois que j'ai enfin trouvé une amie. Mais ne t'inquiète pas je me méfie, et oui ta baba n'est pas si naïve. J'ai très bien appris de mes erreurs !

Bon sinon aujourd'hui j'ai commencé à 6 heures par le travail après j'avais cours à 10 heures, j'ai connu pire comme journée mais je tiens le coup pour toi.

Ne tardes pas trop okay? »

« Je t'aime, à demain! »

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Jour 22

« Je suis tellement désolée d'être une mauvaise sœur, je t'en supplie pardonne-moi.

Si t'es ici, c'est de ma faute.

Tout est de ma faute.

Et le pire c'est que t'es dans une chambre sans chauffage dans le pire hôpital de la ville parce que je n'ai pas les moyens de t'offrir de meilleurs soins.

Je t'en supplie, pardonne-moi, pardonne-moi, pardonne-moi.

Je te promets que si tu te réveilles ta vie sera celle que tu as toujours rêvé. »

« Pardonne moi, je t'aime ! »

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Jour 50

« Hey...

Comme on dit pas de nouvelles, bonne nouvelles ?

Dis-moi, t'as peur de te réveiller à cause de lui ?

Si c'est ça crois-moi que plus jamais de ta vie tu ne le reverras.

Tu n'entendras plus jamais son nom, jusqu'à ce que son existence disparaisse de nos vies okay?

Non mais qu'est-ce que je raconte ? Elle a déjà disparu, pas vrai ?

Donc n'ai pas peur de te réveiller, on vivra ensemble que tous les deux et personne d'autre okay ? »

« Je t'aime, à demain ! »

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Jour 51

« Demain je ne pourrais pas venir désolée.

Mais attention n'imagine surtout pas que je veux plus te voir, le travail m'a appelé pour faire des heures supplémentaires.

J'ai accepté car j'avais besoin d'un peu plus d'argent...

C'est assez dur mais je tiens toujours le coup ne t'inquiète pas.

Je pense même à en chercher un nouveau t'en penses quoi ? »

« Je t'aime, à bientôt ! »

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Jour 67

« Hello, comment vas mon petit prince aujourd'hui ?

Tu sais ce que j'ai réussi à t'avoir aujourd'hui ?

Devine ?

Allez ?

Bon je te le dit que si tu bouges ta main je te laisse une semaine okay ? »

« Je t'aime à demain! »

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Jour 83

« Salut, comment ça va aujourd'hui ?»

«J'espère qu'au moins dans ton long rêve tu vis bien et heureux, qu'il fait beau et que tu joues loin des problèmes que renferme notre monde... »

« Je t'aime, à bientôt »

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Jour 119

« Mon petit frère chéri,

Je sais à quel point tu déteste lorsque je t'appelle chéri, je me suis dit que si je t'appelais comme ça maintenant tu te réveilleras pour me dire d'arrêter avec ce surnom comme à l'époque. »

« D'ailleurs si tu savais ce qui m'est arrivée hier. Je me suis faite arrêter par la police pour vol alors que j'ai absolument rien volé, je te le jure !

C'est sûrement ma tête d'arabe qui a dû leur faire peur, le pays n'a pas changé sur ce point là, tu n'as rien raté »

« ... Et puis fallait me voir lui répondre, j'étais pas peu fière de mon répondant...»

« Je t'aime, à demain »

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Jour 123

« Coucou,

C'est encore moi la relou de service.

Aujourd'hui j'ai croisé le nouveau voisin, il m'énerve déjà alors qu'il vient à peine d'emménager.

À cause de lui on a plus d'ascenseur et j'ai dû faire des heures sup parce qu'on est resté bloqué à l'intérieur de la machine... »

« Je t'aime, à demain ! »

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Jour ...

« Saïd, si tu m'entends, écoute-moi attentivement.

Si je pouvais échanger nos places aujourd'hui je le ferais sans hésiter.

Actuellement, c'est impossible et ça me brise le cœur à chaque fois que j'y pense.

Mon cœur me fait tellement mal, si tu savais à quel point c'est dur d'être seule.

Tu es celui qui me tient encore en vie alors je t'en supplie ne m'abandonne pas.

Bats-toi.

Réveille-toi.

Ne me laisse pas.

Je t'ai promis une vie meilleure, et crois moi, tu l'auras.

Tu auras la vie que tu mérites mais je t'en conjure ne me quitte pas.

Tu me manques tellement.

Ces derniers mois m'ont donné l'impression d'être des années.

Il n'y a pas une seule heure de chaque journée que je passe où je ne pense pas à toi.

J'aimerais pouvoir passer mes journées à t'écouter et te taquiner. J'aimerais que tu me racontes tes journées à l'école et tes petites histoires avec tes camarades de classe.

J'aimerais que tu me fasses un énorme câlin pour me réconforter.

Non, je ne pleure pas, c'est une allergie. »

« Je t'aime ne l'oublie jamais.»