La lumière déclinait lentement à travers les feuillages épais, enveloppant la forêt d’une lueur dorée. Les rayons du soleil couchant donnaient à chaque feuille une teinte rougeoyante, comme si la nature elle-même retenait son souffle.
Le groupe de Haoyu avançait prudemment, pierres spirituelles sécurisées, évitant les zones trop ouvertes.
Yuren, le regard perçant, s’arrêta soudain.
« Nous sommes suivis… »
Wen Jin acquiesça. « Trois présences. Rapides, fluides, pas des novices. »
Haoyu ne réagit pas. Il s’arrêta au bord d’un petit ruisseau, le dos tourné à ses compagnons.
« Je les ai sentis depuis dix minutes. »
Lanyue haussa un sourcil. « Pourquoi ne rien avoir dit ? »
« Parce que je voulais savoir s’ils allaient tenter quelque chose d’intelligent. »
Une voix profonde éclata alors dans les bois, grave et chargée d’arrogance :
« Tu aurais dû fuir, gamin. »
Les branches s’écartèrent, dévoilant trois hommes aux allures imposantes. Chacun portait un long manteau sombre orné du sigle des seniors de deuxième cycle. Ces élèves n’étaient pas des débutants comme Haoyu et ses camarades. Ils avaient au moins cinq années d’expérience dans l’académie, et leur puissance spirituelle éclipsait celle de tous les participants de cette épreuve.
Le premier était grand, les cheveux tirés en arrière, un sabre noir accroché à sa ceinture.
Le deuxième, plus trapu, portait une lance spirituelle recouverte de glyphes bleus. Son regard était celui d’un prédateur.
Quant au troisième, silencieux, ses mains étaient nues, mais son Qi était le plus oppressant des trois.
« Ce sont les Trois Lames d’Onyx, » murmura Wen Jin. « Des terreurs parmi les seniors… Ils ne devraient même pas être ici. »
Le sabreur s’avança, sourire en coin.
« Petit Haoyu… tu nous as humiliés il y a quelques jours. Te souviens-tu de la clairière ? »
Haoyu leva lentement les yeux vers lui. Bras croisés. Regard fatigué.
« Ah, vous… encore vous. »
Le sabreur serra les dents. « Tu fais le malin. Mais aujourd’hui, on ne retiendra pas nos coups. L’épreuve nous autorise à voler les pierres. Et s’il y a des… accidents… eh bien, ce sont les risques. »
Yuren avança d’un pas. « Vous êtes de rang supérieur. Vous n’avez aucun honneur ? »
Le lancier ricana. « L’honneur ? Tu crois qu’on en est là, garçon ? À ce niveau, seuls les résultats comptent. »
Le troisième homme, toujours silencieux, avança d’un pas. Son Qi forma une onde de choc qui balaya les feuilles au sol.
Mais alors que tout semblait sur le point d’éclater…
Une voix résonna dans l’esprit de Haoyu.
> — Tu comptes encore retenir ta puissance ?
C’était Maître Yan.
Haoyu répondit par télépathie, sans détour :
> — J’ai encore des secrets à garder. Vous, vous les observez. Moi, je joue.
> — Tu joues avec des monstres. Ces trois-là… tu les bats, n’est-ce pas ?
> — Je pourrais.
Maître Yan, dans la salle d’observation, serra les poings. Autour de lui, plusieurs anciens observaient la scène projetée sur un immense miroir de scrying.
L’un des doyens, un vieil homme au regard perçant, demanda :
« Ce garçon… c’est celui que vous soupçonnez, Yan ? »
« Oui, » répondit Maître Yan. « Yi Haoyu. Il dissimule son aura mieux que n’importe quel maître. »
« Devrait-on intervenir ? Les Trois Lames n’ont pas le droit de participer à l’épreuve des premières années. »
Mais l’Ancienne Su, impassible, déclara :
« Attendons. Si le garçon meurt, c’est qu’il n’était pas si spécial. Mais s’il survit… alors il faudra le convoquer. »
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Sur le terrain, le combat éclata.
Yuren et Wen Jin dégainèrent aussitôt, mais furent repoussés par la pression spirituelle écrasante des seniors.
Lanyue tenta de créer un mur d’eau, mais le sabreur le fendit d’un simple geste.
Haoyu ne bougea pas. Il observait, calme, chaque mouvement.
« Tu ne bouges pas, Haoyu ? » lança le lancier en ricanant. « Tu ne fais rien ? »
Haoyu soupira. Puis leva lentement les yeux vers lui.
« Si. Je vous observe. »
Le sabreur fonça vers lui, lame levée. Mais au moment de frapper, son bras s’immobilisa.
Il tenta de bouger. Impossible.
Ses muscles… ne répondaient plus.
Derrière lui, ses deux compagnons reculèrent, alertés. Trop tard.
Haoyu apparut devant le sabreur. Un seul doigt posé sur son front.
« Silence. »
Le corps du sabreur s’effondra.
Le lancier hurla et lança sa lance en spirale. Haoyu leva la main. L’arme s’arrêta net à quelques centimètres de lui.
Puis, d’un geste paresseux, il repoussa la lance… et avec elle, son propriétaire, projeté contre un arbre.
Le dernier, le plus dangereux, recula. Pour la première fois, l’assurance dans ses yeux avait disparu.
Mais Haoyu s’approcha lentement.
« Tu vois… je déteste qu’on me force la main. »
Une aura sombre s’échappa de lui, silencieuse, ancienne… oppressante.
L’homme tomba à genoux, suant à grosses gouttes.
« T-tu es quoi… ? »
« Personne. » répondit Haoyu. « Du moins, pas encore. »
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Dans la salle d’observation, plusieurs anciens se levèrent en même temps.
« Il a maîtrisé la Coercition céleste. C’est une technique d’intimidation psychique interdite. »
« Et cette manipulation corporelle… c’était du Contrôle Pur. C’est censé être oublié depuis des siècles ! »
Maître Yan, pourtant, n’avait pas bougé.
Il fixait Haoyu, les yeux brillants d’une inquiétude nouvelle.
— Combien de secrets caches-tu encore, garçon…?
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Haoyu se retourna vers ses compagnons, l’air toujours aussi blasé.
« On continue ? »
Yuren le fixa, bouche bée. « Tu… tu viens de battre trois seniors comme s’ils étaient des enfants. »
Lanyue sourit. « J’ai arrêté de m’étonner depuis la clairière. »
Wen Jin secoua la tête. « Tu es une anomalie. »
Haoyu haussa les épaules. « J’ai faim. Et je veux dormir. »
Il marcha devant, calmement, les bras derrière la tête.
Et dans son sillage, ses compagnons le suivirent, entre admiration… et incompréhension.
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