- Chapitre 17 - - Les champs de blé -

Io regarda la fille qui se trouvait autour de lui, il lui demanda son nom, elle leva la tête : 

« Oh là là, tu ne te souviens même pas de moi ? Incroyable… » 

Il maintient le regard sans savoir quoi dire. Faut dire, c’est pas trop le moment de faire dans l’émotion. Des bruits de talon interpellèrent Io et Nova, ils regardaient alors la porte. Neith et Éiréné était à l'entrée de celle-ci.

- Ah…! Ah…! J’en ai marre de courir ! halète Neith à Éiréné .

- Je te comprends…

Nova reconnaît Neith qui lui fait un léger salut de la main. Éiréné elle, par contre, esquiva le regard de Nova.

- Madame, j’ai trouvé Io !

- Io, je te présente Mévie, alias Le Cauchemar.

Le pouvoir unique de Mévie est d’être considéré comme un cauchemar réel, elle est là sans être là. D’un battement de cils, elle se trouve derrière Éiréné et l’attrapa par les hanches, ne laissant dépasser que sa tête déformée par un sourire, joyeux mais malsain. 

- Bon, écoute-moi bien, le chasseur ! Moi, reine d’Alélimo, épouse de l'Originel, je viens de détruire le quartier semi-humain !

- Salope… râla Mercure.

Profitant du raffut, Io se précipita vers sa moto. Yota s’en rendit compte et se jeta aussitôt sur lui. Il s’arma de son épée ornée d’or et asséna un coup que Io para avec son bras, qui se fit emporter au passage.

- Argh ! Ça fait un mal de chien !

Io frappa de son autre bras mais Yota esquiva. Les deux garçons font alors un échange de coups, Io à main nues essayant d’attraper l’épée de Yota à chaque attaque. Le jeune homme perd patience, remarquant qu’il ne le touchait plus. Leur échange était retranscrit dans le monde entier, la télé qui était là pour filmer le mariage se retrouve à filmer leur combat. Le public aperçut alors la facilité que Io a à dévier l’épée de Yota d’une seule main. Mais la fatigue le rattrape, chaque coup lui coûtait une grande quantité de mana pour l’absorber.

- Il faut que je me dépêche !

Éiréné, quant à elle, ordonna aux deux Liazs d'empêcher les chasseurs d'interférer dans leur échange.

- Ma reine, nous avons un problème, les soldats de Era encerclent le bâtiment ! dit-elle en se cachant derrière la porte, les canons braqués sur eux. 

- On va vraiment devoir l’utiliser…

- Attendez ! Si nous faisons ça, nous risquons d’y passer, et la ville aussi !

- Et avec nos barrières ?Je ne pense pas que cela suffise…

- Je vais quand même le mettre en “stand-by”.

Éiréné prit son téléphone et composa un numéro, à peine un bip eut le temps de retentir que le destinataire répondit.

- Undertaker, a Queen…

- Undertaker… Calibrez le canon vers le sol, à notre position.

- Undertaker, a Queen, le railgun est en cours de charge, on attend votre feu vert.

A la frontière entre Era et Alélimo sur un chemin de fer, un train était positionné huit poutres en métal était fermement enfoncées dans le sol, évitant à l'engin de bouger. Sur ce wagon, un immense canon de 100 mètres s’alluma. Un bruissement électrique retentissait en continu alors que les lumières se coupaient. Les aimants sur le canon étaient tous en train de s'ouvrir à l'aide de pistons hydrauliques. De la vapeur en sort, rendant l’engin plus impressionnant que jamais. Nom de code : Undertaker (Entrepreneuse), sa capacité d'action : Elle peut faire la distance capitale de Alélimo au Vatican en 1,20 seconde, alors à cette distance elle pouvait emporter le centre-ville qui faisait 24 km², la banlieue qui en faisait 32 km². Avec ses obus perforants de 406 mm pesant 1108 kg. Utilisant deux centrales magiques 30,0 TWs (tétra watt seconde), cette arme relâche en une fraction de seconde presque autant d’énergie qu’une centrale nucléaire en une heure. Son rayon d'action : Aussi gros, voire plus, qu’une bombe nucléaire. Le rayon : 40 km de pur destruction. Mais son temps de recharge est d'un tir toutes les heures.

Éiréné chercha alors une autre solution en regardant autour d’elle et aperçut un balcon en hauteur. Elle le pointa du doigt, ordonnant à Mévie de capturer les personnes à l'intérieur vivant. Quand elle se tourna pour observer la Liaz, elle n'était déjà plus là.

*tac, tonc*

Le bruit du métal se fit entendre, Io esquiva de justesse les coups de Yota, il n'était clairement pas en position de force. Son mana se fait absorber par l’épée que Yota porte, le tuant petit à petit.

« Plus ! »

Il essaya de trouver des solutions à son problème tout en continuant de le frapper de sa seule main.

« Plus ! »

Ses cheveux blancs virent au rouge, il était face à un mur. Non. Face à une montagne. Il a beau être l’Originel, il reste un être vivant normal, son corps dispose de certaines limites.

« Plus ! »

La rage monta en lui comme un torrent, sa main se régénère, faisant apparaître la bague.

« Plus de magie ! »

Il tourna sa bague de X à V. Au début, Yota en rigole, pensant à une vulgaire camelote. Tandis que les cheveux de Io virent au rouge sang, montrant sa perte de mana, il était en face de Yota, genou à terre, alors que l'épée de Yota allait s'abattre sur lui. Éiréné et Nova hurlent son nom quand d'un coup, une force se propagea dans l'assemblée, même Mévie qui était sur ce fameux balcon avec le roi de Era se sentait mal. Cette force, cette aura était une brume noire opaque, ressemblant à une galaxie. Il releva la tête, ses yeux rouges donnèrent un coup de pression à Yota qui avait l'impression que l'air pesait plusieurs tonnes. D’immenses ailes noires se dessinent dans cette galaxie alors que ses cheveux deviennent blancs. Il se releva, son visage était anormalement neutre comme si ses émotions étaient scellées. Il se tourna vers sa moto qui avait repris sa forme de corbeau et en sortit son épée, qu’il planta au sol. L'écho produit fait trembler Yota. Il regarda en l'air, le plafond de verre donnait une vue sur une éclipse, une éclipse rouge dont la brume qui s'en écoule se dirige directement vers Io.

- C’est quoi ce monstre ?! hurla-t-il, tremblant de peur.

Mercure recula, en fait, toutes les personnes fuient la salle à la vue de ce cauchemar qui se trouvait face à eux. Même Éiréné ne l'avait jamais vue comme ça. Elle posa sa main devant sa bouche tandis que Neith avait posé son genou à terre. Nova qui était à côté de lui commença à s'avancer, mais Éiréné lui hurla de s'arrêter.

- Toi. Que fais-tu debout ? dit-il en regardant Éiréné.

Ces simples mots fit s'accroupir Éiréné et Nova en un instant. Il se tourna ensuite vers Nova et s’avança vers elle. Il se baisse à son niveau. Ses yeux rouges et ses cheveux blancs lui donnaient un air divin, accentué par cette éclipse qui le couronnait. Il fait parcourir ses doigts dans les cheveux de Nova, la caressant tendrement, puis se releva. Yota est le seul debout, sa marque de messager s'était illuminée, tout comme celle de Éiréné. Seulement, il vient de réveiller ce qu’il n'aurait jamais dû réveiller. Chaque pas était rythmé d’une vibration de mana laissant les gens suffoquer.

- Je te laisserais pas faire ! cria Yota, balançant son épée à travers la pièce.

- Ô douce déesse je vous prie, retirez le sceau des pouvoirs que vous m'avez offert !

D’un coup, son épée en lélimo s'illumina, sa veste s'agrandit tandis que ses cheveux s'ornaient de poussière d’or. 

- T'es devenu l’un d’eux…

- Moi, Yota, je ne porte plus le nom de l’humain que j’ai été. J’ai grandi, la déesse m'a offert son corps et ses pouvoirs !

- Je vois, elle s’est donc éprise de toi. Rien d‘étonnant.

Une brume blanche se propage autour de Yota, de petites boules noires apparaissent, donnant cet aspect de galaxie blanche à étoiles noires, à l’opposé de Io. Des ailes blanches grandissent dans son dos. 

- Je vais te montrer la voie vers ton salut, Io l’Originel… dit-il en tendant la main. 

Les attaques de Yota sont violentes, mais elles sont contrées par celles de l’Originel qui l'attaque de toutes ses forces, aveuglé par la rage. On aurait pu penser que ce combat était équitable au vu des similitudes de leurs apparences, mais en réalité, ce fut tout le contraire. Il attrapa Yota par le cou et commença à l'étrangler, les bruits de suffoquement que Yota laissait échapper laissa Io de marbre, alors qu’il le tenait fermement. Bizarrement, il ressentit une vive chaleur sur son bras glacé. Une main vient se glisser sur son bras s’approchant de sa bague et la tourne de V a X. La brume qui s’était étendue sur plusieurs dizaines de mètres se fit aspirer en l’espace une seconde, laissant place au soleil. Ses cheveux prennent une couleur rouge, puis transitionne vers sa couleur blanche d’origine. 

- Nova ?

- Arrête-toi… Je suis près de toi, tu n'as plus besoin de le tuer.

Éiréné fut choquée par ce qui venait d’arriver, la jeune femme a réussi à se lever malgré la pression du mana environnant ainsi que sa grossesse. Elle baissa la tête, marquant sa défaite.

- Éiréné.

- Oui ? dit-elle en reprenant ses esprits.

- On rentre, on a assez fait de dégâts comme ça.

Elle lui sourit et partit avec Neith, laissant Nova et Io seuls. Il se tourna, reprit sa moto et invita Nova à monter dessus d’un geste de la main. La jeune femme saisit son invitation et monta à l’arrière. Ils partent alors de la cathédrale avec un sentiment d'inachevé. En sortant dehors, le cercle rouge venait à peine de finir de disparaître, redonnant au soleil son plein pouvoir. Nova était collée contre lui, sentant sa chaleur. Sur le côté on pouvait apercevoir Éiréné monter dans sa voiture. A l’extérieur de la ville se trouvait un immense convoi, escortant les semi-humains au royaume. Quand Io passe devant, les semi-humains l'acclament. Nova les observa, tous avaient le sourire aux lèvres malgré cette situation délicate.

- Vous avez bien escorté le roi en dehors de la ville ?

- Oui, il se trouve avec Jupiter. Dit Neith dans la radio. 

- Regarde Nova, je te montre la puissance d’Alélimo. Feu !

A peine le signal fut prononcé qu’une immense explosion se fit entendre derrière eux. Ils avaient déjà quitté la ville depuis une heure mais le souffle fut tellement violent que Io fut contraint de s'arrêter.

- Incroyable…

- Nous n'avons pas visé la capitale en elle-même, trop de gens qui n'ont rien demandé se trouvaient à l'intérieur… Nous avons visé le nord, proche de l’océan. Ah au fait, tiens. 

Il lui connecte le casque où l’on peut entendre les autres parler.

- « Oh putain, vous avez vu ça ?! » cria Bard qui se trouvait à la frontière. 

- « On n'était pas si loin nous, donc oui… » surenchérit Éiréné. 

- Je suis fier de toi Bard ! Ton invention va nous être utile.

- « Merci mon roi… Par contre, la détonation était tellement violente que les petits jeunes qui étaient avec nous qui ont préféré ne pas porter de casque sont devenus sourd. Quelle bande de cons ! Hahaha ! »

- « Bard ! » sermonna Neith en levant la voix.

Nova ricana, ce qui surprit Bard et Éiréné, cette dernière demanda à Io qui était connecté sur le canal, sur quoi il surenchérit en donnant le nom de Nova. Éiréné se tut instantanément. Bard lui, avait un doute à éclaircir.

- « Ah…Euh… Comment je dois vous appeler. Dame Nova ? Reine Nova ? hmmm... »

Nova contempla l’explosion qui se dissipa et lui répond :

- Appelez-moi Nova, tout simplement monsieur Bard.

- « D’accord… Alors appelez-moi Bard, tout simplement. »

2 jours plus tard…

Arrivés proche de la capitale, les champs de blé s’étendaient à perte de vue. Il faisait beau et chaud, la saison estivale pointait déjà le bout de son nez. Collée contre lui, Nova lui tapota le dos, ce qui le força à s'arrêter. Elle retire son casque et descend de la moto. Le convoi de Éiréné qui était juste derrière eux s’arrêta près de la moto de Io. Neith descendit et interrogea Io.

- Qu’est-ce-qu’il se passe ? demanda la domestique.

- Je sais pas, elle a voulu descendre. 

- Monsieur !

Io se retourne et contemple les champs de blé qui se plient avec le vent, le coucher de soleil illumine le tout, ainsi que Nova qui marchait dedans. Elle passait ses douces mains dans les brins tandis que Io admirait la scène, les yeux brillants. Il s’avança à son tour pour la rejoindre, ce qui ne manqua pas de surprendre Nova. Elle se tourna pour contempler le visage de son mari, celui-ci lui tendit sa main qu’elle s’empressa de saisir. Il la tira délicatement vers lui, l’approchant de son torse. Puis se tourna et tendit son autre main vers la voiture qui était encore au bord de la route. Soudain, la porte de la voiture s’arrache et se fait propulser à toute vitesse, manquant d’encastrer le visage de Io qui sua à grosses gouttes. La femme aux cheveux argentés et aux yeux vairons en sortie remplie de colère. Elle s’avança vers son mari. 

- Je ne peux plus supporter ça ! Comment osez-vous jouer avec mes sentiments !? Vous êtes irrécupérable, abruti de mari ! 

Elle se plaça en face de lui, sa taille montrait qu’elle était visiblement plus grande que lui, même sans porter de talons. Elle baissa la tête afin de regarder Nova.

- C’est donc toi la demi-portion que mon stupide de mari a prit pour épouse ?

- Enchanté, je me nomme Nova.

- Je connais déjà ton nom, on m’a bassiné avec celui-ci ces derniers mois, à cause de ton fichu mariage qui a fini en bain de sang !

- Pardon…

- Hé ben, tu vas te faire manger toute crue si tu prends cette attitude… Aaaaaaaaah que de problèmes bon sang que vais-je bien faire de vous… Jeune fille !

- Oui ! répondit Nova en sursautant.

- Je suis Éiréné, quatrième femme de Io Andromède, L’Originel. Ne l'oublie pas, je suis bien plus âgée que toi. Tu me devras plus de respect que pour quiconque ici. A part pour l’abruti qui me sert de conjoint.

- Ça c’est gratuit.

- Aaaah… Enchanté, Nova Andromède…

- Oui ! Enchanté !

20 minutes plus tard…

En passant les grandes portes de la capitale Alélimo, Nova fut étonnée par la prospérité d'un tel royaume, il lui était inconcevable qu’une femme comme Éiréné puisse être aux commandes d’une telle immensité.

Arrivés dans la rue principale, Io remarqua que le convoi de Éiréné était arrivé en même temps qu’eux, mais par une autre entrée. Il fut acclamé comme un héros, même si le nombre de victimes était pointé du doigt. Ils avaient tout de même sauvé le quartier des semi-humains en les libérant.

- « Allô ? »

- Neith ?

- « Oui, tu me reçois ? »

- Oui. 

- « La prochaine fois que tu parles avec une de tes nombreuses conquêtes, veux-tu bien couper ton micro ? »

- Ne me dis pas que t'as tout entendu…

- « Pas que moi... Tout le monde était branché sur la communication. Je vous dis pas la tête que faisait Éiréné… »

- Merde, je comprends mieux!

- Un problème Io ?

- Hein ? Non, non !

Une fois au château, Io gara sa moto tandis que Nova en descendit. Les Liazs qui étaient restées au château arrivent pour prendre en charge Nova et Io. Éiréné qui descendit de la voiture a eu droit au même accueil mais elle repousse les Liazs pour s'approcher de Nova d'un pas rapide.

- Dame Nova !

- Dame !?

- Je suis étonnée que vous n’ayez pas fait mention de notre rencontre au tournoi !

- De quoi parlez-vous ? 

- Je suis celle qui était venue voir le roi ce soir-là.

- Bah ça je le sais…? Je me souviens des gens que je porte en haute estime tout de même. 

« En haut estime, carrément ? »

Alors que Éiréné se faisait attendre, elle observa Io qui était en train de parler avec des Liazs. Elle se retourna vers Nova mais celle-ci était toute pâle. Elle lui demanda si tout allait bien mais elle s'effondra devant elle, laissant Éiréné sous le choc, ne sachant pas comment réagir, et posa simplement sa main devant sa propre bouche. Io se précipita vers elle en la prenant dans ses bras. Des marques noires apparaissent sur son cou. Étant complètement démuni, il se met à paniquer. Une Liaz se faufila entre les personnes dans le garage. Ces cheveux noirs aux reflets de lavande, c’était Nao qui allait examiner Nova. Elle poussa Io, la laissant prendre le relais.

- Madame… l’infirmière ? dit Nova les yeux à moitié ouverts. 

Nao comprit directement le cas de la pauvre femme et se tourna vers Io, le regard inquiet.

 -Elle est marquée par le Lélimo.

- Hein ? Comment ça ?

- Je ne sais pas, mais c'est comme si son corps réagissait au contact du Lélimo.

Quelqu’un d’autre entre en scène.

- Je pense que je sais.

- Élara ?

- Dans un de mes souvenirs, Emié m’a parlé des effets qu'ont tes ailes sur les humains.

- Ça me parle vaguement… Tu peux m’en dire un peu plus ?

- L'effet de tes ailes est comparable à du poison, les humains de notre époque ne sont pas aussi réceptifs, auparavant il était facile de s’en débarrasser mais aujourd’hui c’est une vraie plaie.

- Ce qui veut dire ?

- Que pendant la mission elle a été en contact.

Io chercha dans sa mémoire et se souvient du moment où elle l’a enlacé pour tourner sa bague. Il demande alors à Nao de lui enlever le mana de son corps, mais la Liaz baissa la tête comme pour ignorer son ordre.

- On ne va pas la laisser mourir, enfin !

La Liaz leva alors la tête et commença à exprimer son intention. Tout d'abord, ils vont traiter son sang avec du mana. Ensuite, ils vont le retirer. Mais Éiréné n'était pas convaincue par le processus.

- Dis-moi, quand une vampire tombe enceinte d'un humain, ou l'inverse, l'enfant demande à chaque fois une quantité monstrueuse de mana, je me trompe ?

- Je n'y avais pas pensé…

- Jusque là, elle arrivait à le combler avec le sien, le contact des ailes de Io ont dû enlever tout le mana en elle et le fœtus en redemande.

- Emmenez-la à l'hôpital, je m'en charge moi-même ! s’exclame Nao.

- Je t'accompagne !

- Non Io, tu ne feras que me gêner. Reste ici, on va se charger d'elle.

Éiréné posa ses mains sur les épaules de Io, qui fixa le sol, totalement impuissant. En regardant Nova se faire transporter par les Liazs, le souvenir de se faire emmener de la même façon lui remonta comme une douleur aiguë à la poitrine.

12 heures plus tard…

Nao entra dans le bureau de Io, ce dernier réglait les dernières formalités des réfugiés de guerre. Il croulait sous les dossiers. Éiréné était posé devant un bureau à côté, en train de faire la même chose. Nao toussa pour attirer son attention, ce qui releva la tête de Io en un éclair. Des cernes étaient visibles, il n'avait probablement pas dormi de la nuit. Éiréné, quant à elle, était en train de somnoler.

- Je viens apporter les dernières nouvelles.

- Alors ?

- Elle est hors de danger mais son corps a beaucoup plus de mal à récupérer du mana que la moyenne. Il faudra que tu lui en fournisse.

- Quel soulagement…

Le stresse retomba et il s'affala sur son siège, Éiréné s'était endormi aussitôt après la nouvelle apprise. Il se redressa, remercia la Liaz et lui demanda si elle ne va pas se transformer en vampire s' il lui fournit du mana.

- Non, je pense qu'il ira directement au fœtus au vu de la quantité déraisonnable qu’il réclame.

- Haha…

Il se leva et s'approcha de Éiréné et commença à la porter. 

- Nous, nous allons nous coucher, j'irais lui rendre visite demain. Nous avons vraiment besoin de repos. 

Nao se courba et laissa passer Io. Il ferme la porte et masque son faux sourire dans la seconde qui suit. Le lendemain matin, Éiréné se leva auprès de Io, comme tous les jours. Mais aujourd'hui, un malaise parcourait le corps de la femme aux yeux vérons.

- Io, réveille-toi !

- Mmh…

- Debout, gros fainéant.

Il ouvrit les yeux et aperçut le visage de Éiréné lui souriant. Il fit de même, posant sa main sur son visage pour se réveiller. La porte s'ouvra et une Liaz entra à l'intérieur, c'était Mévie en tenue de domestique. Elle posa sa main devant sa bouche et formula sa phrase fétiche :

 « Incroyable, j'ai l'impression qu'un amour impossible est en train de se dérouler sous mes yeux… Oh là là… »

 Éiréné plissa les yeux face à ces propos quelque peu déplaisants. Elle tourna la tête pour voir son interlocutrice mais elle n'était déjà plus au même endroit. Mévie était en train d'ouvrir les rideaux automatiques. La femme tourna à nouveau son regard mais elle se volatilise une nouvelle fois, elle était en train de prendre la robe de Éiréné et de marcher en sa direction.

- Tenez, votre robe.

- M-Merci !

Éiréné se leva, tandis que Io la regarda, il soupira et se leva à son tour, s'habilla et commença à partir en direction de l'hôpital, accompagné de Éiréné et Mévie. Neith les rejoint pour leur expliquer la situation.

- Nao a gardé Nova toute la journée ainsi que la nuit, elle est d’ailleurs encore réveillée. Je pense que ça lui fera plaisir que vous alliez la voir.

- Merci.

- Vous permettez, un représentant de Oramilia m'attend dans la salle de réception.Je te rejoins dès que j'ai fini ! surenchérit Éiréné.

Une fois arrivé à l'hôpital, le stress monta en Io comme une boule chaude et brûlante. Il marcha dans les couloirs d'un pas rapide, la femme à la chevelure argenté qui se trouvait derrière lui avait même du mal à le suivre. Après avoir lu d’innombrables panneaux, le nom de Nova Andromède était marqué sur l’un d’eux, ce qui le soulagea beaucoup, et en même temps le stress le rattrapa aussitôt. C'est en partie de sa faute si elle se retrouve dans cet état. Il posa sa main sur la poignée mais son muscle ne se contractait pas, il n'arrivait pas à l'ouvrir. Une douce main vient alors se poser sur la sienne, le muscle se relâcha progressivement. Il tourna sa tête et remarqua Éiréné lui sourire. Ils ouvrent la porte ensemble, la lumière de la salle éblouit Io qui met sa main devant ses yeux. Les rayons du soleil illumina le drap blanc qui cachait Nova, dont seul sa shilouette était visible. Il s'avança et poussa le rideau. La femme à la chevelure comparable à un feuillage d'automne l'observa avec un grand sourire, son regard chaleureux le fige sur place pendant un long moment. C'est Éiréné qui brisa la glace.

- Alors, comment te sens-tu ?

- Je sais pas, je dirais... normale ?

- Normale ? Je suppose que c'est bien, alors.

- Hé beh alors Io, tu n'as rien à me dire ?

Les deux femmes étaient embellies par les rayons du soleil. Elles étaient là, en face de lui, en vie et bien réelles. Des larmes coulaient sur ses joues et il dit d'une voix fébrile :

- Je vous aime !