Chapitre 15 : Le Choix

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Les murs de l’arène vibraient encore de l’intensité du combat. L’examen venait tout juste de se terminer, et la foule était encore sous le choc de ce qu’elle avait vu. Les éclairs sombres, la rapidité des mouvements, la rage maîtrisée… Kaito avait révélé une partie de lui qu’il avait toujours cachée.

Il était resté silencieux, assis sur un banc dans les vestiaires, une serviette sur la tête, le souffle encore court. Saya et Renji s’étaient changés en vitesse et l’avaient rejoint.

— Kaito… murmura Saya en s’asseyant à côté de lui. C’était quoi, ce pouvoir ? Ce n’était pas normal…

— Tu nous as raconté ton histoire, ajouta Renji, le bras en écharpe après son combat. Mais tu n’as jamais parlé de ça. Ces éclairs noirs… C’est pas humain.

Kaito ne répondit pas immédiatement. Il les regarda, puis baissa les yeux.

— Je ne sais pas vraiment ce que c’est. Je sais juste que c’est… en moi. Et que je ne peux pas toujours le contrôler.

Ils marchèrent tous les trois dans le couloir menant aux dortoirs, les couloirs vides résonnant sous leurs pas fatigués. Le calme était étrange, presque pesant.

Mais soudain… trois silhouettes apparurent au détour du couloir.

Des hommes en costume noir. Élégants, lunettes teintées, oreillettes. Leur présence tranchait radicalement avec l’ambiance académique. L’un d’eux s’avança, posant calmement une main dans sa poche.

— Kaito Shinsuke. Et vous devez être Saya Kurozawa et Renji Aokami.

Les trois adolescents se figèrent, instinctivement sur la défensive.

— Qui êtes-vous ? demanda Renji.

L’homme ne sourit pas, mais son ton restait calme, presque professionnel.

— Nous faisons partie d’une organisation appelée “Aegis Noire”. Une organisation mondiale, secrète, fondée pour contrer les menaces que les gouvernements officiels préfèrent ignorer.

Il les observa un instant, comme pour mesurer leurs réactions.

— Nous vous avons observés. Ce qui s’est passé dans la cafétéria… puis durant l’examen. Vous trois avez démontré des aptitudes qui vont bien au-delà de ce qu’on attend de simples élèves. Et nous pensons que vous pourriez… faire la différence.

Saya fronça les sourcils.

— Et si on refuse ?

L’homme haussa les épaules.

— Alors nous disparaîtrons. Et vous oublierez qu’on vous a approchés. Mais... dans ce monde, les choses évoluent vite. Et bientôt, vous comprendrez que certaines vérités sont plus proches de vous que vous ne l’imaginez.

Il sortit une petite carte noire avec un symbole argenté dessus – un cercle traversé d’une aile et d’un éclair.

— Vous avez jusqu’à demain. On viendra vous chercher pour votre réponse.

Puis, sans attendre, les trois hommes tournèrent les talons et disparurent dans l’ombre du couloir, comme s’ils n’avaient jamais été là.

Kaito, Saya et Renji restèrent là, silencieux. L’examen était terminé, mais une autre épreuve venait de commencer.

Le landemain

Le silence dans la chambre de Kaito était lourd, presque suffocant. Les volets étaient à moitié fermés, laissant filtrer les rayons pâles du matin. Sur le sol, des livres éparpillés, des feuilles griffonnées, quelques restes de la nuit blanche qu’ils avaient passée à réviser. Pourtant, plus aucun mot n’était échangé. Depuis que les hommes en noir étaient apparus la veille, l’ambiance avait changé.

Kaito était debout, regardant par la fenêtre la cour vide de l’académie. Il ne dormait presque plus depuis quelques jours. Trop de souvenirs remontaient. Trop de colère rentrée. Trop de secrets. Il savait que cette décision n’était pas anodine. Et pourtant, il avait déjà choisi.

— Je vais accepter leur offre. dit-il finalement, sa voix calme mais déterminée.

Saya releva les yeux de son livre.

— Tu es sûr ? demanda-t-elle doucement.

— Oui. Je ne veux plus fuir. Plus attendre. Cette organisation… peut-être qu’elle me donnera les moyens de découvrir la vérité, de retrouver ceux qui ont tué mes parents. Il se tourna vers eux. Mais je ne vous oblige pas à venir. Vous avez encore le choix. Ce n’est pas votre combat.

Renji, affalé sur une chaise, soupira longuement, les bras croisés derrière la tête.

— Tu sais, Kaito… dit-il avec un léger sourire. Je t’ai toujours trouvé étrange. Trop calme, trop mystérieux. Mais t’es un frère. Et si t’as besoin de nous, moi je suis là. Jusqu’au bout.

Saya se leva lentement, s’approchant de lui.

— Tu n’es pas seul dans cette histoire. Si quelqu’un veut encore t’arracher quelque chose, il devra passer par moi. Elle croisa les bras. Et puis, je veux savoir ce qui se cache derrière cette organisation. Pourquoi nous ? Pourquoi maintenant ? Il est temps qu’on le découvre ensemble.

Kaito les regarda, un instant incapable de parler. Il hocha simplement la tête, les remerciant du regard.

Le lendemain matin, ils retrouvèrent les trois hommes en costume noir à la sortie est de l’académie, un lieu peu fréquenté. L’un d’eux les attendait devant une voiture noire aux vitres teintées. Sans dire un mot, il leur ouvrit la porte.

Le trajet se fit en silence. Le véhicule les emmena à travers la ville, puis dans un parking souterrain protégé par une série de portes sécurisées. Ils furent escortés dans un ascenseur ultra-moderne, descendant profondément sous terre.

Les portes s’ouvrirent sur un long couloir blanc, éclairé par des néons bleus. Des hommes et des femmes en uniforme marchaient rapidement, certains avec des dossiers, d’autres avec des armes à la ceinture. C’était un autre monde.

Au bout du couloir, une grande salle circulaire, avec un symbole gravé dans le sol : l’aile et l’éclair. Devant eux, une femme les attendait. Âgée d’une quarantaine d’années, élégante, les cheveux attachés strictement, elle avait l’allure d’un général.

— Bienvenue à Aegis Noire. dit-elle d’une voix assurée. Je suis le Commandant Irina Kael. Vous ne nous connaissez pas, mais nous vous connaissons. Et ce que vous avez fait, Kaito, nous a beaucoup intéressés.

— Pourquoi nous ? demanda Saya sans attendre.

— Parce que le monde est en train de changer. Et il a besoin de personnes comme vous. Des anomalies, des survivants d’expériences… ou simplement des gens qui refusent d’abandonner. Nous ne sommes pas une armée. Nous sommes un bouclier. Un rempart contre les vérités que les gouvernements cachent.

Renji haussa un sourcil.

— Vous voulez dire… des monstres ? Des portails ? Des trucs comme ça ?

Irina eut un sourire énigmatique.

— Des choses bien pires. Elle fit un signe de tête. Mais avant tout, nous devons vous évaluer. Connaître vos limites. Et vous entraîner. Car là où vous allez, le talent ne suffit pas. Il faut du contrôle. Du sang-froid. Et surtout, de la volonté.

Kaito s’avança.

— Je suis prêt. Peu importe ce que vous me faites faire, je veux devenir plus fort. Je veux être capable de protéger ceux que j’aime… et de faire payer ceux qui ont brisé ma famille.

Irina le fixa un instant, puis hocha lentement la tête.

— Très bien. Suivez-moi. L’entraînement commence aujourd’hui.

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La journée fut intense.

Ils passèrent des tests physiques, mentaux, stratégiques. Kaito impressionna rapidement les instructeurs, notamment lors d’un exercice de combat à main nue contre plusieurs adversaires. Sa vitesse, sa précision, sa puissance… tout chez lui semblait calculé, maîtrisé. Il retenait sa véritable force, mais même ainsi, il surpassait déjà la majorité des recrues.

Renji surprit tout le monde avec son endurance et son esprit tactique. Quant à Saya, elle excella dans les simulations de combat en duo, montrant un instinct protecteur et une coordination sans faille.

Après plusieurs heures d’évaluations, ils furent assignés à une chambre commune temporaire. La nuit tombait doucement, et le silence dans la pièce était celui d’une fatigue partagée.

Kaito regardait le plafond, allongé sur son lit.

— On a fait le bon choix, vous pensez ? demanda-t-il doucement.

Saya répondit la première.

— Je ne sais pas encore. Mais ce que je sais, c’est que pour la première fois… on avance. Et on n’est pas seuls.

Renji lâcha un petit rire en coin.

— Ouais… et puis, avoue, Kaito, t’as toujours rêvé d’être un agent secret.

Ils éclatèrent de rire, malgré la tension. Ce soir-là, une nouvelle page s’ouvrait dans leur histoire.

Mais quelque part, dans une salle sombre de la base, un écran diffusait leur conversation. Derrière, une silhouette observait en silence.

— Kaito Shinsuke… murmura-t-elle. Le dernier porteur du “Projet Anima”. Voyons jusqu’où tu iras.