Chapitre 8 : La Traque Silencieuse

Quelque part, dans les profondeurs d’un bunker souterrain dont l’entrée était dissimulée sous les ruines d’une vieille abbaye anglaise, les ombres s’agitaient.

Une silhouette encapuchonnée regardait fixement plusieurs écrans holographiques. Sur l’un d’eux, une image granuleuse montrait la scène du portail fermé, encore maculée de sang et de restes humains.

— Ils sont là, dit une voix rauque. Les chiens de leur nation... Le Japon a envoyé Raijin.

— Et la Chine a mobilisé ses disciples. Mo Han… et Xiao Zhen.

La voix se tut. Un rire caverneux s’éleva dans l’espace exigu.

— Parfait. Tout se déroule comme prévu. Plus ils se rassemblent, plus leur chute sera spectaculaire.

Dans l’ombre, un autre individu s’avança, son visage masqué.

— Et la fille ? Celle qu’on pensait responsable ?

— Elinor Valtara ? Elle n’est qu’une pièce secondaire. Laissez-la… pour l’instant.

---

Pendant ce temps, à Whitehall, les ministres britanniques s’agitaient dans une salle sécurisée. Plusieurs documents, classés secret défense, étaient éparpillés sur une grande table.

— Le Japon a envoyé Himura Raijin, souffla le ministre de l’Intérieur, les mains tremblantes. Le chasseur le plus imprévisible de tout l’Asie de l’Est !

— Et maintenant la Chine réagit à son tour. Deux chasseurs de rang S — disciples directs du Seigneur de la Secte Céleste… nous sommes dépassés !

— Est-ce qu’ils soupçonnent un complot sur le territoire britannique ?! C’est une attaque contre notre souveraineté !

Un silence pesant tomba. Puis, la voix grave du Premier ministre fendit l’air :

— Si le reste du monde commence à fouiller dans notre sol… nous devons montrer que nous ne sommes pas faibles. Faites appel à Gareth Crowley.

Tous levèrent la tête, abasourdis.

— Vous êtes sérieux ? Crowley ? Ce… monstre ?!

— C’est notre seul chasseur de rang S assez cruel pour leur faire comprendre que ce territoire n’est pas leur terrain de jeu.

---

De son côté, Elinor enfilait une veste noire renforcée, ajustant les attaches de son armure de combat légère. Dans sa chambre baignée par les lueurs froides de la ville, elle fixait un carnet de notes, griffonné de coordonnées, de symboles et d’itinéraires.

Elle soupira.

— Juste une autre nuit... rien de plus.

Elle descendit les escaliers du manoir Valtara. Comme toujours, sa demi-sœur était accoudée à la balustrade, un verre de vin à la main.

— Oh… regarde qui sort. Encore en train de jouer à la chasseuse, Elinor ?

Le regard de la jeune femme resta impassible. Son père, dans le salon, feignait de lire un journal sans lever les yeux.

— Rentre pas trop tard, murmura-t-il sans chaleur.

Elinor se contenta d’un sourire narquois et quitta le manoir sans un mot de plus.

---

Dans un avion privé survolant la mer du Nord, Himura Raijin regardait par le hublot, ses cheveux argentés attachés en une queue basse, son regard calme dissimulant une puissance contenue.

— Londres… Je n’y suis pas venu depuis des années, murmura-t-il.

Il ajusta les gants de combat à ses mains.

— Ce portail… ces cadavres… ce n’était pas une défaillance magique. C’était un message.

À l’opposé, dans un autre jet luxueux, Mo Han — le plus âgé des deux disciples chinois — consultait une tablette. À ses côtés, Xiao Zhen dormait profondément, une lame courbe attachée à sa ceinture.

— Le Maître pense que c’est lié aux fragments du sceau de l’Est. Si c’est vrai… le monde n’est pas prêt.

---

À Séoul, la présidente du Conseil des Chasseurs tapait nerveusement du doigt contre son bureau.

— Nous avons étudié les données. Ce portail… il n’a pas été naturellement fermé. Quelqu’un ou quelque chose l’a désactivé après avoir vidé l’endroit.

Elle regarda la chasseuse en face d’elle : une jeune femme aux cheveux rouges, l’œil froid, le regard aiguisé comme un katana.

— Park Min-ji, vous êtes notre meilleure carte. Allez à Londres. Observez. Analysez. Et si nécessaire…

Min-ji sourit.

— Je réduirai leurs doutes en cendres.

---

À Londres, dans une ruelle sombre, Gareth Crowley alluma une cigarette. Ses yeux rouges brillaient dans la pénombre.

— On m’appelle enfin, hein ? murmura-t-il. Ça faisait longtemps qu’on n’avait pas eu un peu de sang frais à verser.

Un chasseur de rang A se tenait près de lui, inquiet.

— M-Mais… ce sont des visiteurs étrangers. Rang S… Vous allez pas...

— Je vais les surveiller. Les effrayer un peu. C’est ce qu’ils veulent, non ? Une guerre froide entre chasseurs. Je suis très bon à ce jeu.

---

Cette nuit-là, les rues de Londres étaient en tension. Les portails mineurs s’étaient calmés, comme si la ville retenait son souffle. Des drones gouvernementaux patrouillaient dans les airs, tandis que des mages du gouvernement traçaient des runes de détection dans les égouts.

Mais rien n’aurait pu préparer la ville à ce qui allait arriver.

Car dans l’ombre, les véritables responsables du massacre observaient les pièces se mettre en place. Un homme au visage dissimulé ria doucement, tandis qu’il fixait un échiquier sur lequel des figurines miniatures représentaient Raijin, Mo Han, Xiao Zhen, Elinor… et Crowley.

— Tout est prêt. Qu’ils avancent leurs pions. Nous, nous avons déjà trois coups d’avance.

---