Un silence pesant s’était abattu sur le quartier désert. L’air vibrait. La poussière s’élevait lentement comme dans une danse funèbre, portée par les éclats d’énergie magique.
Elinor se tenait droite, son regard turquoise flamboyant, les cheveux dorés s’agitant doucement sous l’effet de son mana concentré. Sa silhouette dégageait une autorité presque divine, à mille lieues de l’image fragile qu’elle renvoyait autrefois. Ce n’était plus une jeune fille abandonnée : c’était une chasseuse SSS, et plus encore, une tempête prête à éclater.
— Elle est trop jeune pour être dangereuse, dit un des encapuchonnés.
— Tu crois ? Regarde ses yeux. C’est pas une débutante, répondit un autre, la voix rauque.
Le plus imposant des trois sortit une lame courbe, noircie par des runes instables. Sa main tremblait légèrement.
— Peu importe. Si elle a vu nos visages, elle doit disparaître.
Avant même qu’il ne termine sa phrase, Elinor avait déjà bougé.
BOOM.
Une onde de lumière explosa sous ses pieds, la propulsant à une vitesse fulgurante vers eux. Son poing s’écrasa contre la mâchoire du premier homme, le projetant à travers la façade de l’entrepôt. Des morceaux de béton volèrent en éclats.
— Elle est rapide ! reculez ! hurla l’un d’eux.
Mais Elinor ne leur en laissa pas le temps.
Ses mouvements étaient précis, calculés, nourris par des années d’entraînement clandestin et de douleur contenue. Elle esquiva une lance d’ombre, tourna sur elle-même et propulsa un éclair solaire droit dans la poitrine du deuxième assaillant. Il hurla, son armure fondant sous l’impact.
Le troisième, le plus rusé, tenta une incantation interdite, invoquant une nuée de corbeaux magiques aux becs acérés. La horde de plumes noires fondit sur Elinor dans un vacarme assourdissant.
Mais elle se redressa lentement, tendit la main droite vers le ciel… et murmura :
— Lucea Invicta.
Un cercle de lumière dorée se forma au-dessus d’elle, tournoyant à grande vitesse. Lorsqu’il explosa, il réduisit la nuée en cendres, ne laissant que des cris désincarnés dans le vent.
Le troisième homme recula, apeuré.
— T’es quoi, toi ?
— Ce que vous avez provoqué, murmura Elinor, avançant lentement.
Elle leva les yeux vers lui, et cette fois, il sentit dans son âme que quelque chose n’allait pas. Ce n’était pas une chasseuse comme les autres. Son mana brillait d’un éclat trop pur, trop brûlant. Un feu sacré.
— Tu ne devrais pas être là… balbutia-t-il.
— Vous non plus.
Elle frappa le sol avec son talon, libérant une onde de choc qui fissura le bitume sur plusieurs mètres. L’homme tenta de fuir, mais des chaînes de lumière jaillirent du sol et l’enserrèrent. Il hurla, tombant à genoux.
— Dis-moi qui vous êtes. Qui vous envoie.
— Va… au diable, grogna-t-il.
Elle s’approcha, posant deux doigts sur son front.
— Alors je vais y descendre avec toi.
Une décharge d’énergie pénétra son esprit. Ses souvenirs l’envahirent un instant – un rituel, un nom gravé dans un cercle magique… Kharon… des yeux rouges au fond d’un trône fait d’ossements. Une organisation souterraine. Une guerre planifiée.
Elinor recula, le souffle court, la main tremblante.
Elle n’eut pas le temps d’approfondir.
Derrière elle, le sol trembla violemment. Une énergie monstrueuse venait d’émerger du portail, encore instable. Le ciel se teinta de rouge, zébré d’éclairs violets.
**
Pendant ce temps, à proximité du portail…
Les chasseurs de rang S nationaux, toujours réunis dans un équilibre précaire, sentirent l’onde magique.
— Quelqu’un combat à proximité, dit Himura Raijin en relevant les yeux.
— Ce mana… ce n’est pas un simple chasseur, murmura Mo Han. C’est… lumineux. Immense.
— Une lumière ancienne, ajouta Choi Dal-Mi, troublée.
— Ou une provocation, gronda Gareth, sa clope à la bouche. Si c’est un de vos gosses qui a ouvert un deuxième portail, je le découpe moi-même.
Soudain, un silence s’installa.
Une explosion dorée déchira le ciel, visible à des kilomètres.
**
Elinor, haletante, se tenait au centre d’un cratère fumant. Les trois assaillants étaient vaincus. Mais sa peau était entaillée, son épaule saignait, et ses jambes tremblaient sous l'effort.
Elle tituba.
Mais ses yeux restaient vifs.
Elle releva la tête.
Et vit… une ombre sur un toit.
Une silhouette encapuchonnée, plus grande, plus imposante que les autres. Il l’observait depuis le début.
Et il parlait dans un cristal :
— Elle a survécu… C’est elle. La fille de Sylvia.
Puis il disparut dans un éclair noir.
Elinor, secouée, comprit alors que tout ceci… n’était que le début.
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