— Ashley ?! Où est-ce que t'es, bordel ?!
La voix de Lyra se brisait dans le chaos. Son regard fouillait les décombres, haletante, désespérée.
— Lyra ! Eden surgit derrière elle. Reste ici, on a besoin d'aide. Certains sont blessés, et s'ils attaquent à nouveau…
— Dégage, Eden Park.
Sa voix tremblait, mais elle tenait bon. Je la laisserai pas ici. Peut-être qu'elle est blessée. Peut-être qu'elle crève là-bas, seule.
Eden s'approcha, l'attrapa brutalement par le col.
— Réveille-toi, putain ! Tu crois que t'es dans un conte de fées ? Gaby nous a trahis. C'est son frère. Ils sont peut-être deux à nous avoir trahis !
Lyra écarquilla les yeux.
— Comment tu sais ça ?
— J'ai entendu. J'ai vu. Je l'ai reconnu. Ce type, on peut pas l'oublier.
Il marqua une pause, son regard noir.
— Viens m'aider. Que cette fille crève ou pas, ça change rien. On a déjà perdu des soldats bien entraînés. Elle est juste une de plus.
Un silence glacé s'installa.
Lyra ne bougea pas. Ses yeux restaient accrochés à l'horizon.
— Je peux pas la laisser. Pas elle.
— Putain, Lyra… Eden serra les poings. Pourquoi t'as pas dit que t'avais changé de race et que t'étais devenue une putain de créature de conte ?
— Parce que j'étais pas au courant…
Elle se retourna vers lui, la voix brisée, mais le regard décidé.
Eden la gifla. Fort.
Le bruit claqua dans l'air.
Elle ne broncha pas.
— Gifle-moi autant que tu veux. Je la laisserai pas.
Le vent soufflait fort, emportant avec lui l'odeur de poussière, de métal et de ruines. Ash marchait péniblement, une main pressée contre sa blessure. Chaque pas la tirait un peu plus vers le sol, mais elle tenait. Pour elle. Pour Lyra.
Elle s'arrêta un instant, adossée à un mur fissuré d'un vieil entrepôt. Le monde semblait suspendu. Puis, des pas. Légers. Pressés.
— T'es là… Dieu merci ! souffla Lyra en accourant.
— Dégage. Je veux pas te voir. Je veux pas t'entendre.
Lyra s'approcha malgré tout, s'agenouilla devant elle. Le sang perlait à travers le tissu déchiré du ventre d'Ash.
— Tu pisses le sang, Ash. Laisse-moi t'aider.
— Fous le camp, enfoirée. Vous vous en foutez pas vrai ? "Qu'elle crève ou pas, on s'en fout" hein ? Je suis qu'une traîtresse à vos yeux.
— Non. Tu n'es qu'une gamine paumée. Et c'est pas tout ce qui s'est passé.
— Tu vas me dire quoi ? Que t'as joué les chevaliers servants pendant que je me vidais de mon sang ? Pathétique. Ou non… c'est moi qui le suis.
— Tu l'es pas du tout—
— Épargne-moi ton discours à deux balles. J'ai déjà entendu cette phrase tellement de fois que j'ai perdu le compte.
Un silence. Puis la voix ferme de Lyra :
— T'as dit que tu voulais pas me parler… mais là tu le fais. Alors maintenant, enlève ta foutue main. Qu'est-ce qui s'est passé ?
— Une balle. Je l'ai retirée moi-même.
Lyra soupira, mi-admirative, mi-exaspérée.
— Bon sang, t'es vraiment un cas toi.
— Lyra ! Une voix plus lointaine.
— Merde… ma mère. Reste ici, je vais chercher des bandages.