Même les foudres ont besoin de douceur et ce soir, dans un cinéma d’étoiles, la peur a trouvé un câlin, et la reine… un moment pour être une enfant.
La tour dormait.
Il n’y avait plus d’éclairs ce soir, pas de cris dans les murs, pas de rires explosifs pas même le grésillement timide d’une page qui se tourne toute seule la tour bleue, immense et ancienne, semblait flotter entre deux souffles et au sommet, dans une chambre aux rideaux liquides et aux murs pleins d’histoires, Saphira Noctielle dormait.
Son lit était fait de nuages bleus, tissés de brume chaude et d’étoiles sans nom à ses pieds, Élya, sa poupée, dormait aussi elle tenait dans ses bras un petit ourson dimensionnel, un prix glané entre deux boutiques flottantes, et son visage de coton semblait rêver lui aussi.
Tout était calme mais dans ce calme… quelque chose descendait.
Une brume dorée, lente, douce comme un silence heureux.
Elle tourbillonna au-dessus du lit, se lovant dans les draps, et bientôt une silhouette se forma. Elle n’avait pas besoin d’introduction ses cheveux flottaient comme une cascade d’étoiles, sa voix murmurait comme un feu de cheminée dans une nuit pleine d’histoires. Morphée.
Il posa un genou au bord du lit, et ses yeux s’emplirent d’une tendresse cosmique.
— « Bonsoir, petite déesse », dit-il tout bas. « Ce soir, tu rêves avec moi. »
Saphira entrouvrit les paupières pas avec peur, ni surprise comme si elle l’attendait comme si elle le reconnaissait, au-delà du sommeil.
— « J’ai rêvé… du film ça », murmura-t-elle. « et pennywise dansait dans ma glace. »
Morphée sourit, amusé mais jamais moqueur.
— « Tu veux visiter ton rêve ? le remodeler à ta façon ? »
Elle hocha lentement la tête mais il y avait autre chose, dans sa voix, lorsqu’elle ajouta :
— « J’aimerais aussi… le raconter. pas juste le rêver. »
Alors une autre lumière descendit. pas dorée, mais nacrée un parfum de fleurs mythiques se répandit, et l’air se fit plus dense, comme s’il se souvenait de quelque chose de sacré. Une femme apparut, douce et droite, vêtue d’une toge tressée de nuages.
Héra.
Mère des mères.
Celle qui veille même sur les enfants et les dieux.
Elle ouvrit les bras.
— « Ma petite Saphira… viens me raconter ton film. »
Et Saphira, sans même hésiter, quitta son lit, courut, et se blottit dans cette étreinte.
Elle parla doucement, avec ces phrases qu’on ne peut dire que dans un rêve, celles qui naissent dans les marges et qu’on oublie au réveil.
— « Le clown… il ne voulait pas juste faire peur. Il voulait… qu’on le regarde, qu’on ne l’oublie pas. Mais il faisait mal alors on s’est défendus. »
Héra glissa ses doigts dans ses cheveux, dans un geste vieux comme le monde.
— « Et toi, tu aurais voulu lui parler, n’est-ce pas ? »
— « Oui. Je crois… j’aurais aimé le calmer avec un câlin. »
Morphée rit doucement, une pluie d’étoiles dans la gorge.
— « Tu es la seule enfant au monde qui veut faire des câlins aux terreurs. »
Le décor changea.
Sans rupture, sans transition le rêve coulait d’une scène à l’autre comme un ruisseau limpide.
Ils étaient maintenant dans une salle de cinéma onirique, suspendue entre deux constellations. Les fauteuils étaient des créatures duveteuses géantes, à mi-chemin entre le mouton céleste et le paresseux interstellaire et là, dans l’un d’eux… Pennywise.
Pas le monstre pas le démon un petit être pâle, minuscule, tassé dans un coin, un cornet de glace à la main. Il pleurait doucement, sans bruit, comme quelqu’un qu’on a trop longtemps mal écrit.
Saphira s’approcha elle n’avait ni peur, ni colère juste un mouchoir.
Elle le lui tendit. Il le prit et, dans un frisson rose, il fondit lentement… en un petit nuage.
Quand le rêve toucha à sa fin, Morphée s’approcha.
Il recouvrit Saphira d’un drap tissé de constellations. Héra, toujours penchée au-dessus d’elle, déposa un baiser léger sur son front.
— « Repose-toi, ma lumière. demain, tu pourras encore briller mais ce soir… rêve doucement. »
Saphira ferma les yeux, les bras serrés autour d’Élya.
Et dans un dernier souffle, entre deux mondes, elle murmura :
— « Merci, maman merci, Morphée. »
Le rêve se referma et la peur, ce soir-là, n’avait rien avalé elle avait reçu un câlin.
Fin du Chapitre 3 — Rêves et Popcorn