Dans le cœur tranquille de l’univers hope, cet endroit détaché du temps, où les peluches respirent lentement sous des cieux pastels, où les rubans chantent et les slimes dorment dans des hamacs de sucre, quelque chose avait changé.
Le ciel, d’ordinaire d’un bleu tendre, s’était assombri pas sous l’effet d’un orage pas sous l’effet d’un dieu offensé non ce grondement là venait de plus profond de la friction entre deux volontés au sommet de la tour bleue, adossée à un coussin flottant, saphira buvait un chocolat mousseux. ses pieds nus balançaient dans le vide d’une alcôve ouverte sur l’extérieur elle semblait calme, presque paisible mais autour d’elle, le monde commençait à trembler.
Dans l’univers hope, relié à la tour bleue par les fils invisibles du rêve, la mer de lait vanillé vibrait les doudous glissaient de leurs lits nuages les slimes se tassaient, inquiets. les arbres à bonbons perdirent quelques feuilles et tout cela à cause d’une querelle pas entre deux armées pas entre deux royaumes.
Entre deux tours.
deux entités colossales, nées d’un même esprit Saphira l’une, douce et vaste, tendrement protectrice, abritait la reine et ses poupées elle s’appelait la tour bleue lautre, froide comme la justice pure, isolée dans une faille dimensionnelle à part, gardait les pires monstres jamais enfermés.
on la nommait la tour prison et aujourd’hui, elles hurlaient.
— Tu m’as oubliée, grondait la tour prison, sa voix résonnant comme un marteau divin.
tu passes tout ton temps dans hope, entourée de peluches et de sucre. tu ris avec tes poupées. mais moi, je t’attends, seule. dans le noir
— Elle ne t’oublie pas, répondit la tour bleue, sa voix douce, mais ferme elle vit ici je suis son foyer. son sanctuaire toi tu es sa cage.
Le ton monta les éclairs roulèrent les murs de la tour bleue frémirent même le lien entre hope et la tour vibra dangereusement c’est Élya qui entra la première une main sur son arme. une expression crispée.
— reine, dit-elle.
Tes deux créations s’opposent si elles continuent, c’est le fil dimensionnel qui va céder hope ne résistera pas à une fracture onirique Saphira ne répondit pas tout de suite elle déposa lentement sa tasse ses yeux bleus fixèrent l’horizon, là où les nuages s’ouvraient sur les dimensions voisines puis elle se leva en une seconde, elle était dans les airs elle flottait, minuscule mais souveraine, entre les deux entités colossales sa robe ondulait ses cheveux étaient portés par le vent des réalités et puis elle parla pas fort juste avec toute son âme.
— Assez.
le mot coupa le ciel les deux tours s’immobilisèrent Saphira ouvrit ses bras l’éclair bleu, son essence primordiale, serpenta sous ses pieds, remonta le long de sa colonne, et fit vibrer la structure des mondes.
— vous êtes mes enfants, dit-elle.
Je vous ai forgées je vous ai rêvées et je vous aime également.
La tour prison murmura, plus bas.
— Je ne te vois plus je ne ressens que les chaînes le silence les monstres que tu à affronter ou enfermé tu m’as oubliée.
la tour bleue, posée comme une étoile douce au dessus de hope, répondit.
— Tu ne comprends pas.
Elle vit ici parce qu’elle a besoin d’amour.
de douceur je ne suis pas un mensonge je suis un refuge les mots se posèrent dans l’air comme des bulles et Saphira, flottant entre ses deux créations, ferma les yeux puis elle dit.
— Alors regardez-moi.
Un cercle de lumière se forma autour d’elle
des fils bleus, dorés, argentés, lièrent les deux tours à son cœur et pour la première fois elles soupirèrent ensemble.
— Je suis désolée, murmura la tour bleue.
je n’aurais pas dû parler si durement.
— Je ne voulais pas te blesser, répondit la tour prison mais je suis fatiguée d’être seule les gardiens compte pas.
Saphira sourit. un sourire doux et las.
— je ne vous abandonnerai jamais.
je suis votre reine , votre mère, votre équilibre et les cieux redevinrent clairs le lait vanillé redevint calme les peluches se rendormirent dans leurs cocons les slimes se remirent à danser entre les sucres Élya s’approcha elle tendit une tasse à Saphira, silencieuse.
— Tu leur as parlé comme une mère.
Saphira appuya sa tête contre l’épaule de sa gardienne.
— parce que c’est ce que je suis. parfois.
— Et toi ? qui te parle comme ça, quand tu es seule ?
Saphira resta un moment sans répondre.
puis elle souffla
— Toi.
Et parfois la tour elle-même.
Fin du Chapitre 35 — Dispute d’Éclairs et de Pierres