Chapitre 40 - Le Premier Rêve Dévoré

La porte de la foudre bleue s’ouvrit sans violence pas un grondement pas une secousse juste une ligne verticale, tissée d’éclairs inversés, glissant dans l’obscurité comme une lame de mémoire Saphira y entra seule ses pieds nus flottaient à quelques centimètres du sol, mais chaque pas imprimait une trace d’électricité bleue dans le vide derrière elle, la tour bleue observait, silencieuse aucun murmure, aucune poupée car ce voyage ne pouvait être partagé dans sa main, la clé d’éclair pur oscillait lentement, réagissant aux couches de réalité qu’elle traversait ce n’était pas une clé pour ouvrir des portes matérielles c’était une offrande, destinée à sonder les rêves éteints ceux qui ne battent plus ceux que Nékridhal dévore les premiers paysages étaient familiers, mais tordus. des couloirs de laine brumeuse, tissés de souvenirs onirique oubliés des arbres esquissés mais jamais achevés des bibliothèques pleines de livres qui n’ont jamais été écrits puis vinrent les miroirs des miroirs vivants ils ne reflétaient pas son visage ils montraient ses failles une petite Saphira, recroquevillée dans l’ombre, serrant une poupée contre son cœur ses lèvres murmuraient sans fin la même phrase.

– je suis trop douce. je ne sers à rien.

Saphira laissa passer l’image sans s’arrêter.

– je n’ai pas peur, souffla-t-elle.

Mais ses doigts tremblaient elle avait beau être reine, cette vérité ancienne lui mordait encore la peau puis la lumière disparut presque complètement elle déboucha dans une plaine suspendue un monde figé un village dormait là construit de rêves simples cabanes de bois, clôtures sucrées, ruisseaux de miel mais tout y était statique pas un souffle pas un bruissement même le vent semblait retenu les arbres levaient leurs branches vers le ciel gris, bloqués dans une ultime prière les chevaux de nuages, les renards de brume, les oiseaux d’encre dormaient un sommeil lourd un sommeil sans rêve.

Saphira s’avança les maisons dégageaient une chaleur moite, trop douce, comme un rêve sur le point de se briser dans l’une, elle trouva une mère, figée dans le geste de border et un enfant il était allongé, les yeux ouverts vides.

– Il n’est pas mort, murmura-t-elle mais il ne rêve plus il attend sans comprendre ce qu’il attend.

Un miroir, dans un coin de la pièce, était brisé cinq éclats cinq éclats comme des silences sur l’un d’eux, gravé d’une écriture invisible nékridhal était ici sous le nom, une phrase sèche, comme une équation plus de rêves, plus de peurs, plus de peurs, plus de silence, plus de silence, moi le souffle de Saphira se glaça ce n’était pas un froid physique c’était le vide. Le genre de vide qu’on ressent quand il n’y a plus rien à sauver elle s’agenouilla près du lit la main sur le front de l’enfant, elle sentit l’absence il n’était pas possédé pas blessé juste vidé elle ferma les yeux elle se souvint de ses propres nuits sans rêve de l’angoisse dans son lit trop grand du désir muet qu’un être invisible lui dise.

– tu peux encore rêver même si ça fait mal.

Une larme bleue roula lentement sur sa joue elle tomba et là où elle toucha le sol, une petite lueur s’illumina une poupée silencieuse douce tissée de lumière et de compassion la poupée se pencha sur l’enfant, approcha ses lèvres de son oreille, et murmura.

– rêve.

Rien puis un battement de cil l'enfant inspira et enfin s’endormit pour de vrai autour de lui, le monde frémit une feuille tomba d’un arbre. Le vent se remit à danser une abeille de songes traça un cercle dans l’air le village s’éveillait mais ailleurs dans une brume que nulle réalité ne supporte un œil s’ouvrit Nékridhal le voleur d'âmes le fils de colère le dieu né de la colère d'une déesse bleu il observait.

– elle entre, elle défait mes silences, elle croit qu’aimer suffit.

Dans sa main, il tenait un rêve un rêve d’adulte vieux, froissé un rêve de réconciliation, de pardon. Peut-être celui d’un père d’un ami d’un frère il le serra et le rêve brûla en silence jusqu’à disparaître Saphira, debout devant la maison, fixait le ciel ses yeux, bleus comme les aurores du vide, vibraient d’une nouvelle gravité.

– je sais ce que tu fais je comprends pourquoi tu voles tu crois que l’oubli est une paix.

Elle fit un pas en avant.

– mais tu as oublié une chose.

Sa voix, douce et froide, fendit l’air.

– on ne peut pas effacer une mère… qui a décidé d’aimer. même son erreur.

Elle serra sa clé d’éclair pur.

La porte de la foudre bleue s’ouvrit à nouveau. Elle avançait vers un nouveau monde. Vers une nouvelle vérité.

Et elle, Saphira Noctielle, reine des poupées, déesse de la foudre bleu et des monde onirique était prête.

Fin du chapitre 40 — Le Premier Rêve Dévoré