Le multivers n’a pas tremblé parce qu’un dieu s’est élevé il a tremblé parce que deux cœurs, battant à l’unisson, ont choisi de frapper ensemble et ce choix, né non pas de rage, mais d’amour a déchiré la peur elle-même.
dans l’espace onirique fracturé, les lois du réel deviennent floues le ciel n’existe plus le sol non plus tout flotte dans un entre-deux glacial, où les couleurs sont avalées par l’encre c’est là que s’ouvre la brèche une faille taillée dans la chair du rêve et du gouffre jaillit l’ombre.
Nékridhal.
Il n’est plus une voix. Il n’est plus un cri. Il est une présence vaste, tentaculaire, dépourvue de contour, mais dense comme la culpabilité elle-même il n’a plus de visage, mais quand il parle, les étoiles saignent.
—"Vous m’avez rejeté vous m’avez enfermé. Vous m’avez nié alors moi je nierai tout ce qui ose encore rêver."
Sa voix n’est pas un rugissement c’est un écho qui dévore la volonté et dans tous les mondes liés à Hope, les enfants frissonnent en silence les cœurs purs se serrent les poupées pleurent sans raison car même enfermée, la peur a encore faim au-dessus des cieux distordus, sur un balcon suspendu hors du temps, les anciens veillent. Kael, les bras croisés, une main posée sur la garde de son épée de foudre, observe sans ciller. À sa droite, Diva sourit non pas par légèreté, mais pour masquer la tension ses doigts dansent déjà, prêts à invoquer la vitesse qui fend l’impossible Destiny, appuyé contre une colonne de verre noir, ne dit rien. Mais une page de son livre se noircit lentement preuve que même l’éternel équilibre se fissure Rose reste en retrait, dans l’ombre d’un astre partiellement mort elle forge sans relâche, le marteau silencieux, les chaînes prêtes et Dante, l’éternel calme, trace dans l’air des kanjis de protection, tandis que son regard suit la silhouette qui descend.
"Elle n’a pas besoin de nous," dit-il "pas encore".
Kael hoche lentement la tête, le regard fixé sur la minuscule flamme bleue qui descend à travers les cauchemars.
—"Ne vous interposez pas c’est son monde.
et c’est son enfant."
Saphira tombe ou plutôt, elle glisse entre les mondes, emportée non par la peur mais par une volonté cristalline à ses côtés, Hera déesse aux épaules larges, au regard mille fois brisé mais jamais éteint l’accompagne. leurs deux manteaux fusionnent dans le vent du rêve un torrent de lumière bleue et dorée qui fend les ténèbres leurs mains sont jointes. elles n’ont pas besoin de mots Saphira la regarde un instant, juste un battement de cœur.
—"Merci."
Hera serre ses doigts.
—"Je suis ta mère et aujourd’hui, je me bats pour toi."
Nékridhal hurle ce n’est pas une explosion sonore c’est un craquement dans la logique et alors surgissent ses enfants des entités que même Morphée n’a jamais osé rêver des loups faits de regrets hurlés trop tard des enfants sans visages, accrochés aux jambes de leurs parents oubliés des fleurs de silence qui dévorent le chant.
Le multivers vacille. Mais alors, d’un claquement de doigts, Saphira réveille ses propres légions des poupées des centaines. petites, colorées, inoffensives en apparence. Mais chacune porte un fragment de lumière. un souvenir, un rire, une main tendue elles dansent entre les cauchemars elles chantent. et chaque note guérit un monde.
Hera attaque la première son sceptre trace dans l’air des arcs de vérité pure chaque coup qu’elle donne efface une illusion chaque pas qu’elle pose crée un pont pour les âmes égarées Saphira ne frappe pas elle invoque. elle fait naître la tour d’Arcanaa, en miniature. Une tour de justice et de rêve et elle l’enfonce dans le cœur de Nékridhal l'ombre hurle Non parce qu’on l’a blessée. Mais parce qu’on l’a reconnue.
Saphira s’avance seule. Les cauchemars tombent autour d’elle comme des cendres. elle tremble son souffle est court mais sa voix est celle d’une mère.
—"Tu es ma colère mon cri ma fracture mais je suis la reine et tu m’appartiens reviens.
ou dors pour l’éternité."
Elle s’approche pose un baiser sur ce qui reste de son front et le scelle dans une poupée de cristal morphée apparaît en silence il recueille la poupée et murmure.
—"Je veillerai il dormira et peut-être qu’un jour il rêvera de toi avec tendresse."
Le rêve se referme le multivers respire. Saphira, épuisée, tombe à genoux Hera la rattrape.
—"Tu as grandi, ma reine mais tu restes ma fille et aujourd’hui tu m’as sauvée, moi aussi."
Elles ne disent plus rien elles regardent le monde revenir à lui non pas réparé mais accepté.
Fin du chapitre 43 — Le Jugement d’une Mère Divine.