Chapitre 62 - Quand Maman Parle, l'Existence se Tait

Il n’y eut pas de grondement pas de tempête, pas d’explosion divine, ni d’appel fulgurant.

juste un murmure à peine un souffle un soupir échappé d’un rêve oublié mais ce murmure tordit les lois il fissura les racines de l’existence il fit frissonner les fils du temps, ralentir la danse des comètes, et pleurer les dimensions inférieures les bébés d’univers se recroquevillèrent dans leurs berceaux de matière noire même les constellations figées dans l’éternité cessèrent de briller pendant une fraction de silence car La Mère Primordiale s’était levée et elle était déçue

l’appel n’eut pas besoin de mots il n’eut pas besoin d’être entendu pour être compris c’était une convocation multiversel une évidence cosmique une injonction tissée dans l’essence même de ceux qui ont le pouvoir d’exister par leur nom les grands dieux, les piliers de légendes, ressentirent cet appel un à un, ils interrompirent leur règne Zeus, depuis son olympe démesuré, serra la foudre dans ses paumes et descendit la montagne sans dire un mot.

Odin quitta yggdrasil, les racines encore accrochées à ses chevilles, huginn et muninn muets sur ses épaules.

Ra referma son œil solaire, projetant une ombre bienveillante sur les sables d’or

Amaterasu descendit du ciel, couverte d’un voile de lumière atténuée, sa honte plus éclatante que son éclat les juges du néant, eux, s’agenouillèrent déjà ils n’avaient pas besoin d’attendre le discours ils savaient.

et même la comtesse écarlate, née dans les pires cauchemars de la beauté et de la cruauté mêlées, avait cessé de rire elle s’était recoiffée noir sur noir pour ne pas faire offense et au centre de tout cela, il y avait les éclairs ils étaient là alignés présents muets

Kael, l’ombre tactique, avait laissé derrière lui son armure il ne portait que le silence d’un frère qui sait Diva, d’ordinaire flamme en mouvement, était immobile pour la première fois depuis mille cycles elle tremblait de ne pas savoir courir ici Destiny, les yeux fermés, tenait un livre fermé à double tour aucun décret ne serait prononcé avant la fin de cette parole Saphira, minuscule, les mains croisées dans le dos, regardait ses pieds même sa couronne avait reculé d’un cran et kaela, elle brillait doucement elle n’avait pas d’arme elle n’avait pas de foudre elle était le corps céleste des éclairs et Rose, la forgeronne de réalité et de mondes elle ne parlait pas, car chaque mot qu’elle prononçait forgeait un univers.

et ce jour-là, elle refusait d’en créer d’autres.

elle portait dans ses bras un éclat de planète, un cœur d’étoile refroidi, vestige d’un monde qu’elle n’avait pas terminé parce qu’elle attendait la fin de cette réunion et enfin elle apparut La mère primordiale elle ne se matérialisa pas elle n’avait pas besoin de traverser un voile elle était simplement là martout et à la fois dans le moindre regard levé il n’y eut ni lumière aveuglante, ni flamme divine, ni tonnerre d’entrée seulement le vide parfait un vide si plein qu’il berçait l’existence.

a voix était douce mais elle faisait trembler les entités elle ne portait pas la colère elle portait l’écho de quelque chose de plus puissant encore une blessure.

—« Je ne suis pas colère… » murmura-t-elle. « Mais je suis blessée. »

Chaque dieu, chaque figure présente, leva les yeux aucun ne parla même leurs pensées s’étaient tues.

—« je vous ai offert des mondes des rêves.

des enfants et vous avez laissé certains me mépriser moi ou mes enfants. »

Elle ne pointa personne elle n’accusa pas.

elle constata et dans ce constat, il y avait tout le poids de la honte sur les entité du multivers.

—« je n’exige ni offrande ni temple je demande seulement qu’on n’insulte pas ce que j’ai rêvé ».

Les planètes se figèrent les galaxies suspendirent leur rotation un à un, les dieux tombèrent à genoux.

Zeus, le front contre la paume, dit doucement :

—« pardonne-nous, mère de tout. »

Odin, la voix nouée de runes anciennes :

—« tu nous as donné plus que le temps.

Tu nous as donné un cœur. »

Amaterasu, lumière repliée sur elle-même :

—« nous avons brillé… grâce à ton souffle. »

La comtesse écarlate, pourtant née sans foi ni maître, s’agenouilla sur une traîne de néant.

—« je suis née du chaos mais toi, tu es le silence avant lui. »

Rose, l’une des éclairs, baissa les yeux et arracha une larme de son propre regard.

elle la fit tomber au sol, et là où elle tomba, une fleur invisible grandit elle n'avait pas de couleur, mais elle brillait comme l'intention pure Kaela, elle, ne bougea pas tout de suite.

Elle regarda longuement la mère primordiale, puis son propre épée cosmique suspendue à sa hanche elle le décrocha, le posa au sol.

« je peux fondre des continents et des monde

je peux plier des constellations mais je ne peux pas supporter qu'on t'humilie je suis ta création mais je me tiendrai devant toi comme ta fille. »

Et alors, l’univers entier cessa de respirer.

Saphira s’avança toute petite toute douce

et pourtant, dans ce moment, la plus immense de toutes.

—« Maman je suis désolée si j’ai causé ça. »

La mère primordiale lui tendit la main

elle la caressa doucement, comme on caresse une pensée.

—« tu es mon enfant née du même être jamais un fardeau jamais une faute. »

Elle se leva enfin iu plutôt elle décida que cette scène devait se clore son regard embrassa chaque trône chaque présence.

Chaque idée incarnée dans une forme divine et elle parla une dernière fois.

—« que cela ne se répète pas je n’efface rien.

Mais je n’oublie jamais. »

Et alors elle disparut pas dans une lumière pas dans une porte pas dans un bruit.

elle se retira comme une chaleur qu’on ne réalise qu’après qu’elle s’est éteinte.

et dans son absence restait un vide doux.

un vide qui ne faisait pas peur un vide qui rappelait pourquoi on existe.

Fin du Chapitre 62 – L'assemblée des dieux et le Silence des Multivers